Sapristi ! pourquoi donc ces Espagnols d'Oranie comme tous les autres Européens implantés là-bas ont-ils oublié leur nature de Margaillons ? Que soit honni à jamais ce qualificatif de pied-noir ! Les mots ont un sens profond ; les mots qui s’incrustent dans l’usage courant dictent aussi leurs conséquences… parfois dramatiques ! Quelles sont les racines d’un pied ? Un Margaillon, lui, est indéracinable ! Il est certain que si le combat de ces Européens transplantés avait été mené en tant que Margaillons ses objectifs, ses formes, son issue en auraient été tout autres… Et aujourd’hui pourquoi leur mémoire, malgré le temps d’une sage réflexion, occulte-t-elle encore systématiquement ce souvenir de leur dénomination première, Margaillons ?… … Un Margaillon est indéracinable, quelle que soit la violence d'un défrichage il survit toujours un brin de racine du plus profond de sa terre natale…
C’est aussi oublier que depuis des temps immémoriaux d'authentiques Pieds-Noirs -Enfants des Plaines, les Siksika- vivent dans un territoire qui s'étend de la rivière Saskatchewan Nord dans les actuels Albertas et Saskatchewan, à la rivière Yellowstone dans l’État du Montana, de la ligne de partage des eaux à l’ouest aux Great Sand Hills dans la province aujourd’hui connue sous le nom de Saskatchewan.
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| Henri Pallès : Les Margaillons ¡Asopotamadre! dès 1862 ils étaient reconnus Margaillons, indéracinables. Pourquoi donc, sapristi, ont-ils consenti à être chaussés de semelles de vent ? |
Oran,
ville de ma naissance, ville de mon enfance, ville de mon adolescence,
malgré l’exil je t’aimerai toujours plus que toute autre…
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| Henri Pallès : Oran, la Porte de Canastel |
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| Henri Pallès : Oran, La Posada |
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| Henri Pallès : À nos Cheminots |
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| D'après Henri Pallès : La Fuguera a la San Juan Como todos los años llega la noche de San Juan, donde la magia se une al fuego, donde la diversión y al superstición se dan la mano. Y todo a las 12 de la noche. La hoguera tiene ese poder purificativo y regenerador. Las leyendas cuentan que en los Ancares los mozos robaban la leña para hacer la “fuguera”, y para salvarse de los maleficios de las brujas saltando por encima de la hoguera y gritando “Fuera Meigas”. |
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| Algérie, mon pays : Santa-Cruz |
Algerie mon pays : Oran
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| Cliquez ici pour agrandir le plan |
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| Arrondissements et quartiers d'Oran |
Lien de téléchargement des quartiers et rues d'Oran, anciens et nouveaux noms :
https://www.guideoran.com/index-des-rues-quartiers-oran/index%20oran.pdf
Algérie Cartes Postales Anciennes
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| Plateau Saint-Michel - 29 rue d'Assas, angle rue Bichat [juin 2007] |
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| Plateau Saint-Michel - 29 rue d'Assas, en face bd Sébastopol et ancienne épicerie Benizri [juin 2007] |
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| Plateau Saint-Michel - 29 rue d'Assas, dépendances de l'Hôpital [mars 2006] |
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| Plateau Saint-Michel - rue Bichat, face au 29 rue d'Assas [juin 2007] |
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| Plateau Saint-Michel - Carrefour Sébastopol-Dutertre, au fond l'Hôpital civil, sur la gauche immeuble de 5 étages dont 2 surélevés : 29 rue d'Assas [février 2007] |
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| Ma maison : près de l'hôpital, à l'angle de la rue d'Assas et du boulevard Sébastopol |
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| L'entrée de l'Hôpital civil, tout au bout du boulevard Sébastopol, visible depuis ma fenêtre du 29 rue d'Assas |
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| L'hôpital civil, bureau des entrées |
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| Clinique Jarsaillon… on a gagné un étage ! |
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| Le marché du Plateau Saint-Michel… vibrants souvenirs de ce qui était alors pour moi une belle promenade avec mon grand-père |

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| La rue El-Mougar aujourd'hui, qu'est devenue la clinique Jarsaillon ?… |
Créée en 1836 par orgre du Général de Létang, commandand de la Région d'Oran
sur l'emplacement des glacis nord et ouest du Rozalcazar (rebaptisé Château Neuf)
Site historique par ordre du Gouvernement général du 23 juillet 1952
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| Promenade de Létang (déjà, à une époque ancienne l'on se méprenait quant à la graphie du nom) |
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| Face au lycée Lamoricière, la Banque de l'Algérie… (angle boulevard Galiéni et rue El-Moungar) |
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| "Prélude d'amour", œuvre de Charles Valton, 1886 Amours contrariées… Œuvre offerte en 1935 par la ville de Paris à la ville d’Oran lors de l’inauguration du musée Louis Demaeght… initialement jouissant de la paix des jardins du musée, non loin du Penseur de Rodin, ces amours ont été envoyées errer à travers la ville, au jardin public puis au boulevard du Front de Mer, square Lyautey ; la dernière fois elles ont été aperçues semble être en face du lycée Lamoricière, devant la Banque de l’Algérie… |
| Le lycée Lamoricière L'horreur de l'enfermement La confrontation aux imbécilités de la promiscuité |
| La Maison du Colon, bâtie sur une parcelle de l'ancienne ferme Karguentah… Les premiers plants de tabac introduits dans la province d'Oran avaient été cultivés sur cette ferme Karguentah dès 1847 par son propriétaire, Juan Bastos. |
