Qui ne risque rien n'est rien… sur le chemin de Damas, alors que les opinions ont cédé face aux faits…
on ne le dit assez : un âge n'en chasse pas un autre, tous les âges qu'on a vécu coexistent à l’intérieur de soi, ils s'empilent, et l'un prend le dessus au hasard des circonstances.

dimanche 28 avril 2024

28 avril 1969 : De Gaulle fout le camp !



Insomnie en cette nuit du dimanche 27 au lundi 28 avril 1969… passé minuit, point de son jouet favori un micro, ce sera un piteux communiqué laconique : « Je fous le camp ! ».
Le colonel en retraite attifé d’un déguisement de général, auteur du coup d’État de mai 1958, avait enfin été renvoyé à ses cartes à jouer et combats de réussite, pour dans l’un d’entre eux trouver la mort quelques mois plus tard…


 

vendredi 12 avril 2024

J'avais un camarade… Robert Boissières



 
Robert Boissières, 20 ans
(photo prise peu avant son assassinat)
Robert Boissières, né le 11 février 1942 à Toulouse, a été odieusement assassiné à vingt ans devant le domicile de ses parents le jeudi 12 avril 1962 à Alger par une bande d'aviateurs de l'armée française en vadrouille. Agression gratuite, lâche, imbécile, criminelle. Geste de Français très ordinaires…

Aspects de la France, jeudi 19 avril 1962


Nouvelles d’Alger 
(Copie intégrale d’un article non signé publié par Aspects de la France, le jeudi 19 avril 1962. L’original de cette coupure de journal m’a suivi jusque dans mon exil asiatique.)
Le 12 avril 1962, vers 23 heures, un peu avant le couvre-feu, un jeune Français de 20 ans, étudiant en 1ère année de Droit, Robert Boissières, a été tué par les « forces de l’ordre », une patrouille de gendarmerie de l’Air, près du Rectorat, route du Golf à Alger. 
Il venait, avec quatre camarades, dont son frère, âgé de 18 ans, d’apposer des inscriptions "O.A.S." dans le quartier.
Ils rentraient chez eux lorsque, entendant une voiture militaire, ils se cachèrent dans le rebord du talus, parmi les herbes. C’est là que sans sommation aucune, Robert Boissières fut exécuté d’une rafale de mitraillette, tandis que son camarade, Jean Zonza, 21 ans, étudiant en Médecine, était grièvement blessé.
Le quartier fut mis en émoi par cette rafale et en particulier les parents de Robert qui habitent au Clair Logis des P.T.T. Son père, inquiet, descendit immédiatement sur les lieux du drame. Il rencontra un militaire qui lui annonça froidement qu’il venait de « fusiller » un jeune, en même temps qu’il lui tendait la carte d’identité de sa victime. Douleur du pauvre père lorsqu’il reconnut que c’était celle de son fils.
Les Agences de Presse ont donné différentes versions, des versions fausses surtout. On a prétendu qu’un coup de feu avait été tiré. C’est faux. Ces garçons n’étaient pas armés. Mais on use du mensonge pour essayer d’excuser un acte odieux…
Les obsèques de la jeune victime ont été célébrées ce matin, lundi 16 avril, à 9 heures, à la "sauvette". On avait interdit tout faire-part et communiqués dans les journaux. On craignait l’affluence… J’y suis allé avec mes enfants et deux camarades de Robert Boissières.
Malgré toutes les précautions prises par les autorités, il y avait plus d’un millier de personnes à suivre ce malheureux convoi de quelques mètres dans le cimetière de Saint-Eugène, entre la morgue et le dépositoire. Mais obsèques émouvantes, bouleversantes dans leur simplicité, dans leur clandestinité. Foule digne, très impressionnée… Les martyrs de la foi en ont eu d’identiques, et de telles morts, de telles obsèques ne peuvent qu’affermir une religion ou un idéal…
Le jeune frère de Robert, retenu à l’école de police d’Hussein Dey, n’a pas été autorisé à rendre ce dernier hommage… Quelle tristesse.
Ce n’est pas avec de tels assassinats, de tels procédés pour essayer d’étouffer nos sentiments qu’on parviendra à l’apaisement d’une population française de plus en plus survoltée.
Après cette pénible cérémonie, je suis allé ensuite, seul, me recueillir sur les lieux du drame. À l’endroit où est tombé ce pauvre enfant : des bouquets de fleurs, quelques-uns avec ruban tricolore et contre le tronc d’un arbre mort trois lettres sont épinglées : celle d’une mère bouleversée, et deux autres écrites par des camarades de la victime. Lettres qui crient une indignation bien légitime…

Le rédacteur, sous la menace de la censure et de la saisie du journal, malgré son émotion, reste très réservé. Il ne précise pas que la caserne de ces aviateurs jouxte l’immeuble du Clair Logis des P.T.T. Il ne s’interroge pas sur ce que faisaient réellement à cette heure hors de leur base ces aviateurs ? Retour de beuverie ? Ce qui est avéré est que le militaire assassin qui proclama froidement qu’il venait de « fusiller » un jeune, ses acolytes et toute la troupe, jusqu’à tard dans la nuit, fêtèrent ce haut fait de guerre sous les fenêtres des familles des victimes. De plus, nous ne pouvons manquer de nous interroger sur la sanction de cet acte de bravoure. L’assassin et ses complices furent-ils par la suite décorés ? La haine gaulliste n’exclut rien.

