Qui ne risque rien n'est rien… sur le chemin de Damas, alors que les opinions ont cédé face aux faits…
on ne le dit assez : un âge n'en chasse pas un autre, tous les âges qu'on a vécu coexistent à l’intérieur de soi, ils s'empilent, et l'un prend le dessus au hasard des circonstances.

jeudi 21 janvier 2021

Que notre roi-martyr Louis XVI triomphe !…





Alban Guillemois,
artiste, illustrateur et scénariste de bande dessinée / auteur cinéma d'animation :
"Le virus républicain tue en masse depuis plus de 200 ans et, pourtant, personne n’en parle."




Le Roi ne meurt pas en France
Que notre roi-martyr Louis XVI soit désormais triomphant !…

Au matin du 19 janvier 1793, Chrétien de Lamoignon de Malesherbes, défenseur du Roi lors de son procès, vint dans la chambre où se tenait Louis XVI et lui annonça la sentence fatale qui venait d'être confirmée, puis il ajouta :
"Sire, tous les scélérats ne sont pas encore les maîtres et tout ce qu'il y a d'honnêtes gens viendra sauver votre Majesté ou périr à ses pieds".
Le Roi répondit :
"Monsieur de Malesherbes, cela compromettrait beaucoup de monde et mettrait la guerre civile dans Paris : j'aime mieux mourir. Je vous prie de leur ordonner de ma part de ne faire aucun mouvement pour me sauver. Le Roi ne meurt pas en France"…

Louis XVI en habit de sacre (manteau d'hermine) couronnement 11 juin 1775, [Antoine François Callet, 1779]

Quelle était la taille du Roi Louis XVI, les Français en ont une vague idée ! On l'a souvent décrit comme celle d'un petit rondouillard, idée qui persiste de nos jours hérité des caricatures révolutionnaires à vouloir jouer à rabaisser le roi dans l'imaginaire collectif. En réalité, le Roi Louis XVI mesurait entre 1,85 et 1,90 m. D'ailleurs, les dimensions du manteau confectionné pour le sacre révélé, 1,62 m de l'encolure aux pieds, ce qui accréditer une haute stature.

Le Roi Louis XVI, était également un homme de culture, Le roi parlait couramment l'anglais, l'allemand et pratiqué l'italien et l'espagnol. Très au fait des nouvelles techniques, le Roi contribua au financement du ballon des frères Montgolfier. C'est aussi sous son règne qu'il eu lieu, en 1785 la première traversée de la Manche par voie aérienne, à bord d'un aérostat piloté par Jean-Pierre Blanchard. Le roi ouvre au public, (bien avant les journées portes ouvertes républicaine) un bâtiment où celui-ci assistera à des démonstrations du fonctionnement des machines nouvelles, jetant ainsi, les jalons des Arts et des Métiers. Le Roi, n'hésita pas à se faire inoculer afin de prouver une méthode, ( celle qui consiste à introduire dans l'organisme une goutte de pus d'un individu en voie de guérir de la petite vérole ) peut préserver de la maladie, ( le vaccin de Jenner n'apparaîtra qu'en 1796. Un des faits majeurs du Roi Louis XVI, la torture est aboli avant 1789.

( Loin d'un Roi aux allures médiocre décrit trop souvent par des historiens à la solde de la république ), notre Roi fut avant tout un Roi moderne qui fit avancer la monarchie sous l'ère du progrès et de l'ambition. Un Roi très chrétien qui su aimer son peuple, et le pardonner lors de son exécution ! )



Portrait officiel du roi Louis XVI, roi de France (1754-1793), en grand manteau royal
[Joseph Siffred Duplessis, 1777]
Louis XVI, par Joseph Siffred Duplessis

Duplessis reçut en 1774 la commande d’un portrait en pied de Louis XVI vêtu du costume du sacre. L’œuvre devait couronner sa carrière. Aussi apporta-t-il un soin tout particulier à son exécution. Alors même qu’il travaillait à l’effigie monumentale, le peintre peignit aussi un portrait en buste de son royal modèle. Sur les deux œuvres, le visage du souverain devait être identique, Louis XVI n’ayant accepté de poser que très peu de temps. Au Salon de 1775, le maître put exposer le portrait en buste. La toile connut un immense succès, louée tant pour la vérité de sa couleur, la fermeté de sa touche, la finesse de ses détails (Mercure de France), que pour l’air de majesté et le regard noble et tendre qui faisaient lire sur le front royal les vertus du cœur (Nodille de Rosny). Aussitôt, Duplessis fut invité à livrer des copies de son œuvre. Avec l’aide de son atelier, il en produisit de 1776 à 1783 un très grand nombre. La toile de Versailles compte parmi les plus belles versions du portrait.

« Marie-Antoinette » Catalogue de l’exposition à Paris en 2008




Cette vidéo vous propose quelques éléments de réponse pour montrer à quel point le Roi Louis XVI était loin de l'imagerie révolutionnaire, malheureusement encore trop souvent d'actualité. Ce grand roi avait un réel souci du sort du peuple français, et les réformes qu'il fit durant son règne en sont la preuve la plus évidente !



Le 21 janvier 2020, à 19h à Saint-Eugène - Sainte-Cécile (Paris IX), messe solennelle de requiem pour le roi Louis XVI






Messes pour le salut éternel de Sa Majesté le Très Chrétien Roi de France Louis XVI,
victime de la barbarie révolutionnaire (liste non exhaustive)


À Montpellier, le 21 janvier


En Bourgogne, ce 18 janvier

À Avignon, le 18 janvier

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Chers Amis,

Avant de commencer mon message, permettez-moi de dire quelques mots à la mémoire de M. le duc de Bauffremont qui vient de nous quitter. Durant plus de soixante ans il s’est consacré, corps et âme, à la cause de la royauté légitime. Il a été au côté de mon grand-père, puis de mon père et depuis 1989 auprès de moi, j’ai pu constater combien sa fidélité était à toute épreuve. Il savait braver les tempêtes et assurer la continuité de l’action. La cause de la monarchie lui doit beaucoup à travers tout le travail qu’il a accompli. Je redis à ses enfants et à toute sa famille, combien ma peine a été profonde en apprenant l’élévation au Ciel, de celui qui ne pouvait concevoir le service du roi sans celui vis-à-vis de Dieu. Qu’il repose en paix et demeure dans vos prières à vous qui savez aussi être fidèles.

Une nouvelle fois, merci de votre fidélité. Elle trouve sa source dans le souvenir du Roi Martyr et se développe dans l’espérance que vous mettez en l’avenir de notre Pays.

La France, comme en 1793, parait de nos jours bien malade. Depuis des années une crise la ronge en la faisant douter d’elle-même puisque chaque jour on l’appelle au reniement. Il faudrait qu’elle oublie les gloires de son passé, qu’elle oublie la grandeur de son histoire ? Elle se devrait d’être en repentance ? Mais de quelle repentance pourrait-il s’agir ?

Regardons le règne de Louis XVI qui, à lui seul, synthétise tous ceux qui l’ont précédé. Pour la gloire et la grandeur du pays, mises à mal par le Traité de Paris, il a su, mettre un frein à la puissance anglaise, en privant la couronne britannique de ses colonies américaines et en créant le port moderne de Cherbourg ; en matière de « justice sociale » expression qu’il fut le premier à utiliser, Louis XVI prôna la réforme fiscale ; pour tenir compte des évolutions de son temps il reconnut des droits aux Protestants et aux Juifs ; dans le domaine scientifique, il encouragea les recherches les plus novatrices de l’aérostation à la machine à vapeur et à l’expédition de La Pérouse ; pour améliorer les conditions de vie des « exclus sociaux » du temps il soutint les œuvres en faveur des sourds-muets et des aveugles. Oui, son règne a été grand notamment par ses innovations. Il le fut car il était animé par la promesse qu’il avait faite lors de son sacre, celle du décalogue. Le roi très chrétien, le fils aîné de l’Église, avait comme objectif d’assurer le bien commun de ses peuples et le salut des âmes. Voilà en quelques mots, résumé, le programme des Rois. Cela ne vaut-il pas mieux que toutes les explications peu crédibles et tentatives peu convaincantes tant elles sont loin des réalités, de nos gouvernants contemporains.