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| Tout près du lycée, la SOTAC (Société Oranaise des Transports Automobiles de la Corniche) et ses rêves d'évasion vers Aïn-el-Turk et ses plages… Mais la SOTAC allait aussi ailleurs : 1956 ; 9 jours… vers La Mecque, c'était encore le temps des vrais voyages. Un itinéraire fabuleux : Tripoli, Le Caire, Port-Saïd, aujourd'hui inconcevable ! (Affiche réalisée par l'atelier d'Albert Mulphin) |
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| Librairie Claude Manhès, galerie Gabriel Pérez, boulevard Georges Clémenceau face au Prisunic |
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| Le Clichy : rendez-vous de certains lycéens, le jeudi après-midi… pour un lait fraise ! (angle rue d'Arzew et rue Lamoricière) |
| Rue d'AlsacLorraine |
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| École de garçons Berthelot, rue Daumas : l'entrée au fond de la photo, à droite |
Copain d’avant… Jusqu’en juin 1951 enfance heureuse, tout en haut de la rue d’Assas, au 29 à l’angle du boulevard Sébastopol… Ma famille a quitté Oran pour Fleurus, dès lors j’ai perdu contact avec tous mes copains du Plateau, entrant en 6ème et interné au lycée Lamoricière ; ne fréquentant plus à Oran que le quartier de mes grands-parents paternels, Saint-Eugène - dont mon grand-oncle avait fondé l’église…
Perdu de vue tout mon entourage d’enfance du Plateau… J’avais parmi eux comme copain de classe, à l’école Berthelot, Houari Ferhaoui ; également copain de jeu en tant que proche voisin. Il habitait chez ses parents boulevard Sébastopol, un petit immeuble entre la rue Bichat et la rue Dutertre…
Houari Ferhaoui a sans doute ensuite fréquenté, comme la plupart des enfants du Plateau, Ardaillon… Je crois savoir qu’il y a animé une cellule FLN avant, sur le point d’être démasqué, de s’engager dans un maquis de l’ALN dans la région de Mostaganem où il aurait été tué vers la fin 1956… C’est à ce titre qu’un de mes lieux familiers, la place Hippolyte Giraud aurait été rebaptisée Ferhaoui Houari… Je n’en sais pas plus. Mes connaissances en arabe ne me permettent pas de recherches plus approfondies…
Peut-être que d’anciens d’Ardaillon et proches du plateau Saint-Michel à cette époque-là en savent davantage sur les faits auxquels Houari Ferhaoui a été mêlé…
Démarche incongrue jugeront certains… Il s’agit simplement pour moi d’en savoir plus sur un copain de classe et de jeu à une époque où nous étions à des années-lumière de penser qu’un jour la barbarie des adultes nous séparerait…
Un copain de classe à l'école Berthelot et de jeu lors de mon enfance au Plateau Saint-Michel à Oran : Houari Ferhaoui [فرحاوي الهواري] (accéder aux pages 103, 104)
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| 28 octobre 1949… un deuil national ! Une date indéfectiblement gravée dans ma mémoire de gamin |
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| 28 octobre 1949, une date repère dans mon enfance | … |
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| Itinéraire familier… l'escalier de la Gare signifiant le passage du Plateau Saint-Michel vers le pont Saint-Charles puis Saint-Eugène |
| Le pont Saint-Charles |
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| Église du Saint-Esprit, place de la Bastille |
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| Venant d’Assi-Ameur on est ici à la sortie du village de Fleurus, à droite route vers Saint-Cloud, à gauche route vers Legrand et Saint-Louis. La liaison entre Oran et Fleurus était assurée par les Transports Angelotti… |
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| Schéma des rues de Fleurus La photo ci-dessus a été prise depuis le jardin public, à l'extrême est du village Nous habitions une ferme située le long d'un canal, accessible depuis la route de Saint-Cloud (hors plan)… (Vivaient à Fleurus deux familles de même nom, dont la mienne venue tardivement et dont la fiche qui pourrait vouloir la concerner est totalement erronée.) |
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| À l'angle du square Garbé et de la rue de Mostaganem, le bureau des cars Angelotti, 13 rue de la Paix |
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| En bordure du square Garbé on aperçoit un des cars Angelotti garé au départ de Saint-Louis. En face, au coin opposé, le 13 rue des Lois et les bureaux des Transports Angelotti. |
Une vue aérienne de la cathédrale et ses alentours… À gauche la rue des Lois, de notre époque il y avait les cars Chaussons pour voyageurs vers Arzew et Kristel, au n°13 les Transports Angelotti vers Saint-Louis et Saint-Cloud. En face la cathédrale, place Jeanne d'Arc, le boulevard du 2ème Zouaves et en perpendiculaire la rue Ozanam où se trouvait le Crédit municipal. En diagonale le boulevard Magenta et le square Garbé, à droite la rue Drago le palais de justice, la perpendiculaire à gauche du 2ème Zouaves, le boulevard Clemenceau. Tout en haut la gendarmerie, la rue Montesquieu.Le Square Garbé porte le nom de Charles Théodore Vicomte Garbé, secrétaire général et préfet de 1845 à 1850, puis conseiller général et maire d’Oran de 1867 à 1868. Le square Garbé où la fédération radicale avait son siège fut débaptisé en 1946 pour prendre le nom de Square Gandolphe, éminent avocat, bâtonnier d’Oran de 1924 à 1927, puis exerçant un poste à titre d’intérimaire entre 1940 et 1943, Gaston Gandolphe fut une figure importante du Parti socialiste. Après l’indépendance, deviendra Square Thuveny en hommage à maître Alphonse-Auguste Thuveny, un avocat français qui fut assassiné au Maroc le 28 novembre 1958 pour avoir défendu les nationalistes algériens. Cet avocat apporta dans les années 1950 son assistance au Comité d’avocats algériens qui défendait les membres de l’Organisation secrète (OS) algérienne.
