Qui ne risque rien n'est rien… sur le chemin de Damas, alors que les opinions ont cédé face aux faits…
on ne le dit assez : un âge n'en chasse pas un autre, tous les âges qu'on a vécu coexistent à l’intérieur de soi, ils s'empilent, et l'un prend le dessus au hasard des circonstances.

dimanche 8 février 2015

"Le Roy ne meurt jamais" : une seule légitimité pour la France, SAR Louis XX, duc d'Anjou, chef de la Maison de France

Qui est le roi de France aujourd’hui ?

Celui que désignent les Lois fondamentales du Royaume (1984)

Source : Vive le Roy, article signé par  Frédéric Bluche, Jean Barbey, Stéphane Rials, le 7 février 2015


En France le roi est désigné par la Loi — ou Lois fondamentales de Royaume (1) — qui préserve notre Pays de la division et permet l’unité de la paix, condition indispensable du bien commun. Les lois de dévolution de la couronne de France sont limpides : le successeur est l’aîné par voie mâle. Or l’Aîné de la famille royale de France est actuellement le Duc d’Anjou, Chef de la Maison de Bourbon, plus connu sous le nom de Louis XX. Personne — ni lui, ni nous — n’a choisi l’attribution de cette lourde charge, mais parce qu’il en est investi par la loi et pour le bien de tous, il est à ce titre le garant de l’État de droit contre tous les arbitraires, comme ceux des lobbies partisans, financiers ou idéologiques. En France il ne peut donc y avoir de prétendant, il y a un successeur, Louis XX, qui ne prétend à rien parce qu’il est saisi par la loi. Aussi la branche cadette d’Orléans a beau en appeler jusqu’aux tribunaux de la République (2) pour tenter d’appuyer ses prétentions, elle se heurte toujours au mur du droit. Les gesticulations orléanistes seraient presque risibles si elles n’affaiblissaient notre pays en brouillant trop d’esprits non avertis.
Lois fondamentales et succession de France, IIe partie « La succession de France aujourd’hui », Diffusion Université Culture, Paris, 1984, p. 31-46.

L’explosion du légitimisme après la mort d’Henri V en 1883 Retour à la table des matières


À la mort de Henri V, le 24 août 1883, quatre partis s’offraient aux royalistes fidèles, à ceux que l’on appelait « légitimistes » depuis l’usurpation de 1830.

Le parti de la fusion avec les orléanistes

Un certain nombre d’entre eux réalisa une « fusion » que d’aucuns projetaient de longue date. Il s’agissait, après la mort du comte de Chambord, dernier rejeton de la branche aînée, de considérer que la branche d’Orléans était immédiatement successible et de se rallier à son chef, le comte de Paris, petit-fils de Louis-Philippe. Compromis dynastique, puisqu’elle faisait fi de la nouvelle aînesse des Bourbon-Anjou (v. le tableau de la succession), cette démarche revêtait aussi des allures de « compromis historique » [1].
Bien que les positions du nouveau « Philippe VII » n’aient pas toujours été très claires — hésitant entre l’adhésion au régime représentatif et les séductions passagères des techniques plébiscitaires —, il ne faisait pas de doute que l’acceptation par des monarchistes intransigeants du drapeau tricolore était lourde de signification : elle les préparait aux futurs combats, fort peu traditionnels, du nationalisme. La déchirure de la tunique sans couture de la tradition était la brèche par laquelle la pédagogie positiviste de la monarchie démontrée allait pouvoir s’engouffrer.

Le parti du ralliement à la République et autres conservateurs

D’autres royalistes, pensant que toute espérance politique était morte avec « l’enfant du miracle » — un miracle sans suites naturelles (au moins politiquement perceptibles) —, devancèrent les vœux de Rome en s’acheminant à petits pas vers le « ralliement ». Si l’encyclique Au milieu des sollicitudes de Léon XIII ne devait théoriser celui-ci qu’en 1892 [2], Mgr Czacki, nonce à Paris, en avait jeté les premiers fondements dès 1879. Certains — parcourant cinquante ans après Lamennais le même itinéraire tourmenté — vont très vite transporter leurs conceptions organicistes et anti-individualistes dans le camp de la démocratie, contribuant à doter la nouvelle démocratie chrétienne de certains de ses traits les moins libéraux.
D’autres, au premier rang desquels un Albert de Mun, vont, depuis le relatif succès des conservateurs en 1885 jusqu’à l’affaire Dreyfus en passant par le trouble épisode boulangiste, s’agréger à la mouvance conservatrice, abandonnant le combat royaliste sans pour autant devenir républicains.

Le parti survivantiste, « légitimystique » ou apparitionniste

Une poignée de fidèles ensevelit son désespoir dans le « survivantisme », la quête de la descendance de Louis XVII et le rêve millénariste du retour du « Grand Monarque ». Cette mouvance « légitimystique » n’a pas disparu aujourd’hui. Si son attention se porte plus volontiers sur Fatima que sur La Salette, elle paraît étonnamment inchangée, entremêlant le plus certain du message de l’Église et le plus douteux de la prose d’exégètes aventureux et hétérodoxes. Si elle a pu jeter des éclats fulgurants à la fin du siècle dernier — que l’on songe à Léon Bloy —, elle s’étiole dorénavant dans l’incantation répétitive. De toute façon, le point de droit importe peu à des esprits qui n’accordent nulle autonomie, même relative, provisoire et conditionnelle, au jeu des instances naturelles et qui jugent la coutume bien humaine, trop humaine.

Les légitimistes fidèles au droit traditionnel

Il n’y eut, en fin de compte, qu’une assez étroite phalange de légitimistes pour faire en 1883 le choix qu’imposait le droit traditionnel, quel que fût le caractère impolitique de ce choix : reporter sa fidélité sur les Bourbon-Anjou [3].
Dans l’entourage de Henri V, Joseph du Bourg et Maurice d’Andigné sont de ceux-là. Quelques feuilles suivent ou sont créées, des congrès ont lieu périodiquement ; mais les princes carlistes, peu capables ou sollicités prioritairement par leurs tragiques luttes espagnoles, ne s’intéressent guère à ce combat marginal, même s’ils rappellent à plusieurs reprises leurs droits imprescriptibles.

Renaissance de la tradition légitimiste Retour à la table des matières

 

Traversée du désert et effort de rationalisation

L’absence de réflexion juridique sérieuse favorise les schismes : ainsi lorsque le général François-Henri de Bourbon-Séville se pose en « prétendant » au motif que don Carlos a renoncé à la France et que la branche cadette règne déjà sur l’Espagne (voir le tableau).
Ce n’est qu’au début du XXe siècle qu’une série de thèses universitaires (Watrin, La Perrière, Bourbon-Parme) tranche avec clarté dans le magma informe et inégal des argumentations contradictoires. L’intérêt pour la France de Jacques, duc d’Anjou et de Madrid, contribue à ce renouveau en dépit de la rapide croissance de la jeune Action française. Mais les suites seront modestes : quelques revues, parfois érudites ou talentueuses, quelques petits groupes de « courtisans de l’impossible » (Des Houx) vont simplement maintenir le souvenir de cette tradition nationale.
À l’époque la plus récente pourtant, les crises de l’Action française, les prises de position parfois originales du second comte de Paris, l’élargissement du goût pour l’histoire et un vif intérêt du public — imprévisible il y a encore quelques années — pour plusieurs sciences auxiliaires traditionnelles (généalogie, héraldique) ont contribué à rendre au débat dynastique une certaine actualité. Il est probable que le déclin de plus en plus manifeste des chances d’une restauration monarchique a fait beaucoup pour dépassionner cette question et donner un tour plus serein, plus intellectuel, moins politique, à la réflexion historique.