Le testament de Louis XVI, relu après la messe, est empreint de Vérité, Vérité absente du langage politique actuel, ni vrai ni juste. L’ensemble du Testament reflète ainsi cette humilité du Roi qui ne cherche nullement à se justifier devant les hommes, mais s’en remet à Dieu, vrai souverain et vrai juge. Ne pas se tromper de valeur et rester en cohérence avec sa conscience. Ainsi, le premier reproche à adresser à la révolution et à la république naissante, est d’avoir inversé le sens des mots. La Liberté a supprimé les libertés ; la société ancienne reposant sur les solidarités a été peu à peu sacrifiée à tous les égoïsmes et à l’individualisme alors même qu’étaient prônées l’égalité et la fraternité. Deux siècles après Louis XVI, la société n’a jamais été aussi éclatée. Elle est à reconstruire !

Alors, continuons à honorer la mémoire du Roy-Martyr, et sachons pour l’époque dans laquelle nous vivons, en retirer toutes les leçons. Sachons, nous aussi, concilier la tradition et le progrès. Sachons donner du sens à nos actions. Comme Louis XVI pensons à nos compatriotes et sachons par ce que nous portons et représentons leur redonner espoir et leur rappeler les principes qui doivent régir la société humaine. Nous ne devons pas être des nostalgiques d’un ordre ancien qui ne reviendra pas, mais, au contraire, nous devons être les artisans d’un monde nouveau qui attend beaucoup de l’exemple de ce que fut la royauté française et ses réussites. Si l’histoire ne se reproduit pas, en revanche, elle peut apporter des recettes. Les deux principales qu’il faut retenir en ce début d’année sont la place centrale reconnue à l’homme de la naissance à ses fins dernières et le sens du Bien commun. Disons non à toutes les manipulations et travestissements de la vie naturelle. Disons non à la société individualiste et à ses excès depuis qu’elle a perdu le sens des autres tout en proclamant le contraire. Disons non au mensonge.

Cela c’est à chacun de nous qu’il appartient de le faire. Il faut savoir s’engager dans nos vies professionnelles et familiales. La société ne se réformera que si nous savons, les uns et les autres prendre nos responsabilités et, pour les chrétiens, être fidèles aux promesses de notre baptême. N’est-ce pas le symbole du sacrifice de Louis XVI, il faut savoir dire non si nécessaire quand notre conscience nous le demande.

Au-delà de ce message, je souhaite, malgré les nuages amoncelés sur nos têtes, à vous tous, à vos familles, vos proches, une bonne et sainte année 2020 sous la protection de Sainte-Jeanne d’Arc.

Louis, Duc d’Anjou









Pour témoigner de son attachement à la loi naturelle et défendre la famille, notre roi Louis XX se mêle aux manifestants de la "Manif pour tous" contre la PMA et la GPA.















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Parmi les lectures qui s'imposent, l'abbé Augustin Barruel, mort en 1820 et Augustin Cochin, mort pour la France en 1916, qui développa son analyse.

Les travaux de l'abbé Augustin Barruel consistent à affirmer que la Révolution française n'a pas été un mouvement de révolte spontanée du peuple, mais un processus organisé pendant plusieurs décennies dans des loges et dans des clubs — en particulier celui des Jacobins — afin de permettre à la bourgeoisie libérale de s'emparer du pouvoir. Barruel explique la Révolution par le complotisme contre les tenants d'une révolution spontanée et populaire.

Augustin Cochin désigne la franc-maçonnerie comme une des instigatrices de la Révolution française avec d'autres « sociétés de pensée » mais en cherchant à dépasser la thèse du complot défendue par l'abbé Barruel pour se baser sur une analyse plus factuelle du processus de la Révolution de 1789.

Pour cela il prit appui sur la méthode sociologique que venait d'introduire Émile Durkheim, en cherchant à en éliminer le déterminisme. Sa thèse principale est que la démocratie moderne est née d'une prise de pouvoir d'un genre radicalement nouveau, caractérisé par une dualité entre la réalité des rapports politiques et la fantasmagorie de leur représentation sociale, dualité rendue possible et durable par le mécanisme d'entraînement sophistique extrêmement efficace des « sociétés de pensée » (salons philosophiques, clubs politiques, loges maçonniques, plus tard, partis idéologiques).

Pour Cochin, une règle générale détermine le corps maçonnique : toute délibération officielle est précédée d’une délibération officieuse et déterminée par elle ; autrement dit tout groupe franc-maçon est dirigé sans le savoir par un groupe plus restreint, assez peu nombreux pour être uni et avoir une ligne de conduite.

Abbé Augustin Barruel : Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme

 






Augustin Cochin : La Machine révolutionnaire (19 avril 2018)
Patrice Gueniffey : « Si un historien fut longtemps ignoré, et pour de mauvaises raisons, c’est bien Augustin Cochin. On peut même dire que l’homme et l’oeuvre seraient tombés dans un oubli complet si François Furet ne les avait tirés du sépulcre où l’historiographie révolutionnaire de la Révolution les avait ensevelis. À l’heure où l’on se gargarise de mots, à l’heure où le despotisme de “l’opinion”, ou de ce qui en tient lieu, se fait plus sentir que jamais, à l’heure où la démocratie partout célébrée est davantage un mantra qu’une réalité, en ces temps de disette et de médiocrité de la pensée, le retour aux grandes œuvres, originales et puissantes, est toujours comme un bain de Jouvence ». Chartiste de formation, historien de métier et sociologue de tempérament, Augustin Cochin est mort au champ d’Honneur à trente-neuf ans, en 1916. François Furet le considérait comme l’un des deux historiens, qui, avec Tocqueville, surent penser la Révolution française. Cochin est assurément celui qui a mis à jour le mécanisme de la Révolution, au sein de sociétés de pensée qui vont modeler une opinion publique nouvelle et l’esprit démocratique moderne. Cette œuvre majeure, pour la première fois accessible dans sa quasi-exhaustivité, permet à la fois de comprendre l’effondrement de l’Ancien Régime et de visiter les soubassements du phénomène démocratique. Outre l’essentiel du corpus d’histoire de la Révolution, dont le fameux "Les Sociétés de pensée et la démocratie", cet ouvrage contient l’ensemble des études de Cochin sur le protestantisme français, jusqu’ici jamais publiées en volume. Il donne aussi à lire la correspondance inédite de l’historien où la finesse de l’homme vient percer la carapace du chercheur. Augustin Cochin fera toujours débat. Mais les questions qu’il entreprit d’explorer en solitaire il y a un siècle sont encore d’aujourd’hui. C’est déjà beaucoup, et assez pour lui accorder toute notre attention.




