Sit-in imposant au Musée national de Damas en rejet des crimes des terroristes de Daech contre les antiquités syriennes |
En signe de condamnation des massacres et des actes terroristes que perpètrent le réseau Daech, qui a détruit le temple de Baalshamin dans la ville de Palmyre et décapité l’archéologue Khalid al-Asaad dans la ville, de nombreuses personnalités culturelles et intellectuelles ont observé ce dimanche 23 août un sit-in dans le jardin du Musée national à Damas.
Dans une déclaration à l’agence SANA lors de sa participation au sit-in, le ministre de la culture, Issam Khalil, a dénoncé les crimes terroristes perpétrés contre le peuple syrien et contre son héritage humain, disant : “En dépit de tous les crimes commis par les réseaux terroristes que soutiennent des parties arabes, régionales et internationales, le peuple syrien restera toujours déterminé à lutter contre le terrorisme et à protéger son héritage humain”.
Dans une déclaration similaire, le ministre du tourisme, Becher Yazaji, qui avait pris part au sit-in, a fait savoir que les deux ministères du tourisme et de la culture œuvreront pour réanimer Palmyre et rendre hommage aux héros de sa population, notamment l’archéologue martyr, Khalid al-Asaad, qui est devenu un symbole syrien et mondial face au terrorisme.
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Après que les djihadistes aient pris le contrôle de Palmyre en mai dernier, l’État islamique (EI) a décapité mardi 18 août Khalid al-Asaad, ancien directeur du site archéologique. Le directeur général du département des Antiquités et des Musées de Syrie (DGAM), Maamoun Abdulkarim, a confirmé cette information. Les islamistes ont ensuite suspendu le corps ensanglanté de Khalid al-Asaad à une colonne romaine sur une des principales places du site antique et diffusé les photos sur les réseaux sociaux.
Khalid al-Asaad, âgé de 82 ans, chef des Antiquités de Palmyre de 1963 à 2003, a dirigé pendant quarante ans le site des ruines romaines de Palmyre. L’universitaire a collaboré au fil des années avec des archéologues français, américains, allemands et suisses, a indiqué Maamoun Abdulkarim.Khalid al-Asaad a été décapité sur une place de Palmyre devant des dizaines de personnes. "Daesh [acronyme en arabe du groupe État islamique] a exécuté l'un des plus éminents experts du monde antique. Il parlait et lisait le palmyrien et nous nous adressions à lui, quand nous recevions de la police des statues volées pour qu'il détermine si elles étaient vraies ou fausses", a déploré M. Abdelkarim.
Des images montrant le corps de Khalid al-Asaad accroché à une colonne et la tête coupée sur le sol, ont circulé sur des sites djihadistes. Une pancarte attachée au corps identifie la victime comme étant Khalid al-Asaad, accusé par les djihadistes d'être un partisan du régime pour avoir représenté la Syrie à des conférences à l'étranger "avec des infidèles" et d'avoir été le directeur des "idoles" à Palmyre, ainsi que d'avoir été en contact avec les responsables du régime.
Selon Maamoun Abdelkarim, le supplicié a été interrogé pendant un mois avec son fils Walid, l'actuel directeur des Antiquités de la ville, car les djihadistes voulaient connaître la cachette où se trouverait prétendument l'or. "Mais il n'y a pas d'or à Palmyre", a-t-il dit.
"Cette famille est remarquable car l'autre fils Mohamad et le gendre Khalil ont participé activement au sauvetage de 400 pièces antiques au moment de la conquête de la ville par les djihadistes", a ajouté le directeur général des Antiquités et des Musées de Syrie (DGAM). "Nous avions supplié Khalid de quitter la ville, mais il a toujours refusé. 'Je suis de Palmyre et j'y resterai même s'ils doivent me tuer', nous disait-il", a ajouté le directeur des Antiquités de Syrie.
Chris Doyle, directeur du Council for Arab-British Understanding (Conseil pour l’entente arabo-britannique), a confirmé au Guardian que l’archéologue, qui était détenu par l’EI depuis plus d’un mois, avait été interrogé sur les trésors antiques et avait été "exécuté après avoir refusé de coopérer".
