Qui ne risque rien n'est rien… sur le chemin de Damas, alors que les opinions ont cédé face aux faits…
on ne le dit assez : un âge n'en chasse pas un autre, tous les âges qu'on a vécu coexistent à l’intérieur de soi, ils s'empilent, et l'un prend le dessus au hasard des circonstances.

vendredi 17 août 2012

L'Université Chulalongkorn a désormais son musée du "Corps Humain"…






L’université Chulalongkorn a inauguré ce mercredi 14 août son « Musée de Corps humain »…

Le musée est situé au 9ème étage du bâtiment 16 de la Faculté d'Odontologie. Les visites ouvertes au public étranger à l'Université sont toutefois limitées au mercredi entre 12 heures 30 et 15 heures 30… Entrée gratuite jusqu’au 30 septembre 2012.


Body wonderful : Chulalongkorn University takes anatomy to another level with the opening of Southeast Asia's first Museum of the Human Body

Samut Sakhon, en banlieue de Bangkok : un marché sur la voie ferrée…





Il ressemblerait à n'importe quel autre marché de vivres frais du Royaume, mais le Talat Rom Houp, autrement dit "le marché aux parapluies fermés", est construit sur une voie ferrée qui chaque jour doit laisser passer huit trains.

Lorsque siffle le train, vendeurs et acheteurs ont encore trois minutes avant de dégager les rails.

mardi 14 août 2012

Syrie : "Ce politiquement correct nous perdra", une mise en garde du Rév. Dr Peter Mullen



Political correctness is trumping reality in the West's approach to Syria


« Pourquoi notre gouvernement a-t-il décidé d’accroître son aide aux opposants au régime d’Assad en Syrie ? » C’est à cette question que le Révérend Dr Peter Mullen – un prêtre anglican qui s’est fait connaître en osant braver le politiquement correct – consacre son blogue du Daily Telegraph de Londres. Pour lui, la réponse tient en deux mots, le politiquement correct : « Dans la manière dont l’Occident aborde le problème syrien, le politiquement correct l’emporte sur la réalité ».

« La réponse, explique le Révérend Peter Mullen, réside dans le cliché, le sentimentalisme et le rêve, dans une perception déformée de ce qui se passe réellement là-bas. Ce qui domine est une vision romantique de démocrates idéalistes et pleins d’espoir – l’illusion est renforcée s’ils peuvent être décrits comme “jeunes” –, qui sacrifient courageusement leurs vies (et leurs forfaits de téléphones portables) contre le brutal dictateur Assad.

Assad est sûrement un sale individu, mais beaucoup de ses opposants ne sont certainement pas blancs comme neige ; beaucoup d’entre eux sont peut-être même bien pires. Les “activistes” – comme la BBC, toujours experte en euphémisme, qualifie les opposants d’Assad – ne sont pas du tout des démocrates pleins d’espoir. La réalité est que l’opposition à Assad est largement un soulèvement de militants sunnites, dont l’objectif n’est pas simplement de chasser le méchant dictateur, mais d’exterminer tous ceux qui ne partagent pas leurs vues extrémistes : en particulier les Alaouites, les Druzes et les chrétiens ».

Le Révérend Peter dénonce la manière dont la presse dissimule systématiquement la réalité. « Est-ce que personne n’a remarqué qu’il y a, à travers toute l’Afrique du Nord et tout le Moyen Orient, un soulèvement musulman fondamentaliste et violent, que ceux qui vivent dans une béate ignorance exaltent comme “le printemps arabe” ? La Libye et l’Égypte sont en proie au chaos. Des forces plus obscures que toutes celles qu’imaginent la BBC et le Guardian sont en train de saisir les rênes du pouvoir et, avec le temps, elles feront peser sur la paix du monde une menace beaucoup plus grave que celle que représentaient des gens comme Kadhafi ou Assad.

En outre, la révolution n’est pas confinée à l’Afrique du Nord et au Moyen Orient. Nous devons aussi observer ce qui est en train de se passer au Soudan et en Somalie, au Mali, au Yémen, au Nigéria et dans une demi-douzaine d’autres foyers d’instabilité.

Le fait est que, tous les deux ou trois cents ans, il y a une révolte islamiste militante. Elle doit être vaincue. Elle a été vaincue à la bataille de Poitiers, à Lépante, à Malte. Il y a quelques siècles seulement, ils étaient aux portes de Vienne. Et si nous n’agissons pas de manière décisive, ils y seront bientôt de nouveau ».

Et le blogueur anglican de conclure : « Ce politiquement correct nous perdra ».

Political correctness is trumping reality in the West's approach to Syria

Une mise en garde anglaise contre le politiquement correct en Syrie

Y a-t-il un gaulliste dans la salle ?

lundi 13 août 2012

Conférence d’Alain Chouet, ex directeur de la DGSE, sur les révolutions islamiques en cours


Conférence d’Alain Chouet (ex directeur de la DGSE) sur les révolutions islamiques en cours

“Quand je suis allé pour la première fois en Syrie en 1966, le pays était encore politiquement dominé par sa majorité musulmane sunnite qui en détenait tous les leviers économiques et sociaux. Et les bourgeois sunnites achetaient encore – parfois par contrat notarié – des jeunes gens et de jeunes filles de la communauté alaouite dont ils faisaient de véritables esclaves à vie, manouvriers agricoles ou du bâtiment pour les garçons, bonnes à tout faire pour les filles.”




Invité de l’Association Régionale Nice Côte d’Azur de l’IHEDN (AR29), le 27 juin 2012, Alain Chouet, ancien chef du service de renseignement de sécurité de la DGSE, reconnu bien au-delà de l’Hexagone pour son expertise du monde arabo-musulman, a livré aux auditeurs son sentiment au cours d’une conférence qui a connu un vif succès :

“L’expression “printemps arabe” est censée faire référence au « Printemps des peuples » de 1848. Depuis la révolte de Sidi Bouzid, le 17 décembre 2010, la contagion s’est étendue de la Tunisie successivement à l’Égypte, à la Libye, à Bahrein, au Yémen et enfin en Syrie.

