« À Alep, vous oubliez la chute des roquettes car il y a des choses encore pires. Il y a la pénurie d’eau, d’électricité, l’absence de prise en charge médicale, de médicaments et de beaucoup d’autres choses qui ont un plus grand impact sur la vie quotidienne des habitants que les bombes. La guerre est à l’intérieur des moindres détails de la vie quotidienne, elle est présente dans tout ce que nous faisons.
Avant, nos maisons étaient des lieux sûrs, où nous pouvions courir nous réfugier des bruits de la guerre. Bientôt, nous nous habituerons aux bruits mais nous ne nous habituerons jamais à ne pas avoir d’eau ni d’électricité. La vraie guerre est quand vous vous asseyez dans la même pièce que votre famille mais que vous ne pouvez pas voir le visage de votre mère ou de vos frères à cause de l’obscurité, vous ne pouvez voir que leurs ombres.
La guerre c’est quand vous devez toucher les murs de votre maison pour pouvoir vous déplacer. Lorsque votre maison devient sombre et froide. La guerre existe dans la lumière de la bougie que vous devez poser sur la table du dîner au XXIe siècle ou sur votre bureau quand vous essayez d’étudier. La guerre pollue l’eau, et les ténèbres ont poussé ma mère à se couper les cheveux pour ressembler à un garçon.
Vous commencez la journée avec le besoin de trouver de l’eau pour laver votre visage et la journée se termine par la vue de votre respiration lorsque vous essayez de trouver le sommeil dans un hiver glacé, sans chauffage… »
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