Quand un Pape augustinien, Léon XIV, pourrait effectuer un voyage en Algérie aux sources du christianisme sur les traces de Saint Augustin de Thagaste, fils de Sainte Monique, évêque d'Hippone, il est consternant de noter que l'Église d'Algérie s'obstine à ne dater sa création qu'après l'année 1962… Cela alors que le catholicisme a connu au cours du temps de longues périodes grande ferveur, tant lors des premiers siècles du christianisme que lors des présences espagnole puis française… et alors que les autorités algériennes elles-mêmes restent soucieuses d'en maintenir les vestiges les plus prestigieux.
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| L’olivier de saint Augustin, à Thagaste | © Grégory Roth |
Parmi les nombreux vestiges de la présence du christianisme en Algérie, je voudrais ne m'attarder plus précisément ici sur quelques vestiges qui concernent ma famille… J'évoquerai le souvenir de mon grand-oncle le chanoine Didace Galan et la création de cette chapelle de Saint-Eugène qui après 1962 deviendra cathédrale Saint-Marie d'Oran… Pour ce faire j'avouerais qu'en fait je n'ai pas connu mon grand-oncle, qui certes m'a baptisé, mais qui est décédé alors que je n'étais âgé de pas même quatre ans. D'autre part je ne dispose d'aucune photo ni d'aucun document personnel ou familial le concernant. Les seuls documents des archives de l'église de Saint-Eugène le concernant directement m'ont été cordialement transmis par les sœurs dominicaines du Monastère de Taulignan du diocèse de Valence dans la Drôme. Pour le reste je me réfèrerai aux rares articles accessibles sur Internet le mentionnant et bien sût à l'incontournable ouvrage de Jacques Gandini sur les Églises d'Oranie…
Si le diocèse d'Oran, en Algérie, a été érigé canoniquement le 25 juillet 1866 par le pape Pie IX, aux premiers siècles de l'ère chrétienne, il y avait ni plus ni moins que 123 diocèses dans la Maurétanie Tingitane, avec Tlemcen qui était un important siège apostolique. Au Ve siècle, l'évêque Honorat fut exilé par le roi Huneric pour avoir nié l'arianisme.
L'invasion arabe a détruit beaucoup d'églises, mais l'historien Abou-Obed-El Bekri rapporte qu'en 963, il y avait des églises et des chrétiens à Tlemcen. Les soldats chrétiens sont au service des rois maures jusqu'en 1254. En 1290, une bulle de Nicolas IV indique qu'Oran est sous la juridiction d'un évêché marocain.
Oran, probablement d'origine maure, est prise par les Espagnols dans une croisade en 1509, et ceux-ci gouvernent jusqu'en 1708, puis de 1732 à 1792. La ville dépend pendant toute la période de l'archevêque de Tolède, qui y est représenté par un vicaire. Les Français occupent la région le 10 décembre 1830.
Le pèlerinage de Notre-Dame du Salut est fondé en 1849. Il y avait des ordres religieux dans ce diocèse avant la loi sur les associations de 1901. Au début du XXe, il y a plus de 273 500 diocésains catholiques répartis dans 82 paroisses d'Oranie.
La superficie de ce diocèse est de 77 350 km². Il y avait au début des années 2000 seulement 400 fidèles catholiques répartis dans sept paroisses de ce diocèse, une fraction infime de la population totale de 7 250 000 habitants. Le dialogue interreligieux est nécessaire dans la vie de tous les jours.
Vingt prêtres exercaient leur ministère dans la métropole oranaise, et il y avait vingt fidèles par prêtre, le taux le plus faible au monde. Les fidèles chrétiens sont presque tous partis après la guerre d'Algérie. Les violences politiques des années 1990 ont empiré la situation, car en 1990 il y avait encore 7 000 fidèles.
La salle faisant office de cathédrale dans les locaux de l'évêché d'Oran a été consacrée, après embellissement, le 26 novembre 2010 [Bulletin diocésain d'Oran, Le lien N°373, novembre-décembre 2010, pdf sous rubrique "Publications… et bien sûr vous ne trouverez aucune mention du père Didace Galan dans ce bulletin, au demeurant fort intéressant, entièrement consacré à la nouvelle cathédrale d'Oran !] Cette cathédrale Sainte-Marie est la troisième cathédrale oranaise, après l'église Saint-Louis située dans le vieil Oran, quartier El Houari (cathédrale de 1867 à 1913, aujourd'hui désaffectée), et la cathédrale du Sacré-Cœur de Jésus inaugurée en 1913, consacrée le 30 avril 1930, et devenue bibliothèque en 1984.
