Carnets de Voyages en Syrie avec la Communauté syrienne de France

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jeudi 9 août 2012

Nicolas Sarkozy et la Syrie : « Les alaouites dans la tombe, les chrétiens à Beyrouth ! » ou le déshonneur d'un ex-président…


Pris de frénésie guerrière, Sarkozy menace la Syrie

Sidérant que pour un prétendu retour en politique, Nicolas Sarkozy vient appuyer les djihadistes se revendiquant de l’idéologie d’al-Qaïda qui combattent le gouvernement légitime de Syrie… avec encore à ces basques le roquet Bazar-Henri Lévy… Sidérant qu’il persiste dans la continuité de la plus grosse faute de son mandat… Avec le recul, n’est-il pas capable de percevoir le chaos dans lequel, avec la complicité de son ami le Bazar-Henri Lévy, il a plongé le Maghreb tout entier par sa guerre contre la Libye… Décidément faut-il définitivement admettre que Nicolas Sarkozy n’est et n’a jamais été qu’un agent d’Israël et de l’impérialisme américain. Consternant ! On en arrive à se féliciter de son éviction et de l’immobilisme providentiel imputé à François Hollande…

Nicolas Sarkozy a parlé au chef du CNS

L'ancien président de la République Nicolas Sarkozy s'est entretenu longuement aujourd'hui par téléphone avec le président du Conseil national syrien, Abdel Basset Sayda, selon les deux responsables dans un communiqué conjoint.

MM. Sarkozy et Sayda ont évoqué "pendant près de 40 minutes" la situation dans le pays. "Ils ont constaté la complète convergence de leurs analyses sur la gravité de la crise syrienne et sur la nécessité d'une action rapide de la communauté internationale pour éviter des massacres", soulignent-ils dans leur communiqué diffusé à Paris.

MM. Sarkozy et Sayda "sont convenus qu'il y a de grandes similitudes avec la crise libyenne", la crise en Libye qui avait débouché en octobre 2011 sur la mort de l'ancien dirigeant Mouammar Kadhafi, après plusieurs mois d'affrontements.

Présidé par le kurde Abdel Basset Sayda, le Conseil national syrien (CNS) est la principale coalition de la rébellion contre le régime de Bachar el-Assad.


Les hommes de la DGSE en appui aux tueurs de l’ASL !
par Louis Denghien, InfoSyrie.fr

Les Français qui s’intéressent un tant soit peu à la Syrie ont certainement déjà croisé au hasard de la Toile ou des journaux la signature de Richard Labévière, auteur notamment de « Quand la Syrie s’éveillera… » (Perrin). Richard Labévière est un spécialiste du Proche-Orient et du Moyen-Orient qu’il parcourt depuis longtemps et un des rares analystes-spécialistes-essayistes un peu « équilibrés » sur cette question.

Assistance à terroristes (et à Washington)

Justement, Labévière vient de donner un entretien au Parisien, ce 6 août. Dans lequel il confirme cette information, objet d’un silence vraiment consensuel de la presse française depuis le début de l’année : « Avec le service action de la DGSE, dit Richard Labévière, la France mène des opérations de formation et de soutien à l’ASL et à d’autres groupes armés ». Et notre spécialiste d’ajouter, pour l’édification des lecteurs du Parisien, que cette aide française porte plus particulièrement sur l’instruction d’artillerie et les moyens de transmissions.

« Plusieurs dizaines de conseillers militaires participent déjà à un état-major commun turc, américain et français à Chamagh (Turquie) » et cette fine équipe est renforcée encore par des Britanniques. Bref, ce fameux camp spécial américano-ASL en territoire turc, évoqué ces derniers jours par plusieurs sites et médias, certains mainstream, prend de la consistance. Quant à la France, on se doutait que les barbouzes à pied d’oeuvre en Turquie évoquées en octobre dernier par Le Point et le Canard enchaîné n’étaient sans doute pas rentrées à la maison.

Ainsi, un grand nombre de Français sauront désormais que des soldats français, des agents français, aident en ce moment l’ASL à installer le chaos et la guerre civile en Syrie, à une heure où même la grande presse ne peut pus cacher, ni les exactions, ni l’orientation islamiste radicale de ces supposés « combattants de la liberté ».

Justement, dans son entretien au Parisien, Richard Labévière tire la sonnette des Cassandre : « Il y a un vrai danger islamiste » (en Syrie) dit-il. « Plusieurs milliers d’activistes ont passé la frontière en provenance d’Irak, du Liban, de Turquie et de Jordanie ». À ce propos, Labévière donne des estimations des effectifs de ces groupes armés qui se trouvent correspondre à celles que nous avions déjà formulées : de 10 à 15 000 combattants pour tout le pays, dont, dit-il, 3 000 environ « relèvent directement de groupes djihadistes revendiquant l’idéologie d’al-Qaïda ».