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Herodote - Louis XVI (1754 - 1793) : La bonté couronnée

Groupe d'Action Royaliste

Nos raisons pour la Monarchie

Manufacture royale

Il faisait froid, ce tragique matin du 21 janvier 1793

À Notre Bon Roi Très-Chrétien et Martyr, Louis XVI le Bienfaisant (2017)…

À Notre Bon Roi Très-Chrétien et Martyr, Louis XVI le Bienfaisant (2016)…

À Notre Bon Roi Très-Chrétien et Martyr, Louis XVI le Bienfaisant (2015)…  

21 janvier 1793 : Louis XVI, notre bon roi assassiné par la franc-maçonnerie
Messes pour Louis XVI… 2013… la Dérévolution de la France, bientôt une réalité

21 janvier 2012 - Hommage à Louis XVI

Testament de Louis XVI

 

Testament de Louis XVI

le 25 décembre 1792

Au nom de la très Sainte Trinité, du Père, du fils et du Saint Esprit.
Aujourd’hui vingt-cinquième de décembre mil sept cent quatre vingt douze. Moi, Louis, XVIème du nom, Roi de France, étant depuis plus de quatre mois enfermé avec ma famille dans la Tour du Temple à Paris, par ceux qui étaient mes sujets, et privé de toute communication quelconque, même depuis le onze du courant avec ma famille. De plus impliqué dans un Procès dont il est impossible de prévoir l’issue à cause des passions des hommes, et dont on ne trouve aucun prétexte ni moyen dans aucune loi existante, n’ayant que Dieu pour témoin de mes pensées, et auquel je puisse m’adresser. Je déclare ici en sa présence, mes dernières volontés et mes sentiments. Je laisse mon âme à Dieu mon créateur, et je le prie de la recevoir dans sa miséricorde, de ne pas la juger d’après ses mérites, mais par ceux de Notre Seigneur Jésus Christ qui s’est offert en sacrifice à Dieu son Père, pour nous autres hommes, quelque indignes que nous en fussions, et moi le premier. Je meurs dans l’union de notre sainte Mère l’Église Catholique, Apostolique et Romaine, qui tient ses pouvoirs par une succession non interrompue de Saint Pierre auquel J.C. les avait confiés. Je crois fermement et je confesse tout ce qui est contenu dans le Symbole et les commandements de Dieu et de l’Église, les Sacrements et les Mystères tels que l’Église Catholique les enseigne et les a toujours enseignés. Je n’ai jamais prétendu me rendre juge dans les différentes manières d’expliquer les dogmes qui déchirent l’Église de J.C., mais je m’en suis rapporté et rapporterai toujours, si Dieu m’accorde vie, aux décisions que les supérieurs Ecclésiastiques unis à la Sainte Église Catholique, donnent et donneront conformément à la discipline de l’Église suivie depuis Jésus-Christ. Je plains de tout mon coeur nos frères qui peuvent être dans l’erreur, mais je ne prétends pas les juger, et je ne les aime pas moins tous en J.C. suivant ce que la charité Chrétienne nous l’enseigne. Je prie Dieu de me pardonner tous mes péchés, j’ai cherché à les connaître scrupuleusement, à les détester et à m’humilier en sa présence, ne pouvant me servir du Ministère d’un Prêtre Catholique. Je prie Dieu de recevoir la confession que je lui en ai faite, et surtout le repentir profond que j’ai d’avoir mis mon nom, (quoique cela fut contre ma volonté) à des actes qui peuvent être contraires à la discipline et à la croyance de l’Église Catholique à laquelle je suis toujours resté sincèrement uni de coeur. Je prie Dieu de recevoir la ferme résolution où je suis, s’il m’accorde vie, de me servir aussitôt que je le pourrai du Ministère d’un Prêtre Catholique, pour m’accuser de tous mes péchés, et recevoir le Sacrement de Pénitence. Je prie tous ceux que je pourrais avoir offensés par inadvertance (car je ne me rappelle pas d’avoir fait sciemment aucune offense à personne), ou à ceux à qui j’aurais pu avoir donné de mauvais exemples ou des scandales, de me pardonner le mal qu’ils croient que je peux leur avoir fait. Je prie tous ceux qui ont de la Charité d’unir leurs prières aux miennes, pour obtenir de Dieu le pardon de mes péchés. Je pardonne de tout mon coeur à ceux qui se sont fait mes ennemis sans que je leur en aie donné aucun sujet, et je prie Dieu de leur pardonner, de même que ceux qui par un faux zèle, ou par un zèle mal entendu, m’ont fait beaucoup de mal. Je recommande à Dieu, ma femme, mes enfants, ma Soeur, mes Tantes, mes Frères, et tous ceux qui me sont attachés par les liens du sang, ou par quelque autre manière que ce puisse être. Je prie Dieu particulièrement de jeter des yeux de miséricorde sur ma femme, mes enfants et ma soeur qui souffrent depuis longtemps avec moi, de les soutenir par sa grâce s’ils viennent à me perdre, et tant qu’ils resteront dans ce monde périssable. Je recommande mes enfants à ma femme, je n’ai jamais douté de sa tendresse maternelle pour eux ; je lui recommande surtout d’en faire de bons Chrétiens et d’honnêtes hommes, de leur faire regarder les grandeurs de ce monde ci (s’ils sont condamnés à les éprouver) que comme des biens dangereux et périssables, et de tourner leurs regards vers la seule gloire solide et durable de l’Éternité. Je prie ma soeur de vouloir bien continuer sa tendresse à mes enfants, et de leur tenir lieu de mère, s’ils avaient le malheur de perdre la leur. Je prie ma femme de me pardonner tous les maux qu’elle souffre pour moi, et les chagrins que je pourrais lui avoir donnés dans le cours de notre union, comme elle peut être sûre que je ne garde rien contre elle si elle croyait avoir quelque chose à se reprocher. Je recommande bien vivement à mes enfants, après ce qu’ils doivent à Dieu qui doit marcher avant tout, de rester toujours unis entre eux, soumis et obéissants à leur mère, et reconnaissants de tous les soins et les peines qu’elle se donne pour eux, et en mémoire de moi. Je les prie de regarder ma soeur comme une seconde mère. Je recommande à mon fils, s’il avait le malheur de devenir Roi, de songer qu’il se doit tout entier au bonheur de ses concitoyens, qu’il doit oublier toute haine et tout ressentiment, et nommément tout ce qui a rapport aux malheurs et aux chagrins que j’éprouve. Qu’il ne peut faire le bonheur des Peuples qu’en régnant suivant les Lois, mais en même temps qu’un Roi ne peut les faire respecter, et faire le bien qui est dans son coeur, qu’autant qu’il a l’autorité nécessaire, et qu’autrement, étant lié dans ses opérations et n’inspirant point de respect, il est plus nuisible qu’utile. Je recommande à mon fils d’avoir soin de toutes les personnes qui m’étaient attachées, autant que les circonstances où il se trouvera lui en donneront les facultés, de songer que c’est une dette sacrée que j’ai contractée envers les enfants ou les parents de ceux qui ont péri pour moi, et ensuite de ceux qui sont malheureux pour moi. Je sais qu’il y a plusieurs personnes de celles qui m’étaient attachées, qui ne se sont pas conduites envers moi comme elles le devaient, et qui ont même montré de l’ingratitude, mais je leur pardonne, (souvent, dans les moment de troubles et d’effervescence, on n’est pas le maître de soi) et je prie mon fils, s’il en trouve l’occasion, de ne songer qu’à leur malheur. Je voudrais pouvoir témoigner ici ma reconnaissance à ceux qui m’ont montré un véritable attachement et désintéressé. D’un côté si j’étais sensiblement touché de l’ingratitude et de la déloyauté de gens à qui je n’avais jamais témoigné que des bontés, à eux et à leurs parents ou amis, de l’autre, j’ai eu de la consolation à voir l’attachement et l’intérêt gratuit que beaucoup de personnes m’ont montrés. Je les prie d’en recevoir tous mes remerciements ; dans la situation où sont encore les choses, je craindrais de les compromettre si je parlais plus explicitement, mais je recommande spécialement à mon fils de chercher les occasions de pouvoir les reconnaître. Je croirais calomnier cependant les sentiments de la Nation, si je ne recommandais ouvertement à mon fils MM de Chamilly et Hue, que leur véritable attachement pour moi avait portés à s’enfermer avec moi dans ce triste séjour, et qui ont pensé en être les malheureuses victimes. Je lui recommande aussi Cléry des soins duquel j’ai eu tout lieu de me louer depuis qu’il est avec moi. Comme c’est lui qui est resté avec moi jusqu’à la fin, je prie MM de la Commune de lui remettre mes hardes, mes livres, ma montre, ma bourse, et les autres petits effets qui ont été déposés au Conseil de la Commune. Je pardonne encore très volontiers à ceux qui me gardaient, les mauvais traitements et les gênes dont ils ont cru devoir user envers moi. J’ai trouvé quelques âmes sensibles et compatissantes, que celles-là jouissent dans leur coeur de la tranquillité que doit leur donner leur façon de penser. Je prie MM de Malesherbes, Tronchet et de Sèze, de recevoir ici tous mes remerciements et l’expression de ma sensibilité pour tous les soins et les peines qu’ils se sont donnés pour moi. Je finis en déclarant devant Dieu et prêt à paraître devant Lui, que je ne me reproche aucun des crimes qui sont avancés contre moi. Fait double à la Tour du Temple le 25 décembre 1792. Louis