Depuis, en France, sur le territoire français métropolitain, partout, chacun risque de croiser l’un de ces ivrognes. Pourquoi ne serait-ce pas celui-ci ? Pourquoi pas celui-là ? De toute façon par leurs votes successifs, et d’abord celui en faveur de l’abandon de l’Algérie, les Français ont sans cesse réaffirmé leur complicité avec ces assassins… Décidément, ce pays m’est définitivement infréquentable… À présent, mon vœu le plus cher reste de n'avoir jamais à vivre dans ce pays d’infâmes, la France… ni d'y crever… ni que mes cendres y soient  souillées.

Alex Nicol dans « La Bataille de l’OAS » publié dès novembre 1962 (Les Sept Couleurs) donnera une version qui rejoint celle d’Aspects de la France, et  confirme (pages 129-130) : « Jamais on n’a fait état de l’ouverture d’une enquête quelconque ni de sanctions prises contre ces militaires pour le moins nerveux sur la gâchette… »

Une version tout aussi horrible de ces faits est rapportée par Francine Dessaigne dans son « Journal d'une mère de famille pied-noir » :

Vendredi 13 avril 1962. … Le journal d'hier nous apprend la mort de Robert Boissières, dix-neuf ans. Jeudi soir, il dînait en compagnie de son frère aîné chez la fiancée de ce dernier. Vers 11 heures ils rentrent à pied dans le quartier de la Redoute. Un groupe de jeunes gens court sur la chaussée suivi de près par une patouille de métropolitains. Les Boissières s'arrêtent. Les jeunes gens prennent une petite rue et disparaissent dans la nuit. La patrouille revient sur ses pas et retrouve les deux frères. Bruit de culasse, les jeunes gens s'aplatissent sur le trottoir. Les soldats s'approchent et, presque à bout portant, tirent deux balles dans la tête de Robert et une rafale sur son frère. Robert Boissières est mort hier matin; son frère exsangue est dans un état grave. C'est ce que raconte à mon mari un de leurs cousins…

Les divergences entre ces versions des circonstances d’un même assassinat témoignent de l’extrême tension qui régnait alors à Alger et de l’intolérable pression exercée par les séides du pouvoir métropolitain d’alors désormais allié inconditionnel du FLN, tant dans le crime que dans la propagande et la manipulation de l’information. Ce même jour, ce 12 avril 1962, le général Edmond Jouhaud, arrêté à Oran peu avant, est condamné à mort. Le vendredi suivant, le 20 avril, le général Raoul Salan devait être lui aussi arrêté…


Faire-part édité et diffusé clandestinement par l’Association générale des étudiants d'Alger (AGEA) :


(Maquette réalisée par Josseline Revel-Mouroz et Hélène Mattéi - AGEA)


Instants de bonheur à l'AGEA…  Robert : le seul civil

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Le 10 octobre 1984 Robert a quitté Terre-Cabade. Il repose désormais au nouveau cimetière de Cugnaux, dans la proche banlieue de Toulouse.

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La Cavalcade a été composée en 1963 par Jean De Brem en l'honneur du lieutenant-colonel Jean-Marie Bastien-Thiry responsable de l'attentat du Petit Clamart visant le DeGaulle et fusillé le 11 mars 1963. L'air est celui du chant allemand "Ich hatt' ein Kamerade" en français "J'avais un camarade".


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Le 5 juillet 2003, en présence de plus de 1500 personnes unies dans un profond recueillement, était inaugurée, au centre du cimetière du Haut-Vernet à Perpignan, une stèle en l'honneur de 104 des "fusillés et combattants  tombés pour que vive l'Algérie française". 

Inauguration de la stèle aux "Martyrs tombés pour l'Algérie française", fin de cérémonie : appel personnel de chacun des 104 Martyrs


"Aux fusillés, aux combattants tombés pour que vive l'Algérie française",
cimetière du Haut-Vernet, Perpignan


"Aux fusillés, aux combattants tombés pour que vive l'Algérie française"… 104 martyrs auprès des fusillés  Bastien Thiry, Degueldre, Dovecar, Piegts,
 cimetière du Haut-Vernet, Perpignan

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Sur ce blog, une page spéciale est désormais dédiée à Robert Boissières [clic sur sur cette page, bouton à droite "Robert Boissières" ]. Une page qui appartient à tous ceux qui se souviennent de Robert, à tous ses amis… Qu'ils y déposent témoignages, photos, documents pour que de Robert vive le souvenir…

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Hocine Aït Ahmed et Jean-Jacques Susini, deux Algériens d'exception…

Ian Smith, le héros que n'a pas su opposer l'Algérie à l'infâme trahison de DeGaulle…

Robert Boissières sur le site de l'ADIMAD-MRAF
Jean-Jacques Susini : l'ultime espoir de l'OAS restait la négociation directe avec le FLN


Jean-Jacques Susini : fondateur et théoricien de l'OAS

Éd. IDées : "Pour une critique positive"… après "L'Algérie pacifiée sur un plateau d'argent !"



