Homs libérée : les dessous de la bataille
Baba Amr, quartier de Homs et bastion des insurgés syriens est bel et bien tombé. La nouvelle avait été diffusée dès mercredi 29 février par des sources arabes proches de Damas et certains médias. Ce vendredi 2 mars, les agences internationales le confirment. "L'armée syrienne contrôle la totalité de Baba Amr, les dernières poches de résistance sont toutes tombées", rapporte l’AFP, citant une source au sein des services de sécurité à Damas, qui a ajouté que les opérations allaient se poursuivre dans les quartiers de Hamadiyé et Khaldiyé.
Dans les détails des dernières heures de la bataille qui se poursuit depuis le début du mois de février, et à la foi de sources de l’insurrection syrienne, citées par le journal libanais AsSafir, l’armée régulière syrienne a mené l’assaut final sur quatre fronts et a traqué les hommes armés dans les vergers avoisinants.
Mercredi 29 février, l'ONG Avaaz, financée par la CIA et des caisses israéliennes en Europe s’alarmait : elle a décrit la situation des insurgés armés à Homs et Baba Amr de « terne », signalant que l’armée syrienne a coupé tous les liens entre Homs et l’extérieur. L’organisation signalait déjà que l’armée syrienne s’était emparé de 98% de Baba Amr et qu’il ne lui restait plus que quelques poches.
Des armes du Liban à la Syrie via un tunnel
Selon le site en ligne Al-Hakika (la vérité), (site d’opposition mais qui se démarque du Conseil nationale syrien) l’armée régulière est parvenue à vaincre ces forces parce qu’elle est parvenu à couper les voies d’approvisionnements d’armements des insurgés, en l’occurrence ceux acheminés du Liban. Un tunnel souterrain de 2,5 Km, reliant la ville syrienne à des régions libanaises limitrophes aurait été découvert et aurait été utilisé pour l’acheminement clandestin d’hommes, de la région de Wadi Khaled au Liban.
Selon une source libanaise, c’est le chef du département des renseignements libanais, proche du courant du Futur, le général Wissam el-Hassan qui supervise ces opérations, avec la collaboration des services de renseignements français et de la représentante du parti du peuple démocratique Louma Abdel Hamid Atassi qui se présente comme étant la porte-parole de l’ASL. (Mme Atassi est une opposante syrienne qui vit en France et qui a participé le mois de juillet dernier à la rencontre sur la crise syrienne organisée par le pseudo-intellectuel français et sioniste Bernard-Henri Lévy).
L’information de la découverte du tunnel a été mentionnée par le quotidien britannique The Telegraph, sur la foi d’un activiste, mais avec des caractéristiques différents : de 1,5 Km de longueur, et qui aurait servi à abriter les civils.
Des combattants al-Qaida de Falloudja ?
Toujours selon le site al-Hakika, une source sécuritaire lui a révélé que les deux brigades Farouk et Khaled Ibn el-Walid qui constituent les deux milices principales des insurgés sont dirigées par al-Qaïda, et surtout des combattants venus de la ville irakienne de Falloudja. Il cite entre autre comme commandant un certain Khaled Zgheib, qui est le fils du président de la section du parti Baas (au pouvoir) à Homs.
500 tués et blessés, des centaines capturés, 600 rendus
Les insurgés auraient aussi essuyé des pertes humaines estimées à 500 hommes armés tués et blessés durant ces trois derniers jours. Citant des activistes locaux, The Telegraph révèle que l’ASL a dû perdre pas moins de 60 hommes alors qu’ils tentaient de faire fuir les journalistes étrangers.
De plus, une vaste campagne d’arrestations et de perquisitions est menée, rapporte l’OSDH. Al-Hakika parle de plusieurs centaines qui ont été capturés dont de nombreux étrangers. Alors qu’un politicien libanais proche de Damas, Kassem Kanso, avance pour le site en ligne libanais Ennashra le chiffre de 18 officiers français, auxquels s’ajoutent 100 parachutistes français aussi et 70 Libanais. Citant des sources sures, AsSafir affirme que se sont rendus 600 hommes armés syriens et 118 de différentes nationalités arabes.
L'OSDH parle d’au moins 39 tués jeudi dans les violences : dont 17 civils à Homs, durant les combats aux abords de Baba Amr, de quatre autres par des tireurs embusqués dans d'autres quartiers. Il dit aussi que huit soldats et sept déserteurs ont été tués dans des combats près du Golan.
Les dernières informations venues de Syrie, via le correspondant du site d’AlManar à Damas font état de dizaines de cachettes ayant été perquisitionnées dans la province de Homs (Rif Homs) où des armements ont été confisqués. Les images diffusées sur une chaine syrienne privée ad-Dunya montrent Baba Amr comme un quartier dévastée.