1983 : le renouveau légitimiste

En 1983, le centenaire de la mort du comte de Chambord a trouvé un écho dans la grande presse. À l’automne de la même année, le « grand monde » parisien a été secoué par l’admission du duc d’Anjou et de Cadix dans l’illustre Société des Cincinnati [4] au titre de « plus proche parent de Louis XVI ». Cet événement mondain a donné lieu à des échanges de communiqués peu amènes entre le secrétariat du comte de Paris et celui du duc d’Anjou, étendant encore un peu l’audience de la controverse [5].


La force du droit et l’indigence de l’argumentaire orléaniste Retour à la table des matières


La gêne de la presse orléaniste dans ses diverses composantes politiques (Aspects de la France notamment) ou mondaine (Points de vue-Images du Monde) est sensible en cette affaire. Malgré la modestie des instruments dont disposent les tenants du droit traditionnel [6], leur argumentation, difficilement réfutable, emporte la conviction de ceux qui, ne se sentant pas prisonniers de fidélités ou de rancunes anciennes et jugeant le point de droit disputé plus culturel que politique au sens immédiat du terme, examinent la querelle dynastique avec sérénité.

Du point de vue juridique, la question de l’état actuel de la succession de France n’est pas obscure. Le « roi de droit », saisi par la coutume, investi par l’antique loi statutaire, ne peut être que l’aîné des Bourbons [7], le duc d’Anjou et de Cadix. Cette désignation, platonique il est vrai, n’est nullement entravée par les quatre objections qui sont parfois soulevées mais qui ne sont d’aucune valeur en droit royal français :


Examen de l’argument orléaniste sur les « renonciations d’Utrecht » Retour à la table des matières

 

 Le contexte des renonciations d’Utrecht de Philippe V, roi d’Espagne et petit-fils de Louis XIV

En 1700, le duc d’Anjou, petit-fils de Louis XIV, devint roi d’Espagne sous le nom de Philippe V. Cette élévation qui troublait l’équilibre européen suscita une longue guerre, conduite au premier chef par l’Angleterre et qui s’acheva par les traités d’Utrecht, de Rastadt et de Bade, reconnaissant la royauté espagnole de Philippe à la condition qu’il renonçât pour lui et pour ses descendants à ses droits sur la Couronne de France.
L’opération fut, en vérité, complexe.
  • Philippe V renonça en novembre 1712 devant les Cortès qui enregistrèrent l’acte.
  • Louis XIV dut donner des lettres patentes, enregistrées par le Parlement en mars 1713, mais il refusa une ratification par les États généraux, que souhaitait vivement l’Angleterre mais qui, au demeurant, n’aurait eu aucune portée constitutionnelle car la possibilité de modifier la coutume n’appartenait, dans l’ancien droit, à aucune autorité quelle qu’elle fût.

De l’invalidité de ces renonciations selon le droit

La paix fut signée à Utrecht le 11 avril 1713. Louis XIV et son petit-fils avaient toutefois fait observer qu’une telle renonciation était dépourvue de la moindre valeur.
  • La violence viciait des consentements arrachés par une guerre cruelle, et surtout
  • Philippe V n’avait pas plus la capacité de renoncer à la Couronne que Louis XIV celle d’en exclure sa descendance. Dans le cadre de la coutume statutaire, la monarchie française est successive et non héréditaire, la Couronne est indisponible. Le roi est désigné par la loi de succession et non propriétaire du trône. Il ne peut pas plus renoncer qu’abdiquer [8].

De l’impossibilité pour un père d’exhéréder son fils de quelque chose qui ne lui appartient pas

N’ayant qu’une compétence, virtuelle et indépendante de toute volonté humaine, Philippe V ne pouvait renoncer pour lui-même, a fortiori pour ses successeurs [9]. Sans doute n’était-il héritier légitime qu’en tant que collatéral (après le futur Louis XV), mais la coutume — on l’a dit plus haut — ne l’en considérait pas moins comme un successeur direct, le primogenitus en puissance ; l’obliger à renoncer équivalait à l’exhérédation du fils aîné du roi. On pourrait tout au plus attribuer au serment de Philippe une portée morale et strictement individuelle ; encore le pape l’en délia-t-il et le roi d’Espagne s’apprêta-t-il plusieurs fois, lorsque circulèrent des bruits de maladie de Louis XV, à regagner Paris pour y faire valoir ses droits.

Le Parlement de Paris n’a pas compétence pour enregistrer des renonciations contraires aux Lois fondamentales du Royaume

L’enregistrement par le Parlement — qui en lui-même n’a guère de valeur car nos parlements d’ancien régime, qui enregistrèrent tout et n’importe quoi, ne jouissaient pas du pouvoir constituant, ni même législatif — cet enregistrement n’alla pas sans difficultés révélatrices.
  • Le chancelier Pontchartrain et le procureur général d’Aguesseau refusèrent d’assister à la séance.
  • Le premier président de Mesmes déclara « qu’il avait cru que le devoir de sa charge l’obligeait de prendre la liberté de représenter à Sa Majesté qu’une telle renonciation était absolument opposée aux lois fondamentales de l’État [...] »
Le sentiment de Louis-Philippe [prince d’Orléans et usurpateur selon les lois fondamentales (Note de VLR)] lui-même était identique ! Lorsqu’il maria son dernier fils, le duc de Montpensier, à la sœur cadette d’Isabelle II de Bourbon, reine d’Espagne, il considéra que la renonciation faite à la Couronne d’Espagne à l’occasion du traité d’Utrecht par son aïeul le duc d’Orléans (pour lui et sa descendance) n’avait aucune valeur et que, le cas échéant, si Isabelle mourait sans postérité, Antoine de Montpensier et son épouse pourraient valablement monter sur le trône [10].

L’argument de la supériorité du droit international sur le droit national

Certains pourraient cependant être tentés de croire que, pour être contraire à la constitution du royaume, le traité d’Utrecht n’en était pas moins valide. Des orléanistes contemporains argumentent en ce sens.
Il y a quelque paradoxe, pour d’ardents défenseurs de la « loi de nationalité » (voir infra), à invoquer un traité international pour violenter la coutume nationale française [11] ; mais il faut répondre au fond et ne pas s’en tenir à cet étonnement ironique.
En droit contemporain, il est généralement admis que le droit international a une valeur supérieure à celle du droit interne. Mais il est non moins admis que de ce droit interne il faut excepter la constitution de l’État : le traité prévaut sur la loi et sur les normes inférieures, non sur la loi fondamentale de l’État.
Il n’y a rien là que de très normal, car on imagine mal que le pouvoir de faire des traités devienne un pouvoir constituant indirect au mépris des procédures de révision constitutionnelle prévues. En droit français actuel, la ratification d’un traité contraire à la constitution passe par la révision préalable de celle-ci. On est donc renvoyé à la question de savoir si Louis XIV et le Parlement ont pu réviser les lois fondamentales en 1713, question à laquelle toute réponse — on l’a déjà dit — ne peut être que négative. Le roi en Parlement — cela s’est vérifié dans l’affaire contemporaine de la légitimation des bâtards du Grand Roi — n’avait pas le pouvoir constituant dans l’ancienne France.
Ajoutons que cette question, comme sa solution, n’était pas nouvelle au début du XVIIIe siècle. Déjà un traité avait échoué à modifier la coutume : le traité de Troyes de 1420, qui n’avait pas empêché le dauphin Charles de devenir le plus légitimement du monde le roi Charles VII.

Un traité n’est valide que si toutes ses clauses sont appliquées et s’il n’est pas abrogé par un autre

Si l’on veut à tout prix faire sa place au droit international, il ne faut pas oublier que dans les strictes perspectives de celui-ci, un traité ne demeure valide que s’il y a réciprocité. En l’espèce, toutes les parties au traité d’Utrecht ont été à nouveau en guerre par la suite, et ses dispositions toutes violées ou presque. Garnier-Pagès le notait avec humour en 1847 :
Comment parler du traité d’Utrecht ? Mais alors, il faut combler le port de Dunkerque !
En vérité, il n’y a qu’une clause du traité de 1713 dont on pourrait soutenir qu’elle conserve sa validité et échappe à la caducité de l’ensemble. Il s’agit d’ailleurs de la clause déterminante.
L’article 6 du traité, interdisant la réunion sur une même tête des couronnes de France et d’Espagne, a été plusieurs fois confirmé dans des traités ultérieurs, et en dernière analyse à Vienne en 1815. Philippe V, lorsqu’il songeait à régner en France, comptait d’ailleurs le respecter et laisser à Madrid un cadet parmi ses descendants [12] [13].
L’obstacle des renonciations n’a jamais existé. C’est d’ailleurs aujourd’hui moins celui-ci que l’existence d’un prétendu vice de pérégrinité qu’invoquent les détracteurs des droits historiques des Bourbon-Anjou.