Contrairement à ce qui a pu être dit, ces contestations populaires, d’une ampleur et d’une intensité très variables, n’ont pas été le fait des “réseaux sociaux”, dans des pays où l’accès à Internet est réduit à une minorité de personnes “branchées” et où les moyens de blocage du Net sont très développés. Même si les aspirations de ces divers peuples visaient à chasser des dirigeants corrompus pour favoriser l’instauration d’une démocratie, les manifestants en reprenant le slogan « Dégage ! » (« Erhal » en arabe) entendaient réclamer un meilleur partage des richesses pour améliorer leurs conditions de vie, obtenir des emplois et retrouver une certaine dignité (« karama » en arabe). En fait, ces révoltes, révolutions ou encore «réveil arabe » ont en commun d’avoir été financées par le Qatar et d’autres monarchies du Golfe et d’avoir été encadrées par les Frères musulmans. Le résultat ne s’est pas fait attendre : on en voit déjà les effets en Tunisie, en Libye et bientôt en Égypte. La question que l’on est en droit de se poser est : par quel miracle, les européens ont-ils pu soutenir à ce point des mouvements qui vont à la fois à l’encontre des intérêts mêmes de ces populations et aussi des nôtres. Si la démocratisation de ces pays ne nous laisse pas indifférent, les voir retomber dans une nouvelle forme de soumission plus insidieuse n’augure rien de bon pour l’avenir.




Depuis plus d’un an, ce printemps arabe n’en finit pas. La Syrie est le dernier pays à avoir été pris dans une tourmente qui a mis le pays à feu et à sang.

Les pires conjectures formulées au premier semestre 2011 concernant les mouvements de révolte arabes deviennent aujourd’hui réalité. Je les avais largement exposées dans divers ouvrages et revues [1] à contre courant d’une opinion occidentale généralement enthousiaste et surtout naïve. Car il fallait tout de même être naïf pour croire que, dans des pays soumis depuis un demi-siècle à des dictatures qui avaient éliminé toute forme d’opposition libérale et pluraliste, la démocratie et la liberté allaient jaillir comme le génie de la lampe par la seule vertu d’un Internet auquel n’a accès qu’une infime minorité de privilégiés de ces sociétés.

Une fois passé le bouillonnement libertaire et l’agitation des adeptes de Facebook, il a bien fallu se rendre à l’évidence. Le pouvoir est tombé dans les mains des seules forces politiques structurées qui avaient survécu aux dictatures nationalistes parce que soutenues financièrement par les pétromonarchies théocratiques dont elles partagent les valeurs et politiquement par les Occidentaux parce qu’elles constituaient un bouclier contre l’influence du bloc de l’Est : les forces religieuses fondamentalistes. Et le « printemps arabe » n’a mis que six mois à se transformer en « hiver islamiste ».

En Tunisie et en Égypte, les partis islamistes, Frères musulmans et extrémistes salafistes se partagent de confortables majorités dans les Parlements issus des révoltes populaires. Ils cogèrent la situation avec les commandements militaires dont ils sont bien contraints de respecter le rôle d’acteurs économiques dominants mais s’éloignent insidieusement des revendications populaires qui les ont amenés au pouvoir. Constants dans leur pratique du double langage, ils font exactement le contraire de ce qu’ils proclament. En, Égypte, après avoir affirmé sur la Place Tahrir au printemps 2011 qu’ils n’aspiraient nullement au pouvoir, ils revendiquent aujourd’hui la présidence de la République, la majorité parlementaire et l’intégralité du pouvoir politique.

En Tunisie, et après avoir officiellement renoncé à inclure la charia dans la constitution, ils organisent dans les provinces et les villes de moyenne importance, loin de l’attention des médias occidentaux, des comités de vigilance religieux pour faire appliquer des règlements inspirés de la charia. Ce mouvement gagne progressivement les villes de plus grande importance et même les capitales où se multiplient les mesures d’interdiction en tous genres, la censure des spectacles et de la presse, la mise sous le boisseau des libertés fondamentales et, bien sûr, des droits des femmes et des minorités non sunnites.

Et ces forces politiques réactionnaires n’ont rien à craindre des prochaines échéances électorales. Largement financées par l’Arabie et le Qatar pour lesquels elles constituent un gage de soumission dans le monde arabe, elles ont tous les moyens d’acheter les consciences et de se constituer la clientèle qui perpétuera leur domination face à un paysage politique démocratique morcelé, sans moyens, dont il sera facile de dénoncer l’inspiration étrangère et donc impie.

La Libye et le Yémen ont sombré dans la confusion. Après que les forces de l’OTAN, outrepassant largement le mandat qui leur avait été confié par l’ONU, ont détruit le régime du peu recommandable Colonel Kadhafi, le pays se retrouve livré aux appétits de bandes et tribus rivales bien décidées à défendre par les armes leur pré carré local et leur accès à la rente. L’éphémère « Conseil National de transition » porté aux nues par l’ineffable Bernard Henri Lévy est en train de se dissoudre sous les coups de boutoir de chefs de gangs islamistes, dont plusieurs anciens adeptes d’Al-Qaïda, soutenus et financés par le Qatar qui entend bien avoir son mot à dire dans tout règlement de la question et prendre sa part dans l’exploitation des ressources du pays en hydrocarbures.

Au Yémen, le départ sans gloire du Président Ali Abdallah Saleh rouvre la porte aux forces centrifuges qui n’ont pas cessé d’agiter ce pays dont l’unité proclamée en 1990 entre le nord et le sud n’a jamais été bien digérée, surtout par l’Arabie Séoudite qui s’inquiétait des foucades de ce turbulent voisin et n’a eu de cesse d’y alimenter la subversion fondamentaliste. Aujourd’hui, les chefs de tribus sunnites du sud et de l’est du pays, dont certains se réclament d’Al-Qaïda et tous du salafisme, entretiennent un désordre sans fin aux portes de la capitale, Sanaa, fief d’une classe politique traditionnelle zaydite – branche dissidente du chiisme – insupportable pour la légitimité de la famille saoudienne.

Seul le régime syrien résiste à ce mouvement généralisé d’islamisation au prix d’une incompréhension généralisée et de l’opprobre internationale.

Avant de développer ce sujet, je crois devoir faire une mise au point puisque d’aucuns croient déceler dans mes propos et prises de positions des relents d’extrême droite et de complaisance pour les dictatures.

Je me rends régulièrement en Syrie depuis 45 ans et y ai résidé pendant plusieurs années. Je ne prétends pas connaître intimement ce pays mais je pense quand même mieux le connaître que certains de ces journalistes qui en reviennent pleins de certitudes après un voyage de trois ou quatre jours.

