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mardi 17 décembre 2013

Mandela, les guerrilheiros et les fellagah…


27 mars 1962, quelques jours après la capitulation de DeGaulle à Évian, dans une ferme du Maroc, près d’Oujda, un camp d’entraînement à la guerilla : Nelson Mandela (15), les guerrilheiros Samora Machel (17) et Edouardo Mondlane (10) pour le Mozambique, Agostinho Neto (16) pour l’Angola ainsi que Amilcar Cabral (2) pour la Guinée Bissau en compagnie des fellagah du "dehors" : Colonel Ouamrane (1), l’Oranais Abdelhalim (3), l’Oulema Cheikh Mohamed Keireddine (4), Ahmed Ben Bella (5), Randa Rachid (6), Rabah Bitat (7), Colonel Mohamed Allahoum (8), Mohamed Boudiaf (9), Moktar Bensaïd (11), Khaled Bouali (12), Yousef Dali (13), Abdellatif Bessaïeh (14), l’avocat de Sidi-Bel-Abbès Saïd Hadidi (18), Djamel Bendjekji (19), Tayebi Larbi (20), Capitaine Bouziane (21), Houari Boumediene (22), Abdeljalil Khelaïji (23).


En 1961, Nelson Mandela, militant de l’ANC (Congrès national africain) alors âgé de 43 ans, décide de prôner la résistance armée et la clandestinité. Rapidement, il se trouve à la tête de la nouvelle branche militaire de l'organisation, Umkhonto weSizwe (MK, "La Lance de la Nation").


Nelson Mandela quitte alors l’Afrique du Sud pour parcourir le continent africain et l'Europe, afin de se roder aux techniques de guérilla urbaine et de solliciter des appuis pour l'ANC. Au cours de cette tournée, l’apprenti guerillero, accompagné de Robert Reisha (futur représentant de l’ANC en Algérie après juillet 1962), reçoit sa première formation para-militaire au côté de l’Armée de libération nationale (ALN), branche armée du FLN, sous les ordres du "général" fellagah Mohammed Lamari. 
La situation en Algérie était pour nous le modèle le plus proche du nôtre parce que les rebelles affrontaient une importante communauté de colons blancs qui régnait sur la majorité indigène. Le Dr. Mustafa nous a raconté comment le FLN avait commencé la lutte avec quelques attentats en 1954, ayant été encouragé par la défaite des Français à Diên Biên Phu, au Vietnam. Au début, le FLN croyait pouvoir vaincre les Français militairement, nous a dit le Dr. Mustafa, puis il s’est rendu compte qu’une victoire purement militaire était impossible. Les responsables du FLN ont donc eu recours à la guerre de guérilla. Il nous a expliqué que ce genre de guerre n’avait pas comme objectif de remporter une victoire militaire mais de libérer les forces économiques et politiques qui feraient tomber l’ennemi. Le Dr. Mustafa nous a conseillé de ne pas négliger le côté politique de la guerre tout en organisant les forces militaires. L’opinion publique internationale, nous a-t-il dit, vaut parfois plus qu’une escadrille d’avions de combat à réaction. Au bout de trois jours, il nous a envoyés à Oujda, une petite ville poussiéreuse près de la frontière algérienne, et quartier général de l’armée du FLN au Maroc. Nous avons visité une unité sur le front ; à un moment j’ai pris une paire de jumelles et j’ai vu des soldats français de l’autre côté de la frontière. J’avoue que j’ai pensé voir les uniformes des forces de défense sud-africaines. 
Des rencontres secrètes ont lieu entre les militants de l'ANC et l'État-major de l'ALN, pour les préparer au déclenchement de la lutte armée. Nelson Mandela est alors initié à la formation des premiers combattants, au stockage des armes et munitions, au déploiement face à l’ennemi, etc. Des camps d’entraînement destinés aux responsables de l'ANC sont installés en Algérie. Mais, tirant leçon de la piteuse capitulation politique de DeGaulle, il prend aussi conscience de l'intérêt d'intensifier les opérations diplomatiques afin de sensibiliser le monde entier à la cause du peuple d’Afrique du Sud et gagner ainsi leur soutien.




À son retour en Afrique du Sud en août 1962, Mandela est accusé de sabotage et de complot contre l’État et arrêté. Il est condamné à la prison à vie lors du procès de Rivonia en 1964.

L’Algérie indépendante ne cessera jusqu’en 1990 d’afficher son soutien à l'ANC et d’opposer une résistance diplomatique contre le régime de l’apartheid auprès de l’Organisation de l’union africaine (OUA) ainsi qu’à l’ONU..

Après sa libération, en mai 1990, Mandela ne manquera pas de rendre un hommage appuyé à l’Algérie : "C’est l’Algérie qui a fait de moi un homme", déclare-t-il, à Alger, lors de sa première visite à l'étranger.
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