Examen de l’argument orléaniste sur le « vice de pérégrinité » Retour à la table des matières

 

Les orléanistes en appellent à l’idéologie nationaliste contre le droit de l’ancienne France

Le caractère « espagnol » des Anjou, lit-on ici ou là, les exclurait automatiquement de la succession de France. M. Guy Augé a démontré le caractère anachronique et extérieur à la tradition royale française d’une telle « règle de nationalité », manifestement post-jacobine [14].
L’ancien droit n’admettait qu’un principe de sanguinité, ce qu’attestent — pour ne retenir que les exemples les plus récents [15] — les précédents de François II (roi d’Écosse), de Henri III (roi de Pologne) et surtout de Henri IV (roi de Navarre à la seconde génération). D’ailleurs les renonciations d’Utrecht démontrent à elles seules qu’on ne croyait pas, dans l’Europe pré-nationalitaire du XVIIIe siècle, au vice de pérégrinité.
L’idée que la coutume statutaire aurait eu pour vocation, lors de sa précision au XIVe siècle, d’exclure les étrangers par préoccupation d’indépendance nationale est erronée. À une époque où l’on pensait que le fils était la reproduction du père et où l’on ignorait les mécanismes de la génération, il s’agissait bien d’écarter des étrangers de la succession, mais des étrangers au sang de France, sang transmis par les seuls mâles. D’ailleurs, les Plantagenêt n’étaient pas des étrangers au sens moderne du terme ; ils étaient des « francophones » accomplis. Bref, on ne voit guère comment un passeport républicain pourrait modifier l’immémoriale coutume du royaume.
Sur tous ces points, les sentiments des rois de France, des diverses autorités et des publicistes étaient unanimes avant 1789.
  • Les premiers les manifestèrent toujours en attribuant automatiquement le Saint-Esprit aux infants d’Espagne comme aux enfants de France, ou en affirmant, par le Pacte de Famille de 1761, l’unité de « l’auguste maison de France » à travers toutes ses branches.
  • Au couchant de la monarchie, en 1789, Louis XVI, qui n’avait pas perdu toute notion de droit traditionnel, se confia à son cousin Charles IV d’Espagne « comme chef de la seconde branche ».
L’autorité, certes fragile, du parlement de Paris ne s’exerça pas dans le sens souvent invoqué. Les détracteurs des droits des Anjou citent parfois le célèbre arrêt Lemaistre (28 juin 1593). Celui-ci
ordonne que remontrances seront faites [...] à ce qu’aucun traité ne se fasse transférer la couronne en la main de prince ou princesse étrangers ; [...] déclare tous traités faits ou à faire ci-après pour l’établissement de prince ou princesse étrangers nuls et de nul effet et valeur, comme faits au préjudice de la loi salique et autres lois fondamentales de l’État.
Passons sur la piètre rédaction du document et sur le recours à la notion impropre, mais reçue alors, de « loi salique ». Il est patent — là est l’essentiel — qu’« étranger » signifiait « étranger au sang de France ». La preuve en est que cette décision du Parlement soutenait les droits de Henri de Navarre, non seulement contre certains étrangers au sens moderne mais contre quelques parfaits Français, étrangers au sang de France, tel le duc de Mayenne, chef de la Ligue.
Quant aux publicistes en renom, ils ne varièrent jamais sous l’ancien régime. Une seule exception : le Père Poisson, mais l’homme était appointé par les Orléans dont il essayait d’établir les prétentions... [16]
La Constituante elle-même, après une riche discussion en septembre 1789, devait disposer dans le titre III de la constitution de 1791 :
Rien n’est préjugé sur l’effet des renonciations dans la race actuellement régnante [17] (sans mentionner le point de la nationalité).
C’est seulement au XIXe siècle — et pour cause — qu’il y aura, selon l’expression de Guy Augé, « estompage du droit traditionnel ».
Cela n’empêcha pas Louis XVIII (notamment lors de l’expédition d’Espagne de 1823), la duchesse de Berry ou de talentueux publicistes comme Michaud, Revelière, Lourdoueix, Carrière, Coquille et tant d’autres, de préserver en gros les positions de la constitution immémoriale.

L’argument orléaniste des « sentiments » d’Henri V Comte de Chambord

Les sentiments du comte de Chambord, souvent invoqués par les « fusionnistes », outre le fait qu’ils ne pouvaient avoir la moindre incidence sur le point de droit — répétons-le, on n’est pas ici dans le cadre d’un héritage privé —, n’étaient pas du tout ceux qu’on lui attribue trop souvent.
En dépit de l’évident intérêt politique qu’il y aurait eu pour lui à parler en faveur des Orléans, il s’y refusa toujours obstinément. Certes, en prince chrétien, il pardonna aux hommes. Mais pour le reste, avec l’infinie réserve du titulaire d’un principe, il se contenta de rappeler qu’il y avait une règle de succession, qu’il faudrait l’appliquer après sa mort, et il invita les princes cadets à reprendre — ce sont ses propres termes, si mal interprétés parfois — « leur rang dans la famille royale, sans aucune condition [...] ».
Les soi-disant « témoignages » intéressés et politiques de certains cadets à reprendre des hommes qui avaient des oreilles pour ne pas entendre et auxquels Henri ne parlait pas vraiment — sont sans valeur. Ils sont infirmés par les aumôniers du prince, Mgr Curé et le Père Bole — leur aurait-il menti ? — et par son exécuteur testamentaire, Huet du Pavillon, ou par des fidèles aussi proches que le général de Cathelineau, Joseph du Bourg et Maurice d’Andigné [18]. Tous affirment qu’il reconnaissait les droits des Anjou. D’ailleurs le comte de Chambord ne légua pas aux Orléans les archives royales et les croix des ordres, qui parvinrent aux Anjou.
À ses obsèques, ses neveux « les princes d’Espagne » prirent la tête du convoi. Sa veuve voulait ainsi faire respecter un vœu du défunt qui, selon l’heureuse formule de M. Hervé Pinoteau, était la « démonstration que l’ordre dynastico-politique découlait de l’ordre familial ». Ce fut l’aîné de tous les Bourbons, don Juan (Jean III), prince bien contestable pourtant à titre personnel et dans une perspective traditionaliste, qui conduisit le convoi à Goritz. Les Orléans furieux n’assistèrent pas à la cérémonie.

Les objections secondaires des orléanistes Retour à la table des matières


Le présent essai serait incomplet s’il ne tranchait pas trois points soulevés parfois pour contester les droits des Anjou.

Les lettres patentes de Louis XIV confirmant le nouveau roi d’Espagne dans sa succebilité au trône de France

En décembre 1700, Louis XIV publia des lettres patentes conservant au nouveau roi d’Espagne, malgré son expatriation, ses droits éventuels à la Couronne de France. Est-ce à dire que le Grand Roi croyait que Philippe V pouvait les perdre ? Outre le fait qu’une erreur de droit de sa part [19] n’était pas de nature à modifier l’état du droit, il y a tout lieu de considérer qu’il n’y avait là — les juristes sont familiers de ce genre de technique — qu’un acte purement déclaratif. Guy Augé écrit plus politiquement : des « lettres de précaution, disant le droit, mais ne le créant pas » [20].