La version rigoriste de l'islam sunnite prônée par l'État islamique proscrit formellement la visite de sites archéologiques ou historiques et considère les statues humaines ou animales comme de l'idolâtrie. Une conception rigoriste qui n'empêche pas les islamistes de piller les œuvres d'art et de tenter de les commercialiser sur les marchés internationaux. C'est ce refus de coopérer dans la livraison de trésors supposés cachés qui aura prétexté le martyre de Khalid al-Asaad. Paix à son âme.
"Ma première rencontre avec Khalid se déroula à Palmyre en 1995. À l'époque, j'étais étudiant en thèse me spécialisant en période classique romaine, période à laquelle Palmyre s'est développée (pendant les trois premiers siècles après J.-C). Khalid était un grand professeur avec de très grandes qualités humaines. Je suis allé le voir au Musée de Palmyre pour lui demander certaines informations concernant ma recherche. Pendant sa carrière aux Antiquités de Palmyre, sa porte a toujours été ouverte aux collègues et aux étudiants.En 2002, quand j'étais en charge du Département des affaires des musées de Syrie (DGAMS), j'ai eu l'honneur de travailler avec Khalid. Il était à la fin de sa carrière avant de prendre sa retraite en 2003. Durant cette période, nous nous sommes vus fréquemment. Khalid était un mélange d'érudit et de gentleman. Nous avons développé et mis en place plusieurs projets, et malgré nos 35 ans d'écart, nous sommes devenus de grands amis.Nous nous sommes souvent contactés depuis la crise en 2012, mais c'est à notre dernière communication téléphonique en mai dernier que je pense le plus, après que Palmyre est tombé entre les mains de l'EI. Comme je le priais de quitter Palmyre pour Damas, il refusa en me disant qu'il y était né, qu'il resterait, et qu'il ne laisserait pas tomber sa ville. Il était courageux, audacieux et sa longue expérience a beaucoup apporté à l'équipe chargée de la mission de secours pour l'évacuation des richesses du musée de Palmyre, juste avant l'entrée de l'EI. Son fils Mohamad et le personnel du musée ont travaillé dur pour sauver les objets archéologiques et c'est ainsi qu'une grande majorité est conservée désormais à Damas.Mon ami Khalid al-Asaad est né le 1er janvier 1934, il avait appris la langue araméenne de Palmyre et a œuvré toute sa vie pour que le site de Palmyre soit reconnu comme une institution archéologique de haut niveau scientifique, tout en apportant support et assistance aux missions archéologiques étrangères ou conjointes qui travaillaient dans la région.Son principal souci était la protection du site et de sa région, afin de transmettre ce patrimoine aux générations futures. En développant les participations aux expositions archéologiques internationales ainsi qu'aux multiples séminaires, il assurait la diffusion de l'histoire de Palmyre au monde entier. Toute sa vie il l'a dédiée à sa ville, même après sa retraite. Il n'a pas quitté sa ville antique et l'EI l'a capturé. Il a été décapité car il aurait refusé de dire où se trouve un trésor caché, un trésor d'or caché, énorme mensonge propagé dans Palmyre quand l'État islamique est arrivé.La vérité, c'est qu'il a été tué d'une façon sauvage parce qu'il a refusé de légitimer leur pouvoir à Palmyre, et qu'ils se sont vengés en envoyant un message pour terroriser le peuple de Palmyre.Khalid al-Asaad est aujourd'hui un martyr de Palmyre, et doit devenir un symbole de résistance contre le terrorisme."
L'Institut français du Proche-Orient présente dans ses archives ouvertes de nombreuses photos des trésors de Palmyre :
Archives ouvertes de l'Ifpo : Palmyre
https://medihal.archives-ouvertes.fr/IFPOIMAGES/search/index/?q=palmyre&docType_s=IMG&submitType_s=file&rows=50&page=1
DGIA annoncer le passage de l'archéologie resaercher Khalid al-Asaad- ancien directeur de Palmyra Antiquités
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