Via Recta : Éd. IDées : "Pour une critique positive"… après "L'Algérie pacifiée sur un plateau d'argent !"  … L’oubli dans lequel est aujourd’hui confiné Jean-Jacques Susini témoigne, si besoin était, une fois de plus de la victoire et de la force d'un Régime stérile, incapable d'imagination et d'innovation au service du peuple de France !… …

Le Point : Les États-Unis auraient apporté leur soutien à l'OAS en 1962 - Pour les services secrets suisses, les États-Unis auraient poussé l'OAS à s'entendre avec l'aile modérée du FLN par l'intermédiaire de Jacques Chevallier, ancien maire d'Alger et ancien secrétaire d'État à la Défense, Jean-Jacques Susini, le numéro deux de l'OAS, derrière le général Raoul Salan et le colonel Jean Gardes.

Les banlieues françaises, héritage de l'Afrique imposée par le "grand homme" DeGaulle…

Alexandre Gerbi - « La France ne serait plus la France » et « Apartheid » : Décryptage de deux énormes « lapsus » de Manuel Valls

Alexandre Gerbi - Histoire occultée de la décolonisation franco-africaine : Imposture, refoulements et névroses
La France blanchit son armée en 1944… plus raciste que DeGaulle tu meurs…

Un copain de classe à l'école Berthelot  et de jeu lors de mon enfance au Plateau Saint-Michel à Oran : Houari Ferhaoui [فرحاوي الهواري]   (accéder aux pages 103, 104)




vendredi 5 avril 2024

Oran, mardi 5 avril 1949 : la Grande Poste est attaquée !…


L’attaque de la Grande Poste d’Oran, le mardi 5 avril 1949… Un incident aujourd’hui présenté comme un acte fondateur de la lutte du nationalisme algérien pour l’Indépendance de l’Algérie… Chaque année fleurit aux alentours de cette date anniversaire une copieuse gerbe d’articles glorifiant ce fait. Sans prétendre avoir choisi les plus significatifs nous en citerons ici seulement deux ou trois en référence ; il sera aisé au lecteur curieux d’en trouver profusion sur la Toile… Nous citerons également une publication d’un Français d’Algérie tentant une présentation actuelle de ce fait, de ses acteurs, de ses implications…

Notre ambition ici se limite à rapporter seulement un souvenir… Alors, comment ce fait a été perçu, rapporté par la presse que nous lisions, nos parents et nous, celle d’Oran – représentée par un journaliste que nul d’entre nous n’a oublié, pas seulement pour son crocodile de la Macta, Firmin Ellul… Et aussi comment nos voisins algérois en ont-ils reçu la narration ?…

Ne sera donnée ici qu’une transcription de ces articles, transcription qui ne peut se substituer à la saveur de leur découverte directe sur le site de la Bibliothèque nationale de France… On appréciera le style de leurs rédacteurs, celui incomparable de Firmin Ellul, bien éloigné de la prose de nos commentateurs modernes… Leur respect scrupuleux des faits, seulement une discrète mise en relation avec des faits similaires ; pour l’Écho d’Oran, des attaques à mains armées dans les environs immédiats ; pour les journaux d’Alger loin des inquiétudes strictement oranaises, des attaques d’une bande armée sévissant en Métropole… et aussi, le méchant étant toujours l’étranger le plus proche : l’un des agresseurs avait un « fort accent métropolitain » ! Jamais la moindre allusion à un acte autre que de nature mafieuse…

On ne manquera pas de rapprocher ces faits avec l’actualité brûlante d’alors : le veille, lundi 4 avril 1949, avait était créée l’OTAN… Rappel pour certains de nos parents de cette calamiteuse opération Torch et de l’occupation de l’Algérie par les Américains ? Leur propagande subversive contre la France auprès des populations musulmanes avait-elle été déjà perçue ? Mais une quasi-certitude : ce 6 avril, même en privé, personne ne faisait le lien entre cette attaque de la Grande Poste et la récente occupation américaine…

C’est aussi en ce début avril qu’était annoncée pour début juin prochain la visite en Algérie du président Vincent Auriol… Nous aurons là notre plus ancien et vif souvenir d’enfance d’un évènement politique. C’est le jeudi 2 juin 1949 que nous avons assisté depuis notre balcon dominant le boulevard Sébastopol au passage du cortège présidentiel venant visiter l’Hôpital civil…

Certes, nous gardions le souvenir plus lointain de ces anciennes mesures de défense civile dans lesquelles a baigné notre plus tendre enfance : la suspension de notre salle à manger coiffée d’un papier violet, car l’été nous vivions les persiennes ouvertes le soir ; de rares descentes aux abris, plutôt perçues comme une distraction ; les inscriptions au pochoir près de l’entrée des immeubles de la rue d’Assas disposant d’une cave : « Abri, x personnes ». Il y a aussi le souvenir ému et respectueux de cette photo trônant bien en vue sur la cheminée de la chambre de mon grand-pèrehttps://gallica.bnf.fr/html/presse-et-revues/algerie?mode=desktop: celle du Maréchal. Mais tout cela n’avait rien de politique, ne constitue pas un évènement ; c’était la banalité de notre vie quotidienne… 