L’argument orléaniste de reconnaissance des Orléans comme « princes de sang »

Un deuxième argument a trait à la qualité de prince du sang. Celle-ci a été reconnue aux Orléans qui se sont même vu accorder le titre de « premier prince du sang », tant au XVIIIe siècle que sous la Restauration. Les Anjou, au contraire, ne furent jamais dits tels. Trois raisons permettent de n’accorder aucune portée dynastique à cet état de choses.
  • En premier lieu, des rois — même de la maison de France — ne pouvaient guère porter des titres de cour français.
  • En second lieu, de tels titres ne relevaient en aucune façon des lois fondamentales ; ils étaient le fruit d’un simple acte de volonté du roi, d’une réglementation très accessoire de l’étiquette de la cour.
  • Enfin, bien qu’en bonne logique ils eussent dû l’être, tous les successibles n’étaient pas princes du sang. Pour des raisons de bonne administration — c’est-à-dire pour éviter de geler trop d’emplois au profit des Capétiens ainsi consacrés —, le roi évitait de les multiplier [21].

L’argument orléaniste de prescription

Un dernier argument ne saurait être éludé. Certains objectent que l’incontestable vérité du XVIIIe siècle n’a pu que s’effacer peu à peu [22], selon le mécanisme de la prescription. De la fin du règne de Louis XIV à la mort de Henri V en 1883, la branche des Anjou se serait « hispanisée ». Or « admettre la prescription comme mode d’acquisition d’un droit, c’est le patrimonialiser [...]. On ne peut prescrire des choses qui ne sont pas dans le commerce [...]. La Couronne [...] est imprescriptible » [23]. Profonde vérité qui se trouve au cœur de la dévolution statutaire, mécanisme de droit public. La fragilité d’une telle construction se révèle assez par trois de ses conséquences imaginables :
  • Elle pourrait affecter le statut des princes exilés — et donc celui des Orléans eux-mêmes jusqu’à une époque récente (de 1886 à 1950) — ce qui est absurde.
  • Elle n’interdirait pas à des descendants de Philippe V ayant recouvré la nationalité française — il y en a — de redevenir successibles après un certain délai ; car ce que la prescription fait perdre, elle peut le restituer. Mais après quel délai ? On se trouve plongé, on le voit, dans le désordre que la théorie statutaire s’est employée à bannir.
  • Si l’on prend enfin la notion de prescription dans son sens le plus strict — acquisition d’un droit par possession ininterrompue ou perte d’un droit par non-exercice —, comment ne pas voir que c’est la monarchie elle-même qui en France se trouve prescrite, et que dès lors il n’y a pas plus prescription acquisitive pour les Orléans que prescription instinctive pour les Anjou ?
Il faut donc se résoudre à établir une différence définitive, au regard du droit royal historique, entre le prince étranger au sang de France et le prince capétien expatrié qui contribue à porter au delà des frontières le rayonnement d’une maison de France décidément unique. Tout le reste est anachronisme ou fantaisie de juristes amateurs.

L’objection du mariage morganatique Retour à la table des matières


Une nouvelle difficulté a surgi au XXe siècle. Le roi Alphonse XIII d’Espagne, devenu l’aîné des Bourbons à l’extinction de la branche carliste en 1936, avait deux fils. Le plus jeune, Jean, comte de Barcelone, est le père de l’actuel roi d’Espagne Juan-Carlos Ier. L’aîné, Jacques-Henri, duc d’Anjou et de Ségovie, mort en 1975, légitime successible en France, épousa Emmanuelle de Dampierre. De ce mariage est issu notamment l’actuel duc d’Anjou et de Cadix. Or les Dampierre, pour être de bonne et ancienne noblesse, ne sont pas une maison souveraine.
Il faut écarter de la tradition royale française la théorie — valide dans tel ou tel autre pays, notamment dans le monde germanique — des mariages morganatiques (ou, si l’on préfère, inégaux), aux termes de laquelle certaines conséquences défavorables affectent le statut d’un successible s’il est issu d’une union avec une femme de condition inférieure [24]. Il n’y eut jamais, jusqu’à la Révolution, d’exclusion de la succession pour le motif de mariage inégal.
Certes, objectera-t-on, les immédiats successibles furent alliés à des épouses issues de maisons souveraines. Mais de nombreux Capétiens de branches cadettes — dont il était impossible d’affirmer qu’elles ne seraient jamais appelées à la succession — se marièrent avec des jeunes filles de la simple noblesse. Il ne fut jamais dit que, de ce fait, ils n’étaient plus successibles.
Un exemple de poids : le trisaïeul par les hommes de Henri IV, Jean II de Bourbon, comte de Vendôme, s’était uni au milieu du XVe siècle à Isabelle de Beauvau, de bonne maison sans doute mais non souveraine [25].
Aucune loi fondamentale ne s’est jamais constituée en France qui prohibe le mariage morganatique. Si les plus hautes autorités avaient été persuadées qu’il fallait garantir l’égalité des mariages des successibles, elles se seraient préoccupées d’instaurer à cette fin un mécanisme d’autorisation, ainsi qu’il put en exister sous d’autres cieux. Or seul Louis XIII eut, très provisoirement, une velléité en ce sens : en 1634, à rencontre de son frère Gaston.
Le fait que Charles VII ait interdit à son turbulent dauphin (le futur Louis XI, qui passa outre) d’épouser Charlotte de Savoie n’eut aucun effet sur la succession. Si en principe le roi, sous l’ancien régime, conduisait lui-même la politique matrimoniale de ses proches, il va de soi qu’il n’y avait pas là une condition de succession puisque le monarque ne procédait pas ainsi pour l’ensemble, innombrable, des successibles de la maison capétienne puis, au XVIIIe siècle, après disparition des derniers successibles des autres branches, de la maison de Bourbon.
Il y a là une profonde logique. La théorie statutaire présidant à la dévolution de la Couronne tendait tout entière à éviter les incertitudes dans la désignation du primogenitus. Elle bannissait la volonté — humaine et déchue — des mécanismes de la succession. Dans un climat profondément chrétien, elle s’en remettait à la providence de la coutume. L’autorisation royale au mariage aurait réintroduit la volonté, l’humeur, bref, le désordre. L’introduction de l’idée forcément approximative de « mariage inégal », soutenue par la fausse garantie d’une autorisation par le chef de maison, n’aurait pu qu’obscurcir les choses. La coutume, expression du bon sens spontané, ne l’a pas consacrée. Dans sa logique profonde, elle l’a exclue.
Ajoutons, avec Hervé Pinoteau, que
Le roi ne saurait [...] légiférer sur un sacrement ; un mariage est bon ou mauvais devant le droit canon, mais le roi très chrétien n’en est pas juge [26].
La loi de catholicité — nous avons vu comment elle se combinait avec la coutume sans entraver le mécanisme de désignation — implique seulement que le mariage du rex christianissimus et des successibles soit canoniquement valable et que seule une telle union puisse transmettre le jus successionis [27]. Loin qu’il y ait là entrave à la rigueur de la coutume, cette exigence est une condition majeure de son efficacité et du caractère incontestable de la succession : le jeu des présomptions de la filiation légitime est en effet le plus sûr garant de la certitude en la matière.