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| Le Margaillon (Chamaerops humilis, buisson nain), une appellation dont seuls se souviennent les Oranais ! |
Le Margaillon 0ranais, 31 juillet 1919 (source : Gallica)
Le Margaillon 1934
Margaillon ? Tamazight de l’Atlas blidéen : palmier nain ou palmier doum (chamærops humilis)…
Oran, mémoire du temps jadis
Algerie mon pays : Oran
Jean-Yves Thorrignac : Algérie
Jean-Yves Thorrignac, Jean-Claude Rosso : Villes et villages d’Oranie
Denis Dar : Algérie
Christian Saulnier : Blog des anciens de Lamtar et des villages voisins (Sidi-Bel-Abbès)
Algerie, mes racines
Oran des années 50
Oran jadis
Histoire d'Oran
Fleurus d'Algérie (1848 - 1962)
Album photos du vieil Oran وهران
Index des rues et places d'Oran (pdf)
Portail d'Oran
Études-Coloniales : source de très nombreuses références
Cercle algérianiste : 5 juillet 1962 à Oran, la liste des Disparus
Benzaken : Oran, la ville de mes ascendants (une famille juive à Oran)
Jean Boisard, cœur de Harki… chronique de notre agonie… (nombreuses références concernant l'histoire d'Oran)
Le café Gros, Foix : les destins croisés des Fieuzet
Oran, 12 décembre 1950 : accident de l'AVRO " ANSON "n° 37
http://remylaven.free.fr/Relais_site_Nordnet/Crash.htm
12 décembre 1950 – Au retour d’un vol d’entraînement, un AVRO Anson I de l’escadrille 56.S (s/n LT837 – 56.S-37) survole la ville d’Oran avant de regagner sa base de Lartigue. A la verticale du quartier du plateau Saint Michel, il est victime d’une rupture de la cellule et se désintègre littéralement en vol. Ce qui reste du fuselage s’écrase sur un garage heureusement inoccupé. Il n’y a aucun survivant parmi l’équipage qui était constitué des SM1 mécanicien volant Communardo, Gaston Accili, PM radio volant, instructeur Louis, Édouard Daumont, SM2 pilote Robert, Jean, Raoul Duval, Mot2 armurier d’aéronautique Lyonel, Lucien, Paul François, QM1 élève radio volant Marcel, Jean, Yves Fustec, Mt élève radio volant Pierre, Gaston, Jean Hamelin et SM2 élève radio volant Robert, François Le Porchou.
Crashed at Saint-Michel after one wing broke away. *As "Avro Anson 37"
https://avsafety.net/wikibase/186173
720 occurrences in the ASN safety database
Source L'Écho d'Oran (plus 15 et 14 décembre 1950) :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k67365573/f8.item.zoom
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6736556p/f8.item.zoom +p4
Avro 652 "Anson" français
http://avions-de-la-guerre-d-algerie.over-blog.com/article-avro-652-anson-113888645.html
Pr. F. Mohamed Brahim : Histoire de l’Hôpital civil d’Oran, devenu CHU docteur Benzerdjeb
L’Algérie d’Apollinaire (première partie)
L’Algérie d’Apollinaire en 2017 (seconde partie)
L’Algérie d’Apollinaire : L’histoire d’un vieux quotidien et d’un vieil hôpital oranais (épilogue)
Le témoignage de Bachir Hadjadj : « les voleurs de rêves »
Bachir Hadjdadj [site personnel] : Les Voleurs de rêves, 150 ans d’histoire d’une famille algerienne.
