Qui ne risque rien n'est rien… sur le chemin de Damas, alors que les opinions ont cédé face aux faits…
on ne le dit assez : un âge n'en chasse pas un autre, tous les âges qu'on a vécu coexistent à l’intérieur de soi, ils s'empilent, et l'un prend le dessus au hasard des circonstances.

mardi 12 janvier 2016

บุญราศีนิโคลาส บุญเกิด กฤษบำรุง - Bienheureux Nicolas Bunkerd Kitbamrung


Nicolas Bunkerd Kitbamrung est fêté le 12 janvier…










บุญราศีนิโคลาส บุญเกิด กฤษบำรุง - NICHOLAS BUNKERD KITBAMRUNG

Bienheureux Nicolas Bunkerd Kitbamrung

Nominis : Bienheureux Nicolas Bunkerd Kitbamrung

Blessed Nicholas Bunkerd Kitbamrung

Roman Catholic Archdiocese of Bangkok

Martyrs of Songkhon, Thailand

Province de Mukdahan, le wat Song Khon
Province de Mukdahan, le wat Song Khon
Province de Mukdahan, wat Song Khon : les sept martyrs catholiques
Province de Mukdahan, wat Song Khon : les sept martyrs catholiques

Province de Mukdahan, wat Song Khon : les tombes des sept martyrs catholiques

Wat Ban Song Khon or Our Lady of the Martyrs of Thailand Shrine (วัดบ้านสองคอน - วัดศาสนาคริสต์ โรมันคาทอลิก) The huge Roman Catholic Church in a modern architectural style is named the largest and most beautiful church in Southeast Asia. The church won the Architectural Design Award 1996 from the Association of Siamese Architects under Royal Patronage.

Province de Mukdahan : localisation du wat Song Khon, près du Mékong, le Laos en face

โบสต์คริสต์วัดสองคอน

Blessed Nicolas Bunkerd Kitbamrung

Martyr's Beatification Will Encourage Missions




มรณสักขีแห่งสองคอน - วิกิพีเดีย

The Martyrs of Songkhon (Thai: มรณสักขีแห่งสองคอน) Thailand (also called Seven Blessed Martyrs of Songkhon) are seven Roman Catholic Thais executed in the village Songkhon, Mukdahan Province, northeastern Thailand, in December 1940 by local police forces. This was during the Franco-Thai War and police falsely believed they were spying for the French. The victims were beatified by Pope John Paul II in Rome on October 22, 1989.





samedi 9 janvier 2016

Les terroristes de l’État Islamique n’ont qu’une crainte : être abattus par une femme…



« Il a trois types de personne dans ce monde. Les moutons, les loups, et les chiens de berger. Certaines personnes préfèrent croire que le diable n’existe pas dans ce monde. Et si la haine était à leur porte, ils ne sauraient pas comment se protéger. Ce sont les moutons… Puis il y a les prédateurs qui utilisent la violence pour s’attaquer aux faibles. Ce sont les loups. Puis il y a les bénis qui ont le besoin impérieux de protéger le troupeau. Ils sont rares et vivent pour s’opposer aux loups. Ce sont les chiens de berger. »



Les terroristes de l’État Islamique n’ont qu’une crainte : être abattus par une femme… Pas de bol pour eux, les “Filles du Soleil” sont à leurs trousses.

Les femmes et les Yézidies font partie des cibles privilégiées par Daesh… Les femmes yézidies sont donc particulièrement menacées. Elles sont d’ailleurs plusieurs milliers à avoir déjà trouvé la mort ou à avoir été réduites à l’état d’esclaves sexuelles…

Mais 123 d’entre elles ont décidé de briser la peur, de relever la tête et de prendre les armes : elles ont entre 17 et 30 ans et ont créé un bataillon 100% féminin chargé de traquer l’agresseur où qu’il se trouve.

C’est une chanteuse de 30 ans, Xate Shingali, qui est à l’origine de cette idée. Pour la mettre en œuvre, elle a obtenu le feu vert et l’appui de Massoud Barzani, le président du gouvernement régional du Kurdistan.

Ce bataillon pas comme les autres s’est baptisé les « Sun Girls » : les "Filles du Soleil". Et n’allons pas croire que c’est pour faire fun ou joli : le Soleil est au centre des croyances yézidies. En se nommant ainsi, les femmes combattantes espèrent obtenir sa protection.

Parmi elles, outre Xate Shingali, se trouve une autre personnalité : Tiger Sun. Cet ex-modèle a décidé, à 46 ans, de porter les armes pour défendre son peuple. Et comme la plupart de ses camarades, elle non plus n’avait jamais été formée au combat !

Mais ce n’est pas tout. Pour apporter son soutien à ces femmes courageuses, Helly Luv, qu’on surnomme aussi la Shakira kurde, est allée tourner un clip sur le terrain même des opérations. Depuis, Daesh veut sa peau. La chanson s’appelle "Révolution". Elle a été mise en ligne en mai dernier et a déjà été visionnée près de quatre millions de fois ! La voici :




L’engagement des femmes kurdes dans le combat contre Daesh n’est pas que symbolique. Non seulement elle mettent toutes leurs forces dans la bataille mais, en plus, figurez-vous que les terroristes de l’État Islamique les craignent encore plus que leurs ennemis masculins : s’ils sont tués par une femme, ils n’auront pas droit aux 72 vierges qu’est censée leur offrir une mort au combat ! Les « Sun girls » n’en sont donc que plus redoutables…

« Ils nous violent, on les tue. »

Humiliées, brisées, déshumanisées, les femmes yézidies ont décidé de mener un combat des plus courageux. Pour cela, elles méritent le respect du monde entier. Mais surtout, elles mériteraient de l’aide… comme tous ceux qui combattent la barbarie de l’État Islamique !