L’objection orléaniste de la désuétude de la coutume Retour à la table des matières


Peut-on envisager une désuétude du droit royal historique ? Certainement. Alors, comme l’a écrit Guy Augé,
il n’y aurait plus [...] de dépositaire légitime de la Couronne, ni Anjou, ni Orléans [...]. Tout est possible quand la monarchie cesse d’être une tradition [28].
  • Soit la consuetudo — telle une rivière souterraine — subsiste comme principe de légitimité, et le duc d’Anjou est roi de droit sous le nom d’Alphonse II.
  • Soit la coutume est abrogée, et en ce cas c’est la royauté française qui est morte, non seulement en fait — ce qui est patent — mais aussi en droit. On peut alors inventer toutes les monarchies que l’on veut, on ne parviendra pas à gommer la solution de continuité.
Il est impossible d’envisager une modification coutumière du droit royal depuis la Révolution. Aucune exigence de l’esprit moderne — l’exigence nationalitaire par exemple — ne peut être invoquée pour « enrichir » les lois fondamentales. Car l’esprit moderne, le constitutionnalisme abstrait, le constructivisme jacobin se sont bâtis contre la coutume : ils l’ont combattue avant de l’oublier. Aucun nouveau trait coutumier, impliquant répétition, constance et conscience d’une pratique affectant le corpus coutumier en vigueur, aucun trait de cette nature ne saurait être observé — et pour cause — depuis 1830 [29].
Les prétendus « enrichissements » de la coutume ne seraient, en bonne logique, que des violations. Ce qui est au cœur de la coutume royale française, c’est que la qualité d’« héritier » ne peut jamais se perdre. L’héritier, on l’a dit, a un titre à succéder parce qu’il est héritier nécessaire par la vertu de son droit formé, communiqué dès sa naissance par le sang.
  • La coutume statutaire enchaîne inexorablement les « héritiers » qu’elle désigne, ceux-ci succédant par un mécanisme automatique que rien ne peut dérégler.
  • La coutume traditionnelle est une belle au bois dormant. On peut la laisser dans son engourdissement. On ne saurait profiter de son long sommeil pour la violenter.

Conclusion : le duc d’Anjou est le successeur légitime Retour à la table des matières


Le duc d’Anjou ne « prétend » à rien. Il est saisi par les antiques lois fondamentales du royaume. Cela n’est aujourd’hui d’aucun effet pratique, mais les hommes de mémoire et de tradition ne doivent pas ignorer l’état du droit royal historique. Si ce droit est bien peu politique après le siècle des nationalités, l’idée royaliste en général ne l’est guère non plus à l’ère démocratique. Ce devrait être l’occasion d’éviter des manipulations juridiques d’autant plus dérisoires qu’en rompant avec la vérité et en promouvant des demi-principes, elles ne rencontrent pas pour autant le succès.
(1) Lire les articles de :
(2) Lire l’intervention de Jean Foyer — Ministre de la République converti à la légitimité —, qui ridiculise les prétentions orléanistes lors du procès de 1989 :
[1Voir une histoire de la « fusion » depuis 1848 dans Rials, Le légitimisme, op. cit., p. 65 ss.
[2Voir ce document dans Rials, Textes politiques français, Paris, P.U.F., « Que sais-je ? », 1983. p. 83-85.
[3Sur l’histoire de ce courant depuis 1883, voir le mémoire multigraphié de Guy Augé, Les « blancs d’Espagne », Faculté de Droit de Paris, 1967 (bibliothèque Cujas).
[4Cette société regroupe depuis deux siècles les aînés des descendants des Français qui participèrent sous Louis XVI à la guerre d’indépendance américaine.
[5Faut-il ajouter l’extraordinaire audience du duc d’Anjou (Alphonse II) lors des cérémonies du millénaire capétien, puis, du bicentenaire de la Révolution ? Maintenant Louis XX, fils d’Alphonse II et successeur actuel, reprend le flambeau de son père et poursuit inlassablement son engagement pour la famille, notre Pays et la tradition. (Note de VLR)
[6Notamment les revues La Légitimité, La Science historique, et les publications de l’Institut de la Maison de Bourbon.
[7Il n’y a plus aujourd’hui de Capétiens dynastes que Bourbons. Toutes les autres branches capétiennes sont éteintes.
[8Voir supra.
[9Voir Paul Watrin, La tradition monarchique, retirage complété par Guy Augé, Paris, Diffusion Université Culture, 1983, et tous les maîtres de l’histoire des institutions cités par Guy Augé, Succession de France et règle de nationalité, Paris, Diffusion Université Culture, 1979, p. 108 ss.
[10Voir les documents cités par Hervé Pinoteau, Monarchie et avenir, Paris, Nouvelles éditions latines, 1960, p. 128 ss.
[11Guy Augé, La Légitimité, oct.-déc. 1980, n° 24, p. 15, note qu’il a « toujours trouvé étrange que de sourcilleux nationalistes fassent si grand cas d’un acte imposé par la violence à la nation française. Un peu comme si la constitution française devait l’une de ses clauses majeures au traité de Francfort de 1871 ou aux accords d’Évian de 1962 ».
[12Il semble bien qu’il ait abdiqué la couronne d’Espagne en 1724, afin d’être prêt à toute éventualité. Mais à la mort prématurée de son aîné, il dut la ceindre à nouveau.
[13La question ne se pose guère aujourd’hui puisque le général Franco a instauré une nouvelle monarchie en choisissant un prince cadet, Juan-Carlos. Il ne nous appartient pas de nous prononcer sur le point de droit espagnol, mais les vicissitudes de l’acclimatation de la coutume statutaire outre-Pyrénées, notamment à la fin du règne de Ferdinand VII, y rendent difficile la définition incontestable du droit traditionnel.
[14Guy Augé, Succession de France..., op. cit., passim.
[15Ibid., p. 37 ss. Et Watrin, op. cit., p. 132.
[16Guy Augé, Succession de France..., op. cit., notamment p. 35 ss.
[17Constitution de 1791, Titre III, chap. II, section 1re, art. 1er. Cette rédaction avait été violemment combattue à l’Assemblée en septembre 1789 par les partisans, avoués ou non, du duc d’Orléans (futur Philippe Égalité).
[18Extraits des témoignages de ces fidèles dans Pinoteau, Monarchie et avenir, op. cit., p.120 ss.
[19Erreur qui en elle-même ne serait guère étonnante puisque, malgré sa révérence plusieurs fois affichée à l’égard des lois fondamentales, Louis XIV en commit au moins deux autres : lors du très politique traité de Montmartre ( infra, note 50), et en légitimant ses bâtards (voir supra).
[20Guy Augé, Succession de France..., op. cit., p. 43.
[21L’affaire des Courtenay est bien connue : ces Capétiens descendant de Louis VI étaient d’assez modestes seigneurs terriens qui vivaient éloignés des fastes de la cour. Ils ne portaient pas les fleurs de lys dans leurs armes. Malgré leurs protestations, le roi leur refusa toujours la dignité de prince du sang. Ils se manifestèrent vigoureusement lors du traité de Montmartre par lequel Louis XIV, au début de son règne, ajouta les Lorraine comme successeurs à la maison de Bourbon en éliminant les Courtenay. Le motif du roi se comprend aisément : il gagnait une province à peu de frais. Mais au fond il va de soi que les Courtenay, à leur rang, ne pouvaient perdre leur qualité de successibles saliques. Àprès l’extinction de cette famille, Louis XV put, par contre, légitimement considérer, dans une déclaration royale du 26 avril 1723 rappelant la « constitution » du royaume (le mot y figure), que le roi de France ne pouvait être choisi que dans la descendance de saint Louis et que, faute de descendants, les États généraux auraient à statuer sur la désignation d’une nouvelle lignée succédant à la lignée capétienne.
[22Un autre aspect de cette argumentation — celui d’une éventuelle modification de la coutume — sera examiné plus loin.
[23Guy Augé, dans La Légitimité, 1980, n° 23, p. 8.
[24À supposer valable en droit français la théorie du mariage morganatique, cela ne donnerait aux Orléans aucune aptitude nouvelle à « prétendre » ; cela soulèverait simplement la question du choix du « roi de droit » au sein de la branche aînée des Anjou.
[25Dans l’ascendance de Louis XIV, les familles souveraines ne totalisaient que 362 quartiers sur 512, les familles nobles 127 et les familles populaires 23 ; voir Christian Carretier, Les ancêtres de Louis XIV, Paris, Éditions Christian, 1981, p. 130.
[26H. Pinoteau, Monarchie et avenir, op. cit., p. 90.
[27Voir plus haut ce qui a été dit des Bourbon-Busset (note 17).
[28Succession de France..., op. cit.
[29Les lois fondamentales sont demeurées en vigueur pendant la Restauration. La charte n’était, ainsi que cela a été démontré, qu’un acte subordonné à la constitution traditionnelle du royaume, de nature législative ; voir Stéphane Rials, « Le concept de monarchie limitée : autour de la charte de 1814 », Revue de la recherche juridique, 1982, p. 263 ss. (à paraître dans un recueil d’études chez Diffusion Université Culture en 1985). Lors du serment du sacre, Charles X promit de « gouverner conformément aux lois du royaume et à la charte constitutionnelle », marquant ainsi l’indiscutable hiérarchie des normes (Id., Textes politiques..., op. cit., p. 34).