Mes activités m’ont amené à devoir fréquenter à divers titres les responsables des services de sécurité civils et militaires syriens depuis la fin des années 70. J’ai pu constater qu’ils ne font ni dans la dentelle ni dans la poésie et se comportent avec une absolue sauvagerie. Ce n’est pas qu’ils ont une conception différente des droits de l’homme de la nôtre. C’est qu’ils n’ont aucune conception des droits de l’homme… Leur histoire explique en grande partie cette absence. D’abord, ils puisent leur manière d’être dans quatre siècles d’occupation par les Turcs ottomans, grands experts du pal, de l’écorchage vif et du découpage raffiné. Ensuite, ils ont été créés sous la houlette des troupes coloniales françaises pendant le mandat de 1920 à 1943, et, dès l’indépendance du pays, conseillés techniquement par d’anciens nazis réfugiés, de 1945 jusqu’au milieu des années 50, et ensuite par des experts du KGB jusqu’en 1990. Tout ceci n’a guère contribué à développer chez eux le sens de la douceur, de la tolérance et du respect humain.

Quant au régime syrien lui-même, il ne fait aucun doute dans mon esprit que c’est un régime autoritaire, brutal et fermé. Mais le régime syrien n’est pas la dictature d’un homme seul, ni même d’une famille, comme l’étaient les régimes tunisien, égyptien, libyen ou irakien. Tout comme son père, Bashar el-Assad n’est que la partie visible d’un iceberg communautaire complexe et son éventuel départ ne changerait strictement rien à la réalité des rapports de pouvoir et de force dans le pays.

Il y a derrière lui 2 millions d’Alaouites encore plus résolus que lui à se battre pour leur survie et plusieurs millions de minoritaires qui ont tout à perdre d’une mainmise islamiste sur le pouvoir, seule évolution politique que l’Occident semble encourager et promouvoir dans la région.

Quand je suis allé pour la première fois en Syrie en 1966, le pays était encore politiquement dominé par sa majorité musulmane sunnite qui en détenait tous les leviers économiques et sociaux. Et les bourgeois sunnites achetaient encore – parfois par contrat notarié – des jeunes gens et de jeunes filles de la communauté alaouite dont ils faisaient de véritables esclaves à vie, manouvriers agricoles ou du bâtiment pour les garçons, bonnes à tout faire pour les filles.

Les Alaouites sont une communauté sociale et religieuse persécutée depuis plus de mille ans. Je vous en donne ici une description rapide et schématique qui ferait sans doute hurler les experts mais le temps nous manque pour en faire un exposé exhaustif.

Issus au Xème siècle aux frontières de l’empire arabe et de l’empire byzantin d’une lointaine scission du chiisme, ils pratiquent une sorte de syncrétisme mystique compliqué entre des éléments du chiisme, des éléments de panthéisme hellénistique, de mazdéisme persan et de christianisme byzantin. Ils se désignent eux mêmes sous le nom d’Alaouites – c’est à dire de partisans d’Ali, le gendre du prophète – quand ils veulent qu’on les prenne pour des Musulmans et sous le nom de Nosaïris – du nom de Ibn Nosaïr, le mystique chiite qui a fondé leur courant – quand ils veulent se distinguer des Musulmans. Et – de fait – ils sont aussi éloignés de l’Islam que peuvent l’être les chamanistes de Sibérie.

Et cela ne leur a pas porté bonheur…. Pour toutes les religions monothéistes révélées, il n’y a pas pire crime que l’apostasie. Les Alaouites sont considérés par l’Islam sunnite comme les pires des apostats. Cela leur a valu au XIVè siècle une fatwa du jurisconsulte salafiste Ibn Taymiyya, l’ancêtre du wahhabisme actuel, prescrivant leur persécution systématique et leur génocide. Bien que Ibn Taymiyyah soit considéré comme un exégète non autorisé, sa fatwa n’a jamais été remise en cause et est toujours d’actualité, notamment chez les salafistes, les wahhabites et les Frères musulmans.

Pourchassés et persécutés, les Alaouites ont dû se réfugier dans les montagnes côtières arides entre le Liban et l’actuelle Turquie tout en donnant à leurs croyances un côté hermétique et ésotérique, s’autorisant la dissimulation et le mensonge pour échapper à leurs tortionnaires.

Il leur a fallu attendre le milieu du XXème siècle pour prendre leur revanche. Soumis aux occupations militaires étrangères depuis des siècles, les bourgeois musulmans sunnites de Syrie ont commis l’erreur classique des parvenus lors de l’indépendance de leur pays en 1943. Considérant que le métier des armes était peu rémunérateur et que l’institution militaire n’était qu’un médiocre instrument de promotion sociale, ils n’ont pas voulu y envoyer leurs fils. Résultat : ils ont laissé l’encadrement de l’armée de leur tout jeune pays aux pauvres, c’est à dire les minorités : Chrétiens, Ismaéliens, Druzes, Chiites et surtout Alaouites. Et quand vous donnez le contrôle des armes aux pauvres et aux persécutés, vous prenez le risque à peu près certain qu’ils s’en servent pour voler les riches et se venger d’eux. C’est bien ce qui s’est produit en Syrie à partir des années 60.

Dans les années 70, Hafez el-Assad, issu d’une des plus modestes familles de la communauté alaouite, devenu chef de l’armée de l’air puis ministre de la défense, s’est emparé du pouvoir par la force pour assurer la revanche et la protection de la minorité à laquelle sa famille appartient et des minorités alliées – Chrétiens et Druzes – qui l’ont assisté dans sa marche au pouvoir. Ils s’est ensuite employé méthodiquement à assurer à ces minorités – et en particulier à la sienne – le contrôle de tous les leviers politiques, économiques et sociaux du pays selon des moyens et méthodes autoritaires dont vous pourrez trouver la description détaillée dans un article paru il y maintenant près de vingt ans.[2]

Face à la montée du fondamentalisme qui progresse à la faveur de tous les bouleversements actuels du monde arabe, son successeur se retrouve comme les Juifs en Israël, le dos à la mer avec le seul choix de vaincre ou mourir. Les Alaouites ont été rejoints dans leur résistance par les autres minorités religieuses de Syrie, Druzes, Chiites, Ismaéliens et surtout par les Chrétiens de toutes obédiences instruits du sort de leurs frères d’Irak et des Coptes d’Égypte.