Pour faire un don : Dwekh Nawsha France aux côtés des Peshmergas


mardi 5 janvier 2016

Dans l'ombre de Bachar el-Assad : entretien avec Bouthaina Chaabane



entretien avec Bouthaina CHAABANE
conseillère politique du président Bachar el-Assa
entretien conduit par Frédéric PICHON,
chercheur associé à l'équipe "Monde arabe-Méditérranée"
de l'université François Rabelais (Tours)

[Cet article d'une rare qualité date du début février 2015. Son intérêt demeure entier quoique l’actualité se soit depuis accélérée !]




Avant le conflit, vous étiez souvent présentée comme le visage « sophistiqué » de la Syrie, la face moderne du régime : anglophone, titulaire d’un doctorat de littérature anglaise, rompue aux rencontres diplomatiques avec les grands de ce monde. Beaucoup ont espéré en 2011 que vous feriez défection pour vous désolidariser de la politique menée par Bachar el-Assad. Pourquoi ne pas l’avoir fait et regrettez-vous votre choix ?
Si vous le voulez bien, j’aimerais d’abord revenir sur l’expression que vous avez utilisée, celle de visage « sophistiqué » de la Syrie. Les Occidentaux ont tendance à penser que les gens qui adoptent des comportements semblables aux leurs sont plus civilisés et plus modernes que les autres. Pour moi, au contraire, les personnes civilisées sont celles qui restent fidèles à la terre qui les a vues naître. Qu’y a-t-il de rétrograde à aimer son pays, à le servir, surtout dans les circonstances dramatiques que nous connaissons ? L’Occident a commis une grosse erreur en encourageant les Syriens à fuir le régime. Du reste, ces défections ont été très peu nombreuses malgré la constitution par le Qatar d’un fonds spécial destiné à aider financièrement les candidats à l’exil. J’ai pu mesurer combien cette démarche participait d’une sorte d’aveuglement occidental. L’Occident n’a rien compris à la Syrie, à son peuple et à son histoire. Notre pays a son propre agenda guidé par ses propres intérêts. Il refuse de voir sa politique dictée de l’extérieur. Je sais que mon départ aurait fait plaisir à tout le monde en Occident ; mais, que voulez-vous, ce n’est pas dans ma nature. Et soyez sûr que je n’ai pas choisi la facilité. J’aimerais être considérée comme « moderne », tout simplement parce que je reste déterminée à défendre mon pays et ma famille.

Pourtant, en tant que proche conseillère de Bachar el-Assad, vous faisiez partie de ceux qui soulignaient la nécessité d’entreprendre des réformes. Ces réformes auraient-elles pu éviter la crise qui a éclaté en 2011 ?
Vous avez raison, mais les réformes ne peuvent venir que de l’intérieur. Nous l’avons vu en Libye et en Irak : chaque fois que les médias ou les gouvernements occidentaux ont tenté de promouvoir la démocratie, cela a tourné au fiasco. Les « printemps arabes » se sont mués en « catastrophes arabes ». Quand est venu le tour de la Syrie, les mêmes ont commencé à parler de démocratie, de liberté, de droits de l’homme. Malheureusement, les gens soutenus par l’Occident pour mener à bien cette mission étaient soit des individus qui vivaient hors de Syrie depuis longtemps et qui ignoraient tout du pays, soit des extrémistes auxquels l’idée de démocratie était totalement étrangère. Dans leur esprit, le problème n’était pas politique ; il ne s’agissait pas d’encourager un changement de gouvernement ou de président. En fait, dès le départ, les Occidentaux avaient décidé de briser la Syrie. C’est pourquoi la crise actuelle met en cause la sécurité de notre pays et son existence même. Les tentatives occidentales visant à mettre des pays à terre sous prétexte de se débarrasser de personnages comme Saddam Hussein, Kadhafi ou Bachar el-Assad constituent des ingérences inacceptables, illégales au regard du droit international et teintées de colonialisme. Je ne parle même pas du résultat…

En 2011, la Syrie fonctionnait selon un système de parti unique. Ne devait-elle pas sortir de cette situation archaïque ?
Je sais bien que nous ne vivons pas dans un monde parfait. Il est clair que nous n’avons pas atteint tous les objectifs que nous nous étions fixés, y compris en matière de corruption comme l’a rappelé le président Assad lui-même lors de son discours d’investiture. Mais, en 2012, la Constitution syrienne a été modifiée : le système de parti unique a laissé place au multipartisme ; l’état d’urgence a été aboli ; des élections municipales et législatives ont été organisées. Ces réformes étaient nécessaires et sont absolument capitales. Comme à leur habitude, les Occidentaux ont accueilli ces avancées avec scepticisme. C’est à se demander s’ils sont vraiment intéressés par les réformes. Savent-ils qu’avant la crise la Syrie ne comptait aucun sans-abri, que les infrastructures sanitaires et éducatives fonctionnaient ? Chaque village comptait son école gratuite. Les étudiants allaient à l’université pour à peine 20 dollars par an ! Et, surtout, la Syrie n’avait pas de dette extérieure. C’est un point essentiel qui nous a attiré des haines tenaces. La crise a été un désastre pour le développement du pays…