Bachir, Héliette et les autres : mémoires de la guerre d’Algérie
Sofiane Taouchichet : La presse satirique illustrée française et la colonisation (1829-1990) [pdf]
Le tremblement de terre de la nuit du 8 au 9 octobre 1790 à Oran (Archives françaises) [pdf]
https://naget.ictp.it/PUBLICATIONS/resources/Oran17901009.pdf
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| Oran, rue Jacques… cinéma Century, dernière aventure… |
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| Teddy Alzieu - Mémoires en images : Oran |
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| Avenue de Saint-Eugène, villa Delanoë |
| Chapelle de Saint-Eugène, devenue Cathédrale d'Oran |
Un jeune prêtre, l'abbé Didace Galan, fonde en 1892 dans son quartier, Saint-Eugène, une chapelle qui deviendra la cathédrale Sainte-Marie d'Oran après 1962
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L'Écho d'Oran
une référence pour quiconque s'intéresse au passé de la ville d'Oran
(le 12 octobre 1954 l'Écho d'Oran célébrait ses 110 ans de publication)
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Comment Franco sauva des milliers de "Pieds-noirs" abandonnés par la République au FLN
Jo Torroja, avant son entrée dans un commando OAS à Oran évoquait ces actions : « Depuis plusieurs jours, de fortes explosions se font entendre dans le silence de la nuit et les commentaires vont bon train : ce sont les premières actions d’une révolte populaire, européenne cette fois. Il y a des groupes organisés, mais beaucoup d’initiatives personnelles. Tout ça fait beaucoup de bruit, et les journaux commencent à parler de ‘‘commandos’’ européens. »
… … « Trente-cinq ans, oui trente-cinq ans que le sillage du dernier bateau quittant les rives de notre belle province, s'est effacé dans la douleur et la honte. Douleur d'abandonner notre terre, nos souvenirs, nos morts ; honte d'avoir dû plier devant une Métropole Gaulienne, trompée par le parjure et la trahison. » Alors que tant d'ouvrages, certains admirables, d'autres ignobles, ont tenté de nous transmettre leur vision de l'OAS, peu d'écrivains ont eu la sagesse d'attendre que les passions soient apaisées et qu'éclate enfin, l'exactitude de l'Histoire. Ce n’est que trente-cinq ans après, trente-cinq ans de réflexion, soit seulement en 1977, que Jo Torroja a cru pouvoir s’exprimer. Dans un récit dont l'émotion bien souvent nous conduit aux larmes, il nous fait revivre ces 14 mois héroïques que furent les combats de la résistance française en Algérie. Dans une langue simple, un style typiquement de là-bas, il nous guide à travers d'authentiques faits d'armes, jusqu'à la frustration extrême, celle de ne pas avoir risqué avec lui "notre peau au bout de nos idées" comme l'a si bien écrit Pierre Sergent. « Oui, j'étais de l'OAS, écrit-il, ici lecteur, tu souffriras peut-être de ne pouvoir dire, toi aussi : "Moi aussi, j'en étais !" »
Malheureusement son premier ouvrage, encore présent dans quelques fonds de bonnes bibliothèques reste aujourd’hui introuvable : « D'agneau à... loup : O.A.S.- Oran, mai 1961-juin 1962 » publié aux éditions Industrias Graficas Espana, 1977.
Puis ce fut l'agonie…
Le départ des Oranais secourus par la Marine espagnole, le 30 juin 1962
Le 12 juin 1962, l'officier qui commandait la garnison de Nemours venait m'apprendre que ses hommes, fusiliers marins, les harkis qu'il commandait, se mettaient à notre disposition pour défendre Oran. Donc j'y ai cru, convaincu qu'on allait se battre quand même.
Le 25, il y eut un court-circuit au central téléphonique, provoquant qu'Oran se trouvât totalement isolée de la France, de l'Europe. J'étais en contact avec le consulat général d'Espagne, car alors toutes les communications du gouvernement espagnol passaient exclusivement par l'armée, et Madrid avait décidé de faire évacuer ses ressortissants.
L'Espagne avait demandé l'autorisation à la France d'envoyer des bateaux. La France refusa, comme elle l'avait déjà fait aux États-Unis, à l'Italie et à la Grèce. Paris ne voulait pas qu'on puisse croire qu'un vent de panique s'emparait de la population, et désirait maintenir des lignes régulières et tranquilles. Le gouvernement espagnol, malgré cela, envoya donc deux transbordeurs qui faisaient d'ordinaire le parcours Barcelone - Palma de Majorque : le Vírgen de África et le Victoria. Ces deux navires arrivèrent le 24 ou le 25 au large d`Oran, mais l'entrée du port leur fut refusée. Sur les quais du port s'étaient déjà accumulés des gens en provenance de Relizane, de Dublineau, de Mascara, arrivés en convois avec leurs camions chargés de meubles, et des camionnettes protégées par l'armée. Ils aboutiront sur le port face à l'usine thermique où il n'y avait ni points d'eau, ni toilettes, et rien pour s'abriter. Il faut organiser un campement afin de dormir à même le sol ou dans les voitures.
La majorité des ressortissants espagnols qui n'ont pas fui en convoi n'arriveront jamais au port. 0n les aura arrêtés sur la route en les dépossédant de tout, et souvent en les assassinant. N'ayant plus de liens directs avec l'Espagne, car leurs ancêtres l'avaient quittée une centaine d'année avant, et n'étant pas non plus recensées par la France, ils n'apparaitront nulle part recensés comme victimes. Et elles furent nombreuses.
Le 27, le gouvernement espagnol insiste pour faire rentrer ses bateaux. Nouveau refus. Je savais tout ça par le biais du consulat général d'Espagne, ainsi que de l'Armée, car nous avions un officier qui nous passait tous les messages confidentiels.
Le 27 également, les bateaux demandent la permission d'envoyer une chaloupe pour acheter des vivres pour les équipages, car tout avait été prévu en principe comme un rapide aller-retour. Permission accordée et les embarcations quittent les navires, toujours situés en eaux internationales, afin de mener à bien l'opération de ravitaillement.