Car, contrairement à la litanie que colportent les bien-pensants qui affirment que « si l’on n’intervient pas en Syrie, le pays sombrera dans la guerre civile »…. eh bien non, le pays ne sombrera pas dans la guerre civile. La guerre civile, le pays est dedans depuis 1980 quand un commando de Frères musulmans s’est introduit dans l’école des cadets de l’armée de terre d’Alep, a soigneusement fait le tri des élèves officiers sunnites et des alaouites et a massacré 80 cadets alaouites au couteau et au fusil d’assaut en application de la fatwa d’Ibn Taymiyya.

Les Frères l’ont payé cher en 1982 à Hama – fief de la confrérie – que l’oncle de l’actuel président a méthodiquement rasée en y faisant entre 10 et 20.000 morts. Mais les violences intercommunautaires n’ont jamais cessé depuis, même si le régime a tout fait pour les dissimuler.

Alors, proposer aux Alaouites et aux autres minorités non arabes ou non sunnites de Syrie d’accepter des réformes qui amèneraient les islamistes salafistes au pouvoir revient très exactement à proposer aux Afro-américains de revenir au statu quo antérieur à la guerre de sécession. Ils se battront, et avec sauvagerie, contre une telle perspective. 

Peu habitué à la communication, le régime syrien en a laissé le monopole à l’opposition. Mais pas à n’importe quelle opposition. Car il existe en Syrie d’authentiques démocrates libéraux ouverts sur le monde, qui s’accommodent mal de l’autoritarisme du régime et qui espéraient de Bashar el-Assad une ouverture politique. Ils n’ont obtenu de lui que des espaces de liberté économique en échange d’un renoncement à des revendications de réformes libérales parfaitement justifiées. Mais ceux-là, sont trop dispersés, sans moyens et sans soutiens. Ils n’ont pas la parole et sont considérés comme inaudibles par les médias occidentaux car, en majorité, ils ne sont pas de ceux qui réclament le lynchage médiatisé du « dictateur » comme cela a été fait en Libye.

Si vous vous vous informez sur la Syrie par les médias écrits et audiovisuels, en particulier en France, vous n’aurez pas manqué de constater que toutes les informations concernant la situation sont sourcées « Observatoire syrien des droits de l’homme » (OSDH) ou plus laconiquement « ONG », ce qui revient au même, l’ONG en question étant toujours l”Observatoire syrien des droits de l’Homme.

L’observatoire syrien des droits de l’homme, c’est une dénomination qui sonne bien aux oreilles occidentales dont il est devenu la source d’information privilégiée voire unique. Il n’a pourtant rien à voir avec la respectable Ligue internationale des droits de l’homme. C’est en fait une émanation de l’Association des Frères musulmans et il est dirigé par des militants islamistes dont certains ont été autrefois condamnés pour activisme violent, en particulier son fondateur et premier Président, Monsieur Ryadh el-Maleh. L’Osdh s’est installé à la fin des années 80 à Londres sous la houlette bienveillante des services anglo-saxons et fonctionne en quasi-totalité sur fonds saoudiens et maintenant qataris.

Je ne prétends nullement que les informations émanant de l’OSDH soient fausses, mais, compte tenu de la genèse et de l’orientation partisane de cet organisme, je suis tout de même surpris que les médias occidentaux et en particulier français l’utilisent comme source unique sans jamais chercher à recouper ce qui en émane.

Second favori des médias et des politiques occidentaux, le Conseil National Syrien, créé en 2011 à Istanbul sur le modèle du CNT libyen et à l’initiative non de l’État turc mais du parti islamiste AKP. Censé fédérer toutes les forces d’opposition au régime, le CNS a rapidement annoncé la couleur. Au sens propre du terme…. Le drapeau national syrien est composé de trois bandes horizontales. L’une de couleur noire qui était la couleur de la dynastie des Abbassides qui a régné sur le monde arabe du 9è au 13è siècle. L’autre de couleur blanche pour rappeler la dynastie des Omeyyades qui a régné au 7è et 8è siècle. Enfin, la troisième, de couleur rouge, censée représenter les aspirations socialisantes du régime. Dès sa création, le CNS a remplacé la bande rouge par la bande verte de l’islamisme comme vous pouvez le constater lors des manifestations anti-régime où l’on entend plutôt hurler « Allahou akbar ! » que des slogans démocratiques.




Cela dit, la place prédominante faite aux Frères musulmans au sein du CNS par l’AKP turc et le Département d’État américain a fini par exaspérer à peu près tout le monde. La Syrie n’est pas la Libye et les minorités qui représentent un bon quart de la population entendent avoir leur mot à dire, même au sein de l’opposition. Lors d’une visite d’une délégation d’opposants kurdes syriens à Washington en avril dernier, les choses se sont très mal passées. Les Kurdes sont musulmans sunnites mais pas Arabes. Et en tant que non-arabes, ils sont voués à un statut d’infériorité par les Frères. Venus se plaindre auprès du Département d’État (Des USA) de leur marginalisation au sein du CNS, ils se sont entendus répondre qu’ils devaient se soumettre à l’autorité des Frères ou se débrouiller tout seuls. Rentrés à Istanbul très fâchés, ils se sont joints à d’autres opposants minoritaires pour démettre le président du CNS, Bourhan Ghalioun, totalement inféodé aux Frères, et le remplacer par un Kurde, Abdelbassett Saïda qui fera ce qu’il pourra – c’est à dire pas grand chose – pour ne perdre ni l’hospitalité des islamistes turcs, ni l’appui politique des néo-conservateurs Américains, ni, surtout, l’appui financier des Saoudiens et des Qataris.

Tout cela fait désordre, bien sûr, mais est surtout révélateur de l’orientation que les États islamistes appuyés par les néo-conservateurs américains entendent donner aux mouvements de contestation dans le monde arabe.

Ce ne sont évidemment pas ces constatations qui vont rassurer les minorités de Syrie et les inciter à la conciliation ou à la retenue. Les minorités de Syrie – en particulier, les Alaouites qui sont en possession des appareils de contrainte de l’État – sont des minorités inquiètes pour leur survie qu’elles défendront par la violence. Faire sortir le président syrien du jeu peut à la rigueur avoir une portée symbolique mais ne changera rien au problème. Ce n’est pas lui qui est visé, ce n’est pas lui qui est en cause, c’est l’ensemble de sa communauté qui se montrera encore plus violente et agressive si elle perd ses repères et ses chefs. Plus le temps passe, plus la communauté internationale entendra exercer des pressions sur les minorités menacées, plus les choses empireront sur le modèle de la guerre civile libanaise qui a ensanglanté ce pays de 1975 à 1990.