Pour mémoire, évêques d'Oran pendant la période française :
- Jean-Baptiste-Irénée Callot (1867 - 1875)
- Louis-Joseph-Marie-Ange Vigne (1876 - 1880)
- Pierre-Marie-Etienne-Gustave Ardin (18801884)
- Noël-Mathieu-Victor-Marie Gaussail (1884 - 1886)
- Géraud-Marie Soubrier (1886 - 1898)
- Édouard-Adolphe Cantel (1898 - 1910)
-Pierre-Firmin Capmartin (1911 - 1914)
- Christophe-Louis Légasse (1915 en 1920)
- Léon-Auguste-Marie-Thérèse-Joseph Durand (1920 - 1945,) né à Oran le 27 juillet 1878 ; ordonné prêtre à Saint-Jean-de-Latran le 29 mars 1902 ; ordonné évêque le 3 mai 1919 par Louis Cardinal Maurin archevêque de Lyon, au titre d'auxiliaire de l'évêque de Marseille; nommé évêque d'Oran le 11 octobre 1920 ; mort à Oran le 20 mars 1945.
- Bertrand Lacaste (1946 - 1972)
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Qui était le père Didace Galan ?
Lors du décès de son curé, l'église de Saint-Eugène en trace une brève biographie dans son journal de l'année 1944, page 179 :
GALAN Diego (Didace) Jayme
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| Journal de l'église de Saint Eugène [1944 p. 179] |
Transcription du journal de l'église de Saint Eugène [1944 p. 179]
GALAN Diego (Didace) Jayme
Né à Oran le 7 octobre 1862
de Manuel Galan et de Catalina Proeta.
A fait ses études secondaires au collège Notre-Dame d'Oran ; ses études philosophiques et théologiques au Grand Séminaire d'Oran.
Tonsuré le 19 mai 1881
Minoré le 4 juin 1882
Sous-diacre le 7 juin 1884
Diacre le 20 octobre 1884
Prêtre le 7 juin 1885Après son ordination, M. Galan a été envoyé comme vicaire à Karguentah mais à cause de sa nationalité espagnole, il n'a pu être installé officiellement que le 1er juillet [il y a eu un titre officiel jusqu'au 30 juin 1892] après réception de l'autorisation ministérielle. Monsieur a obtenu sa naturalisation par décret présidentiel en date du 16 novembre 1885.
M. Galan ayant offert à Monseigneur d'Oran d'établir le culte à Saint-Eugène et d'y remplir sans aucun traitement les fonctions de desservant, sa Grandeur a accepté. M. Galan a ouvert la chapelle de Saint-Eugène le 8 septembre 1892. [prêtre auxiliaire à Oran Saint-Eugène du 1er janvier 1894]
Nommé curé de Misserghin et installé le 1er septembre 1899.
Nommé desservant de Saint-Eugène, en remplacement de M. Gilloux décédé - et avec le titre de prêtre auxiliaire le 9 avril 1907. – Autorisé, par ordonnance du 24 juin 1910, à porter le Camail de Dignitaire.
En 1914 mois de novembre, il fut autorisé à prendre du service dans l'armée au titre d'aumônier militaire et il revint du front en janvier 1917 pour reprendre son service à Saint-Eugène. Médaille militaire et Croix de guerre.
Nommé chanoine honoraire le 31 décembre 1919.
Décédé le 4 août 1944, toujours en activité de service.
Obsèques le lundi 7 août, présidées par Mgr Mérens, vicaire général.
Pie Jesu, domine, dona ei requiem. Amen.Source : Archives de catholicité du diocèse d'Oran (Algérie).
https://www.dominicaines-taulignan.fr/archives-diocesaine-doran[La communauté assure le secrétariat des archives de catholicité du diocèse d'Oran (Algérie).