Le 28, même statut quo.
Le 29, ça change, car le gouvernement espagnol, exaspéré de voir la France lui refuser l'entrée des navires alors que près de 3 000 ressortissants se trouvent bloqués sur les quais, décide de mettre la marine de guerre et l'aviation en branle-bas de combat.
Ainsi, le vendredi 29, à 16 heures, deux bâtiments de guerre lâchent le port de Carthagène et se dirigent vers Oran. L'aviation militaire elle aussi, basée à San Javier, près de Murcie, est mise en état d'alerte.
Le 30 au matin, c'est-à-dire la veille même de l'indépendance ; le gouvernement français qui a été informé que les bateaux de guerre se dirigent sur Oran, et que l'option militaire a été choisie par Madrid, décide alors d'accorder l'autorisation aux bateaux espagnols de pénétrer dans le port à 10 heures du matin. À 13 heures, les deux transbordeus accostent sur le quai, et on nous annonce une grande nouvelle ! Nous pourrons embarquer les voitures, car nous étions tous convaincus qu'il faudrait les abandonner et partir seulement avec les deux valises réglementaires. La plupart sont des valises en carton, avec des ficelles car les serrures ne tenaient pas, et elles nous serviront pendant quelque temps de table de salle à manger.
Donc, dès 1 heure nous voilà en train d'embarquer vu que les deux navires peuvent nous recevoir avec nos nos biens.
Après un strict contrôle d'identité, les CRS fouillent les voitures et tout ce qui est emballé. On a peine à comprendre un tel zèle car, de toutes manières, les bateaux ne se dirigent pas vers la France mais vers l'Espagne. Mais les ordres sont les ordres, et on passe au peigne fin même les berceaux des enfants. Finalement, on nous laisse tous embarquer.
C'est alors que les CRS prétendent monter à bord car, soi-disant, il y aurait des membres d'une certaine organisation qui auraient embarqué. Le capitaine, sur la passerelle, ainsi que le vice-consul, s'opposent à ce que les CRS montent à bord. S'ensuit un moment de forte tension en attendant que les CRS, après avoir contacté leur commandement en ville, admettent que le capitaine du navire est dans son droit de refuser leur entrée, vu que les bateaux sont assimilés à des territoires espagnols.
Les CRS se retirent alors, on enlève les passerelles et on lève les amarres, et nous partons. Il est 4 heures de l'après-midi, et dès que nous arrivons dans les eaux internationales, les navires de guerre nous escortent et nous voguons vers l'Espagne.
L'aviation espagnole nous survole plusieurs fois. Nous parvenons à Alicante vers deux heures du malin. Les Alicantins nous attendent avec la Croix Rouge aux multiples attentions et soins, offrant boissons, sandwichs, port de valises, et prêt d'argent aux plus démunis. Bref, un accueil aussi extraordinaire que surprenant...
Jo Torroja : Algérie - Alicante 1962-2012; Mémoires d'un exode: Juan Ramon Roca - RVF Autores-EditoresÉpisode honteux pour un pouvoir gaulliste pour qui la vie des Français d'Algérie importait très peu: c'est d'Espagne qu'est venu le salut pour ces Oranais que le pouvoir voulait abandonner en victimes expiatoires, au couteau des assassins. Cela se vérifiera le 5 juillet.
Alfred Salinas : Oran l’Andalouse, terre d’asile
Rudy Chaulet et Olga Ortega, « Le rachat de captifs espagnols à Alger au XVIe siècle. Le cas de la rédemption de Diego de Cisneros (1560-1567) », Cahiers de la Méditerranée 87/2013
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| Récits d’Orient dans les littératures d’Europe, XVIe-XVIIe siècles Anne Duprat (dir.), Émilie Picherot (dir.), 2008 |
Alexandra Merle : D’une captivité l’autre - Récits de captifs espagnols à Constantinople et à Alger au Siècle d’or page 161
Jeune homme de modeste condition, Diego Galán, à l’âge de 14 ans, quitte un beau jour sa ville natale de Consuegra, mû par le désir de voir le monde. Nous sommes sous le règne de Philippe II, en 1589. Le jeune Diego, en parfait béjaune, se laisse presque aussitôt recruter dans une compagnie de soldats qui s’embarque pour Oran où les Espagnols ont une garnison, mais après avoir quitté Málaga, leur embarcation est prise par huit galiotes d’Alger dont le capitaine est un renégat albanais, « Harrahut Mami » - Mami Arnaut, personnage bien connu, mentionné notamment dans la liste des raïs d’Alger…
[M.A. de Bunes et Matías Barchino (Biblioteca del Real Monasterio de El Escorial, 2001) : Relación del cautiverio y libertad de Diego Galán, natural de la villa de Consuegra y vecino de la ciudad de Toledo.]