À présent,  chaque 24 avril, nous nous souviendrons de ce 24 avril 1951, dernier jour d'anniversaire, le 95ème, du plus Illustre des Français, Maréchal de France et dernier grand chef d'État français… Nous rendrons hommage, avec respect et admiration à un homme dont la vie évoque la renaissance et la vitalité du mois d'avril. Comme les fleurs qui éclosent sous le doux soleil printanier, son courage a guidé la Nation vers la victoire. Sa vie a été tissée de moments forts et de défis. Au fil des ans, il a porté le fardeau des décisions difficiles, d'heures sombres et d'épreuves. Son nom a été un phare dans la tempête, et son dévouement à la France est resté inébranlable. Son choix s'est volontairement porté sur la couronne d'épines plutôt que la couronne d'or qui lui était offerte, incarnant ainsi la simplicité et l'humilité qui caractérisent les Grands Hommes. Cet homme que mon grand-père respectait et admirait devait quitter cette terre le lundi 23 juillet suivant son 95ème anniversaire… Mon grand-père, après un affreux calvaire dans l'ingratitude et loin de chez lui, le suivra quelques semaines plus tard, début novembre…



… Puis quelques mois après l'attaque de la Grande Poste et la visite de Vincent Auriol, au plateau Saint-Michel, le mardi 12 décembre 1950, grand émoi autour du crash d’un AVRO de l’Aéronavale… Souvenir vivace, mais rien de politique encore.

Nos jeux de gamins entre copains, de l’école Berthelot ou voisins de rue, étaient sans aucune distinction d’origine et, bien sûr, de l’opinion partisane des parents ; et nous savons aujourd’hui que l’un d’entre eux a donné son nom à la principale place de notre quartier, une place qu’immanquablement nous franchissions plusieurs fois chaque jour…

Avant d’abandonner le visiteur de ce blog au plaisir de la lecture des journaux de ce 6 avril 1949, revenons un instant à notre Grande Poste… Souvenons-nous qu’un certain Georges Melenchón Martinez y était receveur (receveur principal ?) ; c’est après cet incident qu’il fut muté à Tanger… où naîtra le 19 août 1951 un petit Jean-Luc…

*   *   *

La mémoire est une friche… S’y perdre en vagabondages est un plaisir et un privilège de gamin retrouvé, source d’inépuisables étonnements… Y surgissent aux instants les plus inattendus de nouveaux rejets, jeunes pousses elles-mêmes promises à une imprévisible fécondité… S’y mêlent les essences les plus étrangères les unes aux autres, à la cohabitation apparemment incompatible mais qui pourtant font leur unité…
Hasardons-nous sans crainte dans cette vaste friche :


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Tandis qu’Oran s’éveille…

Mitraillette au poing, des bandits attaquent la Poste centrale

Courageuse résistance des deux caissiers : 3 millions de billets emportés, mais 33 millions sauvés
Trois blessés, dont un médecin auquel l’auto fut volée, permettant aux malfaiteurs de s’enfuir 

L’Écho d’Oran, mercredi 6 avril 1949

Article signé : Firmin Ellul 

L'Écho d'Oran du mercredi 6 avril 1949
Article signé : Firmin Ellul

Une nouvelle agression à mains armées est venue hier matin [mardi, 5 avril 1949], sonner l’émoi parmi notre population. Une agression en certains points semblable aux précédentes que l’on a encore en mémoire : celle dont fut victime, il y a environ un mois, un chauffeur de taxi qui fut retrouvé ligoté dans la banlieue ; celle surtout, du garagiste de l’avenue Loubet, dont la caisse fut allégée de 100 000 francs.
Mais cette fois-ci, les bandits – dont on ne saurait dire s’ils sont les mêmes - ont tenté le « gros coup », qui leur aurait rapporté une quarantaine de millions s’ils ne s’étaient heurtés à l’admirable résistance de deux caissiers qui sans arme – la loi le leur interdit ! – ont répondu par une contre-attaque à la classique injonction de « haut les mains ! ».

Néanmoins, trois millions de billets sont emportés, trois hommes furent assommés, et le démarrage fulgurant d’une « traction » volée termine – pour l’instant du moins – cette affaire qui, comme les plus spectaculaires de l’écran, comporte aussi un prologue.
C’est par lui que nous devons commencer.

Un docteur mandé d’urgence

C’était avant-hier soir. Le docteur Pierre Moutier, qui demeure au n° 44 de la rue d’Alsace-Lorraine, entendait vibrer la sonnerie de son téléphone. Il prit l’écouteur :
- « Docteur, lui dit une voix masculine, il s’agit d’un enfant malade. Pourrais-je venir vous prendre vers 19 h. 30 pour vous accompagner jusqu’à son chevet ? Ses parents habitent la banlieue ».