Lois de succession du Royaume de France (1984) - 1ère parie : La constitution de la France monarchique

Lois de succession du Royaume de France (1984) - 2ème parie : Qui est le roi de France aujourd’hui ?

Conscience de la Légitimité





samedi 7 février 2015

Sur TV Libertés, Bernard Antony : "J'accuse Charlie"… pour "la rencontre des intelligences"…





L'armée d'Afrique à Alger en 1950…





vendredi 6 février 2015

"Je suis une bille…" : C'est ce qu'a confessé François lors de sa conférence du 5 février…



C'est ce qu'a humblement confessé le Pape lors d’une visioconférence avec de jeunes enfants.




Au cours d’une rencontre originale en visioconférence avec des jeunes du monde entier depuis le Vatican, le 5 février 2015 en fin d’après-midi, le pape François a confessé être une véritable “bille“ en informatique. Participant pour la deuxième année consécutive au congrès du réseau mondial d’écoles Scholas Occurrentes,  le pontife a aussi invité à “recréer“ un pacte éducatif aujourd’hui “rompu“.

Tu veux vraiment que je te dise ? Je suis une bille avec les ordinateurs“. Cette petite phrase du pape François, fendue d’un immense sourire amusé, a donné le ton de cette visioconférence, un dialogue en direct entre le pontife de 78 ans et des enfants de 10 à 16 ans connectés depuis l’Espagne, les États-Unis, l’Inde et le Mozambique, dont plusieurs handicapés.

Tu as une tablette, toi ?“, a demandé spontanément Bautista, un jeune Argentin résidant à Madrid (Espagne) auquel le pape a répondu par la négative, en riant. Prenant un ton un peu plus grave face à un jeune Américain du Nebraska sur la question de la souffrance, le pontife a affirmé : “Nous sommes tous capable de dépasser les difficultés, il faut prendre le temps de trouver le bon chemin“.

À Isabel, une jeune Espagnole non-voyante, le pape François a timidement demandé comment elle avait appris le braille. À un jeune garçon handicapé, il a demandé quelle place il occupait dans son équipe de football. Le Pape a également écouté attentivement la présentation d’un prêtre en mission dans un nouvel institut de Scholas, au Mozambique, qui a fourni du matériel informatique à ses élèves. “La vie est un beau trésor mais elle n’a de sens que si nous la donnons“, a résumé par la suite le pape à l’intention de tous les enfants.

Recréer le pacte éducatif

Nous ne changerons pas le monde si nous ne changeons pas l’éducation“, a aussi assuré le pape François en improvisant quelques mots devant les participants au congrès Scholas, déplorant que “le pacte éducatif“ ait été “rompu“. “Le pacte éducatif rompu, a-t-il expliqué, signifie que la société, la famille comme les différentes institutions délèguent l’éducation aux agents éducatifs, aux professeurs qui, généralement mal payés, doivent porter seuls cette responsabilité“. Dès lors, le pape a une nouvelle fois invité à “recréer le pacte éducatif“.

Au cours de cette séance originale, le pape a également salué un à un les responsables d’une vingtaine d’institutions sportives ou médiatiques venues signer un accord de partenariat avec le réseau Scholas. Parmi ces institutions, le célèbre club de football espagnol du Barça qui va aider à la formation d’entraîneurs dans des écoles de quartiers.

Le réseau international Scholas Occurrentes (des écoles pour la rencontre) est né avec un petit nombre de jeunes à Buenos Aires, soutenu à l’époque par l’archevêque, le cardinal Jorge Mario Bergoglio. Aujourd’hui, il compte 400 000 écoles publiques et privées à travers les cinq continents, connectées entre elles par les disciplines enseignées : le sport, la culture et la technologie.


Source : Aleteia - Pape François : “Je suis une bille avec les ordinateurs“


كلنا معاذ الكساسبة




Nous sommes Maaz al-Kassasbeh
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Maaz al-Kassasbeh, nous sommes tous avec toi
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"Je suis Brasillach"…




6 février 1945

Si j'en avais eu le loisir, j'aurais sans doute écrit le récit des journées que j'ai vécues dans la cellule des condamnés à mort de Fresnes, sous ce titre. On dit que la mort ni le soleil ne se regardent en face. J'ai essayé pourtant. Je n'ai rien d'un stoïcien, et c'est dur de s'arracher à ce qu'on aime. Mais j'ai essayé pourtant de ne pas laisser à ceux qui me voyaient ou pensaient à moi une image indigne. Les journées, les dernières surtout, ont été riches et pleines. Je n'avais plus beaucoup d'illusions, surtout depuis le jour où j'ai appris le rejet de mon pourvoi en cassation, rejet pourtant prévu. J'ai achevé le petit travail sur Chénier que j'avais commencé, j'ai encore écrit quelques poèmes. Une des mes nuits a été mauvaise, et le matin j'attendais. Mais les autres nuits, ensuite, j'ai dormi bien calmement. Les trois derniers soirs, j'ai relu le récit de la Passion, chaque soir, dans chacun des quatre Évangiles. Je priais beaucoup et c'est la prière, je le sais, qui me donnait un sommeil calme. Le matin, l'aumônier venait m'apporter la communion. Je pensais avec douceur à tous ceux que j'aimais, à tous ceux que j'avais rencontrés dans ma vie. Je pensais avec peine à leur peine. Mais j'essayais le plus possible d'accepter.
Robert Brasillach, Poèmes de Fresnes


Robert Brasillach, « Poèmes de Fresnes » dits par Pierre Fresnay 1/3


Robert Brasillach, « Poèmes de Fresnes » dits par Pierre Fresnay 2/3


Robert Brasillach, « Poèmes de Fresnes » dits par Pierre Fresnay 3/3

Le 6 février 1945 Robert Brasillach était fusillé, victime des vagues de l'Épuration… L'avocat général Philippe Bilger retrace le parcours de Robert Brasillach ainsi que son procès dans son livre : "20 minutes pour la mort, Robert Brasillach : le procès expédié" publié aux éditions du Rocher.

Un procès qui n'a duré que 6h et dont le délibéré a pris 20 minutes (du jamais vu) pour aboutir à la sentence de mort. 20 minutes pour tout revoir, tout peser, tout analyser. Bref, 20 minutes pour rien, car tout était déjà décidé bien avant l'heure :
"… rien, jamais, ne parviendra à justifier cette froide résolution mise en œuvre par une cour d'exception et validée par un général de faire disparaitre un esprit, une âme, une vie de la surface de la France."

Messe du 6 février


Une messe en mémoire de Robert Brasillach, Maurice et Suzanne Bardèche sera célébrée le vendredi 6 février à 10 h 30 à la Paroisse Saint-Jacques du Haut-Pas.

"Hommage aux morts du six février"  



"Banquet patriotique"





Samedi 7 février à 19h30 se tiendra à Paris un nouveau « Banquet patriotique ». Les intervenants y évoqueront l'actualité politique, le 6 février 1934 ou la figure de Robert Brasillach, mort il y a soixante-dix ans.

Au cours de ce repas de qualité, dans un cadre agréable, les convives pourront entendre Anne Brassié (biographe de Robert Brasillach), Jérôme Bourbon (directeur de Rivarol) et Thibaut de Chassey (directeur du Renouveau français).

À l'issue de ces interventions,  les participants pourront visiter le stand de livres et de presse, se faire dédicacer des ouvrages, etc.