Cela peut paraitre peu face à une armée syrienne généralement crédite de 300 000 hommes. Mais outre que 300 000 militaires ne font pas forcément 300 000 soldats aguerris, les bandes, à la notable exception d’Alep aujourd’hui et de Damas la veille, sont éparpillées en des centaines de petits groupes de quelques dizaines de membres qui ont pour eux la mobilité. Et l’armée ne peut mettre des postes dans chaque ville moyenne ou village : on a vu récemment qu’à Anadane, au nord d’Alep, deux ou trois-cents rebelles ont assailli un poste défendu par une cinquantaine de soldats ; le subjuguant au termes de plusieurs heures.

« Les alaouites dans la tombe, les chrétiens à Beyrouth ! »

Pour en revenir à l’entretien de Labévière au Parisien, il prédit, en cas de chute du régime, un gouvernement des Frères musulmans « au mieux », ou salafiste « au pire ». Et il conclut par ce slogan des opposants qu’il a personnellement entendu en Syrie : « Les alaouites dans la tombe, les chrétiens à Beyrouth ! »

C’est donc à ce programme que travaillent nos vaillant officiers de la DGSE : on ne s’en étonnera pas dans la France vassalisée de Sarkozy/Juppé et de Hollande/Fabius. 

« L’option diplomatique est morte »
Richard Labévière, spécialiste du Proche-Orient et du Moyen-Orient

Comment expliquez-vous l’impuissance de l’ONU dans la crise syrienne? Richard Labévière : Que Kofi Annan ait jeté l’éponge (jeudi dernier), c’est une catastrophe! Cela veut dire que l’option diplomatique est morte. Depuis que le plan d’Annan n’est plus sur la table, on s’inscrit désormais dans une logique de guerre. Cet homme remarquable avait parfaitement pris la mesure de cette crise en considérant que la médiation russe était essentielle, mais qu’il fallait également y associer l’Iran qui est à la fois une partie du problème et de la solution.

Quelles sont les raisons de ce blocage ?

Il y a d’abord l’intransigeance du régime syrien qui a géré cette crise de manière militaire depuis le début et a refusé d’ouvrir un débat avec son opposition intérieure. L’opposition syrienne est, elle, écartelée entre un Conseil national syrien, qui est le paravent des Frères musulmans financés par le Qatar, et les comités de coordination sur le terrain. Elle est incapable de susciter une plate-forme commune d’alternative crédible et de dialogue avec le régime. Les démocraties occidentales — à commencer par les Etats-Unis et la France — n’ont pas du tout aidé Kofi Annan, mais ont privilégié dès le départ l’option militaire sans l’avouer ouvertement, mais en laissant faire le Qatar et l’Arabie saoudite.

Que peut faire la France qui préside en août le Conseil de sécurité ?

La France ne pourra pas faire bouger les lignes et les veto russe et chinois qui sont structurels et non pas de simple conjoncture. Avec le « service action » de la DGSE, la France mène en revanche des opérations de formation et de soutien à l’Armée syrienne libre et à d’autres groupes armés. Sur le plan des transmissions et de l’artillerie : mortiers, missiles antichars et canons de 105 mm. Plusieurs dizaines de conseillers militaires participent déjà à un état-major commun turc, américain et français à Charnagh (Turquie), qui bénéficie d’une aide britannique à la frontière syrienne.

Les rebelles syriens sont-ils infiltrés par les islamistes ?

Il y a un vrai danger islamiste. Plusieurs milliers d’activistes ont passé la frontière en provenance d’Irak, du Liban, de Turquie et de Jordanie. On ne peut plus ignorer que, sur les 10000 à 15000 hommes en armes de l’opposition syrienne engagés contre l’armée gouvernementale, de 2000 à 3000 relèvent directement de groupes jihadistes revendiquant l’idéologie d’Al-Qaïda. C’est un réel problème pour l’après-Assad. L’après, ce seront les Frères musulmans dans le meilleur des cas. Ou les salafistes dans le pire des cas, avec ce slogan que j’ai personnellement entendu à la sortie des mosquées de la ceinture sunnite de Damas au printemps dernier : « Les alaouites dans la tombe, les chrétiens à Beyrouth! »