Fac-simile du Testament de Louis XVI  [Gallica]

Testament de Louis XVI  - feuillet 1

Testament de Louis XVI  - feuillet 2

Testament de Louis XVI  - feuillet 3

Testament de Louis XVI  - feuillet 4


mardi 19 janvier 2021

Bône, 19 janvier 1962… Noël Méï assassiné par un dément : un gaulliste inconditionnel !…





Que chacun, en cette journée anniversaire, ait une pensée pour ce jeune Bônois, Noël Méï, 15 ans, assassiné de sang-froid il y a tout juste cinquante-neuf ans, par un magistrat dont le seul credo est d’« être gaulliste inconditionnel »… La voie de son maître…

La confrontation d'évènements récents et de faits plus anciens suffit à établir une parenté étroite entre gaullisme et islamisme, plus exactement à prouver qu'ils relèvent d'une maladie mentale, une pathologie psychiatrique souvent ancienne et lourde… reposant gaullisme et islamisme sur le culte d'un mythe…

Ces dernières années des évènements ont frappé la France, tous attribués à des islamistes… Que ce soit à Nantes, Joué-les-Tours, Dijon… Des attaques islamistes individuelles… Une opération ponctuelle contre l'équipe rédactionnelle de Charlie Hebdo suivie d'une prise d'otages à Vincennes dans une épicerie juive… À Conflans-Sainte-Honorine un instituteur égorgé… Tous ces actes explicitement ou non ont été attribués à des malades mentaux… Des actes délirants commis par des malades ne supportant pas que leur idole soit caricaturée peu ou prou ou tout simplement démythifiée…

Bône, le 19 janvier 1962 a vécu, selon la thèse officielle jamais démentie, un évènement impliquant le même processus mental… Un jeune procureur militaire surprenant par hasard un gamin barbouillant les murs d'inscriptions "OAS" a subitement perdu la raison… Un gamin qui n'aimait pas l'idole au juge, qui bien plus la haïssait très certainement, osait indirectement le proclamer en affirmant sa confiance en l'OAS, symbole de la résistance de son peuple à la trahison d'une idole infâme… Une idole, comme toutes les idoles, construite sur un mythe, une affabulation… Le procureur a simplement confessé : "Je suis un gaulliste inconditionnel"… Tout le monde l'a cru. Tout le monde a compris. Ou fait semblant. Les juges jugeant le juge ont accepté la thèse, l'inscrivant dans la jurisprudence… "Le gaullisme est une maladie mentale"

Et comment ne pas rappeler le meurtre de ce dessinateur au talent fou, René Trouvé, dont les caricatures ont été publiées par Aux Écoutes puis par Le Meilleur… René Trouvé a été assassiné, le 19 février 1976, de deux balles en plein front, dans le réduit aux poubelles de son immeuble de la rue Bayard, par deux tueurs commandités par le chef des barbouzes gaullistes de Toulouse, Claude Birague, "chef de clinique O.R.L. et de chirurgie maxillo-faciale, lauréat de la Faculté. Médaille d'or. Nez, gorge, oreille, œsophage"
René Trouvé assassiné le 19 février 1976 à Toulouse
sur ordre du Docteur Claude Birague
"Procureur" ou "chef de clinique", les fous du gaullisme inconditionnel graviteraient plutôt dans les hautes sphères de la société… Assassin d'un caricaturiste, voilà encore un fou du gaullisme, qui aurait donné l'exemple aux tueurs islamistes (ou leurs commanditaires) de Charlie Hebdo… Décidément les liens de parenté entre gaullistes et islamistes ne manquent pas… Suffit de creuser un peu dans les mémoires…

Gaullisme et islamisme… Ainsi, et bien plus, au delà de la maladie mentale et ses ravages, gaullisme et islamisme sont étroitement liés par le terrorisme… Gaullisme et islamisme connaissent la même pratique du terrorisme : inutile de rappeler toutes les exactions et attentats commis par les barbouzes de DeGaulle à Alger ou, sous la couverture de Charles Pasqua, le terrorisme du SAC en métropole… DeGaulle, terroriste certes… mais un terroriste lié au service du FLN devant lequel il a capitulé pour s'y substituer dans l'accomplissement de ses basses œuvres contre les Français d'Algérie… Une "soumission", dirait aujourd'hui plus exactement Michel Houellebecq. Un Michel Houellebecq encensé, ô ironie, par nombre de ces Français incultes, à l'image de la Marine Le Pen alors que dans le même élan imbécile ceux-là ne tarissent pas de louanges à l'égard de DeGaulle à l'origine de cette même "Soumission" et responsable premier de la montée de l'islamisme et du djihadisme en France, dans le sillage du précurseur FLN au pied duquel DeGaulle a offert sa capitulation… …

Gaulliste "inconditionnel" :
dément, meurtrier… et juge !

Le gaullisme a ainsi bien été reconnu comme maladie mentale, et ce dès le 19 janvier 1962. C'est à la tombée de la nuit ce 19 janvier 1962, que le procureur de la République, Gilbert Palvadeau, alors sous-lieutenant attaché au Parquet militaire de Bône, tirant deux fois avec son arme de service, a froidement abattu le jeune Noël Méi, 15 ans, qui collait des affiches. Des affiches qui ne plaisaient pas à Gilbert Palvadeau, comme pour d'autres cinquante ans plus tard certaines caricatures. Gilbert Palvadeau portait l'uniforme de sous-lieutenant de l'armée française et les insignes de la justice militaire. Il n'était pas ivre non plus. Personne ne le connaissait pour s'adonner aux stupéfiants, et sa situation même supposait un certain équilibre moral et nerveux. Pour sa défense Gilbert Palvadeau a tout simplement déclaré : "Je suis un gaulliste inconditionnel". Argument déterminant ? Si les autorités appréhendaient discrètement le sous-lieutenant meurtrier, promettant face à l'indignation générale qu'on le jugerait, jamais il ne fut ni inculpé ni condamné. Irresponsable ! Malgré cette démence, sans que rien n'atteste qu'il se fût soigné, on l'envoya ensuite juger les autres à Djibouti. Puis, l'oubli venu pensait-on, dès 1966, le garde des Sceaux Jean Foyer le récompensa en le nommant substitut du procureur de la République au tribunal de grande instance de Troyes.

Gilbert Palvadeau, un nom à inscrire très haut au Tableau d'Horreur du gaullisme en compagnie  des islamistes d'aujourd'hui.