Le médecin acquiesça. À l’heure dite, l’homme du téléphone se présente chez le praticien. D’une taille au-dessus de la moyenne, les cheveux châtains séparés d’une raie sur le côté, le nez souligné d’une moustache en accent circonflexe, l’inconnu portait des lunettes à monture dorée et tenait respectueusement son chapeau à la main. Tout, dans sa personne, semblait indiquer une personne convenable.
Un instant plus tard le docteur Moutter, au volant de sa « traction » conduisait son client vers Gambetta. L’homme fit prendre une traverse qui relie la route d’Arcole à celle de Canastel. Puis, à hauteur de l’ancien télégraphe Chappe d’Aloudja « c’est ici » dit-il en désignant une ferme où, précisa-t-il, son frère attendait le médecin au chevet du petit malade.

 Ligoté dans une grotte !

Alors le médecin, qui n’avait aucune raison de se méfier, se dirigea vers la bâtisse, devant laquelle trois hommes l’attendaient… dont deux avaient en main un pistolet de gros calibre !
Trop tard pour rebrousser chemin ! En un clin d’œil, l’infortuné docteur était à demi assommé à coups de crosse, ligoté, bâillonné, transporté dans sa voiture qu’il sentit rouler pendant une dizaine de minutes. Il eut l’impression que des inconnus, qu’il entendait se communiquer des ordres à l’oreille, entreprenaient avec lui une longue et laborieuse descente. Puis on le déposa à terre, sous la garde d’un homme qui lui envoyait un coup de pied chaque fois qu’il esquissait un mouvement.
Et la nuit se passa ainsi…

Au petit jour, le captif eut l’impression d’avoir été abandonné par son gardien. Il réussit, au prix de patients efforts, à faire glisser le bandeau sur son visage. Il était bien seul, au fond d’une grotte, creusée à flanc de falaise, près de Canastel.
Près de lui, sa trousse d’urgence, jugée compromettante, avait été jetée. En rampant, le médecin put s’en approcher, l’ouvrir et, avec le bistouri qui s’y trouvait, couper les liens qui l’entravaient.
Il escalada alors la falaise, et arriva sur la route où un automobiliste qui passait le conduisit au poste de police de Gambetta, où en faisant sa déposition il s’aperçut qu’il n’avait plus sur lui son portefeuille contenant plus de 10 000 francs, ni sa montre, ni son stylo.

Après avoir été pansé par son confrère le Dr Bergall, le Dr Moutier arriva chez lui où son épouse lui apprit que vers deux heures du matin, tandis qu’elle venait d’alerter la police, l’inconnu de la soirée se présenta à nouveau, prévenant Mme Moutier que son mari devait rester au chevet de l’enfant, qu’il fallait devoir opérer…
On juge à quel point les bandits opéraient « la tête froide », selon un scénario dont on allait encore mesurer le parfait chronométrage.

L’attaque des caissiers

Depuis la veille, donc, et sans risque d’être recherchée, la bande disposait de l’« outil » désormais indispensable à toute opération-éclair : une voiture sûre, confortable et rapide qui allait faire jouer à fond l’effet de surprise. On va voir comment…

Six heures venaient de sonner. À l’intérieur du bâtiment de la Recette principale, place de la Bastille, deux caissiers, MM. Raphaël Fabre, qui habite 31, rue Dumanoir, et Gustave Barraut, domicilié rue de la T.S.F., Ruche des P.T.T., rangeaient devant l’un des deux coffres ouverts – le plus grand – la recette de la veille.
Tout à coup, ils perçoivent des bruits de pas rapides, mais que l’on s’efforce de rendre feutrés. Qui peut venir à cette heure matinale où le grand hall de la R.P. est en général désert ?
Quelqu’un est là. Les deux postiers en ont le pressentiment. À peine lèvent-ils les yeux de leurs liasses de billets qu’un ordre jaillit « haut les mains ! » Trois hommes sont là, l’air décidé. L’un d’eux braque vers les employés le canon d’un pistolet-mitrailleur « Sten ».

Mais les deux postiers ne se laissent pas intimider. L’un d’eux, M. Barraut, n’a-t-il pas déjà été attaqué en 1936 devant la Banque de l’Algérie, où il allait faire un versement important ? Avec son collègue il s’élance sur les agresseurs lesquels pour ne pas donner l’alarme et être pris comme dans une souricière, s’abstiennent de faire feu, se bornant à frapper à coups de crosse, de poing et de pied.
La loi du nombre finit par jouer, hélas ! Et en quelques instants de lutte inégale les deux fonctionnaires sont assommés. Les bandits entassent fébrilement des liasses de billets dans un sac - on saura par la suite qu’il y en aura pour 3 millions 170 000 francs – abandonnant le reste à travers la pièce au parquet ensanglanté, et… sur les étagères du coffre ce qui représente une trentaine de millions !…

La fuite

C’est alors la fuite éperdue des trois gangsters le long de l’allée des guichets, puis du couloir conduisant au vestiaire.
Lorsqu’ils traversent la petite salle réservée au service de nuit, des cris « au voleur » retentissent, poussés par les deux employés qui retrouvent leurs sens.
Un homme, M. H. C…, écrivain public, dont la profession exige la présence dans la salle d’attente, essaye de s’interposer, mais sur le trottoir il doit s’arrêter, tenu en respect par l’homme resté au volant de la traction-avant, qui le menace de sa mitraillette. Néanmoins le témoin retient le numéro d’immatriculation de la voiture - ce qui, hélas ! ne sera d’aucune utilité. Puis, impuissant, il voit les trois agresseurs s’engouffrer dans l’auto dont les portières étaient restées ouvertes, et qui démarre à toute vitesse vers la place Villebois-Mareuil.