Les registres contiennent exclusivement des actes de baptêmes, mariages et sépultures de la religion catholique. La première paroisse d'Oran date de 1833. La plupart des registres s'arrêtent en 1962. ]
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Une image de Nuestra Señora de los Dolores de Orihuela, bénissant les origines de ce descendant d'enfants d'Orihuela Diego Jaime Galán, a toujours protégé la chapelle de Saint-Eugène depuis sa création…
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| Nuestra Señora de los Dolores de Orihuela |
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Décret de naturalisation de Diégo Jaime GALAN
du 16 novembre 1885
(BB/34/389 document 223)
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| FranceArchives Décret de naturalisations algériennes du 16 novembre 1885 (BB/34/389 document 223) |
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| FranceArchives Décret de naturalisations algériennes du 16 novembre 1885 (BB/34/389 document 223 p.1) |
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| FranceArchives Décret de naturalisations algériennes du 16 novembre 1885 (BB/34/389 document 223 p.2 |
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| FranceArchives Décret de naturalisations algériennes du 16 novembre 1885 (4302 X 85 - BB/34/389 document 223 p.3) |
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| GALAN Diego Jayme |
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En même temps qu'un historique de l'église de Saint-Eugène, Jacques Gandini dans son ouvrage "Églises d'Oranie, 1830-1962" nous offre une présentation du père Didace Galan, la meilleure et la plus complète existant…
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| Jacques Gandini, Églises d'Oranie 1830-1962, éd. Gandini 1992 |
En 1890, le faubourg de Saint-Eugène commençait à prendre de l’importance. Près de deux mille âmes composaient sa population et le clergé de Saint-Esprit dont il dépendait, songea à le doter d’une chapelle. Les enfants en effet y grandissaient sans instruction religieuse, sans faire la première communion. Les unions irrégulières se multipliaient. Les malades mourraient sans sacrement, etc. Au carnaval de 1891, une jeune-fille de dix-sept ans, enceinte, prenant part à un bal organisé dans la grande salle du café Candéla, était subitement prise des douleurs de l’enfantement et mourrait avec son enfant dans une chambre voisine où elle avait été transportée, sans avoir pu bénéficier des derniers sacrements qu’elle avait demandés. Ce fait douloureux décida Mgr Lafuma, vicaire général du diocèse et administrateur de la paroisse Saint-Esprit à porter au conseil épiscopal l’affaire de Saint-Eugène.
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| Jacques Gandini, Églises d'Oranie 1830-1962, éd. Gandini 1992, p. 107 |
L’abbé Galan
L’établissement d’une chapelle de secours fut décidé. L’abbé Galan, alors vicaire à Saint-Esprit, ayant un frère qui débutait dans le commerce et qui lui promit une certaine somme si en fin d’année les affaires en cours réussissaient. Elles eurent un plein succès. Fidèle à sa promesse Henri Galan donna à son frère la somme de six mille francs. L’abbé attendit avec impatience la fête de son curé. La tradition constante de Saint-Esprit avait établi l’usage de réunir à cette occasion les vicaires dans le bureau de leur curé et de lui offrir, avec un compliment, un cadeau acheté en commun. Le soir de la réunion traditionnelle, après les souhaits de circonstance, l’abbé Galan remettait à Mgr Lafuma les six mille francs pour la fondation de la chapelle de secours à Saint-Eugène.
Le conseil épiscopal décida de fonder une nouvelle paroisse au lieu d’établir une simple chapelle vicariale. L’abbé Galan, désigné comme futur curé devait toucher un traitement de prêtre auxiliaire soit 1800 francs par an
Au mois de mai de la même année tout fut remis en question. Mgr Soubrier donna à un autre le titre de prêtre auxiliaire destiné à l’abbé Galan et remit à plus tard les projets relatifs à Saint-Eugène. Déjà l’autel, la crédence, les ornements, les chandeliers, la statue de Notre-Dame de Lourdes, le grand crucifix, etc. avaient été acquis par l’abbé Galan pour sa future église. Dans un élan de générosité le jeune prêtre répondit à son évêque : « Monseigneur, si l’œuvre de Saint-Eugène doit être remise à un avenir trop éloigné, je préfère la commencer de suite, même sans traitement. » Ému jusqu’aux larmes le pontife ne voulut pas se laisser vaincre en générosité et remit sur sa cassette personnelle la somme de quatre mille francs pour la fondation de la nouvelle paroisse. Ce fut après avoir parcouru le faubourg en tous sens, après plusieurs démarches infructueuses auprès de revendeurs qui voulaient spéculer, qu’un terrain fut acquis pour la somme de douze mille francs. En attendant le moment propice pour recueillir des fonds, le fondateur de la paroisse se mit en quête d’un immeuble où il pourrait installer provisoirement le culte. Il trouva à louer dans la deuxième rue parallèle à la route de Mostaganem, rue qui portera plus tard le nom de Fernand Forest, une maison que personne ne voulait louer parce qu'elle était, disait-on, hantée par les mauvais esprits. La remise complète du loyer de la première année fut accordée pour les aménagements et les réparations nécessaires. La cloison séparant deux pièces du rez-de-chaussée fut abattue. Un peintre de bonne volonté décora sobrement la salle ainsi formée et ce fut là, en septembre 1892, que la sainte messe fut célébrée pour la première fois dans le faubourg Saint-Eugène. Dans le courant du mois suivant, il fut décidé de prendre tout un côté de la maison comme église. Une grande porte percée au mur du fond permit aux fidèles l'accès à une grande cour dans laquelle avait été édifiée une petite grotte de Lourdes. La Vierge y attirait de nombreux fidèles venant y prier.