Il aurait peut être été possible à la communauté internationale de changer la donne il y a un an en exigeant du pouvoir syrien des réformes libérales en échange d’une protection internationale assurée aux minorités menacées. Et puisque l’Arabie et la Qatar – deux monarchies théocratiques se réclamant du wahhabisme – sont théoriquement nos amies et nos alliées, nous aurions pu leur demander de déclarer la fatwa d’Ibn Taymiyyah obsolète, nulle et non avenue afin de calmer le jeu. Il n’en a rien été. À ces minorités syriennes menacées, l’Occident, France en tête, n’a opposé que la condamnation sans appel et l’anathème parfois hystérique tout en provoquant partout – politiquement et parfois militairement – l’accession des intégristes islamistes au pouvoir et la suprématie des États théocratiques soutenant le salafisme politique.

Débarrassés des ténors sans doute peu vertueux du nationalisme arabe, de Saddam Hussein, de Ben Ali, de Moubarak, de Kadhafi, à l’abri des critiques de l’Irak, de l’Algérie et de la Syrie englués dans leurs conflits internes, les théocraties pétrolières n’ont eu aucun mal à prendre avec leurs pétrodollars le contrôle de la Ligue Arabe et d’en faire un instrument de pression sur la communauté internationale et l’ONU en faveur des mouvements politiques fondamentalistes qui confortent leur légitimité et les mettent à l’abri de toute forme de contestation démocratique.

Que les monarchies réactionnaires défendent leurs intérêts et que les forces politiques fondamentalistes cherchent à s’emparer d’un pouvoir qu’elles guignent depuis près d’un siècle n’a rien de particulièrement surprenant. Plus étrange apparaît en revanche l’empressement des Occidentaux à favoriser partout les entreprises intégristes encore moins démocratiques que les dictatures auxquelles elles se substituent et à vouer aux gémonies ceux qui leur résistent.




Prompt à condamner l’islamisme chez lui, l’Occident se retrouve à en encourager les manœuvres dans le monde arabe et musulman. La France, qui n’a pas hésité à engager toute sa force militaire pour éliminer Kadhafi au profit des djihadistes et à appeler la communauté internationale à en faire autant avec Bashar el-Assad, assiste, l’arme au pied, au dépeçage du Mali par des hordes criminelles qui se disent islamistes parce que leurs rivaux politiques ne le sont pas.

De même les médias et les politiques occidentaux ont assisté sans broncher à la répression sanglante par les chars saoudiens et émiratis des contestataires du Bahraïn, pays à majorité chiite gouverné par un autocrate réactionnaire sunnite. De même les massacres répétés de Chrétiens nigérians par les milices du Boko Haram ne suscitent guère l’intérêt des médias et encore moins la condamnation par nos politiques. Quant à l’enlèvement et la séquestration durable de quatre membres de la Cour Pénale Internationale par des « révolutionnaires » libyens, elle est traitée en mode mineur et passe à peu près inaperçue dans nos médias dont on imagine l’indignation explosive si cet enlèvement avait été le fait des autorités syriennes, algériennes ou de tel autre pays non encore « rentré dans le rang » des « démocratures », ces dictatures islamistes sorties des urnes. À défaut de logique, la morale et la raison nous invitent tout de même à nous interroger sur cette curieuse schizophrénie de nos politiques et nos médias. L’avenir dira si notre fascination infantile pour le néo-populisme véhiculé par Internet et si les investissements massifs du Qatar et de l’Arabie dans nos économies en crise valaient notre complaisance face à la montée d’une barbarie dont nous aurions tort de croire que nous sommes à l’abri.

Nice le 27 juin 2012

Alain Chouet

« Our coverage of the Arab Spring was over-excited, admits BBC » : Head of news admits reporters may have failed to explore both sides of the story. Countries where regimes were not overthrown were ignored, says BBC Trust report by former UN director of communications. Two thirds of mobile footage and other user-generated content was broadcast without any caveats.

« La sortie de crise au Sahel passe par une refondation de la relation franco-algérienne » de Richard Labévière.

“Une analyse de la crise syrienne” de Frédéric Pichon in Cahiers EPEE, Xenophon n°24, publié le 29.6.2012.

« Les ambiguïtés du « Printemps arabe » : Texte publié sur les site internet de l’association des anciens des services spéciaux de la défense nationale ( ) (2011) « Où en est Al-Qaida » : Table ronde au Sénat sur le thème : le 29.01.2010. « L’Association des Frères musulmans : Chronique d’une barbarie annoncée » (2006) — « The Association of Muslim Brothers »

« Introduction à l’Atlas Mondial de l’Islam activiste » (2006)

« Violence islamique : quels acteurs ? quelles menaces ? quelles réponses ? »

« L’Islam confisqué : Stratégies dynamiques pour un ordre statique » (Texte publié en 1994 in « Moyen Orient : migrations, démocratisations, médiations » sous la direction de Riccardo Bocco et Mohammed Reza Djalili aux Presses Universitaires de France).



dimanche 12 août 2012

Kaew Pongprayoon perd un combat mais conquiert les cœurs du Royaume…



À Kamphaeng Phet, la maman de Kaew attend son magnifique cadeau

En ce dimanche 12 août, 80ème anniversaire de Sa Majesté la Reine Sirikit et fête de toutes les mamans, le Royaume communiait dans l'attente de la médaille d'or de son boxeur chéri Kaew Pongprayoon, poids mi-mouches, moins de 49 kilos…

La domination de Kaew sur le Chinois Zou Shiming a été franche durant tout ce combat final… Kaew a su esquiver la plupart des coups d'un adversaire pourtant bien plus grand. Très mobile sur ses appuis, la garde toujours haute, Kaew est parvenu à surmonter une allonge plus courte en cassant la distance, portant de nombreux coups au corps suivis de crochets au visage… alors que le rusé Zou Shiming n'a cessé de s'accrocher à son valeureux adversaire et glisser au sol…


L'immense déception de Kaew et de tout un Royaume


Malheureusement les juges n'ont pas voulu voir ce qui était évident pour tout spectateur et qui a crevé les écrans de tout le Royaume.

Surmontant son immense déception, Kaew a dédié sa médaille d’argent à sa maman et à toutes les mamans du Royaume après que des juges à la vue incertaine aient décidé de donner la médaille d'or à Zou Shiming par 13 points contre 10…


Serein malgré l'injustice,
Kaew dédie sa médaille à sa maman…

Gagner les cœurs n'est-ce pas plus grand que tout l'or olympique… et chinois ?