Le coût du repas tout compris (apéritifs, entrée, plat, dessert, vins, café) est de 35 €.

Pour s'inscrire, 3 solutions :
- envoyer un chèque de 35 € à l'ordre de « RF » et à l'adresse :
RF / ASMA BP 80308 75723 PARIS CEDEX 15
- acheter votre place en prévente à la  Librairie française.
- Régler avec une carte bleue ou un compte Paypal sur le site www.banquet-patriotique.fr

Pour toute information, n'hésitez pas à téléphoner au 06 21 22 16 32 ou à envoyer un message à banquetpatriotique@gmail.com

Attention, le nombre de places est limité et il reste peu de temps pour s'inscrire !

L'adresse sera communiquée après inscription.


Banquet pour les "70 ans de la mort de Robert Brasillach", à Perpignan



"Mon pays me fait mal"

La "Libre chronique de Camille Galic" parue dans Présent le 23 janvier 2015 (page 4) s'achève par ces mots : « Mon pays me fait mal ».

"Les Belles Lettres" de Bardèche et Brasillach

L’émission "Les belles lettres", sur Radio Courtoisie, le 6 février 2015 à 18 h, animée par Alain Lanavère et Arnaud Guyot-Jeannin, sera consacrée à Robert Brasillach et Maurice Bardèche.

"Je suis Brasillach"



Robert Brasillach : La mort en face

Robert Brasillach : Lettre à un soldat de la classe 60

Robert Brasillach : Poèmes de Fresnes… "L’Enfant Honneur"

Bône, 19 janvier 1962… Noël Mei assassiné par un dément : un gaulliste inconditionnel !…

Gaulliste "inconditionnel" : dément, meurtrier… et juge !

7 février 2015

Découverte d'un "poète négationniste"

"Traduire en justice" à Louis-le-Grand


















Rivarol : "Robert Brasillach, un flambeau nationaliste dans notre nuit"




TRADITIONNELLEMENT, depuis maintenant près de quarante ans, la première semaine du mois de février est pour moi l’occasion d’un pèlerinage. Pèlerinage non pas en un lieu mais dans une œuvre. Dans l’œuvre de Robert Brasillach. À l’aventure, par monts et par vaux, selon le conseil de Montaigne, par sauts et par gambades, je pérégrine sur les sentiers des phrases qui tombent souvent si juste, au détour des tournures heureuses, le long des formules tracées au cordeau, je replonge dans les romans, essais et poèmes de l’auteur de Notre avant-guerre, et dans les essais et biographies consacrés à cet écrivain maudit, fusillé le 6 février 1945, au fort de Montrouge. Voilà donc soixante-dix ans déjà.

ÉCRIVAIN MAUDIT, ÉCRIVAIN HONNI

Je sais comme il est difficile de parler publiquement de Robert Brasillach [1], excepté dans les milieux autorisés, c’est-à-dire ceux qui ne le sont pas par le Saint-Siège de la bienpensance, sous peine d’être considéré comme un horrible fasciste, un monstre faisant l’apologie des pires crimes contre l’humanité, alors qu’il ne s’agit que d’évoquer, avec une bienveillance admirative, la mémoire d’un écrivain d’immense culture, d’un érudit de talent et de conviction, qui fût devenu, cela ne fait de doute pour personne, un intellectuel de premier plan, si les circonstances et les hommes ne l’avaient empêché de continuer de vivre.

Fauché par des balles françaises à l’âge de trente-cinq ans seulement, Robert Brasillach était loin d’avoir réalisé toutes les potentialités de son intelligence, toute la puissance de sa force créatrice, bien qu’au moment de sa mort, il fût déjà à la tête d’une œuvre grande, forte, originale et variée. Ce qui me peine, m’attriste, m’horripile et me révolte le plus dans l’histoire de l’auteur de Comme le temps passe, c’est que soixante-dix ans après sa mort, il continue de faire figure de coupable absolu, définitif, impardonnable. Rebatet a été republié, Céline suscite des débats, voire des controverses… Brasillach est maintenu enseveli dans un silence total. Il fut condamné à mort pour intelligence avec l’ennemi, il demeure ignoré et interdit par les ennemis de l’intelligence.

Car, s’il est une qualité qui fut la sienne, et qui le plaça au-dessus de tous ses camarades de la rue d’Ulm, ou de l’Action française, ou de Je suis partout..., c’est bien son intelligence. Comme souvent les jeunes gens suprêmement intelligents, Robert Brasillach fut un jeune homme à la fois studieux et désinvolte, travailleur et dilettante, érudit et rieur, grave et léger. Pétri de culture antique et classique, il publie, à vingt-deux à peine, un ouvrage consacré au poète latin Virgile [2]. C’est un essai qui annonce, résume et condense, les thèmes de sa vie et de son œuvre : le soleil, l’été, la chaleur, la Méditerranée, la terre et les morts, l’exaltation de la vertu de jeunesse, l’amitié, le goût des joies simples, la beauté de la nature, les plaisirs que procurent les voyages... Robert Brasillach est tout le contraire d’un intellectuel triste et tourmenté. Pour lui, l’intelligence est une joie. La culture coule en lui comme un vin de soif. Les savoirs et les connaissances, il les fait siens sans souffrance ; sans travail.

LE PRINCE DE LA JEUNESSE

Dans son essai (cité en note), Pascal Louvrier consacre quelques belles pages à cette période de la jeunesse de Robert Brasillach, classes préparatoires au lycée Louis-le-Grand puis scolarité à l’École normale supérieure. Ce sont des années de formation, de découvertes, d’émulation et d’insouciance. « Le 23 novembre, Robert pénètre pour la première fois dans la grande cour bordée d’arbres du lycée Louis-le-Grand. À l’intérieur de cet édifice gris et sale, il va faire la connaissance de jeunes gens promis à un bel avenir : José Lupin, Fred Sémach, Roger Vailland, Jean Beaufret, Lucien Paye, Jacques Talagrand connu aujourd’hui sous le pseudonyme de Thierry Maulnier. Il y rencontre surtout “une petite brute à la blouse noire de paysan avec une ceinture”, Maurice Bardèche [3], qui épousera sa sœur Suzanne, et deviendra son “frère de jeunesse”. La première impression que Maurice eut de Robert fut pourtant bien mauvaise. Il trouva horribles ses lunettes rondes en fer, et probablement aussi son visage poupin, qu’une enfance et une adolescence paisibles avaient su préserver des scories de l’existence... »

Robert Brasillach
Ne nous lassons pas de redécouvrir, sous la plume de Pascal Louvrier [4], quelques passages de ce merveilleux livre qu’est Notre avant-guerre : « Maurice Bardèche aide également Robert à travailler avec logique. Il lui apprend à lire Proust et Barrès. Et, lorsqu’ils ont un peu de temps libre, ils partent ensemble découvrir Paris, ses “petites gens”, ses métiers, des commerçants, ses lieux insolites. Leur déambulation joyeuse les conduit, sans qu’ ils l’ aient vraiment décidé, aux Halles, rue Mouffetard ou boulevard Montmartre, enfin partout. ... “Nous découvrions le Paris matinal, celui qui nous était le plus secret, avec ses cris, ses montagnes de légumes, l’odeur fraîche des boutiques ouvertes, les viandes en tas, les poissons gris et blancs. Par les beaux jours de printemps, se dessinaient ainsi devant nous la Seine entre les livres, les petites églises rouillées, la ville grise et unique...” écrira plus tard Robert dans Notre avant-guerre. [...]