L’élection présidentielle du 3 juin 2014 a, elle aussi, suscité des réactions négatives de la part des médias occidentaux…
Le contraire eût été étonnant. Pourtant, il fallait voir les milliers de personnes qui se sont précipitées dans les isoloirs, que ce soit en Syrie ou à l’étranger. À l’exception, bien entendu, de la France et de l’Allemagne qui ont interdit que cette consultation soit organisée dans nos consulats. N’est-ce pas un drôle de paradoxe ? Ces élections ont clairement montré que le peuple syrien soutenait le président. Pour une bonne raison : les Syriens veulent la sécurité et c’est lui, n’en déplaise à l’Occident, qui l’incarne. Le président Assad est perçu comme le seul qui soit capable d’assurer l’intégrité du pays et la paix. Les médias occidentaux et leurs gouvernements nous ont sous-estimés. Vous savez, nous sommes un peuple millénaire. Parlez avec les gens dans la rue, discutez avec les chauffeurs de taxi : s’il y a bien une chose qui ressort, c’est cette fierté. Nous appartenons, je le répète, à l’une des plus vieilles civilisations au monde. Damas fut l’une des premières villes habitées de l’histoire de l’humanité. Les Syriens ne sont pas naïfs, ils n’ont pas besoin des conseils de l’Occident. Ils n’acceptent pas qu’on leur dise pour qui voter, comme à l’époque des colonies…

Vous avez participé aux négociations de Genève avec l’opposition. N’envisagez-vous pas de dialoguer un jour avec ces opposants ?
Depuis trois ans, nous avons perdu tant d’hommes et de ressources que notre situation peut sembler désespérée. Mais un élément a été préservé : notre indépendance. Et c’est là l’essentiel. J’ai passé le tiers de ma vie dans les coulisses du pouvoir, j’ai participé à des conférences internationales, à des négociations pour le processus de paix, à l’Assemblée générale de l’ONU… L’impression que j’en ai retirée, c’est que l’Occident n’a cessé de sous-estimer notre indépendance politique. Or nous avons toujours préservé notre souveraineté, sans dépendre de quiconque. J’ai vécu six ans en Grande-Bretagne, j’y ai passé mon doctorat, j’y ai enseigné. Jamais je n’ai eu la prétention de savoir mieux que les Anglais ce qui était bon pour eux. Les gouvernements français et anglais sont allés chercher des émigrés de longue date installés à Paris ou à Londres et ont décrété qu’ils étaient les représentants du peuple syrien. Franchement, cela ferait rire si ce n’était pas tragique. Même les terroristes armés leur dénient toute représentativité !
Quand je les ai rencontrés à Genève, je n’ai pu m’empêcher de penser : « Mais qui sont ces gens ? Qui représentent-ils sinon les fantasmes de leurs commanditaires occidentaux ? » Lors des pourparlers auxquels j’ai participé, ces opposants ont clairement montré qu’ils ne connaissaient rien à la Syrie et qu’ils étaient sous influence. Un journaliste français a révélé qu’avant de partir à la conférence de Genève ils ont été briefés par Ahmet Davutoglu, le ministre turc des Affaires étrangères de l’époque. Les instructions étaient claires : ne surtout pas parler de la lutte contre le terrorisme (dont on sait aujourd’hui qu’il a été encouragé par les autorités turques) et demander le départ du président ainsi que la formation d’un gouvernement de transition. Le départ du président Assad, c’est décidément une véritable obsession !
Comment dialoguer avec des gens qui se font dicter leur agenda par des pays comme la France ou la Turquie ? Auriez-vous de l’estime pour un politicien français dont les positions seraient soufflées par John Kerry ? Robert Ford, l’ambassadeur américain, a joué ce rôle au début de la crise en manipulant l’opposition. La Turquie également, ainsi que le Qatar qui a torpillé le processus en achetant tout le monde. Ce sont les interférences extérieures qui ont aggravé la situation. Même le vice-président américain Joe Biden l’a admis récemment.

Seriez-vous prête, néanmoins, à leur tendre la main ?
Malgré tout ce qui s’est passé, je peux vous dire que le gouvernement syrien veut sincèrement mettre fin à cette crise. Nous tendons la main à tous ceux qui aiment la Syrie et qui disposent d’une véritable capacité de décision. Même si le résultat n’est pas au rendez-vous, nous devons essayer : quiconque place l’intérêt de la Syrie en tête de ses priorités est le bienvenu, pour l’avenir de la Syrie. Sur le plan intérieur, nous avons grandement progressé sur le chemin de la réconciliation nationale : des groupes rebelles ont accepté de déposer les armes et de conclure des trêves, comme à Homs au printemps 2014. Discuter avec des gens qui veulent réellement le bien du pays et qui ne prennent pas leurs ordres auprès des chancelleries ou des banquiers du Golfe me semble, somme toute, assez normal.