Mgr Soubrier envoya, ensuite en juillet 1893, le jeune curé quêter en France pour sa nouvelle paroisse. Malgré ses efforts dans un pays inconnu de lui, il ne put ramasser que 4000 francs et dut rentrer d'urgence au bout de cinq mois, car certaines mauvaises langues faisaient courir le bruit qu'il était parti vivre sa vie avec une certaine Madame G… À son retour, il eut toutes les peines du monde à rétablir le courant vers son église. Au mois d'avril 1894, il tomba gravement malade d'une double pneumonie. Il se remit en même temps qu'une bonne nouvelle arrivait : le diocèse lui attribuait un traitement de 1800 francs. Au mois de juillet de la même année, malgré sa vive opposition, on décida de bâtir le presbytère qui devait servir en même temps de chapelle. M. Gibbal désigné pour faire le plan estima qu'à moins de trente mille francs on ne pouvait pas faire les travaux… Ceux-ci commencèrent et l'argent disponible fondit à vue d'œil ; l'abbé Galan surveillait le chantier, faisait l'entrepreneur et aidait souvent les maçons. Une subvention du vicaire général Palliser permit de terminer enfin les travaux, avec quelques dettes. Constatant que les fidèles, déçus de voir bâtir le presbytère avant l'église, n'étaient plus disposés à être généreux, le curé songea à doter sa paroisse d'écoles libres. Il s'entendit avec les sœurs de la Doctrine chrétienne, son frère Henri et Mme Gautier, pour fonder d'abord une école libre de filles qui fut achevée en 1897 .
À cette même époque, les frères de Saint Genys-Laval acceptèrent de venir fonder un établissement libre de garçons sous forme de maîtrise à condition d'avoir les locaux nécessaires. Ce fut l'origine du petit pavillon bâti à la suite du presbytère et des constructions en bas du jardin. Au mois de mars 1898, la dette de l'église étant éteinte, restait celle de l'école, mais en 1899, un incident vint briser son élan. Le nouvel évêque du diocèse, Mgr Cantel, visitant la paroisse se montra choqué par les beaux bâtiments du presbytère alors qu'il n'y avait pas d'église. Et alors que le curé était parti en France pour assister à l'ordination de son jeune frère Joseph, à son retour, le 21 juin 1899, 1'abbé Cholat et l'abbé Gilloux vinrent le trouver pour solliciter son adhésion pour une permutation. L’abbé Gilloux se proposait de continuer l’œuvre de Saint-Eugène, l’abbé Galan devant prendre sa place à Misserghin comme curé de la paroisse. Pendant deux ans l'abbé Galan dut encore vivre de privations pour achever de payer la dette contractée personnellement à l'égard de personnes qui, en lui avançant les fonds, avaient permis de solder ses créances… Le 9 avril 1907, il put reprendre possession de la paroisse Saint-Eugène qu'il ne devait plus quitter. En 1930, avec ses 17000 fidèles, Saint-Eugène ne possédait encore que le modeste oratoire du presbytère construit par l'abbé Galan.