Un témoin russe : Les "révolutionnaires" terrorisaient la ville
Interrogée par une télévision moscovite, TR, une femme russe vivant à Homs et se prénommant Galina a accusé les insurgés armés d’avoir commis des actes criminels et des atrocités : « ils empêchent les gens de sortir de leur maison, et leurs snippers prennent pour cible aussi bien les enfants que les vieux », a-t-elle dit, ajoutant que « ceux qui se qualifient d'être des révolutionnaires effectuent des assassinats et des kidnappings et bombardent les générateurs d’électricité et les pompes à eaux ».
La femme russe assure que les employés du secteur public ne peuvent se rendre sur le lieu de leur travail parce qu’ils sont menacés de mort par les insurgés. « Ce sont des criminels et non des révolutionnaires, parfois ils portent des tenues militaires, arrêtent des voitures et tuent les passagers. Les hommes armés sont entrés dans le quartier de Hamidiyyé et ont tué beaucoup de gens, surtout des Chrétiens, c’est pour cela que de nombreux d’entre eux ont quitté ces régions », a-t-elle ajouté.
L’an dernier, une sœur libanaise, Agnès Marie-la Croix , a fait état de pas moins de 400 chrétiens tués en Syrie depuis le début des contestations.
Les insurgés refusent la défaite
Pour leur part, les milices insurgées peinent de reconnaitre d’avoir subi une défaite. Pour l’Armée syrienne libre (ASL), il s’agit d’un «retrait tactique ». Son chef le colonel Riad Assaad, a pris le soin d’évoquer comme raison "le souci pour les vies des civils restants".
Selon l’AFP, des brigades rebelles locales ont quant à elles promis de bien se préparer pour frapper à nouveau « ce régime occupant afin de le faire disparaître ». Une autre milice insurgée, du nom de « l’Association des officiers libres syriens » a affirmé pour le quotidien égyptien Al-Ahram que « les forces de la révolution à Homs attendent l’arrivée de fournitures d’armements pour nettoyer Homs des forces régulières et l’isoler des autres régions syriennes. Selon le commandant de cette milice, le général Soussam EdDine Awwak, « Baba Amr est une région stratégique car elle sert de passage de l’armée régulière pour acheminer des fournitures vers le nord ». Selon lui, sa milice ainsi que l’ASL sont parvenu à détruire les forces régulières qui tentaient d’avancer et les ont contraintes à se replier vers les barrages érigées aux alentours du quartier ».
Quant au Conseil national syrien (CNS), il a appelé la communauté internationale à "intervenir immédiatement pour prévenir un éventuel massacre" après la prise de Baba Amr. Jeudi, le CNS avait annoncé qu'il allait organiser des livraisons d'armes à la rébellion à travers un nouveau bureau militaire. "On va déterminer nos demandes, nos besoins en armes, et on verra dans quel pays les chercher. Il s'agit de défendre les civils et pas de lancer la guerre", a déclaré à Paris le président du CNS, Burhan Ghalioun.
Et des divergences… entre CNS et ASL, cette fois-ci
Mais quelques heures à peine après les déclarations de Ghalioune selon lequel les différentes factions de l’opposition syrienne se sont mises d’accord pour former un conseil militaire chargé de superviser l’opposition armée à l’intérieur du pays, un démenti de l’ASL a été rendu public.
Asaad a affirmé qu’il ne participe pas dans cet organisme dont il ignore les objectifs. Et de révéler qu’il a parlé avec Ghalioune dans la nuit de mercredi et ne s’est pas mis d’accord avec lui.
L’assistant de Ghalioune, Oussam al-Mounajjed a quant à lui expliqué que des armements sont acheminés que le CNS le veuille ou non. Comme s’il répondait aux factions qui refusent la militarisation de la contestation. « Le rôle du conseil est d’organiser cette opération et de garantir que cet armement tombera entre de bonnes mains en Syrie » Plusieurs médias avaient véhiculé ces derniers jours les appréhensions américaines que l’opposition syrienne armée ne soit infiltrée par Al-Qaïda et avait exigé pour soutenir son armement qu’elle s’en débarrasse.
Conseil de sécurité : les conditions des Russes et Chinois respectées
Et puis et pour la première fois, le Conseil de sécurité des Nations unies a pris en considération les conditions russes et chinoises dans la déclaration de principe qu’il a émis. Après avoir demandé aux autorités syriennes "d'autoriser un accès libre, total et immédiat du personnel humanitaire à toutes les populations qui ont besoin de secours" puis déploré la rapide aggravation de la situation humanitaire ", notamment à Homs, Hama, Deraa et Idleb, il sollicite "toutes les parties prenantes" - pouvoir et opposition - de faire preuve de bonne volonté pour évacuer les blessés.
Les autorités ont assuré que les soldats avaient commencé à distribuer de la nourriture et à évacuer les blessés à Baba Amr.
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