Kaew loses bout but wins hearts

jeudi 9 août 2012

Nicolas Sarkozy et la Syrie : « Les alaouites dans la tombe, les chrétiens à Beyrouth ! » ou le déshonneur d'un ex-président…


Pris de frénésie guerrière, Sarkozy menace la Syrie

Sidérant que pour un prétendu retour en politique, Nicolas Sarkozy vient appuyer les djihadistes se revendiquant de l’idéologie d’al-Qaïda qui combattent le gouvernement légitime de Syrie… avec encore à ces basques le roquet Bazar-Henri Lévy… Sidérant qu’il persiste dans la continuité de la plus grosse faute de son mandat… Avec le recul, n’est-il pas capable de percevoir le chaos dans lequel, avec la complicité de son ami le Bazar-Henri Lévy, il a plongé le Maghreb tout entier par sa guerre contre la Libye… Décidément faut-il définitivement admettre que Nicolas Sarkozy n’est et n’a jamais été qu’un agent d’Israël et de l’impérialisme américain. Consternant ! On en arrive à se féliciter de son éviction et de l’immobilisme providentiel imputé à François Hollande…

Nicolas Sarkozy a parlé au chef du CNS

L'ancien président de la République Nicolas Sarkozy s'est entretenu longuement aujourd'hui par téléphone avec le président du Conseil national syrien, Abdel Basset Sayda, selon les deux responsables dans un communiqué conjoint.

MM. Sarkozy et Sayda ont évoqué "pendant près de 40 minutes" la situation dans le pays. "Ils ont constaté la complète convergence de leurs analyses sur la gravité de la crise syrienne et sur la nécessité d'une action rapide de la communauté internationale pour éviter des massacres", soulignent-ils dans leur communiqué diffusé à Paris.

MM. Sarkozy et Sayda "sont convenus qu'il y a de grandes similitudes avec la crise libyenne", la crise en Libye qui avait débouché en octobre 2011 sur la mort de l'ancien dirigeant Mouammar Kadhafi, après plusieurs mois d'affrontements.

Présidé par le kurde Abdel Basset Sayda, le Conseil national syrien (CNS) est la principale coalition de la rébellion contre le régime de Bachar el-Assad.


Les hommes de la DGSE en appui aux tueurs de l’ASL !
par Louis Denghien, InfoSyrie.fr

Les Français qui s’intéressent un tant soit peu à la Syrie ont certainement déjà croisé au hasard de la Toile ou des journaux la signature de Richard Labévière, auteur notamment de « Quand la Syrie s’éveillera… » (Perrin). Richard Labévière est un spécialiste du Proche-Orient et du Moyen-Orient qu’il parcourt depuis longtemps et un des rares analystes-spécialistes-essayistes un peu « équilibrés » sur cette question.

Assistance à terroristes (et à Washington)

Justement, Labévière vient de donner un entretien au Parisien, ce 6 août. Dans lequel il confirme cette information, objet d’un silence vraiment consensuel de la presse française depuis le début de l’année : « Avec le service action de la DGSE, dit Richard Labévière, la France mène des opérations de formation et de soutien à l’ASL et à d’autres groupes armés ». Et notre spécialiste d’ajouter, pour l’édification des lecteurs du Parisien, que cette aide française porte plus particulièrement sur l’instruction d’artillerie et les moyens de transmissions.

« Plusieurs dizaines de conseillers militaires participent déjà à un état-major commun turc, américain et français à Chamagh (Turquie) » et cette fine équipe est renforcée encore par des Britanniques. Bref, ce fameux camp spécial américano-ASL en territoire turc, évoqué ces derniers jours par plusieurs sites et médias, certains mainstream, prend de la consistance. Quant à la France, on se doutait que les barbouzes à pied d’oeuvre en Turquie évoquées en octobre dernier par Le Point et le Canard enchaîné n’étaient sans doute pas rentrées à la maison.

Ainsi, un grand nombre de Français sauront désormais que des soldats français, des agents français, aident en ce moment l’ASL à installer le chaos et la guerre civile en Syrie, à une heure où même la grande presse ne peut pus cacher, ni les exactions, ni l’orientation islamiste radicale de ces supposés « combattants de la liberté ».

Justement, dans son entretien au Parisien, Richard Labévière tire la sonnette des Cassandre : « Il y a un vrai danger islamiste » (en Syrie) dit-il. « Plusieurs milliers d’activistes ont passé la frontière en provenance d’Irak, du Liban, de Turquie et de Jordanie ». À ce propos, Labévière donne des estimations des effectifs de ces groupes armés qui se trouvent correspondre à celles que nous avions déjà formulées : de 10 à 15 000 combattants pour tout le pays, dont, dit-il, 3 000 environ « relèvent directement de groupes djihadistes revendiquant l’idéologie d’al-Qaïda ».

Cela peut paraitre peu face à une armée syrienne généralement crédite de 300 000 hommes. Mais outre que 300 000 militaires ne font pas forcément 300 000 soldats aguerris, les bandes, à la notable exception d’Alep aujourd’hui et de Damas la veille, sont éparpillées en des centaines de petits groupes de quelques dizaines de membres qui ont pour eux la mobilité. Et l’armée ne peut mettre des postes dans chaque ville moyenne ou village : on a vu récemment qu’à Anadane, au nord d’Alep, deux ou trois-cents rebelles ont assailli un poste défendu par une cinquantaine de soldats ; le subjuguant au termes de plusieurs heures.

« Les alaouites dans la tombe, les chrétiens à Beyrouth ! »

Pour en revenir à l’entretien de Labévière au Parisien, il prédit, en cas de chute du régime, un gouvernement des Frères musulmans « au mieux », ou salafiste « au pire ». Et il conclut par ce slogan des opposants qu’il a personnellement entendu en Syrie : « Les alaouites dans la tombe, les chrétiens à Beyrouth ! »

C’est donc à ce programme que travaillent nos vaillant officiers de la DGSE : on ne s’en étonnera pas dans la France vassalisée de Sarkozy/Juppé et de Hollande/Fabius. 