Gaston-Jean Miane : L'Afrique du Nord, ma terre natale, Mémoire de Notre Temps - Les Éditions de Fossillon
(l’Histoire de l’Afrique du nord en 3 tomes, pas celle que l’on apprend à l’école actuelle et par les médias)
tome 1 - De la nuit des temps à la reddition d’Abd el Kader 325 pages
tome 2 - De 1847 à 1958 : des espoirs au désespoir 355 pages
tome 3 - De 1958 à 1962 : le temps des reniements 310 pages
Jean Yves Thorrignac : Algérie, ma mémoire
Juan‑David Sempere‑Souvannavong et Mariana Dominguez Villaverde : La mobilité des "Pieds‑noirs" entre l’Espagne et la France depuis 1962
Juan David Sempere Souvannavong, Universidad de Alicante : Los “Pieds-Noirs” en Alicante, las migraciones inducidas por la descolonización [pdf]Oran, Franco et l'opération Cisneros
Alfred Salinas Chercheur-écrivain
Alfred Salinas Bibliographie L'Harmattan
https://www.facebook.com/alfred.algarra.9
https://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=auteurs&obj=artiste&no=9973
Opération Torch
Opération Torch… Souvenir de cette tante handicapée par un éclat d’obus reçu au niveau de l’articulation acromio-claviculaire… C’était le 10 novembre 1942… Mes grands-parents demeuraient dans une maison à rez-de-chaussée surélevé donnant sur l’avenue de Saint-Eugène, face aux moulins Delanoë. J’étais chez eux, alors que ça guerroyait contre l'entrée des Yankees dans la ville… Cette tante, très attentionnée, me prit dans ses bras (j’avais alors à peine deux ans) pour m’inviter au spectacle sur le balcon. Furieux houspillage de ma grand-mère. Elle me ramène à l’intérieur. Immédiatement ressortie, elle chope un éclat d’obus dans le haut du bras dans lequel elle me portait peu avant. Une infirmité qu’elle aura gardée jusqu’à la fin de sa vie… C’était l’Opération Torch ! Je peux avoir quelque raison bien ancrée de devoir m’en méfier et de ne pas beaucoup ‘les’ aimer, ces Yankees. Une vraiment saine et bonne raison vitale ; pas une mesquine friction d’orgueil chiffonné comme un certain DeGaulle ! j’étais bien là ; pas scrupuleusement tenu à l’écart, ignoré…
L’enfance, ça a sa notion du temps bien à elle… En farfouillant sur la Toile je découvre qu’une de mes sœurs, plus jeune de pas même six ans, aurait fait en 2012 un voyage en Oranie vers le bled où elle a vécu. Et que récolte-t-elle, l'innocente ? Une unique et mesquine photo, celle d’une dalle de béton oubliée dans un des campements des troufions yankees de l’Opération Torch ! et dont l’authenticité serait attestée par une vulgaire inscription en anglais… découverte arrosée d’un savant gouglimatias. L’Archéologie tutoie parfois des sommets. Une photo qui m’a surpris, voire choqué d’autant plus que c’est la seule à ma connaissance qu’elle aura rendue publique à son retour ! Ma sœur, aujourd’hui décédée, avait six ans de moins que moi… c’est fou ce qu’une telle différence d’âge est importante dans l’enfance et dans ce qu’elle imprègne dans les mémoires…
Le bled c'est Fleurus, aujourd'hui devenu Hassiane Toual. La fameuse inscription figure sur l'une des quatre marches qui menaient à un podium sur lequel avait été scellée une plaque de bronze comprenant un planisphère et un aigle américain dominant le monde - déjà ! Cette inscription faite en 1944 voudrait commémorer le débarquement du 8 novembre 1942 à Oran et Arzew. "… STAGING AREA … B.N. … JAN. 1944" soit "… Zone de Rassemblement des Bataillons … janvier 1944". Toute l'histoire de Fleurus serait là résumée ? par cette référence à cette Opération Torch qui marqua le début de la mainmise yankee sur l'Europe et pour l'Oranie la fin de l'Opération Cisneros et des prétentions de l'Espagne sur la région…
"Les Compagnons du 8 novembre"
Conférence d'Alfred Salinas du 29 novembre 2022 (après-midi) à Paris (Invalides) :
"L'état d'esprit des musulmans d'Algérie face à la présence américaine 1942-1945"
La lecture des archives des principales agences d'Intelligence américaines (Psychological Warfare Branch, G-2 de l'état-major d'Alger, JICANA-Joint Intelligence Collection...) suggère une vision renouvelée des rapports qui s'établirent pendant la période 1942-1945 entre la population musulmane d'Algérie et la présence des Américains.
Les documents contenus dans ces archives laissent apparaître le jeu équivoque et manipulateur des Américains dont le sentiment anticolonial donnait au courant nationaliste des raisons d'espérer en la création à brève échéance d'un Etat algérien indépendant.
Mais ce ne fut que dérobades et illusions, poussant les nationalistes sur la voie de la radicalité.
Ma conférence se déroulera dans le cadre du colloque international organisé par "Les Compagnons du 8 novembre" les 28 et 29 novembre 2022.