1944, Décès du chanoine Didace Galan
Le chanoine Galan, ayant toujours désiré mourir sur la "brèche", fut pleinement exaucé. Resté, malgré son grand âge, à la tête de la paroisse qu'il avait lui-même fondée en 1892 au quartier Saint-Eugène d'Oran, il fut à peu près le seul à en assurer le service, dès 1942, date de la reprise des hostilités en Afrique du Nord. Chacun admirait la vaillance et l'activité de ce vénérable prêtre, plein de bonhomie souriante, au moral toujours excellent. C'est au soir d'une tournée de ministère très chargée que Dieu l'a rappelé. Il avait fait trois enterrements dans la journée du vendredi 4 août. Rentrant vers 18 heures au presbytère, son vicaire, l'abbé Gladel, mobilisé à Oran, le trouva assoupi lourdement dans la voiture qui le ramenait du cimetière et s'aperçut bien vite que son état était grave. Après lui avoir fait aussitôt une onction, il le fit transporter chez lui. Là, grâce aux soins énergiques de ses neveux, le chanoine Galan reprit ses sens, un peu étonné de ce qui lui arrivait, assurant que ce n'était rien, et demanda les noms des personnes qui l’avaient transporté au presbytère dans l'intention de leur faire bientôt une visite de remerciements. Mais quelques heures plus tard, il s'éteignait brusquement après avoir fait un triple signe de croix. Il était né à Oran le 7 octobre 1862. Il fit ses études au Grand Séminaire. Ordonné prêtre le 7 juin 1885, il fut vicaire à Karguentah jusqu'en juin 1892. Autorisé par Mgr Soubrier à établir le culte au quartier de Saint-Eugène à Oran, il y ouvrit le 8 septembre 1892, une chapelle dédiée à l'Immaculée Conception. Le 1er septembre 1899, il fut nommé curé à Misserghin, qu'il quitta le 9 avril 1907 pour retourner comme desservant à Saint-Eugène. L’abbé Galan reçut de Mgr Cantel le camail de dignitaire par ordonnance du 24 juin 1910. En novembre 1914, il fut autorisé à prendre du service dans l'armée à titre d'aumônier militaire. Il revint du front en janvier 1917, après avoir été cité, ce qui lui valut la Croix de guerre, et plus tard la médaille militaire. Il reprit alors, son service à Saint-Eugène. Nommé chanoine honoraire le 31 décembre 1919 par Mgr Légasse, il ne quitta plus sa paroisse dont la population alla sans cesse croissant. Il y resta ainsi en tout quarante-quatre ans, soit la plus grande partie de sa vie sacerdotale, s'y montrant toujours le bon pasteur, assidu à en remplir tous les devoirs jusqu'à la limite de ses forces, respecté et vénéré de ses paroissiens. Son inhumation eut lieu au caveau de famille du cimetière d'Oran. L’abbé Saucès lui succéda et l'abbé Saillard y fut nommé en 1955.
Prévue d'abord pour le 27 mars, la cérémonie de confirmation par Mgr Lacaste fut renvoyée au 5 avril pour une raison légitime : les travaux d'agrandissement de l'église n'étaient pas encore achevés. Allongée maintenant de quelques mètres et pourvue d'une tribune, l'église transformée donnait la preuve qu'elle n'est pas encore aux dimensions du faubourg Saint-Eugène, mais protestait qu'elle n'était qu'une "nouvelle église provisoire".
Première pierre de la nouvelle église
Le dimanche 29 mai1960 était le jour de la fête des mères, à Saint-Eugène, c'était en même temps celui des premières communions privées : deux-cents enfants y prenaient part rassemblés avec de nombreux paroissiens sur l'emplacement, sinon sur le chantier de la future église. Car la cérémonie préludait à une autre solennité depuis longtemps espérée : Mgr l'Évêque venait bénir la première pierre de cette église, entrée désormais dans la voie des réalisations. Après des paroles de bienvenue, le curé rendit hommage à ses prédécesseurs, en particulier au chanoine Galan qui procura le terrain. Sur ce terrain allait pouvoir s'élever une église à la mesure des besoins actuels, avec le concours d'un comité résolu, de M. Cantié l'architecte, de M. Remvoisié l'entrepreneur. L’évènement du jour fut consigné sur un parchemin scellé dans la pierre d’angle. Puis Monseigneur accomplit les rites liturgiques au chant des litanies et des psaumes, parcourut en procession tout le terrain et, après la dernière oraison, prit à son tour la parole ; la fondation d'une église est un moment émouvant dans la vie d'une paroisse et, sans doute l’impression fut-elle ressentie fortement à Saint-Eugène…
Après 1962,
La nouvelle église inachevée fut aménagée, en contre-bas, en chapelle ; au-dessus en salles, appartement et bureaux et au premier en salles d’archives du diocèse. En 1992, l’évêché d’Oran, avec Mgr Claverie comme évêque, avait son siège dans les locaux de Saint-Eugène, l’ancienne chapelle agrandie étant transformée en bibliothèque.
