Carnets de Voyages en Syrie avec la Communauté syrienne de France

Pages spéciales…

mercredi 9 mars 2022

Kushinagar : où atteignit le Mahaparinivarna le Bouddha


Lorsqu’il atteignit quatre-vingt-un ans, le Bouddha donna son dernier enseignement – sur les trente-sept facteurs de l’Éveil – puis il quitta le Pic des Vautours de Rajgir avec Ananda en direction du Nord. Ils firent une pause à Nalanda et traversèrent ensuite le Gange où, aujourd’hui, se situe Patna pour arriver au village de Beluva. Là, le jour de pleine lune du mois de Magh (janvier-février), le Bouddha tomba malade, et après avoir donné au Sangha un enseignement sur l’impermanence, annonça qu’il allait bientôt quitter ce monde. Ignorant la douleur, il continua son chemin jusqu’à Vaiśālī où il avait souvent séjourné par le passé dans les superbes parcs qui avaient été offerts pour accueillir la communauté. Vaiśālī est également le lieu où la roue du Dharma fut tournée pour la troisième fois et où prit place le deuxième concile de la Sangha.

Pendant ce bref séjour à Vaiśālī, le maître mentionna par trois fois à Ananda qu’un Bouddha pouvait vivre jusqu’à la fin du kalpa, mais Ananda ne comprit pas l’allusion et ne jugea pas utile d’en faire la requête. Shakyamuni abandonna donc l’idée de prolonger sa vie, et quand plus tard Ananda le supplia de le faire, il lui répondu qu’il avait manqué l’opportunité de le lui demander et qu’il était à présent trop tard.

Après quelques temps, le Bouddha arriva à Pava et fut invité à prendre un repas chez Kunda, un fils de forgeron. Ce dernier lui offrit de la viande de porc avariée, que le Bouddha mangea, mais qu’il interdit de consommer aux autres moines qui l’accompagnaient. Alors que Kunda se lamentait d’avoir offert un cadeau empoisonné au Maître et que les autres moines médisaient de lui, le Bouddha expliqua qu’un grand mérite résultait de servir son dernier repas à un être éveillé, équivalent à celui servi juste avant qu’il atteigne l’Éveil.

Entre Pava et Kushinagar, le Bouddha rencontra un noble Malla qui accompagnait une caravane de marchands. L’homme s’entretint avec lui, puis en signe de gratitude et de respect, offrit deux longs morceaux d’étoffes en fils d’or. Mais le Bouddha était tellement radieux que les étoffes paraissaient ternes face à son rayonnement. Il est dit qu’à la veille et au moment du Mahaparinirvana, le corps d’un Bouddha manifeste de tels signes extérieurs.
Le jour suivant, ils arrivèrent sur les berges de la rivière Hiranyavati, au sud de Kushinagar la capitale de Malla, l’une des républiques du nord de l’Inde.

Ils s’installèrent dans un bois entre deux arbres Sala. Le Bouddha dit que l'heure était venue pour lui de quitter ce monde. Ananda demanda s'il ne serait pas plus approprié de quitter le monde dans un lieu tel que Rajgir ou Shravasti, les deux cités alors les plus renommées. Le Maître refusa, révélant que dans une vie précédente il avait régné sur la ville de Kushinagar, qui s’appelait alors Kushavati, qui surpassait tout ce qu’il avait connu dans cette vie présente.

Ananda prépara alors un lit d'étoffe entre deux arbres Sala, au bord de la rivière, et le Bouddha s’étendit sur le flanc droit dans la posture du lion, la tête en direction du Nord.

Les nobles de Kushinagar, ayant entendu dire que Sakyamuni s'apprêtait à quitter ce monde, vinrent lui rendre un dernier hommage. Parmi eux se trouvait un vieux brahmane très respecté du nom de Subhadra, qui s'était vu refuser de joindre la Sangha par trois fois. Le Bouddha lui demanda de s'approcher, répondit à ses questions sur les six doctrines philosophiques erronées, lui enseigna le Dharma et lui transmit l’ordination. Subhadra fut le dernier des moines ordonnés par le Maître. Il alla s’asseoir non loin de là pour méditer et atteignit l’état d’arrhât avant que le Bouddha ne passe dans le Mahaparinirvana. Sariputra et Maudgalyayana eux aussi, par respect - passèrent dans la félicité avant le Bouddha dans leurs villages natals respectifs, près de Nalanda.

Alors qu’approchait la troisième partie de la nuit, le Bouddha demanda par trois fois aux disciples qui l’entouraient si ils avaient encore des doutes ou des questions concernant le Dharma. En l’absence de réponse, il leur donna une dernière admonition :
« À présent, Bhikshus, je vous le répète une dernière fois,
La nature de toutes choses est l'impermanence,
Exercez-vous avec diligence ! »
Il traversa ensuite les différents états d’absorption méditative et entra dans le Mahaparinirvana. La terre trembla et des étoiles filantes illuminèrent les cieux, l’air était rempli de parfums délicieux et l’on entendait des musiques célestes. Le corps du Maître fut lavé, puis habillé dans de nouvelles robes et placé dans un cercueil fait de substances précieuses. Pendant quatre jours, les dieux et les hommes vinrent présenter leurs offrandes au pied du Maître, puis il fut transporté jusqu’à l’emplacement où devait avoir lieu la crémation. Les Mallas offrirent leur propre bûcher funéraire pour le Bouddha. On y prépara un foyer composé de bois rares et odorants, mais personne ne put y mettre le feu. Il avait été prédit que seul Mahakasyapa pourrait allumer le bûcher. Lorsqu’il arriva et se prosterna devant le corps du maître, le bûcher s’enflamma de lui même. Après la crémation, on examina les cendres pour y trouver des reliques. Seuls le crâne, des dents et quelques morceaux d’étoffes du linceul subsistaient.

Puisque le Bouddha avait choisi leur royaume pour son départ, les Malla considéraient que les reliques leur revenaient de droit. Mais les représentants des sept autres royaumes de l’Inde demandèrent eux aussi à recevoir une part des reliques. Grâce à l’habile intermission du brahmane Drona, il fut décidé que les reliques seraient partagées en huit, de sorte que chacun puisse ériger un stupa les contenant dans son royaume. Quelques siècles plus tard, Ashoka fit ressortir les reliques et les divisa pour qu'elles soient placées dans quatre-vingt-quatre-mille stupas dans tout le pays…












































































Budha Temple Kushinagar



*    *    *








Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire