Les bornes sont dépassées, les ultimes murs de défense écroulés, les dernières redoutes à prendre, une à une. Si vous imaginiez encore vivre sous un régime humaniste, ou bien dans une époque civilisée, réveillez-vous et bienvenue dans l’enfer de la post-démocratie ! … Matthieu Baumier brosse ici de l’Occident contemporain, et de la France en particulier, un noir tableau dont le fond de nihilisme mis au jour laisse pantois.
« Que la confusion règne à tous les étages est l’un des signes de la post-démocratie », note-t-il d’emblée. Mais qu’est-ce donc que la post-démocratie ? Le temps où les valeurs de la démocratie sont totalement inversées. Et précisément, à quoi l’auteur s’engage dans cet essai, c’est à montrer sous tous les modes la corruption politique et sa méthode, quand elle s’étend au corps social en son entier. La démocratie, plaide le procureur Baumier, a dépassé l’équilibre de son « moment aronien », c’est-à-dire qu’elle ne fonctionne plus que selon une formule unique de la liberté, devenue virtuelle.
C’est-à-dire qu’elle sombre dans un chaos que menace un islam devenu totalitaire, où les médias pratiquent la pensée unique, où le « négationnisme individualiste » détruit la personne humaine telle que l’avait élevée le christianisme, où le spectaculaire s’avance comme le dernier horizon, où, enfin, la tendance communautariste fausse les identités et mutile les appartenances.
La post-démocratie selon Baumier dispose en fait dans les apparences du jeu démocratique des règles nouvelles et non encore dites que meut, essentiellement, un antihumanisme : guerre larvée au christianisme évidemment, mais aussi violence d’un pouvoir qui se veut total sur la vie nue, direction imposée des consciences. La démocratie est devenue une secte. Ni remède neuf, ni consolation facile, cet essai s’entend comme un appel au feu, comme un constat que, s’il est déjà trop tard pour tout sauver, demeure cependant la vérité, et le courage de la dire.
Jacques de Guillebon, La Nef
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