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Loi du 9 décembre 1905 de séparation des Églises et de l'État :
Les inventaires à Oran…
L'abbé Didace Galan, "un homme plein de bonhomie souriante", mais il ne faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages !… En juin 1908 lors des "inventaires" à Oran, les agents de la République furent reçus à Saint-Eugène comme il se doit. Si certains prélats se contentèrent de protester d'autres religieux firent obstacle à toute inquisition dans des lieux sacrés bâtis et aménagés grâce aux seules participations des paroissiens… Ce fut le cas de Mgr Cantel à la cathédrale d'Oran et du père Galan à Saint-Eugène (pas même eu le temps les agents de l'administration de noter la graphie correcte du nom du prêtre !). En "Métropole", avons-nous aujourd'hui des prêtres capables d'une telle détermination ?
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| Extrait de l'Écho d'Oran daté du mardi 23 juin 1908 (page 2 : Nouvelles locales) Source : Gallica BNF |
article que vous retrouverez dans son intégralité en suivant le lien ci-dessus :
"… La seconde tradition que nous perpétuions, c'était celle des "Rameaux". Les églises se remplissaient alors de fidèles ayant à la main une branche de buis que les prêtres bénissaient à l'office et que nous ramenions à la maison afin de les placer au dessus de la porte d'entrée, ou au pied des Crucifix qui garnissaient les murs de nos appartements. Il y avait aussi remplaçant le buis, d'affreux rameaux factices, garnis d'œufs en chocolat et de sucreries multicolores, que tenaient à la main les enfants. C'était le mariage du païen et du sacré, comme partout. C'était à qui déploierait ses plus beaux habits. Tous les enfants du quartier étrennaient alors leurs nouveaux atours, surtout les filles que les mamans habillaient de très belles robes. À cette occasion, ainsi que le dimanche suivant pour Pâques, l'église de Saint-Eugène déversait ses fidèles jusque sur son parvis et jusqu'au milieu de la grande esplanade qui s'étendait devant. Les autres dimanches, l'église se vidait peu à peu, comme si ses paroissiens, au fil des années, se lassaient d'entendre toujours ce bon gros curé qui officiait en remplacement du père GALAN, créateur de la paroisse dont la fameuse réputation avait dépassé les limites du quartier. Il paraît même qu'il avait été le premier supporter de la JSSE, lui fournissant ses maillots à la condition qu'ils soient aux couleurs diocésaines : le violet. Et il est vrai que depuis toujours je n'ai connu que le maillot violet aux manches blanches porté par l'équipe de football. Ce bon gros curé n'avait aucun enthousiasme pour subjuguer les foules, pourtant la Foi était grande dans notre quartier. Ce fut démontré lorsque son remplaçant arriva. Quel changement avec l'abbé Gaillard. C'était un sacré bonhomme, normand d'origine il avait l'art de remuer les foules. Sous son impulsion une dynamique de fréquentation de l'église se créa. La foule des paroissiens se pressait de nouveau et débordait jusqu'au milieu de l'esplanade. Cela dura quelques années, à tel point que certaines messes de Noël se célébrèrent au cinéma Olympia, et que se construisit la nouvelle église paroissiale. Quelle foule lors de son inauguration ! Comment avait-il fait pour réunir l'argent nécessaire à son édification ? Bien des chefs d'entreprise Saint-Eugénois ont mis la main à la poche en plus des collectes des fidèles. Nous étions très fiers de cette nouvelle église et chaque dimanche la foule qui se pressait pour suivre la messe débordait encore, malgré sa grande capacité jusqu'au milieu de l'esplanade d'entrée. Elle aussi s'avérait trop petite, tellement la Foi et la pratique du culte étaient revenues. Bon nombre d'entre les Saint-Eugénois avaient retrouvé le chemin de l'église qu'ils avaient un temps délaissé, il n'avait pas fallu grand chose pour rallumer cette flamme qui ne demandait qu'à brûler."