« L’option diplomatique est morte »
Richard Labévière, spécialiste du Proche-Orient et du Moyen-Orient

Comment expliquez-vous l’impuissance de l’ONU dans la crise syrienne? Richard Labévière : Que Kofi Annan ait jeté l’éponge (jeudi dernier), c’est une catastrophe! Cela veut dire que l’option diplomatique est morte. Depuis que le plan d’Annan n’est plus sur la table, on s’inscrit désormais dans une logique de guerre. Cet homme remarquable avait parfaitement pris la mesure de cette crise en considérant que la médiation russe était essentielle, mais qu’il fallait également y associer l’Iran qui est à la fois une partie du problème et de la solution.

Quelles sont les raisons de ce blocage ?

Il y a d’abord l’intransigeance du régime syrien qui a géré cette crise de manière militaire depuis le début et a refusé d’ouvrir un débat avec son opposition intérieure. L’opposition syrienne est, elle, écartelée entre un Conseil national syrien, qui est le paravent des Frères musulmans financés par le Qatar, et les comités de coordination sur le terrain. Elle est incapable de susciter une plate-forme commune d’alternative crédible et de dialogue avec le régime. Les démocraties occidentales — à commencer par les Etats-Unis et la France — n’ont pas du tout aidé Kofi Annan, mais ont privilégié dès le départ l’option militaire sans l’avouer ouvertement, mais en laissant faire le Qatar et l’Arabie saoudite.

Que peut faire la France qui préside en août le Conseil de sécurité ?

La France ne pourra pas faire bouger les lignes et les veto russe et chinois qui sont structurels et non pas de simple conjoncture. Avec le « service action » de la DGSE, la France mène en revanche des opérations de formation et de soutien à l’Armée syrienne libre et à d’autres groupes armés. Sur le plan des transmissions et de l’artillerie : mortiers, missiles antichars et canons de 105 mm. Plusieurs dizaines de conseillers militaires participent déjà à un état-major commun turc, américain et français à Charnagh (Turquie), qui bénéficie d’une aide britannique à la frontière syrienne.

Les rebelles syriens sont-ils infiltrés par les islamistes ?

Il y a un vrai danger islamiste. Plusieurs milliers d’activistes ont passé la frontière en provenance d’Irak, du Liban, de Turquie et de Jordanie. On ne peut plus ignorer que, sur les 10000 à 15000 hommes en armes de l’opposition syrienne engagés contre l’armée gouvernementale, de 2000 à 3000 relèvent directement de groupes jihadistes revendiquant l’idéologie d’Al-Qaïda. C’est un réel problème pour l’après-Assad. L’après, ce seront les Frères musulmans dans le meilleur des cas. Ou les salafistes dans le pire des cas, avec ce slogan que j’ai personnellement entendu à la sortie des mosquées de la ceinture sunnite de Damas au printemps dernier : « Les alaouites dans la tombe, les chrétiens à Beyrouth! »



L’erreur de Sarkozy

Michel Garroté : – Je suis d’accord de ne plus taper sur Sarkozy aussi longtemps qu’il se tait. Mais lorsqu’il recommence à s’agiter, je recommence à lui taper dessus. Or, là, il a, comme d’habitude, outrepassé ses prérogatives, au demeurant inexistantes à ce stade, pour ficher le bazar dans l’épineux dossier syrien. Je rappelle que la guerre libyenne de Sarkozy est l’une des causes du chaos terroriste qui règne actuellement dans certains pays africains géographiquement proches de la Libye. A vrai dire, je n’ai pas imaginé une seule seconde que Sarkozy allait se retirer de la vie politique. Cependant, je ne m’attendais pas à ce qu’il gesticule publiquement avant la rentrée de septembre. Et je ne m’attendais pas à ce qu’il interfère dans le rôle de l’actuel président français (Flamby) et celui de l’actuel ministre français des Affaires étrangères (Giscardus). Au vu de ce qui précède, je continue de penser que Sarkozy souffre de perversion narcissique. Dois-je rappeler que Sarkozy – au temps de son mandat présidentiel – avait remis le reclus Al-Assad sur la scène internationale, en l’invitant en grandes pompes un certain 14 Juillet à Paris, suite à une onéreuse et inutile Conférence, à Paris également, de la soi-disant ‘Union Pour la Méditerranée’ ? (UPM à ne pas confondre avec UMP…).

Sur lepoint.fr, Mireille Duteil écrit à ce propos (extraits) :
En réclamant une intervention en Syrie, l’ancien président de la République se trompe sur tous les plans. On peut légitimement se demander si, en regrettant que la nouvelle majorité n’intervienne pas en Syrie, Nicolas Sarkozy se soucie prioritairement du sort des Syriens bombardés dans Alep et ailleurs ou s’il veut mettre dans l’embarras son successeur et sortir d’un silence qui commence à lui peser. Sans même polémiquer sur le fait qu’il soit étrange pour un tout récent ex-chef d’État de faire savoir qu’il a appelé au téléphone le responsable de l’opposition d’un pays en guerre, il faut rappeler que la Syrie n’est pas la Libye. Sur aucun plan. Déjà, jamais, compte tenu de l’actuelle opposition russe et chinoise au Conseil de sécurité, l’ONU ne donnera son feu vert à une intervention en Syrie. C’est précisément l’aval de l’ONU qui avait permis de justifier que l’Otan vole au secours de la population de Benghazi. La France, la Grande-Bretagne et les États-Unis s’étant ensuite octroyé le droit d’intervenir jusqu’à la disparition du régime de Muammar Kadhafi. C’est précisément cette extension du feu vert de l’ONU en Libye par les Occidentaux que la Russie leur fait payer aujourd’hui, même si ce n’est pas la seule raison qui explique l’entêtement de Moscou à soutenir Damas.

Deuxième différence : la Libye était un pays d’à peine sept millions d’habitants où une grande majorité de la population appelait de ses voeux un changement de régime ; la Syrie est une mosaïque de communautés et de religions de 22 millions d’habitants, dont une partie non négligeable craint un changement de régime. Ces Syriens ne soutiennent pas tant Bachar el-Assad qu’ils craignent l’arrivée au pouvoir d’une majorité sunnite dirigée par les Frères musulmans. Il ne faut pas oublier que le parti Baas, fondé par Michel Aflak, un chrétien, était socialiste et laïque. Troisième différence entre la Libye et la Syrie : la taille des armées. Il a fallu sept mois pour renverser le régime de Kadhafi qui possédait une armée mal équipée et peu nombreuse. L’armée syrienne bien équipée, entraînée, dispose d’armes chimiques et du soutien actif de la Russie et de l’Iran. Derrière cette bataille pour la chute de Bachar el-Assad, c’est un épisode d’une nouvelle guerre froide « soft » qui se déroule, conclut Mireille Duteil sur lepoint.fr .