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"Le gaullisme est une maladie mentale" :
Nombreux et déterminés  restent ceux attachés à cette vérité historique… 


Parmi les nombreux sites fidèles à cette vérité, je n’en citerai qu’un : La Seybouse… Un site animé par un homme courageux dont le travail intense au service de la mémoire des citoyens, toutes origines confondues, de sa bonne et coquette ville de Bône mérite d’être souligné… Un site foisonnant de documents et d’informations…


Obsèques de Noël Méï : la montée de la basilique Saint-Augustin (La Seybouse n°138, avril 2014)


Il était 18 h 45 ce 19 janvier 1962 à Bône. La nuit commençait à tomber et bientôt le couvre-feu (c’est à dire l’interdiction à quiconque non autorisé de circuler) serait effectif. Sur la place Alexis Lambert, place située à quelques centaines de mètres du centre ville, deux jeunes garçons collaient des affiches de l’O.A.S. sur la façade de l’école tenue par les sœurs de la Doctrine Chrétienne ; c’était une école maternelle que tout(e) jeune Bônois(e) a fréquenté au moins une année. Par ce geste patriotique bien dérisoire, ces deux très jeunes garçons participaient à leur manière à la résistance pour garder à la France ses départements d’Afrique du Nord, dont la superficie était cinq fois supérieure à l’ensemble des départements métropolitains. Faut-il préciser que leur action ne menaçait personne et ne mettait personne en danger, et surtout pas le troisième acteur de ce bien triste drame. Une 2 CV de l’armée conduite par le sous-lieutenant Gilbert PALVADEAU passait au même moment ; ce dernier vit les deux jeunes garçons. Bien sûr leur activité n’était pas légale et même interdite ; mais pas au point de condamner à mort ipso facto ces deux jeunes garçons, surtout sans procès – précision supplémentaire faite que Gilbert PALVADEAU, originaire de Villejuif, était juriste de formation. C’est bien pourtant ce qui s’est passé. Gilbert PALVADEAU, substitut du procureur militaire attaché au général commandant la zone-Est constantinois, descendit de son véhicule et tira sur les deux adolescents, tuant net l’un d’entre eux Noël MÉI, âgé de 15 ans et blessant son jeune camarade âgé de 14 ans. Les détails sur les témoignages ne sont pas totalement concordants ; il est affirmé dans certains d’entre eux que Noël MÉI a été abattu d’une balle dans le dos alors que d’autres prétendent que la balle a été tirée en plein cœur. À ce stade, dans le dos ou dans le cœur, l’acte est dans les deux cas inadmissible d’autant plus qu’il a été perpétré par un militaire qui n’était pas menacé, donc absolument pas en état de légitime défense. Cet acte, comme tant d’autres, restera toujours inqualifiable. La famille a demandé, à juste titre, que l’affaire soit jugée. À ma connaissance elle n’a jamais été jugée, Gilbert PALVADEAU a été transféré très précipitamment à Djibouti. En mars 1966, Gilbert PALVADEAU était intronisé comme substitut du procureur de la République au Tribunal de grande instance de Troyes... pour juger les crimes et délits commis par les « autres ».
Suite au décès de Noël MÉI, une immense émotion s’est abattue sur la ville de Bône. L’endroit où fût tué Noël a été immédiatement fleuri par les sœurs de la Doctrine Chrétienne suivies bientôt par l’ensemble de la population bônoise ; ainsi gerbes, couronnes, bouquets étaient déposés autour de la photo de l’adolescent. Comme si cette mort n’était pas suffisante, la foule présente pour se recueillir fût mitraillée depuis un véhicule occupé par des militants FLN ; bilan deux morts européens supplémentaires.
Le 22 janvier 1962 les obsèques de Noël MÉÏ se sont déroulées en présence d’une foule évaluée à 20000 personnes. La ville dans son ensemble était en deuil ; les magasins étaient fermés, les administrations et les services ne fonctionnaient pas pour marquer leur deuil et leur solidarité à cette modeste famille bônoise. L’après-midi eurent également lieu les obsèques de Mademoiselle Andrée ZAMMIT, âgée de 17 ans, tuée la veille par l’explosion d’un obus piégé placé par le F.L.N. devant une boucherie ; cet attentat avait fait 4 autres morts supplémentaires et 24 blessés.
[Extrait d'un article de Pierre Spiteri, professeur des Universités : Tragiques faits occultés similaires à la fusillade de la rue d’Isly, 26 mars 1962. L'intégralité de cet article est en accès libre sur Calameo.]
Que chacun, en cette journée anniversaire, ait une pensée pour ce jeune Bônois, Noël Méï 15 ans, assassiné de sang-froid il y a tout juste cinquante-neuf ans, par un magistrat dont le seul credo est d’« être gaulliste inconditionnel »… La voie de son maître…


Noël Méï 1945-1962 : "À notre fils et frère chéri héros de l'Algérie française"

L'assassinat de Noël Meï, 16 ans, par le S/Lt Gilbert Palvadeau à Bône

OAS : assassinat de Noël Meï par le sous-lieutenant Palvadeau


L'assassinat de Noël Méï, récit d'André Offner 1/2

L'assassinat de Noël Méï, récit d'André Offner 2/2

Gilbert Palvadeau, gaullolâtre juge assassin… et pas jugé !



 *   *   * 


Extrait du Nouvel Observateur du 26 juin 1978
Extrait du Nouvel Observateur du 26 juillet 1976


Le Monde : Notable gaulliste, un médecin de Toulouse est accusé d'être à l'origine du meurtre d'un journaliste (19 juillet 1976)








samedi 16 janvier 2021

16 janvier 1793… Philippe Égalité vote la mort du roi Louis XVl



Philippe Égalité siège à la Convention dans les rangs des Montagnards. Plutôt qu'un allié ou un véritable sympathisant, le cousin de Louis XVI, pris au piège de ses fanfaronnades patriotiques, est devenu le misérable otage des extrémistes révolutionnaires. "Au moins ceux-là ont voulu m'avoir et, pour tout dire, il n'y a qu'eux qui m'aient voulu", avoue-t-il piteusement à son fils aîné, le futur Louis Philippe. Ce qui va le conduire, le 16 janvier 1793, à voter la mort du roi…


Louis-Philippe d'Orléans dit Philippe Égalité, régicide et grand maître du Grand Orient de France
sera guillotiné le 6 novembre 1793

La Monarchie a été abolie et la République proclamée. L'abbé Grégoire s'exclame : "Les rois sont dans l'ordre social ce que les monstres sont dans l'ordre physique". Le peuple de Paris tend à exercer une véritable dictature sur la Convention en réclamant à cor et à cri que le roi passe en jugement. Début novembre 1792, un rapport du comité de législation conclut que "Louis XVI est jugeable et qu'il doit être jugé pour les crimes qu'il a commis sur le trône". Tel un acte d'accusation, il stipule que "le Roi a organisé la trahison dans toutes les places limitrophes et intérieures" et rend le souverain responsable des morts du 10 août. Reste à la Convention à décider du sort de Louis Capet, dont elle est habilitée à mener le procès.

La découverte de documents prouvant qu'il a entretenu des relations avec certains émigrés et négocié avec l'Autriche, scelle le sort de Louis XVI. Philippe Égalité est convaincu des intentions contre-révolutionnaires du souverain, mais se tourmente quant à la peine que son cousin devra encourir. La violence des passions qui animent l'Assemblée et le peuple de la capitale est telle qu'il est conscient de l'impossibilité de se contenter d'invoquer la Constitution de 1791 et de simplement déposer le Roi. Nul ne peut plus entendre les arguments de justice et de légalité ! Le prince ne voit d'autre solution que de s'abstenir de paraître au procès. Encore faut-il trouver une raison valable… Il imagine de se récuser en raison de son animosité, connue de tous, envers son cousin, qui l'empêcherait de juger avec impartialité. Mais il ne veut pas être le seul député à ne pas siéger… Lorsqu'il paraît le 11 décembre, premier jour du procès, Philippe Égalité est aussi suspect pour les uns qu'odieux pour les autres, tels les Girondins, qui le soupçonnent de briguer la régence.
Louis XVI comparaît. Blême, il ne peut qu'inspirer la pitié. Il demande à voir les papiers qui l'accusent d'avoir organisé la contre-révolution et déclare ne pas les reconnaître. Quelques députés, troublés, suggèrent que les pièces saisies soient expertisées, mais la majorité rejette leur requête. L'Assemblée suspend le procès pour quelques jours et se contente d'accorder au Roi l'assistance de trois avocats. Entre le 26 décembre et le 7 janvier, les débats reprennent, houleux, et Philippe Égalité ne demande pas une seule fois la parole.
Aux derniers fidèles qui l'adjurent de s'abstenir, Philippe Égalité répond qu'il ne votera pas contre son parent. Le jour fatidique approche. Le 14 janvier 1793, l'Assemblée pose trois questions : sur la culpabilité du roi, le recours au peuple, la peine à infliger. Égalité, suivant les Montagnards, vote "oui" et "non" aux deux premières. Le 16, on pose la question cruciale : "Quelle peine Louis a-t-il encourue ?" Ce matin là, de fort bonne heure, Merlin de Douai et Treilhard, deux élus de la Montagne, persuadent Philippe Égalité de venir à la Convention, faute de quoi il passera pour un lâche. Les débats s'éternisent. Le soir, enfin, on passe au vote. Le scrutin par appel nominal commence.