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| Écho de l'Oranie - n°96 - Février 1974 Saint-Eugène mon village |
Oran a vécu blottie près du port pendant des siècles. À ce moment-là, c'était une petite ville très active, ayant un passé historique que lui enviaient d'autres capitales de province. Grâce aux bienfaits de la colonisation française, Oran a grandi ; elle a grimpé sur les collines et les plateaux environnants et là, s'est entourée de remparts pour se protéger.
Mais elle a continué de grandir et propérer, et finalement elle a éclaté dans tous les sens.
C'est ainsi qu'est né, à l'Est, un grand quartier populaire qui est devenu « Saint-Eugène ».
Les anciens se souviennent des premières installations, et surtout du vieux moulin à vent qu'on rencontrait en franchissant les portes de la ville.
D'ailleurs, cela s'appelait à l'époque « À ma nouvelle Campagne ».
Saint-Eugène a une situation géographique excellente et, en été, l'air marin y rend très agréable le séjour. Ce quartier, traversé en son milieu par la route Oran-Mostaganem, est limité par le boulevard de 40-Mètres, Bel-Air, Gambetta, Carteaux, Delmonte. Le boulevard Froment-Coste lui donne accès vers le port. Le boulevard Vauchez vers Delmonte. La rue Mirauchaux vers le centre-ville. Et, par les nouveaux quartiers de l’Hippodrome et des « Castors » avec tout un réseau moderne de routes, s'ouvrent les accès vers l'extérieur.
L'avenue de Saint-Eugène est l'épine dorsale de cet ensemble et, depuis le moulin Lanoé jusqu'au rond-point de Dar-Beïda, elle dessert toutes les rues latérales, en passant par la place de Saint-Eugène, l'ancien vélodrome, et les « Pierres de Marbre » où l'on usait les fonds de culotte à faire des glissades.
Pendant de nombreuses années, ce faubourg est resté un village. Avec sa place rectangulaire, son marché couvert, sa vieille église, son vieux curé, le Père Galan, qui a baptisé, marié et enterré tant et tant de Saint-Eugénois. Une pensée aussi pour l'école Edgard-Quinet et tous ses instituteurs, parmi lesquels M. Poupard est resté une figure légendaire. Il y a même eu le garde-champêtre « Boudali » que les enfants espiègles craignaient et respectaient.
Je me souviens du temps où les rues n'étaient pas asphaltées et ne deviennent le domaine de l'automobile, la volaille des basse-cours errait librement dans la poussière des chemins, et l'hiver, pour circuler, il fallait patauger dans la boue.
Qui ne se souvient aussi des interminables parties de billes et de toupies au milieu de la chaussée… Lorsque la vieille voiture à chevaux du boulanger, du marchand d'eau douce, ou du marchand de luzerne, arrivait, elle faisait un détour pour ne pas déranger les joueurs.
Le 14-Juillet et à la Fête patronale, la fanfare emplissait nos rues de fions-fions altiers et s'arrêtait à la porte de celui qui avait été le plus généreux au moment de la collecte.
Une vieille coutume de village était aussi de « faire le boulevard ». « Faire le boulevard », cela voulait dire arpenter en allure de promenade toute l'avenue de Saint-Eugène, d'un bout à l'autre, en empiétant jusqu'au milieu de la chaussée. Le vieux tramway n° 5 devait agiter sans arrêt sa cloche pour se frayer un passage.
Il y avait à Oran trois boulevards renommés qui étaient la terreur des wattmen : celui de la rue d'Arzew, celui de la place de la République et celui de Saint-Eugène. Inutile de dire que toute la jeunesse se faisait une joie de se rencontrer et se croiser sur les vieux pavés. Tout cela a ensuite disparu : les pavés, le tramway, et même la coutume de la promenade du soir. Mais ce qui est demeuré, c'est la coutume de la tournée des nombreux cafés où les « kémias » et les marchands de brochettes attiraient des familles entières. Puis la soirée se terminait dans l'un des trois cinémas du quartier : l'Olympia, l'Eden, l'Alcazar, qui diffusaient, pour nous attirer, les disques à la mode.