Pour ce qui me concerne – cela sera ma conclusion – je trouve pathétique que Sarkozy fasse état d’une conversation téléphonique dans un communiqué envoyé à la presse. Et je trouve hautement maladroit qu’en sa qualité de citoyen, il s’immisce dans le conflit syrien en parlant avec un Kurde. Car le dossier syrien et la question kurde sont deux dossiers explosifs. Le juriste Sarkozy n’a jamais rien pigé à la géopolitique. Il vient de le prouver une fois de plus.

Michel Garroté, rédacteur en chef de Dreuz.info

lundi 6 août 2012

Loin de France… le mal du pays ?


La vie quotidienne dans une grande ville française vue de n'importe où à l'étranger

"Si le mal du pays vous prend, allez faire un petit tour en France, surtout pendant les grèves. Rien de tel pour remettre les pendules à l'heure sur ce pays qui devient le paradis dans les esprits quand on en est loin. La première fois que je suis rentrée en France après quatre mois passés en Corée, j'ai eu la turista tellement la bouffe est riche et lourde. J'ai été choquée par l'état de saleté et de dégradation du RER et de Paris. Les gens m'ont paru sans gène, agressifs et mal polis. Le métro bondé et étouffant (là on regrette la clim à fond)... Et la liste est longue ! Petit à petit, on arrive à prendre du recul et à voir les points positifs et négatifs de son pays d'accueil et aussi de la France, ça demande du temps et parfois quelques aller-retour."

Un refus commun : celui du retour à l’Occident

La constante parmi les témoignages recueillis est celle du refus d’un retour en Occident. Patrick Samnang Mey l’explique : "Je me sens bien en Asie. Maintenant, je me vois mal retourner dans un pays occidental, l’Europe ne me dit pas trop pour l’instant. Quand je retourne en France, par exemple, même si je suis Français, il y a des choses que je ne comprends plus comme avant”. Même son de cloche chez Frédéric : “Je n’irais pas dans les pays trop occidentalisés, comme l’Amérique du Nord ou même l’Argentine. Buenos Aires, c’est très sympa il paraît mais j’ai entendu dire que c’est vraiment une capitale européenne. Je bouge plutôt pour avoir du dépaysement”. Le rejet de Lucci, lui, est plus axé sur un pays en particulier : “Je n’irai pas aux Etats-Unis. Les Américains et moi, on ne vit pas sur la même planète et puis … là-bas, tout est cher”. Son souhait, c’est de retourner en Chine, où il a exercé le métier de cuisinier pendant deux ans. Cette expérience motive à la fois son projet - retourner en Chine - et son rejet d’un pays : le Japon. “Je n’irai pas au Japon non plus, explique t-il, parce que je suis un ami de la Chine. Mais bon, là-bas il y a des Play Station 3, alors…”

EXPATRIATION – Ces pays où vous ne voulez pas aller

EXPATRIATION – Ces pays où les expatriés du Cambodge ne veulent pas aller



samedi 4 août 2012

The Bankgkok Hilton : Bang Kwang







Trois policiers condamnés à mort

Trois policiers viennent d’écoper ce lundi 30 juillet de la peine capitale pour avoir torturé et pendu un étudiant de 17 ans en 2004.

Lorsqu’il était à la tête du gouvernement, entre 2001 et 2006, Thaksin Shinawatra a mené une guerre féroce contre les trafiquants de drogue dans toute la Thaïlande. Au cours de cette période sanglante, les organisations de défense des droits de l’homme ont recensé plus de 2500 exécutions extrajudiciaires. Très peu d’auteurs de ces exactions ont été traduits en justice. Ces années noires sont néanmoins brusquement remontées à la surface lundi 30 juillet avec l’annonce de la condamnation à mort de trois policiers. D’après le New York Times, ils sont reconnus coupables du meurtre d’un étudiant de 17 ans dans le nord-est de la Thaïlande en 2004, et d’avoir tenté de dissimuler les circonstances de sa mort.

La cour a également condamné dans cette affaire, un commandant-adjoint de la police locale à la prison à vie, et un autre commandant à sept ans de prison pour abus de pouvoir. Un officier a, lui, été acquitté.

La jeune victime avait été arrêtée en juillet 2004. Elle était soupçonnée d’avoir volé une mobylette. On l’a retrouvée pendue dans sa cellule. Sa mort a paru suspecte aux proches du défunt, soutenus par la Commission nationale des droits humains. Une enquête a été ouverte en 2005, qui a conduit à l’inculpation des six officiers de police le 9 septembre 2009.


Les trois policiers condamnés à mort libérés provisoirement sous caution

La Cour criminelle a autorisé la libération temporaire et sous caution de trois officiers reconnus coupables de meurtre. Les témoins-clés de cette affaire craignent pour leur vie.

Surprise dans l’affaire des trois policiers condamnés à mort pour le meurtre d’un étudiant de 17 ans dans la province de Kalashin dans le nord-ouest du pays en 2004 : la Cour pénale a autorisé leur libération temporaire et sous caution le 1er août. Les trois officiers condamnés à la peine capitale et deux autres purgeant respectivement une peine de prison à perpétuité et de sept ans ont recouvré la liberté après avoir payé chacun la somme d’1 million de bahts (26000 €).

Cette décision qu’un juge peut prendre s’il est convaincu que les accusés ne chercheront pas à fuir, attise les craintes des témoins-clés de cette affaire. L’un d’entre eux a d’ores et déjà demandé, rapporte le Bangkok Post, que soit prolongé le programme de protection des témoins dont il bénéficie avec deux autres personnes. L’une de ces dernières a fait part de sa peur au quotidien anglophone : « Je crains que ces policiers ne cherchent à me tuer avant qu’ils ne soient exécutés ». Le programme de protection a pris fin le 30 juillet, jour de l’annonce de la condamnation à mort des trois policiers. Les faits qui leurs sont reprochés se sont déroulés à l’époque où Thaksin Shinawatra, le premier ministre alors en poste, avait déclaré une guerre féroce aux trafiquants de drogue. Plusieurs organisations humanitaires avaient dénoncé qu’au cours de ces années noires (2001-2006), pas moins de 2500 meurtres extrajudiciaires avaient eu lieu. La grande majorité de ces cas sont restés impunis.


Jail drug trade worth B350 : Probe uncovers gang of five's bank finances