Lorsque Vergniaud, le grand orateur de la Gironde, se prononce pour la mort du roi, c'est la stupeur. Quand retentit le nom de Philippe Égalité, chacun retient son souffle. Le prince monte à la tribune et déclare d'une voix blanche : "Uniquement occupé de mon devoir, convaincu que ceux qui ont attenté ou attenteraient par la suite à la souveraineté du peuple méritent la mort, je vote la mort". Un murmure étonné, sinon indigné, parcourt l'Assemblée. Le modéré Louis Pierre Manuel s'exclame : "Jamais la Convention n'a ressemblé à un tribunal. Si elle l'eût été, certes, elle n'aurait pas vu le plus proche parent de Louis n'avoir pas, sinon la conscience, du moins la pudeur de se récuser". Par trois cent-soixante et une voix soit exactement à la majorité absolue, Louis XVI se voit signifier sa condamnation à mort… Au Palais Royal, Philippe Égalité s'effondre et confie à son fils, le duc de Montpensier : "Je ne conçois plus comment j'ai pu être entraîné à ce que j'ai fait". Il avoue n'avoir eu aucune intention de voter la mort du Roi mais qu'une fois assis sur son banc, il a été tellement entouré, obsédé, assailli, menacé qu'il n'a plus su ce qu'il faisait. Le 19 janvier, pourtant, il vote contre le sursis de l'exécution de la sentence, s'identifiant ainsi à l'abjection que ses ennemis ont toujours voulu qu'il incarne.

Votes sur la mort de Louis XVI

La condamnation de Louis XVI


The Martyr of Equality
'Voici le Progrès de notre Système'
Orléans (Égalité), regardant vers la droite, se tient sur l'échafaud déguisé en grenadier de la Garde nationale.
Il tient par les cheveux la tête décollée de Louis XVI, tandis qu'il agite sa casquette de sa main droite.
Derrière (à gauche) se trouve la guillotine et, gisant, le corps du roi ;  des flots de sang se déversent de la tête et du tronc.
Sous l'échafaud (à droite) sont présentes des têtes et des baïonnettes de la Garde nationale,
et, derrière, deux grands bâtiments, les fenêtres et les toits bondés de spectateurs ; ceux sur le toit agitent leurs chapeaux.
Au-dessous du titre : 'Voyez le Progrès de notre Système'.
Gravure à l'eau-forte coloriée à la main d'Isaac Cruikshanks
 "London Pub Feb: 12 1793 par S W Fores N 3 Piccadilly'




André Castelot : Philippe Égalité, le régicide, éditeur : Jean Picollec (24 mai 1991)

André Castelot : Philippe Égalité, le régicide, éditeur : Jean Picollec (24 mai 1991)


*   *   *



Les Orléans toujours égaux à eux-mêmes


samedi 5 décembre 2020

Sergey Ivanovitch Kalmykov : « Si l’on parle de l’essentiel, c’est la débandade »


Alma Ata, la cathédrale de l'Ascension, construite entre 1904 et 1907 par l'architecte russe Andrey Zenkov.
Cette cathédrale fut transformée en musée par la Révolution bolchevique…
C'est là qu'en 1937 exerçait Zybine le personnage central de la Faculté de l'Inutile

Pas très loin de là, au marché Vert (le Zelyony Bazaar), marché kolkhozien, peignait et haranguait la foule Sergey Kalmikov.


"Moon Suite III" oil on paper laid down on masonite, 33.5 x 28 cm

« Si l’on parle de l’essentiel, c’est la débandade. Personne n’a le loisir d’entendre des choses sérieuses. Or, à force de causer, chaque jour, dans la rue, avec les uns et les autres, on s’entraîne à l’éloquence. Il vous vient à l’esprit des formules qui frappent. On ramène de dehors des trouvailles. Je marchais en silence et soliloquais… » [Serge Ivanovitch Kalmykov,  Samarkand 1891-Alma-Ata 1967]
Iouri Dombrovski : La Faculté de l’Inutile, p. 41



Republican Museum of Fine Arts named after A. Kasteev :
… Le fonds du musée comprend les œuvres de nombreux artistes interdits durant la période soviétique, dont environ 1100 œuvres du célèbre artiste d'avant-garde Sergey Kalmikov qui a passé la deuxième moitié de sa vie à Alma Ata et y a créé la plus grande partie de ses œuvres…
Museum of history of Almaty city : Department Museum of history of political repression

Répertoire des Musées du Goulag

Mémorial pour les millions de victimes du communisme

Organisations agissant pour les victimes du communisme

Guilt by Association – ALZHIR camp for Wives in 1937

ALZHIR memorial, Kazakhstan

KarLag memorial, Dolinka, Kazakhstan

Kazakhstan: Museum Recalls Stalin’s Devastating Legacy



mercredi 2 décembre 2020

Serge lvanovitch Kalmykov, génie n°1 de la Terre et de la Galaxie


« Star Cup » 1941, huile sur carton. 62x44 cm

Zybine… aperçut un peintre devant son chevalet. Un fameux hurluberlu ! Un mois auparavant, des voisins ayant porté, plainte il avait signé ses explications à la milice : « Serge lvanovitch Kalmykov, génie N°1 de la Terre et de la Galaxie, décorateur des ballets Abaï. »  En ces temps où un seul être passait pour être le génie de l'humanité, pareille audace pouvait coûter cher, marquant soit une dérision, soit une intention de concurrence. Des hypothèses de cet ordre avaient, semble-t-il, été émises en haut lieu. Les choses en restèrent là. Un personnage important, ayant croisé Kalmykov dans la rue, s'était dit sans doute que cette tête-là ne lui rapporterait pas lourd. Il avait tort. Que le peintre fît son apparition dans la rue, et il se produisait aussitôt un brouhaha. La circulation ralentissait. Les gens s'arrêtaient. Un être insolite s'offrait à leurs regards : rouge, jaune, vert, bleu, couvert de passepoils, de franges, de rubans. « Imaginez, disait-il, qu'on nous regarde du fin fond de l'Univers. Que verrait-on ?  Une masse rampante, morne et grise. Mais, soudain, comme un coup de feu, éclaterait une tache de lumière. Et ce serait moi ! »

 Cette fois aussi, il s'était vêtu pour la Galaxie. Son béret semblait prêt à l'arracher au sol. Une cape bleue pendait à ses épaules décharnées, laissant voir un vêtement furieusement coloré. Kalmykov jetait sur la toile une touche, une seconde, une troisième, avec une espèce de nonchalance, comme en se jouant. Puis il reculait, abaissant son pinceau d'un mouvement brusque. La foule s'écartait. Lui visait, pointait, projetait la main en avant, et une grasse touche noire se collait à la toile, dans le bas, de travers, gauchement, comme hors de propos. Mais d'autres giclées suivaient et, aussi, des effleurements du pinceau, c'est-à-dire des taches jaunes, vertes, bleues et, du brouillard des couleurs, quelque chose émergeait, surgissait prenait corps, un fragment de marché, de la poussière, du sable chauffé à blanc, un tombereau de pastèques. Le soleil estompait les contours, apaisait les couleurs, amollissait les formes, et le tombereau fondait dans la vibration de l'air incandescent. Cependant, les badauds regardaient, jugeaient, rigolaient, se bousculaient pour mieux voir : des poivrots, des enfants, des femmes. Les gens sérieux n'avaient que faire de ces amusements. Si même ils jetaient un coup d’œil, ils passaient vite leur chemin. « Un barbouilleur, disaient de Kalmykov les gens de poids. Dans le temps, les individus pareils, on les mettait à l'asile ! »
 

*     *    *


Bien des années plus tard, après la mort du peintre, le carnet de notes de Kalmykov tomba entre les mains de Zybine. Le défunt y consignait par ordre alphabétique tout ce qui lui passait par la tête. Ainsi Zybine lut à la lettre « P » :


Personne plus que moi n'aime à dessiner dans la rue. C'est ma force. Les gens badaudent et bayent aux corneilles. Les enfants voient peindre pour la première fois. Les envieux me brocardent. Je me rebiffe. Je pérore, je fais des mots. Là je suis dans mon élément. je n'ai pas d'égal. Il semblerait qu'on dût pour cela me couvrir d'honneurs. Non ! Ma vie durant, j'ai travaillé gratis. Travaillé pour dix dans le désintérêt universel. Mais le jour viendra où ces idiots auront de mes nouvelles !