Saint-Eugène, c'était aussi la J.S.S.E., grand club omnisports qui a grandi en même temps que le faubourg, et qui, de petite équipe de football des années 1920, était devenue l'une des équipes de l'élite algérienne, en disputant le championnat de France amateurs. Toutes les sections de la J.S.S.E. ont représenté la vitalité de sa jeunesse dans toutes les disciplines. Aussi, tout Saint-Eugénois était supporter de sa J.S.S.E. D'ailleurs, le dimanche soir, lorsque les résultats sportifs avaient été bons, tous les bars regorgeaient de monde, et les matches étaient commentés avec passion sinon avec compétence. Mais si le sort avait été contraire, l’Avenue était déserte et une grande tristesse régnait dans tous les cœurs.
C'est tout cela qui fait l'amour du coin que l'on habite. Ces dernières années, Saint-Eugène s'était transformé en une ville moderne. Des constructions ultra-modernes ont occupé tous les terrains vagues, la population avait quintuplé, des grands magasins et des banques s'étaient installés ; tous les commerçants avaient embelli leurs façades, le stade avait vu améliorer ses installations.
Aux entrepreneurs de transports, et aux tonneliers qui étaient la base de l'activité de ce faubourg, sont venus s'ajouter des commerces et des petites industries très prospères, et le niveau de vie des populations avait considérablement augmenté.
Voilà la dernière image que nous gardons de Saint-Eugène (de cette année 1962), qu'il a fallu abandonner à son triste sort.
Car, de tout cela, il ne reste plus que des rues sans âme, et le souvenir vivace au cœur des Saint-Eugénois.
Oscar Sempéré
Il serait surprenant qu'une personne cultivée, de plus originaire d'Espagne pays qui plus que tout autre à entretenu au cours des siècles des liens étroits avec l'Oranie, ne se passionne pour l'Histoire et la Géographie de cette province, et plus généralement de l'Algérie. L'abbé Didace Galan n'échappait pas à cette passion… Aussi la Société de Géographie et d'Archéologie de la Province d'Oran reçu en son sein comme membre titulaire, le 1er mars 1909, l'abbé Didace Galan, curé de Saint-Eugène…
Que ce souvenir soit l'occasion de citer les sources permettant encore aujourd'hui aux chercheurs ou tout simplement aux personnes curieuses de consulter une mine extrêmement riche d'articles sur la Géographie et l'Archéologie de l'Oranie et de l'Algérie…
Bulletin de la Société de géographie et d'archéologie de la Province d'Oran
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/788#?c=0&m=0&s=0&cv=0
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Rapatriement de toutes les archives de l'église catholique d'Algérie en Franc e: ces archives ont été rassemblées dans trois monastères de religieuses, près de Valence, à Aix et à Nîmes. Pour combler les lacunes de l'état-civil de l'Algérie française, ces actes catholiques peuvent se révéler de véritables atouts pour le chercheur ayant des ancêtres dits européens.La communauté du Monastère de Taulignan assure le secrétariat des archives de catholicité du diocèse d'Oran (Algérie).
Les registres contiennent exclusivement des actes de baptêmes, mariages et sépultures de la religion catholique. La première paroisse d'Oran date de 1833. La plupart des registres s'arrêtent en 1962.
Si vous désirez un extrait de baptême pour un évènement religieux, ou, dans le cadre de recherches généalogiques, la copie d'actes familiaux, vous pouvez écrire au secrétariat des archives d'Oran par courriel : archives.oran@dominicaines-taulignan.fr
ou par courrier postal : 980 chemin de l'Écluze 26770 Taulignan
Tous les actes civils sont à demander au Centre national des archives d'Outre-mer d'Aix-en-Provence (ANOM)
https://www.dominicaines-taulignan.fr/archives-diocesaine-doran
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Pour le diocèse d'Oran
Archives de 1880 à nos jours
Dominicaines de Taulignan - La Clarté Notre Dame
26770 TAULIGNAN
Tél. 04 75 53 55 11 Email : arch.oran.clarte@orange . fr (sans espace)
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Pour l'Archidiocèse d'Alger
Archives de 1842 à nos jours
Monastère des Clarisses
34, rue de Brunschwick
30000 NIMES
Tél. 04 66 26 66 76
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Pour le diocèse de Constantine
L'adresse pour le diocèse de Constantine est donc, depuis janvier 2015 :
Monastère de la Visitation - Archives de Constantine
1, Bd Joseph Desanat - 13150 Tarascon




