Un autre témoin est M. Gilbert Sabba, qui assura le service de nuit du télégraphe.

Vers 6 heures, un jeune Musulman se présenta à son guichet pour déposer un télégramme de 57 mots à destination de Glasgow, l’expéditeur mentionné étant M. Lopez, de Saint-Denis-du-Sig. Faute d’argent suffisant, le commissionnaire reprit le télégramme. À cet instant précis, M. Sabba remarqua la présence de deux personnes dans la salle : un de ses collègues, puis un inconnu. Cela n’était pas de nature à l’émouvoir, car beaucoup d’employés passent par les guichets pour aller accrocher leurs vêtements et vêtir leur blouse à l’étage supérieur où, comme nous l’avons dit, est installé le vestiaire du personnel.
Comme l’autre témoin, l’employé de nuit ne fut alerté que par les cris poussés par les victimes, et il ne put qu’apercevoir les trois fuyards : deux Européens vêtus de complets foncés, et un Musulman portant un imperméable beige.

L’enquête

Une minute tout au plus s’était écoulée depuis la fuite précipitée des bandits que des renforts de la Police d’État arrivaient sur les lieux.
L’enquête commençait aussitôt, et l’on notait sur les lieux la présence de M. Fillippi, commissaire de police du 6° arrondissement, accompagné de M. Chaintreuil, secrétaire, assurant le service de permanence, que rejoignaient peu après MM. Esquerré, contrôleur général de la Sécurité ; Guyard, chef de la 1ère Brigade Nationale de la Police Judiciaire ; Caravano, chef de la Sûreté urbaine ; Saurel, substitut du Procureur de la République ; Tain, juge d’instruction.

En présence des témoins, la police et le Parquet procédèrent à une reconnaissance de la scène. Signalons à ce propos qu’un cabas contenant un chargeur de pistolet-mitrailleur et des gants était trouvé sur les lieux.

Cependant, les blessés étaient transportés par un véhicule de la police d’État au pavillon 10 de l’Hôpital civil, où des soins empressés leur étaient donnés. Plus sérieusement atteint que son collègue M. Barraut devait subir des mains du Dr Sicard l’opération du trépan, mais l’éminent chirurgien voulait bien nous dire, dans la soirée, que les jours des blessés ne sont pas danger.

Quant à nous, nous joignons nos vœux à toute notre population en vue du prompt rétablissement de ces admirables serviteurs de l’État, dont l’attitude magnifique a évité le pire et servira d’exemple. Ces mêmes souhaits s’adressent également au docteur Mouttier, victime lui aussi des devoirs de sa profession.

La traction-avant est retrouvée

On apprenait, vers midi, que la traction-avant dans laquelle les bandits avaient pris la fuite venait d’être retrouvée au quartier Saint-Charles, rue Gustave Rodin. Après avoir été identifiée par le commissaire Guyot et l’officier de P.J. Obadia, du 3° arrondissement, la voiture fut remise à son propriétaire. Alors seulement furent levés les barrages établis par la gendarmerie nationale sur toutes les routes de l’arrondissement. 

Firmin Ellul

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À propos de l’agression dont a été victime le Dr Moutter, nous avons reçu de M. le docteur Laborde une lettre rappelant que le corps médical demande depuis toujours le droit de port d’armes sans l’obtenir. Il nous communique à ce propos un bulletin « Confraternité », organe du Conseil de l’Ordre des Médecins d’Oranie, dans lequel est insérée une circulaire ministérielle confirmant ce refus :
« La législation en vigueur, y est-il écrit, ne permet pas la délivrance d’autorisation de port d’armes aux particuliers, quels que soient les risques auxquels ils sont exposés ».

Source : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k67600061/f1.item
 

Oran Républicain du mercredi 6 avril 1949
Un fait divers… seulement un fait divers !


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Alger Républicain du mercredi 6 avril 1949

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t584928f/f4.item#

Des gangsters attaquent à la mitraillette la Grande Poste d’Oran et raflent 3 millions

Après avoir assommé 2 employés les 4 malfaiteurs s’enfuient dans la traction d’un médecin qu’ils avaient kidnappé auparavant

(De notre correspondant particulier à Oran René Samson)


Alger Républicain du mercredi 6 avril 1949
Source : Gallica - Bibliothèque nationale de France



Le gang des tractions-avant qui a écumé Paris et la France tout entière aurait-il une filiale à Oran ? C’est ce que se demandent les Oranais depuis le pillage, hier matin, par quatre gangsters, de la recette principale des P.T.T., à Oran.

De mémoire d’Oranais on n’a vu pareils évènements depuis l’agression, en 1935, de la Banque Chabasseur. Voici le film de l’affaire :

Il est 6 heures du matin… M. Gilbert Sabba, employé à la recette des P.T.T., rue Alsace-Lorraine (permanence du service de nuit, aile gauche du grand bâtiment) se trouve fort occupé par une dépêche destinée à Glasgow, que vient de lui remettre une personne de la part d’un certain M. Lopez, demeurant à Saint-Denis-du-Sig. L’homme repart, après discussion, avec sa dépêche n’ayant pu faire l’appoint.