Sous l’effet de l’afflux des réfugiés, la population de Damas a triplé. Mais, malgré le canon qui retentit au loin, la vie continue à suivre son cours, les gens sortent, les étals des marchés sont pleins. Cette situation peut-elle encore durer longtemps ?
Cette guerre a affecté chaque citoyen syrien : il suffit de voir tous ces immeubles, ces usines, ces écoles et ces hôpitaux détruits. C’est un véritable désastre. La responsabilité en incombe d’abord et avant tout à ceux - Turquie et Qatar en tête - qui ont permis que déferlent en Syrie des terroristes se réclamant de l’islam. Ce ne sont pas des musulmans, je refuse de leur appliquer ce terme : ce sont des terroristes, des criminels qui sont venus ici pour tuer et ramener notre pays plusieurs siècles en arrière. Les gouvernements et les médias occidentaux ont fait, dès le début, une erreur d’analyse. Ils n’ont eu de cesse de réclamer le départ du président Bachar el-Assad. On a eu droit à toutes sortes de prophéties qui ne se sont pas réalisées : il va tomber dans deux semaines, dans un mois, dans un an… Rien, dans la couverture médiatique et dans la présentation des enjeux de la crise syrienne, n’était vrai. Les médias ont relayé les mensonges et les approximations que colportaient des télévisions arabes comme al Jazeera ou al Arabyia. Ils ont fait preuve d’une paresse intellectuelle qui n’est pas à leur honneur. Bien qu’ils soient habituellement très prompts à dénoncer l’arbitraire, la manipulation et la propagande, ils ont renoncé à toute déontologie dans le traitement de la crise syrienne.
Je vais vous dire une chose : la Syrie a beaucoup perdu dans ce conflit. Elle a perdu ses meilleurs hommes, elle a perdu ses enfants, ses infrastructures, mais l’Occident, aussi, a beaucoup perdu. L’Occident a perdu sa crédibilité. Franchement, comment prendre au sérieux des gens comme Obama, Cameron ou Hollande ? Tant de mensonges ont circulé : on a vendu à vos opinions publiques une opposition dite « modérée » qui s’est avérée collaborer avec l’État islamique ! On a fait taire certains journalistes occidentaux parce qu’ils disaient la vérité. Ces pratiques vont à l’encontre de tous les principes du journalisme. En disant cela, je ne me livre pas à une attaque en règle ; mais, puisque vous me donnez l’occasion de m’exprimer, j’essaie juste d’expliquer à vos lecteurs que la situation est bien plus complexe qu’il n’y paraît et qu’ils ont été floués par les médias.

La révolte qui a éclaté en mars 2011 a été fermement combattue. Comprenez-vous que les opinions publiques en Occident puissent être choquées par la violence de la répression ? L’armée syrienne n’a-t-elle pas fait un usage exagéré de la force, comme disent les spécialistes du maintien de l’ordre ?
Vous savez, dès les premières semaines du conflit, le plus lourd tribut a été payé par les forces de sécurité. L’existence de manifestations pacifiques, sans être tout à fait fausse, doit être largement relativisée. Dès le début, certains groupes infiltrés dans les cortèges étaient bien décidés à provoquer une escalade en s’en prenant frontalement aux policiers et aux militaires. Vous parlez d’un usage exagéré de la force. Lorsqu’un kamikaze s’est fait exploser à Homs devant une école, tuant cinquante enfants de moins de 12 ans, il n’y a pas eu la moindre protestation ni condamnation de la part d’un gouvernement occidental. Quand les terroristes ont investi la ville d’Adra, égorgeant les femmes et les enfants dont le seul tort était d’être loyalistes, comment voulez-vous que l’armée, qui a en charge la sécurité du pays, réagisse autrement que par la force ? C’est la responsabilité d’un gouvernement et de ses soldats de protéger les citoyens. Moi-même, je ne peux pas me rendre dans mon village d’origine car il est entouré de zones tenues par des terroristes. En France, en 2012, lorsqu’il s’est agi de neutraliser Mohammed Merah, la police française a fait quasiment sauter son appartement. Il a fini avec plusieurs dizaines de balles dans le corps. Quelqu’un a-t-il osé prétendre que les forces de l’ordre avaient fait un usage exagéré de la force ?
Une opposition armée, cela n’existe pas. Je ne pense pas que la France tolérerait une opposition armée. C’est une expression qui n’a aucun sens, forgée par les médias occidentaux. Il serait plus juste de parler de criminels armés ou de terroristes armés. La seule opposition qui importe, c’est une opposition politique. Or, mis à part le départ du président Assad, on ne connaît à celle-ci aucun programme. Comment voulez-vous que les Syriens fassent un autre choix que celui du gouvernement ? L’Occident veut nous enfermer dans un piège sémantique en faisant croire que la violence vient uniquement de notre côté. Oui, la violence existe, mais elle est légitime. Elle est celle que tout État souverain peut et doit exercer sur son sol si la sécurité et la stabilité du pays sont menacées. Qui peut nier que ce soit le cas en Syrie en ce moment ?

La soudaine émergence de l’État islamique, en juin dernier, a redistribué les cartes. Les mises en scène macabres d’exécutions d’otages occidentaux ont bouleversé le monde. À présent, les États-Unis semblent avoir changé de stratégie et font désormais des groupes terroristes en Irak et en Syrie leur cible principale. Que pensez-vous de cette nouvelle configuration ?
Nous avons condamné - et je condamne - les meurtres du journaliste américain James Foley et de son confrère Steven Sotloff. Nous condamnons tous les meurtres perpétrés par des terroristes, où qu’ils aient lieu et quelles que soient les personnes visées. Cette affaire montre, en tout cas, la persistance d’une vision ethnocentrée de l’Occident sur les affaires du monde. Tout à coup, les États-Unis se sont réveillés et ont enfin compris le problème du terrorisme en Syrie parce que l’un des leurs a été exécuté de façon barbare. Pourtant, depuis 2011, des dizaines de milliers de civils loyalistes et de soldats syriens ont été abattus et atrocement mutilés sans que cela n’émeuve personne. Aussi précieuse fût-elle, la vie de James Foley ne doit pas vous empêcher de vous intéresser à tous ces morts anonymes. Alors, et alors seulement, l’Occident sera reconnu à l’aune des valeurs qu’il proclame et prouvera qu’il ne s’agit pas seulement de slogans.
La montée en puissance de l’État islamique a fait bouger les lignes et obligé les pays occidentaux à reconsidérer la situation. Mais je ne crois pas que la lutte contre le terrorisme soit vraiment prise au sérieux. Prenez la résolution 2170 du Conseil de sécurité. Elle a été approuvée à l’unanimité. Pourquoi, dans ces conditions, les États-Unis n’ont-ils pas autorisé d’autres membres du Conseil de sécurité comme la Russie ou la Chine à se joindre à la coalition ? Au lieu de cela, on retrouve dans ses rangs des bailleurs de fonds de l’État islamique !
Sans compter que ladite coalition est loin d’avoir fait ses preuves : à Ayn el Arab (Kobané), par exemple, des habitants modestement armés ont infligé plus de pertes à l’EI que ce regroupement de 70 pays aux moyens bien supérieurs. À Genève, en février 2014, le gouvernement de Damas avait prévenu : l’urgence n’est pas une hypothétique transition politique en Syrie ; l’urgence est la lutte contre le terrorisme qui menace la région. Il a fallu attendre septembre 2014 pour que les États-Unis en fassent leur priorité. Pourquoi ne nous ont-ils pas écoutés ?
Pourquoi ne pas nous avoir crus ? De toute façon, il y a tant d’intérêts financiers et pétroliers en jeu que je doute de la capacité de la Maison-Blanche à peser sur ses alliés traditionnels, à commencer par l’Arabie saoudite. Quant aux gouvernements européens, ils doivent prendre très au sérieux ces réseaux qui expédient des milliers de jeunes endoctrinés en Syrie, car ces terroristes reviendront chez eux un jour ou l’autre. Mais les plus dangereux sont sans doute ceux qui ne sont pas partis parce qu’ils passeront directement à l’action chez vous…