Serge Ivanovitch Kalmykov : Ultime autoportrait, 1967

Et encore, à la lettre « S » :


Si l'on parle de l’essentiel, c'est la débandade. Personne n'a le loisir d'entendre des choses sérieuses. Or, à force de causer, chaque jour, dans la rue, avec les uns et les autres, on s'entraîne à l’éloquence. Il vous vient à l'esprit des formules qui frappent. On ramène de dehors des trouvailles. Je marchais en silence et soliloquais…

Tel il était effectivement : sûr de soi, insensible aux quolibets, hors de portée de la critique, génie méconnu qui ne tenait d'ailleurs pas à être reconnu. De tous les peintres, poètes et philosophes connus ou obscurs, il était le seul, pensait Zybine, à qui pût pleinement s'appliquer la formule de Pouchkine : « Tu es le souverain, vis seul. »  

Kalmykov vivait ainsi : conscient de son droit divin. Ce souverain ne se laissait troubler que par de futiles détails : « Il y a du papier ciré à 1 rouble 54, mais je ne possède que 80 kopecks. »  Encore cela ne le peinait-il pas outre mesure.

En matière de manque, d'absence, le calepin révélait un vocabulaire d'une précision mathématique.
 Le premier article qui lui fut consacré post mortem se terminait ainsi :
 « On voyait marcher dans les rues d'Alma-Ata un homme étrange, le chef hirsute coiffé d'un béret, portant un vaste pantalon en toile à sac,  cousu avec des fils de couleur et, sur le côté, une immense besace peinturlurée ». Ces dernières années,  il avait noté dans son carnet : « Que m’importent les théâtres et les cirques ? Pour moi, le monde entier est un théâtre. Et la Galaxie, plus encore que le monde entier. »

Mais on s’en rendait mal compte en 1937. C’était justement en 1937 qu'à propos de l'exposition organisée par l'Union des peintres pour le vingtième anniversaire de la révolution, le Kazakhstan Littéraire avait jeté feu et flamme. Et Zybine y avait lu :
 « On ne comprend pas pourquoi les organisateurs ont toléré les tableaux d'un nommé Kalmykov. L'un représente deux citoyens qui brandissent des valises. De toute évidence, ces valises sont vides, parce que des valises pleines ne se laisseraient pas manipuler comme cela. C'est un déplaisant et inculte barbouillage.»


« Le miroir » 1945, huile sur carton. 60x40 cm

Or les plus beaux dessins de Kalmykov datent de cette période. Les femmes y ressemblent à des palmiers ou à des fruits du Sud. Elles ont les mains fines, les yeux en amande. De haute taille, debout ou couchées, elles emplissent toute la surface de la feuille. Quelques-unes ont des ailes, telles des fées. D'autres sont simplement des femmes. Sur des dessins publiés, le long et lourd vêtement d'intérieur n'est que jeté sur les épaules. Il laisse voir la jambe, la poitrine, le torse. La femme porte un vase de style oriental, comme on en fait dans les montagnes. Sur une petite table, un candélabre allumé (on dirait un rameau avec trois fleurs écloses) et un livre ouvert avec un signet. Dans le silence de la nuit, où donc va cette belle solitaire, que suit - chien ou chat ? - une créature étrange. 
Un autre dessin est intitulé Jazz lunaire. Une blonde élancée, douce et froide (il est à présumer que Kalmykov n'admettait qu'un seul type de beauté féminine), avec des ailes de papillon, porte sur un plateau une bouteille à col fin et un vase d'où jaillit une branche. Ici encore, les vêtements laissent voir le corps. (Plus exactement, tout le corps est une ligne ondoyante enfermée dans l'ovale des vêtements.) Et, ici encore, il fait nuit. Au fond, un serviteur, en coiffure et cape baroques, descend les marches d'une estrade.
 

Kalmykov a laissé deux ou trois cents de ces dessins dont la vertu d'envoûtement est indicible. Les techniques employées sont diverses : le pointillé et la ligne continue, des contours vides ou habités de couleur, le crayon aussi bien que l'aquarelle. Dans le Chevalier Motte, le personnage n'est pas sans ressembler à Kalmykov : même cape tumultueuse, même béret, même capuchon de couleur démente, et les décorations de tous les pays existants ou non !

L'homme va, il rit, il vous regarde. En public. Kalmykov n'a jamais ri. Jamais il n'a laissé entrer personne dans cet univers de jazz lunaire, de belles ailées qui prennent leur vol et de cavaliers superbes. Dans cet univers-là, il a toujours été seul

.

*      *    *



« Le Prince Noir » 1930…, huile sur carton. 58x48 cm


Zybine avait déjà rencontré Kalmykov. Le directeur, athée militant, rêvait de faire bâtir, près du parc Gorki, une filiale du musée  qui s’appellerait « Science et Religion ». Il avait demandé au peintre un projet de décoration et, au conservateur, son avis sur ledit Projet.

- C’est fort bien, avait dit Zybine, mais je comprends mal cette représentation de l’espace. Il n'est ni plan, ni sphérique, tout en échappant à la perspective habituelle.


- Exact avait répliqué Kalmykov : j'ai aboli le temps, parce  qu’il suffit de perturber l’équilibre des angles et des lignes  pour qu’ils tendent à l’infini. Savez-vous ce que c’est qu’un point ? Eh bien, un point, c’est l'état zéro d'un nombre infini de cercles concentriques, dont les uns, sous un signe déterminé, se propagent vers le pourtour du cercle, alors que les autres, sous le signe inverse, se propagent du zéro vers l'intérieur. C'est ainsi qu’un point peut avoir la dimension du Cosmos.

« Ce gars est parfaitement siphonné », avait pensé Zybine.



« Le réveil d'un loup-garou » 1937, huile sur carton. 70x56 cm


De longues années plus tard, il devait écrire :
Ce fut mon seul entretien avec Kalmykov. Je savais qu'il avait pris sa retraite, obtenu un studio dans un immeuble neuf, après avoir habité dans de vétustes baraquements de caserne, et qu’il y vivait seul, se nourrissant de lait et de kacha, parce que végétarien convaincu. On le voyait souvent dans la rue. Il avait maigri, jauni. Son visage s’était sénilement effilé, desséché. Les deux rides profondes qui partaient des ailes du nez s’étaient encore creusées. Il s'accoutrait d'un pantalon bouffant à passepoil doré, et portait au côté un immense tambourin à langues de feu, d’où pendaient des glands écarlates, jaunes, violets et pourpres. Il se ruinait, disait-on, à acheter tous les journaux dont disposait le kiosque. Je m'en ressouvins en entrant dans sa chambre, le surlendemain de sa mort. Il n'y avait pour meubles que des poufs faits de liasses de journaux ficelés. c'est là qu’il révait de couleurs, ou notait - à la lettre D - dans ses carnets : "
Des ours blancs m'ont emporté sur une civière noire vernie. Des Nègres de Bakst marchaient en tête de la procession. De petits singes capucins les suivaient.