Ce sont les cris de « Au voleur ! Au voleur ! » qui à 6 h. 15 attirent l’attention de M. Sabba et aussitôt, trois hommes, l’un vêtu d’un imperméable et les deux utres costumes sombres, surgissent derrière lui (venant de la salle des coffres) s’échappent par la petite porte du service de nuit dans une traction.

Notons que de nombreux postiers franchissent chaque matin, au petit jour, la porte qui relie le service de nuit et les autres bureaux.

Immédiatement après, M. Barraut, un employé, la tête ensanglantée arrive avec l’intention de poursuivre les gangsters. Sur les conseils de M. Sabba, il porte secours à son collègue, M. Fabre, littéralement assommé par les bandits.

Un témoin, dans cette affaire, a voulu jouer un rôle actif : c’est M. M. H…, écrivain public, qui essaya d’empêcher le gang de s’échapper, mais un complice qui était dans la traction, le menaça de sa mitaillette.

Dans la salle des coffres

Mais que s’était-il passé ? Dans la salle des coffres, MM. Barraut et Fabre comptent la recette de la veille : 10 millions 764 000 francs en liasse, éparpillés sur la table et 26 millions dans un coffre monumental ouvert après le « haut les mains » traditionnel, les gangsters s’aident des crosses de leurs mitraillettes pour essayer de neutraliser les deux postiers. Mais ceux-ci, faisant preuve d’un cran remarquable, se défendent courageusement. Les bandits s’affolent : l’agression dure trop longtemps ; ils raflent 3 millions 170 000 francs laissant dans le coffre 26 millions intacts.

Enlèvement du Dr Moutier

Tout n’est cependant pas terminé. Car la première victime de l’affaire c’est le Dr Pierre Moutier, demeurant 44, rue d’Alsace-Lorraine, propriétaire de la traction-avant numéro 3751 AL 15 dont viennent de se servir les bandits dans leur fuite.

Lundi vers 18 h. le Dr Moutier est appelé au chevet d’un enfant habitant hors de la ville : « On viendra le chercher ». À l’heure dite, un inconnu se présente : 35 ans environ, grand, fort, porteur d’une paire de lunettes à monture dorée. Il tient un chapeau gris à la main. Le Dr Moutier monte dans sa traction-avant en compagnie de l’inconnu. Après un certain temps, l’homme fait stopper. L’auto se trouve à hauteur de l’ancien télégraphe d’Alousda.

« C’est ici, dit l’inconnu. On vous attend à la ferme. Je garde la voiture. »

Le Dr Moutier se dirige alors vers un groupe de trois personnes. Stupéfaction du médecin : deux d’entre elles sont porteurs de colts. Il est immédiatement assommé, bâillonné et jeté dans la traction qui démarre très vite.

Quelques minutes plus tard le médecin se trouve dans un trou où il devait passer une nuit affreuse, brutalisé par un garde-chiourme que lui avait laissé les bandits.

Il réussit néanmoins (quand son ange gardien l’abandonna) à trancher ses liens avec le bistouri qui se trouvait dans sa trousse d’urgence. Et tant bien que mal, il arriva au commissariat de Gambetta où il fit le récit de son aventure.

Les gangsters l’ont dépouillé de 10 000 francs, de sa montre bracelet et de son stylo.

Où en sont les investigations de la police

À l’heure actuelle MM. Saurel, substitut du procureur de la République, Tain, juge d’instruction, Esquerré, contrôleur général de la police, Caravano, chef de la sûreté urbaine, mènent l’enquête sur les lieux des attentats.

Un couffin contenant un chargeur de mitraillette sur lequel des empreintes ont été laissées, un sac et des gants ont été trouvés.

Le Dr Sicard, qui a examiné MM. Barraut et Fabre, a déclaré que leur état n’inspirait aucune inquiétude. Ils sont en traitement à l’hôpital civil. La traction est retrouvée

Les gangsters se seraient dirigés vers la route du port, en direction d’Aïn-El-Turck. La traction-avant a été retrouvée hier vers midi à Saint-Charles, rue Gustave Rodin.

Source : Alger Républicain du mercredi 6 avril 1949 :Des gangsters attaquent à la mitraillette la Grande Poste d’Oran et raflent 3 millions
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t584928f/f4.item#

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L’Écho d’Alger du mercredi 6 avril 1949

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k41537920/f1.item#

À la Recette Principale d’Oran

Quatre gangsters armés font irruption au petit jour et raflent trois millions

L’opération a été montée et menée à la manière de la bande des tractions-avant


L'Écho d'Alger du mercredi 6 avril 1949
(l'article figure en première page mais tout en bas, et de dimensions limitées.)
Source : Gallica - Bibliothèque nationale de France




Oran (d.n.c.p.). – Le gang des tractions-avant a-t-il des affiliés à Oran ? Toujours est-il que les mêmes méthodes : auto volée, mitraillettes, imperméables, sacs ont été employés ce matin pour une attaque de la caisse de la recette principale des P.T.T. d’Oran.

