Une explication historique. Le monde occidental est malade et le remède s’appelle la Russie, pas la Russie de Eltsine, mais celle de Poutine. Selon l’Ouest, un « bon » dirigeant russe doit affaiblir la Russie et la rendre dépendante, Poutine fait le contraire − il rend la Russie forte et indépendante, il est donc « mauvais » pour l’Occident.
L’Occident peut facilement être défini comme regroupant les pays anglo-saxons et l’Union européenne, mais sans les Balkans. De plus, il n’est pas du tout ce que lui-même, ou ses médias de propagande, voudraient nous faire croire. À travers l’histoire de l’Europe, des pouvoirs différents se sont succédé.
Après la Deuxième Guerre mondiale, il y avait de nouveau un équilibre du pouvoir jusqu’à l’éclatement de l’Union soviétique en 1991. Puis ont suivi près de deux décennies d’expansion américano-occidentale débridée dans le vide du pouvoir qui a suivi. Cette expansion a été remise en cause brusquement en 2008, avec la guerre en Géorgie. Ceci est − très grossièrement simplifiée − l’histoire précédent juste notre époque. Alors pourquoi l’Occident hait-il littéralement la Russie ?
Eh bien, chaque fois qu’un pouvoir en Europe − et plus tard dans le monde − a été près d’atteindre une position dominante dans la totalité ou une grande partie de l’Europe ou du monde, c’est la Russie − au XXème siècle l’URSS − qui a mis un arrêt à son expansion. L’avancée de l’ordre allemand des Chevaliers teutoniques a été stoppée par Alexander Nevsky au XIIIème siècle, le roi suédois Charles XII a été vaincu à Poltava au XVIIIème, Napoléon en 1812, l’Empire britannique a été tenu à l’écart de l’Asie centrale et de la Chine au XIXème, l’Allemagne a été arrêtée deux fois au XXème lors de la Première Guerre mondiale et surtout la Seconde. Les États-Unis n’ont pas pu dominer le monde durant la Guerre Froide. Il n’est pas étonnant que toutes ces puissances détestent la Russie. De ce fait ils ont créé l’OTAN, et les États-Unis fulminent aujourd’hui contre la Russie au prétexte de la crise en Ukraine. L’objectif à long terme de l’Occident a toujours été la domination du monde sous une forme ou sous une autre : l’Amérique du Sud fut d’abord une colonie espagnole et portugaise, puis une « arrière-cour » de l’Amérique du Nord. Mais au cours des dernières décennies, ils se sont libérés. Le Moyen-Orient a été démantelé et il est toujours maintenu sous le joug de dictateurs pro-occidentaux, les bons dictateurs − « les nôtres » disait Kissinger − à la différence des mauvais − qui nationalisent le pétrole − et sont damnés d’avoir cette ressource dans leurs pays. L’Afrique a été divisée en petits morceaux et libérée seulement après de longues guérillas − où de nombreux pays ont reçu un soutien de l’Union soviétique -, l’Inde a été une colonie britannique pendant cent ans, la Chine était coupée en plusieurs parties, mais a été sauvée en grande partie par le soutien soviétique. Chaque fois, la Russie / Union soviétique a déjoué les plans de l’Ouest.
Malheureusement, l’Union soviétique a été trahie de l’intérieur, au lieu de gagner la démocratisation et le renouvellement ; l’Occident a alors eu le champ libre pour réaliser ses rêves. Mais comme je l’ai déjà dit, un homme a mis fin à cela il y a quelques années.