Diriez-vous que, entre la France et la Syrie, le dialogue est définitivement rompu ?
Nous n’avons pas compris pourquoi la France a adopté une position si extrême. Ce faisant, elle a sciemment encouragé le terrorisme en Syrie. Pour être franche, je n’y vois qu’une seule explication : le Qatar a acheté une partie du patrimoine français et il exige un retour sur investissement. Cette attitude arrogante s’appuie sur des considérations, hélas, bien éloignées de la démocratie ou des droits de l’homme. Je ne pense pas qu’elle reflète l’opinion des Français et, d’ailleurs, nous nous gardons bien de tout amalgame. Les Français sont toujours les bienvenus en Syrie. Personne ne vous dira : « Je vous hais parce que vous êtes français ! » Nous faisons la différence entre le peuple français et le gouvernement français. Mais nous sommes déçus. Vous avez devant vous quelqu’un qui a un doctorat d’une université britannique, qui a enseigné et publié de nombreux livres aux États-Unis, qui a été nominée pour le prix Nobel de la paix en 2005 et que le gouvernement américain, à la demande de la France, voudrait sanctionner en inscrivant son nom sur une liste noire ! C’est aberrant… Pourquoi un tel acharnement ? Parce que je dis la vérité et que je ne suis pas achetable ? Parce que je n’ai pas fait défection ?

La France a été l’un des premiers pays à fermer son ambassade à Damas en mars 2012…
Cette décision a été une erreur colossale. Dans son intérêt, la France aurait dû conserver son ambassade en Syrie ne serait-ce que pour se tenir au courant des événements sur le terrain. Cela dit, quand l’ambassadeur de France Éric Chevallier a tenté de convaincre son ministre de tutelle que le rapport des forces était différent de celui qu’on décrivait dans les journaux et que le président Assad n’était pas près de tomber, il n’a pas été écouté ! Tout simplement parce que ce n’était pas le discours qu’on attendait de lui. Ce qui montre bien qu’il y avait un plan et que, selon ce plan, il fallait renverser le président Assad par tous les moyens, sans tenir compte de la réalité. Vous mesurez sans doute le caractère inédit de la situation : un gouvernement qui désavoue son ambassadeur sous prétexte qu’il fait le métier pour lequel il est payé ! Je me souviens très bien qu’en 1996, à l’époque où je travaillais aux côtés du président Hafez el-Assad, celui-ci avait imposé aux États-Unis la présence de la France lors des pourparlers sur le Liban. Washington avait dû accepter à contrecœur. C’est vous dire combien l’attitude de la France depuis 2011 est totalement en décalage par rapport à ce que nous pouvions attendre d’un pays qui connaît aussi bien la région.
Je l’affirme en toute sincérité : nous sommes prêts à reprendre des relations normales avec tout le monde, y compris avec la France. Mais ces pays devront reconnaître la pleine souveraineté de la Syrie et son droit inaliénable à décider de façon autonome. Il faut que ces relations soient fondées sur le respect mutuel et non sur des diktats.

Comment voyez-vous l’avenir de la Syrie ?
C’est une bonne question, la seule qui vaille. La crise actuelle n’est pas seulement syrienne. Elle est aussi régionale et internationale. Le monde se trouve à un moment charnière où le système unipolaire est en train d’agoniser tandis que le système multipolaire tarde à se mettre en place. Le centre de gravité se déplace vers l’Asie. L’émergence de la Russie, de l’Inde et de la Chine est le phénomène majeur de ces dernières années. Quant aux printemps arabes, aussi bien en Syrie qu’ailleurs, ils constituent aussi une nouvelle étape pour la région. C’est un processus lent mais qui aboutira à la marginalisation des idéologies extrémistes et à l’épuisement de l’islamisme politique. Regardez la Tunisie, d’où est parti le mouvement. Les élections de la fin octobre 2014 y ont marqué la défaite du Front islamique et la victoire des forces laïques. Voilà la vraie nature des Arabes ! Les Arabes ne sont pas des extrémistes. Il y a parmi eux des nationalistes qui croient dans le véritable islam - l’islam modéré - et qui, comme en Syrie, sont persuadés que chrétiens et musulmans forment une seule nation. Ce sont ces forces qui écriront l’avenir du monde arabe. Il faudra sans doute dix ans pour qu’un nouveau Moyen-Orient voie le jour mais, quel qu’il soit, ce ne sera pas celui que l’Occident avait imaginé. Le monde arabe est en train de bâtir un nouveau modèle politique séculier où la souveraineté tiendra une place centrale.