Colloque les compagnons du 8 Novembre 1942 - 28 novembre 2022, son enregistrement sur Youtube
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| Fraternisation entre musulmans d'Oran et un G.I, novembre 1942 (source Associated Press), |
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Casbah d'Alger est placée "off limits" (interdite d'accès aux soldats
américains). Des PM (military police) veillent au respect de l'interdiction, avril 1943. (source : archives Ivan Dimitri) |
Lorsque les États-Unis, de concert avec leurs alliés britanniques, lancèrent l'Opération Torch le 8 novembre 1942, ils ne se sont pas contentés d'envoyer leurs GI's à l'assaut de l'Afrique du Nord. Ils y ont également dépêché une vaste machine bureaucratique chargée d'encadrer l'effort de guerre et composée d'une faune disparate d'intervenants parmi lesquels émergeaient les services de contre-espionnage, des groupes de pression politique et des agences à caractère économique et social.
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| Oran, place d'Armes, printemps 1943, défilé de troupes américaines |
Les Américains ne laissaient rien au hasard. Au cours des préparatifs du débarquement en Algérie, ils avaient prévu tout un dispositif pour administrer eux-mêmes le pays au cas où les autorités locales se seraient révélées hostiles ou incapables d'assurer l'ordre public et de répondre aux besoins immédiats des populations, notamment sur le plan du ravitaillement.Suite aux accords Darlan-Clark du 22 novembre 1942, le territoire échappa à l'administration directe au profit d'un régime de semi-autonomie que surveillait étroitement un personnel issu notamment du « Psychological Warfare Branch » (PIB), un organisme allié ayant pour fonction la manipulation des opinions, et dont les rapports bimensuels constituent une source d'information essentielle, aussi bien sur la lutte entre les généraux Giraud et DeGaulle pour la conquête du pouvoir, que sur l'effervescence des nationalistes musulmans. À leur lecture, se dévoile le jeu trouble et désinvolte que joua la puissance américaine.
Les rivalités franco-françaises
Giraudistes et gaullistes se disputaient les faveurs des agents du PWB qu'ils pourvoyaient en renseignements et racontars de toute sorte, lesquels remontaient jusqu'à l'hôtel Saint-George d'Alger où siégeait l'état-major du général Eisenhower, commandant en chef des forces alliées.
Au départ, le gouvernement du président Roosevelt soutenait Giraud, le conseillant politiquement sur la façon de démocratiser les institutions et d'abolir les lois raciales léguées par Vichy. DeGaulle n'avait pas bonne presse à Washington, on le soupçonnait d'avoir des visées dictatoriales, de se préoccuper uniquement de répartition du pouvoir et non point du déroulement de la guerre. Aussi posa-t-il un sérieux problème aux autorités alliées lorsque, sitôt arrivé en Algérie le 30 mai 1943, il manifesta son intention de s'approprier l'intégralité des pouvoirs de la future instance bicéphale censée réaliser l'unité avec Giraud sous le nom de « Comité français de la libération nationale » (CFLN).
De toutes parts, on chercha à se débarrasser de ce trouble-fête. Les officiers de l'Armée d'Afrique tentèrent, début juin 1943, un putsch visant à éliminer DeGaulle de l'échiquier politique en l'enfermant au fin fond du Sahara, puis à briser les campagnes de débauchage des troupes giraudistes qu'effectuaient des cadres de l'armée Leclerc ayant clandestinement rejoint la région algéroise dans la perspective de fomenter eux aussi un coup d'État.Les Américains, qui manquaient alors de moyens militaires pour s'interposer entre les deux factions, souhaitaient plutôt voir DeGaulle confiné à Brazzaville. Quant à Churchill, le voici plus antigaulliste que Roosevelt. Il avait fini par détester ce personnage au caractère irritable et refusait même de le voir revenir à Londres en cas d'échec des discussions avec Giraud. Avec un zeste d'ironie, il préférait qu'on l'expédiât comme gouverneur à Madagascar.
La situation se décanta grâce à une médiation effectuée par Eisenhower. Inquiet à l'idée de troubles graves qui paralyseraient ses bases arrières juste au moment où il s'apprêtait à déclencher la campagne d'Italie, il pressa DeGaulle de reconnaître à Giraud le titre de commandant en chef de l'Armée d'Afrique. DeGaulle accepta, mais, furieux d'avoir perdu, s'empressa de raconter à la presse qu'il avait cédé à un ultimatum.
L'accalmie obtenue était trompeuse. Insensiblement, le coprésident DeGaulle se mit à grignoter des positions de pouvoir, à parler aux foules en seul maître des lieux. L'entourage de Giraud avait beau supplier son chef de régler la question de façon radicale, si besoin était par la force des mitrailleuses, Giraud demeurait étranger à ces mœurs florentines, il n'avait qu'un seul but la victoire et se réjouissait, après avoir été accueilli avec tous les honneurs à la Maison Blanche en juillet 1943, de l'accélération des livraisons américaines de matériel moderne à son Armée d'Afrique.
Giraud lâché par RooseveltLe sol nord-africain ayant cessé d'être un théâtre d'opérations à la suite de la reddition de l'Axe en Tunisie et en Cyrénaïque, le soutien des Américains à Giraud déclina et leur ingérence dans les affaires intérieures françaises devint moins pressante. Le 9 novembre 1943, on laissa DeGaulle exclure Giraud et ses partisans du CFLN. Roosevelt ne protesta point, mais Churchill exprima son mécontentement.Profitant de l'indifférence américaine, un pas définitif fut franchi par DeGaulle le 9 avril 1944. Passant outre l'opposition de nombreux membres du CFLN, qui répugnaient à de tels règlements de comptes, il destitua le rival de son commandement en chef et le nomma au poste symbolique d'inspecteur général des armées. Encore une fois, l'Amérique ne broncha pas. Le consul Robert Murphy avait déconseillé au Département d'État d'intervenir, estimant que Giraud avait perdu de son influence et ne servait plus à grand-chose dans la stratégie géopolitique des États-Unis. La seule réaction notable vint de certaines unités françaises stationnées au Maroc et à Oran qui menacèrent de se soulever.