Pensez ce que vous voulez à propos de Poutine, mais du point de vue historique, il est la personne la plus importante des soixante-dix dernières années. Sa vision d’un monde multipolaire, dans lequel les BRICS jouent un rôle de premier plan, est le clou dans le cercueil des ambitions occidentales. Sous son mandat en tant que président ou premier ministre russe, il a soutenu la libération continue de l’Amérique du Sud de d’influence des États-Unis, il a libéré l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, il a empêché les attaques directes contre l’Iran et la Syrie. Maintenant, il doit mener la crise en Ukraine / Novorossie à une conclusion diplomatique aboutissant, soit à un état fédéral neutre en Ukraine avec des droits égaux pour les russophones, soit à une Novorossie libre, y compris les territoires à l’est du Dniepr et la Transnistrie. Donc, le fait que l’Occident a organisé et dirigé le coup d’État nazi à Kiev ne devrait vraiment surprendre personne. Voilà pourquoi les médias en Occident sont remplis de mensonges à leurs propres peuples − la vérité doit être cachée à tout prix.
Mais les plans de l’Ouest commencent à se fissurer : la Russie n’abandonnera pas le Donbass, ni la Novorossie − et ne le peut pas, pour des raisons internes. Elle n’a pas le choix parce que si la Russie perd cette bataille, la prochaine sera livrée sur le territoire russe. La Russie va provoquer un changement de régime et la fédéralisation de l’ensemble de l’Ukraine ou bien libérera la Novorossie, y compris les terres à l’est du Dniepr. La Chine soutient la Russie, l’Inde est bienveillante, l’Amérique du Sud aussi. Même les peuples de plusieurs pays européens qui ont connu l’expérience de l’occupation nazie soutiennent la Russie contrairement à leurs gouvernements qui obéissent aux États-Unis. Des manifestations pour la Novorossie se produisent régulièrement en Espagne, en France, en Italie, en Grèce, en Hongrie, en Serbie, en Bulgarie, etc. Même la Turquie, l’Iran, la Syrie et l’Afghanistan savent d’où vient la menace pour la paix et la sécurité − et qu’elle ne vient pas de la Russie. Maintenant, en désespoir de cause, les médias occidentaux, à la demande de leurs propriétaires / gouvernements accusent la Russie, Poutine et les combattants de la liberté en Novorossie d’être des « nationalistes d’extrême droite », des « communistes purs et durs », des « terroristes », ou des « fascistes nationaux »… et tout le reste, et de préférence en même temps. Tout cela est tellement absurde que même les gens ordinaires en Occident commencent à se réveiller, voient à travers les mensonges, et découvrent même les putschistes de Kiev pour ce qu’ils sont vraiment : un mélange de nazis, de fascistes et d’extrémistes, installés par les intérêts économiques et géopolitiques des États-Unis. Plus les médias et les gouvernements occidentaux réprimandent la Russie, plus cela signifie que celle-ci est juste et dans son droit.
Y a-t-il encore quelqu’un qui doute que les gouvernements occidentaux détestent la Russie ? Permettez-moi de vous donner deux exemples : sur les 365 jours de l’année, l’UE a choisi le 9 mai [notre 8 mai en France, jour de célébration de la victoire sur les nazis, NdT] pour célébrer la Journée de l’Europe ! Pourquoi ? Pour diluer et diminuer le rôle de l’URSS dans la Seconde Guerre mondiale, bien sûr, et que les gens oublient − et bien, nous n’oublierons pas ! En outre, récemment avant les Jeux Olympiques de Rio, l’Ouest, par son influence sur l’agence anti-dopage de l’AMA, a interdit la participation d’athlètes russes suite à des allégations − non prouvées − les accusant de dopage. Dans le même temps, plusieurs athlètes occidentaux qui ont évidemment triché et ont été convaincus de dopage lors de contrôles antérieurs, sont autorisés à participer, comme Justin Gatlin [médaille d’argent du 100m à Rio, NdT].
Oui, la Russie est différente, elle refuse de se soumettre au « nouvel ordre mondial » et elle gagne de plus en plus de partisans. Elle refuse de jouer selon les règles de l’Occident, des règles que l’Occident change à volonté quand cela lui convient. La Russie est la Russie tout simplement, et à cause de cela l’Occident la déteste, ainsi que son nouveau-né : la Novorossie.
Source : Nicholas Nicholaides : Pourquoi l’Ouest hait la Russie (Le Saker Francophone)
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