Quelle place la Syrie occupe-t-elle dans cette recomposition régionale ?
La Syrie est le laboratoire de ce nouveau monde arabe. Aux yeux d’un Marocain ou d’un Irakien, notre pays est le Bilad el Cham, le cœur du monde arabe. En ce moment, des pays comme la Tunisie, l’Algérie ou l’Égypte sont en train de normaliser leurs relations avec Damas. Le problème demeure celui des monarchies du Golfe qui s’opposent à un tel rapprochement et qui tiennent dans leur dépendance de nombreux États de la Ligue arabe.

Vous êtes l’une des plus proches collaboratrices du président Assad. En tant que conseiller politique, vous le côtoyez tous les jours. Avec le recul, comment expliquez-vous qu’il ait réussi à se maintenir au pouvoir depuis bientôt quatre ans ?
La résilience du président Assad a étonné le monde entier, tout simplement parce que - je le répète - l’évaluation de départ était faussée. Les plus clairvoyants ont été soigneusement empêchés de décrire la réalité - votre ambassadeur en sait quelque chose. Mais ici nous savions très bien que le président Assad ne quitterait jamais la Syrie. Lorsqu’il est venu à Damas, l’émissaire de l’ONU Lakhdar Brahimi lui a proposé l’asile politique en Égypte ou en Algérie. Cette initiative ridicule trahit une profonde méconnaissance du pays et de la personnalité du président.
Je vais vous raconter une histoire que peu de gens connaissent. Pendant la Première Guerre mondiale, le grand-père du président Bachar el-Assad, Ali, vivait à Qardaha, le berceau de la famille Assad. Des réfugiés chrétiens, qui fuyaient le génocide perpétré par les Turcs, se sont présentés aux portes du village. Eh bien, contre l’avis de tous, Ali a obligé les villageois à les accueillir. C’est la raison pour laquelle il y a encore de nos jours des chrétiens à Qardaha. Un Assad ne cède jamais aux pressions. Le président n’abandonnera jamais sa charge, car sa responsabilité est celle que lui ont confiée les Syriens. Comme il l’a rappelé, il vivra et mourra dans son pays. C’est aussi simple que cela. Sur le plan personnel, tous ceux qui l’ont approché, y compris des journalistes occidentaux, vous diront qu’il s’agit d’un homme modeste, très accessible, qui ne rechigne pas à aller au contact de la population. En un mot, un homme bien éloigné des caricatures dont on l’affuble à l’extérieur.

Source : lepcf.fr
Entretien datant de février 2015, publié le dimanche 3 janvier 2016


lundi 4 janvier 2016

L’Arabie saoudite, le prototype de Daesh


Un article signé Kamal Daoud, chroniqueur au Quotidien d’Oran, et auteur de “Meursault, contre-enquête”.



Daesh noir, Daesh blanc. Le premier égorge, tue, lapide, coupe les mains, détruit le patrimoine de l’humanité, et déteste l’archéologie, la femme et l’étranger non musulman. Le second est mieux habillé et plus propre, mais il fait la même chose. L’État islamique et l’Arabie saoudite. Dans sa lutte contre le terrorisme, l’Occident mène la guerre contre l’un tout en serrant la main de l’autre. Mécanique du déni, et de son prix. On veut sauver la fameuse alliance stratégique avec l’Arabie saoudite tout en oubliant que ce royaume repose sur une autre alliance, avec un clergé religieux qui produit, rend légitime, répand, prêche et défend le wahhabisme, islamisme ultra-puritain dont se nourrit Daesh.


Impensable que Flanby, si con soit-il,
n'ait pu saisir l'allégeance découlant d’un tel acte :

Flanby, schizophrène, fait la nique à la France d'une quenelle islamique


Flanby tout ravi de brandir un cimeterre, l'épaule couverte du drapeau de l’Arabie Saoudite,
le drapeau vert de l’islam frappé de l’inscription de la cha'ada associée à un sabre,
symbolisant la soumission consentie ou non à la charia.


Le wahhabisme, radicalisme messianique né au 18ème siècle, a l’idée de restaurer un califat fantasmé autour d’un désert, un livre sacré et deux lieux saints, la Mecque et Médine. C’est un puritanisme né dans le massacre et le sang, qui se traduit aujourd’hui par un lien surréaliste à la femme, une interdiction pour les non-musulmans d’entrer dans le territoire sacré, une loi religieuse rigoriste, et puis aussi un rapport maladif à l’image et à la représentation et donc l’art, ainsi que le corps, la nudité et la liberté. L’Arabie saoudite est un Daesh qui a réussi.

Le déni de l’Occident face à ce pays est frappant : on salue cette théocratie comme un allié et on fait mine de ne pas voir qu’elle est le principal mécène idéologique de la culture islamiste. Les nouvelles générations extrémistes du monde dit « arabe » ne sont pas nées djihadistes. Elles ont été biberonnées par la Fatwa Valley, espèce de Vatican islamiste avec une vaste industrie produisant théologiens, lois religieuses, livres et politiques éditoriales et médiatiques agressives.