La normalisation de l'Algérie, c'est-à-dire sa mise au pas, s'intensifia. Sous prétexte de moraliser le tissu sociopolitique, le nouveau régime déclencha une chasse aux sorcières, pourchassant des personnalités auxquelles on reprochait surtout leur fidélité au maréchal Pétain. La fièvre délatrice s'empara du PWB qui, instrumentalisé par les milieux gaullistes à des fins vindicatives, relaya dans ses rapports leurs accusations, émises notamment à Oran à l'encontre de la police, du personnel préfectoral et d'élus dont Ahmed Mekki, adjoint au maire et futur député.
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| Gare d'Oran, décembre 1942, un détachement de GI's salue le départ de soldats français pour la Tunisie |
Reprise de l'agitation nationaliste
La seule présence américaine stimula les aspirations des nationalistes musulmans. Alors que leurs activités avaient été quasi nulles sous le régime de Vichy, elles reprirent de leur vigueur à l'initiative surtout de Ferhat Abbas, délégué financier de Sétif, qui se découvrit une âme d'indépendantiste au lendemain du débarquement allié. Son « Manifeste du peuple algérien » publié en février 1943 cristallisait les attentes d'une élite intellectuelle formée à l'école de la République. Abbas eut de rares contacts avec les dirigeants américains (Murphy et Eisenhower) qui, pour des raisons conjoncturelles, tenaient à rester neutres dans cette affaire. Mais en multipliant les discours et les meetings, il parvint à remplir les chroniques du PWB dont la sensibilité anticoloniale de ses agents offrait une tribune inespérée à tous ceux qui mettaient en cause la souveraineté de la France sur ses possessions d'Outre-Mer.
À l’abri de la bannière étoilée, les tensions s'aggravèrent, les chefs nationalistes brandissaient l'arme de l'insoumission et de la désertion des soldats musulmans. Pratiquant l'art de l'intox, ils annoncèrent l'imminence d'un soulèvement arabe. Bien qu'ils n'eussent reçu aucun encouragement formel, ils croyaient que l'Amérique les aiderait à devenir indépendants et, quand ils réalisèrent que Roosevelt ne bougerait pas, ils se radicalisèrent, cautionnant l'émergence d'un ressentiment antiaméricain qui se traduisit par des sabotages d'installations militaires alliées en Kabylie.Le PWB rendit largement compte du psychodrame algérien. Ferhat Abbas engagea en septembre 1943 une épreuve de force avec le général Georges Catroux, gouverneur de l'Algérie, afin de pousser les Américains à se positionner clairement dans le débat. Son arrestation n'émut point Washington, mais provoqua dans le Constantinois et à Alger de violentes agitations que le PWB estima être causées autant par l'attitude ambiguë américaine que par l'intransigeance française. Relâché à la demande, semble-t-il, des Américains, Abbas poursuivit son travail de sape de l'autorité coloniale.
La recrudescence des troubles eut pour conséquence de dresser responsables publics et Européens d'Algérie contre les Américains, plus précisément contre cette doctrine du droit des peuples qu'ils véhiculaient depuis la signature en août 1941 avec Churchill de la Charte de l'Atlantique, acte fondateur de la décolonisation. Les États-Unis étaient perçus comme l'ennemi intime.
Des mesures dissuasives furent prises dans certaines préfectures et mairies. Elles entendaient couper les liens que la population musulmane pouvait entretenir avec les services alliés. Les récalcitrants étaient aussitôt privés d'emploi et exposés à toutes les tracasseries. Par contrecoup, les sources d'information du PWB se tarirent quelque peu. On alla jusqu'à renvoyer de la gendarmerie les éléments arabes de crainte qu'ils ne fissent des patrouilles communes avec les MP's. L'Algérie française était sur la défensive. En riposte aux agressions dont elle pressentait la tournure funeste, elle puisait dans le registre de la contre-propagande, diffusant dans les douars des rumeurs qui diabolisaient l'allié américain.
Ferhat Abbas et les siens appréhendaient le moment où la Seconde Guerre entrerait dans sa phase ultime en Europe, car il en résulterait le départ d'Algérie de toutes les forces armées et bureaux de renseignement des États-Unis, laissant ainsi le champ libre à la France pour une reprise en main du territoire et de ses habitants. Washington s'abstint de condamner officiellement la répression des émeutes du 8 mai 1945, mais à demi-mot la déplora dans une correspondance privée avec son ambassadeur à Paris.
Quand l’Amérique soufflait sur les braises du nationalisme algérien




















































































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