L'Art d'être chef… Véritable manuel de formation, pour les jeunes et les moins jeunes, "L’Art d’être chef" reprend les belles et nobles vertus qui forment les grands hommes au service du bien commun.
Un ouvrage qui, plus que jamais, demeure d’actualité, bien loin de célèbres minus - vous les reconnaîtrez ! - qui se prétendent être nés pour être chefs…
"Il ne faut pas s'imaginer que commander est facile et qu'avec un visage hermétique et une voix impérieuse, le tour est joué. Pour être chef, il est nécessaire d'avoir cet amour du prochain et cette culture qui permet de connaître l'homme et de scruter les replis intimes de l'âme. Il faut appartenir aussi à cette aristocratie spirituelle qui a pour devise : servir. Mais service désintéressé, persévérant, courageux, qui réclame des convictions, de l'enthousiasme, du caractère."
Abbé Gaston Courtois, L'Art d'être chef
Rivarol fête son numéro 3500 ! À cette occasion est offert à ses lecteurs un encart spécial reproduisant nombre des plus mémorables articles de ses rédacteurs, tous d'une très grande qualité… Parmi ceux-là un éditorial remarqué de René Malliavin, datant au plus tard de mai 1958… René Malliavin y dresse un portrait aussi magnifique que véridique du "général". Excusez du peu, en héros grec… Érostrate ! Et là, nos contemporains se réjouiront en découvrant bien des points communs entre ce "général" et le locataire actuel de l'Élysée… Un gamin affranchi de tout scrupule et pour qui seul compte dans le feu d'une fièvre sanitaire le rayonnement d'un égo souverain… D'une kyrielle de successeurs le seul effectivement digne de l'éminente personne du "général"… Les événements commandent, il suit… en même temps ! Au bonheur des gaullistes !…
Bien avant de devenir un homme politique, le général De Gaulle a écrit un ouvrage assez singulier qui a pour titre Le Fil de l’épée. Nous y trouvons des déclarations, empreintes d’une indiscutable sincérité, qui révèlent le fond de son âme. Ne se peint-il pas lui-même lorsqu’il écrit : « un chef est distant, car l’autorité ne va pas sans prestige, ni le prestige sans éloignement » ? Pour lui, ce chef est un homme prédestiné car « on ne fait rien de grand sans de grands hommes ». Et ces demi-dieux n’ont rien à craindre parce qu’ils sont protégés par une force mystérieuse. « Ce qu’Alexandre appelle “son espérance”, César, “sa fortune”, Napoléon, “son étoile”, n’est-ce pas simplement la certitude qu’un don particulier les met avec les réalités en rapport assez étroit pour les dominer toujours ? » Il est persuadé que, pour parvenir à ce sommet suprême, il suffit de l’avoir décidé car « les grands hommes le sont pour l’avoir voulu ».
Après avoir lu ces textes, nous ne pouvons plus mettre en doute l’exactitude de la relation que M. Kenneth Pendar fait de l’entrevue qui eut lieu à Casablanca en 1943 entre Roosevelt et le général De Gaulle. Rappelons ce témoignage : « Le président dit à De Gaulle que la France était si mal préparée au point de vue militaire qu’il lui faudrait un général de la valeur de Napoléon. — Mais je suis cet homme, déclara De Gaulle. Son état financier, poursuivait le président, réclame aussi un Colbert. — Mais je suis cet homme, dit simplement De Gaulle. Maîtrisant son étonnement, Roosevelt ajouta que la vitalité politique du pays était bien compromise, et qu’un Clemenceau serait très nécessaire. De Gaulle se redressa avec dignité et conclut : — Mais je suis cet homme. »
Et l’ancien consul américain au Maroc d’ajouter : « Ce jour-là, le président comprit l’étendue du problème psychologique posé par le général. »
Ces extraordinaires propos sont confirmés par Cordell Hull, Byrnes et Stettinius qui les connurent par les confidences de Roosevelt. Dans ses souvenirs sur la Conférence de Casablanca, Elliot Roosevelt y ajoute cette boutade de M. Winston Churchill : « De Gaulle a un complexe de Jeanne d’Arc. »
Notre héros étant ainsi persuadé qu’il a été marqué par la Providence pour accomplir de grandes choses, admet que tout lui est permis du moment qu’il s’agit de réaliser son destin. C’est ce qu’il affirme en termes fort clairs dans Le Fil de l’épée : « L’homme d’action ne se conçoit guère sans une forte dose d’égoïsme, d’orgueil, de dureté, de ruse. » Pour employer le jargon à la mode, on peut dire qu’il est en proie au complexe d’Érostrate qui, pour immortaliser son nom, incendia l’Artémision d’Éphèse. Il y a chez lui une sorte d’amour romantique de la catastrophe. Il le fit éclater dans sa conversation avec le général Odloc qui était venu le rejoindre à Londres, le 12 novembre 1941. Cet officier lui représentait qu’il fallait à tout prix empêcher que la France ne tombât dans l’alliance allemande. Le chef des Français libres lui fit cette horrible réponse : « Au contraire, il faut que la France entre en guerre aux côtés des Allemands. Ainsi la trahison des hommes de Vichy sera-t-elle prouvée. » Il ne se soucie pas de sa patrie, peu importe sa dévastation pourvu qu’il puisse triompher de ses ennemis personnels en administrant la preuve de leur indignité.