On pourrait contrecarrer : Mais l’Arabie saoudite n’est-elle pas elle-même une cible potentielle de Daesh ? Si, mais insister sur ce point serait négliger le poids des liens entre la famille régnante et le clergé religieux qui assure sa stabilité — et aussi, de plus en plus, sa précarité. Le piège est total pour cette famille royale fragilisée par des règles de succession accentuant le renouvellement et qui se raccroche donc à une alliance ancestrale entre roi et prêcheur. Le clergé saoudien produit l’islamisme qui menace le pays mais qui assure aussi la légitimité du régime.

Il faut vivre dans le monde musulman pour comprendre l’immense pouvoir de transformation des chaines TV religieuses sur la société par le biais de ses maillons faibles : les ménages, les femmes, les milieux ruraux. La culture islamiste est aujourd’hui généralisée dans beaucoup de pays — Algérie, Maroc, Tunisie, Libye, Egypte, Mali, Mauritanie. On y retrouve des milliers de journaux et des chaînes de télévision islamistes (comme Echourouk et Iqra), ainsi que des clergés qui imposent leur vision unique du monde, de la tradition et des vêtements à la fois dans l’espace public, sur les textes de lois et sur les rites d’une société qu’ils considèrent comme contaminée.

Il faut lire certains journaux islamistes et leurs réactions aux attaques de Paris. On y parle de l’Occident comme site de « pays impies » ; les attentats sont la conséquence d’attaques contre l’Islam ; les musulmans et les arabes sont devenus les ennemis des laïcs et des juifs. On y joue sur l’affect de la question palestinienne, le viol de l’Irak et le souvenir du trauma colonial pour emballer les masses avec un discours messianique. Alors que ce discours impose son signifiant aux espaces sociaux, en haut, les pouvoirs politiques présentent leurs condoléances à la France et dénoncent un crime contre l’humanité. Une situation de schizophrénie totale, parallèle au déni de l’Occident face à l’Arabie Saoudite.

Ceci laisse sceptique sur les déclarations tonitruantes des démocraties occidentales quant à la nécessité de lutter contre le terrorisme. Cette soi-disant guerre est myope car elle s’attaque à l’effet plutôt qu’à la cause. Daesh étant une culture avant d’être une milice, comment empêcher les générations futures de basculer dans le djihadisme alors qu’on n’a pas épuisé l’effet de la Fatwa Valley, de ses clergés, de sa culture et de son immense industrie éditoriale ?

Guérir le mal serait donc simple ? À peine. Le Daesh blanc de l’Arabie Saoudite reste un allié de l’Occident dans le jeu des échiquiers au Moyen-Orient. On le préfère à l’Iran, ce Daesh gris. Ceci est un piège, et il aboutit par le déni à un équilibre illusoire : on dénonce le djihadisme comme le mal du siècle mais on ne s’attarde pas sur ce qui l’a créé et le soutient. Cela permet de sauver la face, mais pas les vies.

Daesh a une mère : l’invasion de l’Irak. Mais il a aussi un père : l’Arabie saoudite et son industrie idéologique. Si l’intervention occidentale a donné des raisons aux désespérés dans le monde arabe, le royaume saoudien leur a donné croyances et convictions. Si on ne comprend pas cela, on perd la guerre même si on gagne des batailles. On tuera des djihadistes mais ils renaîtront dans de prochaines générations, et nourris des mêmes livres.

Les attaques à Paris remettent sur le comptoir cette contradiction. Mais comme après le 11-Septembre, nous risquons de l’effacer des analyses et des consciences.


Kamal Daoud : L’Arabie saoudite, un Daesh qui a réussi

Une différence indéniable entre Daesh et l'Arabie saoudite : la taille du couteau !

L'Arabie saoudite envisage de poursuivre tous ceux qui la compareront à Daesh


dimanche 3 janvier 2016

La mise à mort du Cheick Al-Nimr : premier coup de semonce d’un conflit généralisé







L'exécution du Cheick Al-Nimr, chef de file des opposants de la minorité chiite en Arabie Saoudite, noyée dans une série d'exécutions de condamnés sunnites appartenant à Al-Qaïda et autres, chiites, appartenant à divers groupes autonomistes, principalement de l'Est du pays, là où se concentrent les fabuleux gisements d'énergies fossiles du royaume, a de quoi surprendre un observateur suivant l'évolution des évènements dans la région du Moyen-Orient du Golfe arabo-persique durant ces trente dernière années. Et pour cause. Cette escalade au stade ultime vise à relancer, à un niveau supérieur, une guerre inter-confessionnelle ayant servi les intérêts de l'Empire peu après l'invasion US de l'Irak.

Prosaïquement et aussi étonnant que cela puisse paraître venant d'un État aussi influent que l'Arabie saoudite, ce geste particulièrement hostile à l'égard de l'Iran, équivaut à l'image figurée d'un joueur d'échecs perdant subitement patience face à son adversaire interrompant le jeu par un acte de violence ou de vandalisme rendant impossible la poursuite de la partie.

L'Arabie saoudite est en guerre contre l'Iran et les soubassements de cette hostilité sont loin d'être réduits à l'unique grille de lecture d'une rivalité confessionnelle aussi réelle qu'elle puisse se manifester au niveau régional.