 Ou encore, à la lettre « V » :
 Vu des enfilades de salles resplendissantes à carreaux de couleur.
 C'est alors que, parmi les jazz lunaires, les fées et les cavaliers, j’ai remarqué, sur un bout de carton, quelque chose de trouble, de glauque, de tordu, d'écumant, de déchirant, de presque effrayant. J'ai consulté la date : c'était ce que Kalmykov peignait le jour de notre seule et unique conversation, il y a un quart de siècle. À grandes touches de blanc, d'ocre et de bleu de Prusse, il avait représenté le lieu où aurait dû être érigé, sur la rive de l'Alma-Atinka et par décret du directeur, le pavillon « Science et Religion » : des rochers, des blocs, de menus galets aux couleurs vives, une rive en pente douce, un torrent écumant avec ses tourbillons, ses embruns, sa rumeur ; sur les plus grosses pierres, des hommes en caleçon de bain se prélassant au soleil. Et tout était dans ce soleil. Sous l'impact brûlant de sa lumière dure, jaune, perçante, la rivière ressemblait à un écorché. On distinguait nettement les faisceaux de muscles, renflements blanc ocré, figés dans une convulsion. Le tableau était si discordant qu'il faisait mal. Ce n'était pas de ces paysages qu'on aimerait accrocher au mur de sa chambre. Mais, dans une exposition, et quel que fût le nombre des autres tableaux, cette chose âpre, déplaisante, ne ressemblant à rien, arrêterait immanquablement. Et, un jour, dans la rue, en prenant le thé, ou même au lit, on s'en ressouviendrait sans qu'il fût besoin d'un prétexte, on se demanderait ce que le peintre a voulu dire.
 Il m'a fallu une bonne semaine pour comprendre. Kalmykov avait peint la Terre. La Terre en général, telle qu'il l'avait imaginée en ce matin déjà si éloigné. Une planète étrangère, encore inhabitée. Un réceptacle de forces instables. Ces garçons qui se bronzent au soleil, la rivière s'en fout : elle a sa signification cosmique propre, sa tâche dont elle s'acquitte avec la sereine ténacité de toute matière inerte. C'est bien pourquoi elle ressemble à un faisceau de muscles tendus à craquer. Et ce ne sont pas des rochers, mais des débris de planète. Ces couleurs sont sauvages parce que les hommes ne les utilisent jamais. Nous sommes face à la nature même, à la «  Nature naturée » du philosophe. Sur ce bout de carton, représentant dix mètres d'une rivière minable, c'est le cosmos qui se déchaîne, le même cosmos que parmi les étoiles de la Galaxie et des métagalaxies. Les gars peuvent toujours jouer aux galets : ça ne concerne pas le Grand Tout.

 …
… … … …

*     *    *


« Clair de Lune Suite № V ». 1947, huile sur carton. 34x28 cm


… il a été relâché. Chez nous aussi, ça arrive. Les voies du destin… sont impénétrables… 
Zybine sortit deux heures plus tard et marcha droit sur la cabine téléphonique. Comme elle était occupée, il s'assit sur un banc, à quelque distance. Le soleil tapait encore dur, mais, déjà, déambulaient des couples très vespéraux, et un tambour roulait allègrement derrière les sapins. Un détachement de pionniers en foulards rouges déferla d'un pas martial vers la grille où une sonnerie de clairon salua son arrivée. Le bar ouvrait ses portes.



Au centre du terrain de jeux, entre deux chevaux-dragons, un peintre travaillait. Des gamins, des petits vieux et des poivrots entouraient son chevalet. Il ne leur prêtait aucune attention. À toute allure, avec une sorte de fringale, il piquait dans l'air une touche de couleur après l'autre, et les lançait sur le carton. Ses traits exprimaient le recueillement, et ses sourcils froncés, la gravité. Il était pressé, s'étant mis à l’œuvre avec quelque retard, et résolu à terminer avant le coucher du soleil. Pour l'essentiel, d'ailleurs, c'était au point. Il sentait toutefois que quelque chose manquait. Il se retourna, regarda et vit Zybine.
Zybine était recroquevillé, bras ballants, sur son banc. Exactement le détail qui manquait : une tache noire biscornue sur la blancheur éclatante de la cabine téléphonique, avec un premier plan de sable jaune déjà mat, et un fond de sapins bleus. Le peintre crut reconnaître cet employé du musée, avec qui il s'était entretenu naguère. Au moment qu'il criait : « Ne bougez pas d'une minute, je vous en prie », deux promeneurs vinrent s'asseoir sur le banc. Il fit la grimace, mais les garda dans sa pochade. Ainsi un rectangle de carton conserva pour les siècles des siècles l'image de cette trinité : un commandant de la Sûreté rayé des cadres ; un indicateur ivre, baptisé le Taon par ses employeurs ; et celui sans qui les deux autres n'auraient pas existé.


« Clair de Lune Suite № IV» 1947, huile sur carton. 34x28 cm

Le soleil déclinait. Le peintre pressait l'allure. Il portait béret couleur de feu, pantalon bleu à passepoil doré, cape verte à rubans, et un tambourin à broderies cendre et flamme pendait à sa hanche. Il ne se vêtait de la sorte ni pour autrui ni pour soi, mais pour Mercure, pour Mars, pour le Cosmos, étant le génie N° 1 de la Terre et de la Galaxie, peintre décorateur du Théâtre Abaï, Serge Ivanovitch Kalmykov, ainsi qu'il se présentait.
 Et les sages Martiens, qui nous observent par instruments ultra-sensibles, se demandaient comment pareil miracle de lumière pouvait jaillir d'un incolore magma d'humanité. Seuls les plus doctes savaient que ce miracle s'appelle le rêve, phénomène lumineux qui atteint son maximum d'intensité lorsque Ia Terre, dans son mouvement planétaire, entre dans les zones d'ombre du Cancer et du Scorpion, et que la réalité devient intolérable parmi ces émanations maléfiques.

 

Quant à cette peu réjouissante histoire, elle est arrivée l'an cinquante-huit après la naissance de Joseph Vissarionovitch Staline, le génial guide des peuples, c'est-à-dire l'an mil neuf cent trente-sept après la naissance de Jésus-Christ, année néfaste, torride, grosse d'un avenir terrifiant.


Moscou, 10 décembre 1964 - 5 mars 1975



Sergey Ivanovitch Kalmykov : « Si l’on parle de l’essentiel, c’est la débandade. »

On va au bout ?
Republican Museum of Fine Arts named after A.Kasteev :
… Le fonds du musée comprend les œuvres de nombreux artistes interdits durant la période soviétique, dont environ 1100 œuvres du célèbre artiste d'avant-garde Sergey Kalmikov qui a passé la deuxième moitié de sa vie à Alma Ata et y a créé la plus grande partie de ses œuvres…
Museum of history of Almaty city : Department Museum of history of political repression

Répertoire des Musées du Goulag

Mémorial pour les millions de victimes du communisme

Organisations agissant pour les victimes du communisme

Guilt by Association – ALZHIR camp for Wives in 1937

ALZHIR memorial, Kazakhstan

KarLag memorial, Dolinka, Kazakhstan

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lundi 30 novembre 2020

Serge Ivanovitch Kalmykov : « Imaginez qu’on nous regarde du fin fond de l’Univers… »



"Cercle" : Serge Ivanovitch Kalmykov (1891-1967) était fasciné par la théosophie…

« Imaginez qu’on nous regarde du fin fond de l’Univers. Que verrait-on ? Une masse rampante, morne et grise. Mais, soudain, comme un coup de feu, éclaterait une tache de lumière. Et ce serait moi ! »   [Serge Ivanovitch Kalmykov,  Samarkand 1891-Alma-Ata 1967]
Iouri Dombrovski : La Faculté de l’Inutile, p. 40