L’erreur de Sarkozy

Michel Garroté : – Je suis d’accord de ne plus taper sur Sarkozy aussi longtemps qu’il se tait. Mais lorsqu’il recommence à s’agiter, je recommence à lui taper dessus. Or, là, il a, comme d’habitude, outrepassé ses prérogatives, au demeurant inexistantes à ce stade, pour ficher le bazar dans l’épineux dossier syrien. Je rappelle que la guerre libyenne de Sarkozy est l’une des causes du chaos terroriste qui règne actuellement dans certains pays africains géographiquement proches de la Libye. A vrai dire, je n’ai pas imaginé une seule seconde que Sarkozy allait se retirer de la vie politique. Cependant, je ne m’attendais pas à ce qu’il gesticule publiquement avant la rentrée de septembre. Et je ne m’attendais pas à ce qu’il interfère dans le rôle de l’actuel président français (Flamby) et celui de l’actuel ministre français des Affaires étrangères (Giscardus). Au vu de ce qui précède, je continue de penser que Sarkozy souffre de perversion narcissique. Dois-je rappeler que Sarkozy – au temps de son mandat présidentiel – avait remis le reclus Al-Assad sur la scène internationale, en l’invitant en grandes pompes un certain 14 Juillet à Paris, suite à une onéreuse et inutile Conférence, à Paris également, de la soi-disant ‘Union Pour la Méditerranée’ ? (UPM à ne pas confondre avec UMP…).

Sur lepoint.fr, Mireille Duteil écrit à ce propos (extraits) :
En réclamant une intervention en Syrie, l’ancien président de la République se trompe sur tous les plans. On peut légitimement se demander si, en regrettant que la nouvelle majorité n’intervienne pas en Syrie, Nicolas Sarkozy se soucie prioritairement du sort des Syriens bombardés dans Alep et ailleurs ou s’il veut mettre dans l’embarras son successeur et sortir d’un silence qui commence à lui peser. Sans même polémiquer sur le fait qu’il soit étrange pour un tout récent ex-chef d’État de faire savoir qu’il a appelé au téléphone le responsable de l’opposition d’un pays en guerre, il faut rappeler que la Syrie n’est pas la Libye. Sur aucun plan. Déjà, jamais, compte tenu de l’actuelle opposition russe et chinoise au Conseil de sécurité, l’ONU ne donnera son feu vert à une intervention en Syrie. C’est précisément l’aval de l’ONU qui avait permis de justifier que l’Otan vole au secours de la population de Benghazi. La France, la Grande-Bretagne et les États-Unis s’étant ensuite octroyé le droit d’intervenir jusqu’à la disparition du régime de Muammar Kadhafi. C’est précisément cette extension du feu vert de l’ONU en Libye par les Occidentaux que la Russie leur fait payer aujourd’hui, même si ce n’est pas la seule raison qui explique l’entêtement de Moscou à soutenir Damas.

Deuxième différence : la Libye était un pays d’à peine sept millions d’habitants où une grande majorité de la population appelait de ses voeux un changement de régime ; la Syrie est une mosaïque de communautés et de religions de 22 millions d’habitants, dont une partie non négligeable craint un changement de régime. Ces Syriens ne soutiennent pas tant Bachar el-Assad qu’ils craignent l’arrivée au pouvoir d’une majorité sunnite dirigée par les Frères musulmans. Il ne faut pas oublier que le parti Baas, fondé par Michel Aflak, un chrétien, était socialiste et laïque. Troisième différence entre la Libye et la Syrie : la taille des armées. Il a fallu sept mois pour renverser le régime de Kadhafi qui possédait une armée mal équipée et peu nombreuse. L’armée syrienne bien équipée, entraînée, dispose d’armes chimiques et du soutien actif de la Russie et de l’Iran. Derrière cette bataille pour la chute de Bachar el-Assad, c’est un épisode d’une nouvelle guerre froide « soft » qui se déroule, conclut Mireille Duteil sur lepoint.fr .

Pour ce qui me concerne – cela sera ma conclusion – je trouve pathétique que Sarkozy fasse état d’une conversation téléphonique dans un communiqué envoyé à la presse. Et je trouve hautement maladroit qu’en sa qualité de citoyen, il s’immisce dans le conflit syrien en parlant avec un Kurde. Car le dossier syrien et la question kurde sont deux dossiers explosifs. Le juriste Sarkozy n’a jamais rien pigé à la géopolitique. Il vient de le prouver une fois de plus.

Michel Garroté, rédacteur en chef de Dreuz.info

1 commentaire:

  1. En ce nouvel avant-guerre, à quand l’écrivain qui nous donnera sa version contemporaine de « Bagatelles pour un massacre » ? … En espérant pour lui ce prix Nobel de la Paix que méritait tant Louis-Ferdinand Céline…

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