Toujours dans Le Fil de l’épée, il nous fait comprendre qu’il n’hésitera devant aucun forfait pour atteindre le but qu’il se croit assigné. Et c’est ainsi qu’il magnifie « certaines personnes qui ne firent, en somme, que pousser à la révolte et aux excès et gardent cependant devant la postérité comme une sombre gloire quand leurs crimes furent commis au nom de quelque haute revendication ». Il était toujours dans les mêmes sentiments lorsque, recevant les avocats de Pierre Pucheu le jour qui précéda l’exécution de ce dernier, il leur déclarait : « C’est un procès politique, j’en conviens : il n’y a presque rien dans le dossier lui-même… M. Pucheu a suivi une politique qui a échoué. Aujourd’hui, la France est une barque ballottée sur un océan en furie ; les événements commandent, nous suivons. Je garde mon estime à M. Pucheu ; faites-lui savoir que je suis persuadé que ses intentions étaient bonnes ; qu’il était sincère. Dans le drame que nous vivons, que la France vit, notre seul guide doit être la raison d’État. »
Retenons cet aveu de l’homme fort : « les événements commandent, nous suivons ».
Et pour l’intelligence de ce sombre personnage, reproduisons l’ultime et extravagante déclaration qu’il fit à ses visiteurs : « Je voudrais que vous ajoutiez ceci encore : dites à M. Pucheu, dites-lui bien que si un jour je vais en France, je lui donne l’assurance la plus formelle sur mon honneur : j’en prends l’engagement devant vous deux : j’ai des enfants, M. Pucheu en a ; je ferai personnellement, j’insiste personnellement, tout ce que je pourrai humainement faire pour assurer leur éducation physique et morale ; je ferai tout pour qu’ils n’aient pas à souffrir trop de la décision que je peux être appelé à prendre. »
L’exécution du condamné eut lieu le lendemain de cette mémorable
entrevue. Les défenseurs transmirent à leur client le message
personnel que lui envoyait l’homme qui ordonnait sa mort. Après avoir
haussé les épaules, Pierre Pucheu répondit : « Je suis prêt depuis
longtemps, ma mort sera plus utile que ma grâce. Vous raconterez à
tout le monde comment je suis mort, vous direz à vos amis politiques,
à nos amis, que c’est bien un assassinat politique. Et surtout que le
général De Gaulle n’invoque pas la raison d’État… La raison d’État !
mais il est dans la plus pure tradition du national-socialisme ! »
Le général De Gaulle n’éprouve, comme nous le savons, aucune difficulté pour déterminer en quoi consiste la raison d‘État. À ses yeux, elle ne peut être autre chose que ce qui doit assurer son pouvoir. La femme du général Spears (Mary Borden), qui le rencontra bien souvent pendant son séjour à Londres, nous confie en effet qu’il était convaincu que la France s’incarnait en sa personne.
Avec de tels sentiments, cet homme ne se laissera arrêter par aucun obstacle. Certains de ses sbires organisent-ils l’assassinat de l’amiral Darlan ? Quelque spadassin indigène essaye-t-il de tuer le général Giraud ? La seule chose qui compte, c’est que sa route soit déblayée.
Il n’hésitera pas à sceller une alliance avec les communistes. Pour leur faire plaisir, il leur livrera leurs adversaires, il promulguera sous sa seule responsabilité des lois iniques qui édictent des peines rétroactives et constituent des tribunaux d’exception. Il confisquera les imprimeries et les journaux pour les distribuer à ses clients. Il saccagera notre économie en nationalisant à tort et à travers. Il ruinera le crédit public en reniant les promesses faites au nom de l’État. Il dilapidera en quelques mois plus de six cents tonnes d’or. Dans le même temps, il ordonnera l’exécution de cinq cent quatre-vingt-treize sentences capitales prononcées par les cours de justice. Et un jour, dans l’ivresse de son triomphe, alors que les massacres se multipliaient partout en France, il aura l’audace de s’écrier à la tribune du Palais-Bourbon avec un ricanement de défi aux malheureuses victimes : « Où est la guerre civile ? »
Aujourd’hui, nous devons lui répondre : « La guerre civile, c’est vous. C’est pourquoi nous ne voulons pas que vous reveniez au pouvoir. »
René MALLIAVIN, alias Michel DACIER (1896-1970),
Rivarol n° 3500 du 5 janvier 2022
DeGaulle, enfin un successeur digne de son éminente personne à l'Élysée !…
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