Vol de la voiture…

La traction-avant avait été volée à un médecin, le docteur Moutier, demeurant rue d’Alsace-Lorraine. Voici comment :
Cette nuit, vers 2 heures, un homme sonnait au domicile du docteur, le priant de venir en toute hâte pour un malade qui réclamait des soins à Gambetta. Le médecin acquiesça, alla chercher son auto au garage et accompagné de l’homme, fila sur Gambetta. Mais arrivé dans un lieu presque désert, non loin des Falaises, l’inconnu fit arrêter l’automobile. Quatre hommes surgirent, firent descendre le docteur Moutier, l’assommèrent à moitié, le ligotèrent et l’abandonnèrent. Les bandits sautèrent dans la voiture qui reprit la direction d’Oran.

… Irruption à la R.P…

Or, ce matin, à 6 h. 20, un individu se présentait à la permanence de la poste de nuit et demandait à l’employé de lui envoyer un télégramme pour l’Angleterre. Durant que ce dernier feuilletait son livret pour certains renseignements, trois hommes pénétraient dans la poste par la petite porte de la permanence. Ceux-ci arrivèrent dans la salle où se trouve la caisse et, de leurs mitraillettes, tinrent en joue les deux employés : MM. Barreau et Fabre, occupés à compter des liasses de billets.

… Lutte, vol et fuite…

Mais ces derniers, loin d’obtempérer aux menaces des bandits, offrirent une courageuse résistance. Une lutte s’engagea, les employés, deux agents de 60 ans, reçurent des coups de crosse sur la tête. Mais cette résistance déjoua les plans des agresseurs. Ils raflèrent des liasses qui étaient sur la table et se hâtèrent de fuir. Un des employé frappa, cria au voleur, mais déjà l’auto était repartie.

Le vol se monte à environ 3 millions de francs, alors que la caisse contenait dix fois plus d’argent. MM. Barreau et Fabre, sérieusement atteints, ont été transportés à l’hôpital.

Les services de la police et de la gendarmerie, aussitôt alertés, ont commencé leur enquête.

Un musulman serait parmi les bandits, dont l’un avait un fort accent métropolitain.

… La voiture est retrouvée

La traction-avant dont se sont servis les bandits a été retrouvée dans le faubourg St-Engène, à peu près au même endroit où avait été retrouvé le taxi enlevé à son chauffeur la nuit du Mardi-Gras. On se demande si ce n’est pas la même bande qui opère à Oran et qui, il y a près de deux mois, avait attaqué un garage et dévalisé le garagiste.

L’employé des postes Barreau, une des victimes des bandits, a été opéré, mais son état, ainsi que celui de son camarade, n’inspire pas d’inquiétude.

Source : L’Écho d’Alger du mercredi 6 avril 1949 : Quatre gangsters armés font irruption au petit jour et raflent trois millions
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k41537920/f1.item#

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L'Écho d'Oran, vendredi 3 juin 1949

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Remontons dans le temps… à l'origine de bien des malheurs que devaient que devait subir l'Algérie, la France… le monde civilisé : l'invasion américaine de novembre 1942, ou opération Torch… Certains Français ont vaillamment résisté, d'autres ont collaboré, et tous les autres auront manifesté une désolante naïveté…

L'Écho d'Alger des dimanche 8 et lundi 9 novembre 1942

L'Écho d'Alger du mardi 10 novembre 1942
À Oran… Autour d'Oran, les combats sporadiques continuent.
L'étreinte américaine autour de la ville se resserre.
L'aérodrome de La Sénia a été occupé après avoir été bombardé.
Par contre, Mers-el-Kébir est toujours tenu par les forces françaises.
Dans le courant de l'après-midi, les batteries côtières ont pris à partie
et ont repoussé vers le large deux grosses unités navales américaines
qui tentaient de se rapprocher du port.

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Les Histoires de l'Histoire : L’attaque de la poste centrale d’ Oran



L’action armée de l’OS contre la Poste centrale d’Oran (mardi 5 avril 1949) : événement, récits et mémoire

L’attaque de la Poste d’Oran : action spectaculaire de l’OS pour préparer la lutte armée

L’attaque de la Grande poste d'Oran menée en 1949 par l'OS a révélé le génie des dirigeants de la Révolution


Alzheimer… Jeux de mémoire, trou de mémoire… Un immense trou de 70 ans !
Je me suis pris à jouer avec les journaux anciens. Y découvrir le souvenir de moments jadis intensément vécus.
En ce mois, bien sûr, ce serait le Putsch des Généraux d’avril 1961. Mais rien. Absolument rien à ressaisir sur le vif.
La BNF, référence privilégiée, est tenue de respecter le délai légal avant que toute œuvre ne tombe dans le domaine public… Rien après 1953.

Le site gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France offre à toute mémoire vagabonde un vaste champ d'exploration… domaine limité cependant par la protection des droits d'auteur couvrant une période de 70 ans, ainsi en 2024 ne sont accessibles que des journaux publiés en 1953 et avant. La presse écrite alors était, comparée à celle de notre époque envahie par le numérique et les réseaux sociaux, d'une incroyable richesse… Petit aperçu de la presse jadis publiée en Algérie et accessible sur le site de la BNF :

https://gallica.bnf.fr/html/presse-et-revues/algerie?mode=desktop