En réalité, cette perte de contrôle souligne que Ryad a fini par perdre patience. La guerre en Syrie dont l'Arabie saoudite est un des protagonistes majeurs tourne de plus en plus à sa défaveur tandis que la guerre au Yémen est en passe de devenir un véritable cauchemar stratégique. L'immense effort de guerre saoudien en Irak (de 1979 à 1988 en faveur de Saddam Hussein contre l'Iran, puis de 1990 à 2003 contre Saddam Hussein avant de mettre le feu au pays en soutenant des factions tentant de briser l'influence iranienne sur le pays), en Syrie (depuis 1986 et de façon plus active depuis mars 2011) et au Yémen (campagne aérienne parmi les plus onéreuses de l'histoire militaire contemporaine), pour ne retenir que ces fronts ouverts, a fini par porter atteinte à son économie et donc menacer sa stabilité et sa cohésion internes. Tout ceci dans un contexte économique mondial marqué par un net déclin des prix du baril de pétrole, résultat partiel de manœuvres saoudiennes au sein de l'OPEP visant à abattre les économies de Moscou, Pékin et par dessus tout, Téhéran pour le compte de Washington.

Mettre le feu aux poudres est aisé. Le mal est fait. Éteindre l'incendie est par contre fort difficile. Les provinces orientales du Royaume où se concentrent la plupart des complexes pétrochimiques abritent une minorité chiite dont les revendications peuvent à tout moment basculer vers le séparatisme ou une certaine forme de vassalité envers Téhéran. Le scénario d'une partition plane depuis des décennies sur le royaume.

En fin de compte, tout dépendra de la réaction ou pour être précis de la capacité de Téhéran et ses alliés à ne pas répondre à une provocation directe et ne pas être amené à une confrontation ouverte avec Ryad, c'est-à-dire Washington...

À peine deux jours après le passage en l'an 2016 et nous assistons à la première tentative de provoquer un glissement direct vers une guerre mondiale généralisée. 


Strategika51 : Premier coup de semonce d’un conflit généralisé
RT France : Qui était vraiment le Cheikh Nimr Baqer al-Nimr, l'imam chiite exécuté en Arabie saoudite ?

Le Blog de Jacques Tourtaux : Cheikh Nimr al-Nimr, un long parcours de lutte (infographie)

Sputnik : L'exécution d'al-Nimr conduira à l'effondrement de l'Arabie saoudite

Sputnik : Colère en Iran après l'exécution en Arabie saoudite d'un chef religieux chiite

SAHAR Universal Network : Nimr exécuté : les soldats désertent Qatif !



samedi 2 janvier 2016

L'Arabie saoudite met à mort par décapitation Sheikh Nimr Baqir Al-Nimr



Black day to Freedom




L'irréparable a été commis par l'Arabie saoudite… Une exécution qui coûtera cher à l'Arabie saoudite. Que sa monarchie, ses dirigeants infâmes et tous leurs suppôts soient maudits à jamais et aillent griller en Enfer pour l'Éternité !



L'Arabie saoudite a exécuté le dignitaire chiite Sheikh Nimr Baqir Al-Nimr, parmi 47 personnes condamnées pour "terrorisme", a annoncé samedi le ministère de l'Intérieur saoudien.

Sheikh Nimr Baqir Al-Nimr, critique pacifique trop pertinent de la dynastie sunnite des Al-Saoud, a été la figure de proue d'un mouvement de contestation du gouvernement qui avait éclaté en 2011 dans l'est de l'Arabie où vit l'essentiel de la minorité chiite, cette communauté systématiquement marginalisée dans un pays majoritairement sunnite.

Sheikh Nimr Baqir Al-Nimr avait été condamné à mort en octobre 2014 pour prétendus "sédition", "désobéissance au souverain" et "port d'armes" par un tribunal spécial de Ryad chargé des affaires de "terrorisme".
L'Iran a prévenu que l'exécution de l'imam "coûterait cher à l'Arabie saoudite"… "Le gouvernement saoudien soutient d'un côté les mouvements terroristes et extrémistes et dans le même temps utilise le langage de la répression et la peine de mort contre ses opposants intérieurs (...) il paiera un prix élevé pour ces politiques", a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Hossein Jaber Ansari, après l'exécution de Sheikh Nimr Baqir Al-Nimr.

Le neveu de Sheikh Nimr Baqir Al-Nimr, Ali Mohammed al-Nimr, le jeune chiite que veut décapiter et crucifier l'Arabie Saoudite mineur au moment de son arrestation ne figure en revanche pas au nombre des personnes exécutées.

Parmi les personnes exécutées figurent aussi des sunnites condamnés pour leur implication dans des attentats meurtriers revendiqués par Al-Qaïda entre 2003 et 2006. Ces attaques du groupe djihadiste sunnite avaient fait plusieurs centaines de morts. Un Égyptien et un Tchadien ont également été exécutés.

Le communiqué du ministère de l'Intérieur commence par des versets du Coran pour justifier le recours à ces exécutions. Le grand mufti saoudien Abdoulaziz Al al-Cheikh est apparu à la télévision pour prétendre que ces exécutions étaient justes, alors que des images de la télévision saoudienne proposaient un rappel des attaques commises entre 2003 et 2006.

Il s'agit d'exécutions inaugurant l'année 2016 dans un royaume moyenâgeux ultra-rétrograde qui a exécuté plus de 150 personnes l'année dernière, la plupart par décapitation publique ; 90 personnes avaient été exécutées en 2014.


Fact Check : The Truth About Sheikh Nimr

Vidéos au sujet de la répression en Arabie saoudite : Minutes For The Truth

The Death Sentence That Could Inflame Sectarian Tensions Across The Middle East : The fate of one Shi’ite cleric hangs over the Gulf like a sword of Damocles.

At least 4 protesters killed in Saudi mass executions



La mise à mort du Cheick Al-Nimr : premier coup de semonce d’un conflit généralisé

MidEast leaders lash out at Saudi Arabia over Shiite cleric's execution, protests erupt