Qui ne risque rien n'est rien… sur le chemin de Damas, alors que les opinions ont cédé face aux faits… on ne le dit assez : un âge n'en chasse pas un autre, tous les âges qu'on a vécu coexistent à l’intérieur de soi, ils s'empilent, et l'un prend le dessus au hasard des circonstances.…
Lors d'une visite au Krak des Chevaliers, le dimanche 2 août 2015, le ministre du tourisme, Bachir Riad Yaziji, a annoncé la réouverture officielle du site au tourisme. Espérons que les visiteurs afflueront nombreux, et pas seulement les touristes nationaux…
Dimanche 2 août 2015, le ministre du tourisme en visite au Krak des Chevaliers annonce sa réouverture aux visites
D'abord un fortin, construit en 1031 par l'émir de Homs et habité par une garnison de Kurdes, ce château fut considérablement agrandi par les Chevaliers hospitaliers et doté de fortifications extrêmement complexes… C'est après son occupation par les Hospitaliers que le château-fort fut nommé "Krak des Chevaliers", un nom "krak" qui provient sans doute de son appellation d'origine, Hisn al-Akrad, le "fort des Kurdes". Le Krak des Chevaliers (Qal'at al-Ḥiṣn : قلعة الحصن ou le fort des Chevaliers : حصن الفرسان) conserva avec les Hospitaliers, grâce à sa situation, une forte valeur stratégique : il a toujours contrôlé l'importante trouée de Homs, point obligé de passage entre la côte et l'intérieur du pays. Pour son emplacement stratégique, ce site fut sans doute occupé dès le XIIIe siècle av. J.-C. par les Égyptiens, sous Ramsès II, durant leurs guerres contres les Hittites, dont le point culminant est la célèbre bataille de Qadesh (Tall Nebi Mend).
Le Krak des Chevaliers vu depuis le monastère orthodoxe Saint Georges d'al-Mishtayeh
Le Krak des Chevaliers (Qal'at al-Ḥiṣn : قلعة الحصن ou fort des Chevaliers : حصن الفرسان )
Une partie du butin des terroristes, prêt à être vendu…
De petites routes de campagne, avec des oliviers à perte de vue, conduisent à Mhardeh
L'église orthodoxe Saint Georges de Mhardeh
Le château de Shayzar [قلعة شيزر] qui domine Mhardeh et la vallée de l'Oronte… Les hivers sont rigoureux dans la région… Au XIIe siècle Qalaat Shayzar fut un point fort de la ligne de front arabe contre les Croisés.
En été les bougainvilliers, jamais aussi beaux que lorsqu'ils ont chaud et soif, attestent par leur floraison splendide des températures torrides…
Le parvis de l'église Saint Georges
Pressons-nous, pour l'office du soir à l'église Saint Georges ?…
Après l'office, "Abouna" adresse tout spécialement à ses visiteurs quelques mots aimables de bienvenue…
Avec Abouna George Shibly, sur le parvis de l'église, après l'office…
Après l'office, sur le parvis de l'église [photo Dominique Jourdain]
Mhardeh est connue pour la qualité exceptionnelle de son raisin… Chaque maison a sa treille, rouge ou blanc, le raisin y est toujours délicieux… Nous pouvons l'attester : accueillis dans une villa pour une dégustation de raisin…
Et pour terminer la soirée, invitation à la célébration de mariages… La fête est joyeuse, sans retenue… On s'adresse des vœux, on trinque, on mange, on chante, on danse…
Au bord de la piscine, après les jeux des enfants de l'après-midi, succèderont pour toute la nuit les célébrations de mariages
La fête continuera toute la nuit… nous la quitterons vers deux heures du matin pour rejoindre, à vingt kilomètres de là, notre hôtel à Masyaf…
Le pont romain (10 arches) sur l'Oronte à Mhardeh [photographié en 2010] En août 2015 ce pont, à 2 kms du cœur de la ville, marque l'une des multiples lignes de front contre les takfiris
Pendant que les uns s'adonnent à la fête, mangent, boivent, chantent, dansent… d'autres prennent leur tour de garde territoriale près des rives de l'Oronte [نهر العاصي Nahr al-ʿAsi en arabe, autrement dit : "le fleuve Rebelle"], à moins de deux kilomètres de là, sur l'une des multiples lignes de front de Syrie… De la fête ou de garde aujourd'hui, tous, hommes et femmes ont participé à de longues heures d'entraînement au maniement des armes… autant qu'ils auront répété avec la chorale de l'église…
"Nous vivrons comme des lions ou nous serons sacrifiés…"
Mhardeh, petite bourgade de 20 000 âmes à deux heures de Homs, est depuis 2012 assiégée par les djihadistes d'al-Nosra. Une seule route permet d'accéder et d'entrer dans cette petite ville ancrée à flanc de colline surplombant l'Oronte.
Malgré la vulnérabilité de son accès et la proximité d'al-Nosra la population de Mhardeh, chrétienne, refuse de quitter son chez-elle. Alors depuis cinq ans, roquettes après roquettes, la ville est bombardée au quotidien. Certaines explosent pour ne faire que des dégâts minimes, d'autres tuent et blessent, chacune ayant assez de puissance pour faire plusieurs dizaines de victimes.
Simon, un héros de Mhardeh
C'est grâce à l'initiative de l'un de ses habitant, Simon Aw Wakil que la ville s'est défendue… En 2012 l'un des fils de Simon Aw Wakil ainsi que l'un de ses amis se font capturer, à Alep, par
les membres de l'ASL (Armée Syrienne Libre). En captivité, ils font
office de traducteurs français-arabe. Durant 40 jours de calvaire ils
assistent aux décapitations des soldats de l'Armée Arabe Syrienne (AAS),
leurs frères d'armes, avec qui ils défendaient leur pays et ses
valeurs.
Ils resteront quatre mois otage des islamistes. Simon Aw Wakil alors entrepreneur des ponts et chaussées, décide de vendre tous ses biens pour payer la rançon des deux jeunes gens. Son fils et son compagnon de captivité enfin libérés, Simon avec l'argent dont il dispose encore achète des armes, du matériel et des uniformes et ainsi équiper les volontaires qui se pressent pour la défense de leur ville sous le feu des islamistes.
En sous effectifs, l'Armée Arabe Syrienne s'étant un temps retirée donne son agrément à cette milice avant de revenir renforcer les lignes. Ainsi Mhardeh, cette ville chrétienne résiste aux assauts répétés des
milliers de djihadistes massés non loin, parfois à moins de 200 mètres.
Le 18 janvier 2017, Simon sort miraculeusement vivant d'une tentative
d'assassinat à la voiture piégée. Après tant d'années à combattre, sa
détermination n'est pas entamée.
Simon, le talkie-walkie toujours à la main, ne compte plus les allers-retours à
sa fenêtre. À chaque explosion il se lève, écoute et veille.
Mhardeh, très vite de petite ville de province devient un verrou stratégique sur la ligne de front qui ouvre sur la province de Hama, de Idlib jusqu'à la frontière turque. Si Mhardeh tombait, les djihadistes débouleraient jusqu'à Wadi al-Nasara, la vallée des chrétiens.