Robert boit la vie telle qu’elle se présente. Sans ordre, sans “compétence”, il savoure les joies simples que chaque quartier de la capitale offre. Relisons une fois encore la minutieuse description qu’ il fait de ces moments intenses dans Notre avant-guerre. “Je me rappelle comme les plus beaux moments de ma vie cette soirée où nous revenions de l’annonce faite à Marie, à l’Œuvre, en nous arrêtant pour gober des huîtres et boire du vin blanc, dans les rues en pente de Montmartre. Je me rappelle la veille du 14-Juillet où nous allions dans les bals de la colline Sainte-Geneviève, en 1927, boire du vin rouge à quatorze sous le verre, rue Mouffetard, sous les lampions roses et bleus, au son des accordéons et des violons fringants”. »

UN POÈTE ROMANCIER, CRITIQUE ET JOURNALISTE

N’en déplaise à tous ceux qui le détestent — certainement parce que même mort, ils le redoutent ! —, Robert Brasillach est un très grand écrivain, un auteur majeur, et même si — pourquoi pas ? — certains peuvent regretter quelques-uns de ses excès journalistiques ou lui reprocher quelques-unes de ses diatribes, on ne peut nier le plaisir que donne la lecture de ses livres, un plaisir juste né de l’émotion littéraire que procurent les phrases lorsqu’elles sont marquées au sceau du style, et qu’en évoquant des éléments de l’histoire personnelle de l’auteur, elles parviennent à remuer l’histoire intime, réelle ou rêvée, du lecteur.

C’est là le propre du poète, et du “danger” qu’il court à devenir son propre poème. Robert Brasillach est un poète. Sa personnalité est le produit de ses mots. Il est un poète qui a commis des essais, des critiques littéraires, des romans, des poèmes et des articles politiques. Et si on le lit avec attention et intelligence, donc avec bienveillance, on découvre que même dans ses articles les plus furieux, c’est toujours, d’abord et avant tout, le poète qui est à la manœuvre. Il y a poésie dès lors que les mots dépassent la pensée. Lorsque les mots suivent la pensée et sont à sa traîne, ils ne composent bien souvent qu’une bouillie langagière laborieuse et sans éclat. Mais lorsque les mots mènent la danse, la pensée bouillonne, s’exalte, tourbillonne, s’affole et va, souvent involontairement, vers des endroits par elle insoupçonnés. Lorsque les mots sont animés par l’énergie de la poésie, ils produisent de la pensée qui se prend parfois au piège de la violence verbale qui la construit. C’est dans cet esprit qu’il faut lire Brasillach, même le Brasillach politique.

POURQUOI L’ONT-ILS ASSASSINÉ ?

C’est la raison pour laquelle une question ne cesse de me tarauder : a-t-on foncièrement, humainement, politiquement, le droit de fusiller un homme pour ce qu’il a écrit ? A-t-on le droit de le fusiller pour ses textes, de quelque nature qu’ils soient, et qui forment un tout qui s’appelle une œuvre. Céline, c’est bien sûr le génial Voyage au bout de la nuit mais c’est aussi, qu’on le veuille ou non, le non moins génial Bagatelles pour un massacre. De la même façon, Rebatet, c’est et Les Décombres ou Mémoires d’un fasciste et Une Histoire de la musique...

Oui, a-t-on le droit de mettre un terme à la vie d’un écrivain véritable ? Que les vainqueurs le condamnent à une peine de prison parce qu’il s’est engagé aux côtés des vaincus, je veux bien encore l’admettre. Mais qu’on l’assassine ? Certainement pas ! Au reste, s’agissant de Robert Brasillach, son exécution était bien un assassinat sordide, éhonté, scandaleux. Instruction bâclée, production de pièces truquées (la prétendue photographie où l’on a voulu voir un Brasillach en uniforme allemand), parodie de procès, demande de grâce rejetée avec mépris par De Gaulle... Tout montre qu’on a voulu se débarrasser de Robert Brasillach, dans la précipitation et l’urgence, avant que le scandale du projet d’exécution de ce grand écrivain n’éveillât les consciences. Il leur fallait un mort illustre, un mort emblématique. Le malheur a voulu que ce fût Robert Brasillach.

Malheur pour lui, pour ses proches, pour la littérature du XXe siècle. Car Robert Brasillach, plus encore que les idées politiques, aimait avant tout et par-dessus tout la littérature. La sienne et celle des autres, dont il savait parler avec pertinence et admiration. Dans les douze volumes des Œuvres complètes de Robert Brasillach, plus de deux mille pages sont consacrées aux seuls écrits critiques [6]. Citons au moins un extrait : dans un article consacré à L’homme à cheval (Gallimard 1943) de Pierre Drieu La Rochelle, Robert Brasillach écrit ce passage savoureux : «... Cette ordonnance est bien savoureuse. Ce qui la rend plus savoureuse encore, il faut le dire tout de suite, c’est le style. La littérature de l’armistice nous a valu un nombre consternant de romans ou d’essais écrits par des analphabètes soudain possédés dont ne sait quel démon. On a précipité sur le papier, denrée rarissime, des élucubrations ahurissantes, auprès desquelles les romans à dix sous des anciennes collections littéraires semblent des merveilles de goût et de psychologie. Des retraités alcooliques ont consigné leurs réflexions sur la crise de moralité qui n’était au vrai, pour eux qu’une crise de l’apéritif. Des jeunes gens un peu montés en graine ont mis en scène leurs émois dans une langue directement empruntée aux prospectus pharmaceutiques. Et soudain, dans ce navrant désert, un livre, un vrai livre. Un style où se mêlent l’élégance, la passion, l’allure, et une certaine sécheresse fiévreuse où Drieu la Rochelle me semble avoir tout à fait exorcisé les musiques romantiques qui laissaient encore chez lui comme des souvenirs de Barrès... » On aimerait citer tout l’article, et tant d’autres, généreux et incisifs, cultivés et éblouissants, qualificatifs qui sont la marque de Brasillach. De tout Brasillach !

Lecteurs de RIVAROL, il n’est qu’une façon aujourd’hui de rendre hommage à Robert Brasillach, d’honorer sa mémoire, c’est de le lire et de le faire lire. À vos bibliothèques !

Jean-Philippe ROBIQUET

Notes :

1. En 1989, un jeune intellectuel courageux, Pascal Louvrier, a commis un essai sur Brasillach : Brasillach, L’illusion fasciste, préface d’Alain Griotteray, Éditions Perrin. C’était un ouvrage critique, au sens littéraire du terme, non pas haineux mais nuancé et sympathique. La préface d’Alain Griotteray — à l’époque homme politique affichant des opinions marquées très à droite mais immunisé par son action dans la résistance — qui fut très certainement pour Louvrier une manière d’Ausweis littéraire, commença par les phrases suivantes : « Il faut un beau courage, aujourd’hui, pour oser ouvrir de nouveau le “dossier “Brasillach”. Il y a quelques temps, pour avoir voulu, elle aussi, entreprendre cette tâche, Anne Brassié a reçu son lot d’opprobre. Elle avait prétendu, l’inconsciente, rédiger une biographie et non un acte d’accusation. C’est que notre temps, qui se veut ouvert à toutes les opinions, est en fait d’un conformisme hallucinant. Il a mis en œuvre, dans le domaine des idées, la célèbre formule prêtée à André Citroën : “Choisissez la couleur de voiture que vous voulez à condition qu’elle soit noire.” En 1950, Roger Nimier pouvait dans Les Épées, tracer le portrait d’un milicien somme toute sympathique. Je ne sais s’il aurait pu se permettre une telle audace de nos jours. Et je ne suis pas certain, pour tout dire, que la célèbre pétition pour le recours en grâce de Robert Brasillach, si elle devait circuler à présent, recueillerait autant de noms, et autant de noms prestigieux. Que l’on prenne le temps d’y réfléchir un peu et l’on mesurera que la liberté, dont beaucoup se gargarisent, n’ est qu’ une marge qui se rétrécit au gré des conformismes. » Que dirait et qu’écrirait Alain Griotteray aujourd’hui s’il vivait encore et qu’il constaterait la situation dramatique de la liberté d’expression dans la société française de ce début du XXIe siècle ?
2. Présence de Virgile
3. Maurice Bardèche, que les anciens lecteurs de RIVAROL connaissent bien, et qui publia, avec Brasillach, en 1935, une magistrale Histoire du cinéma.
4. Parce qu’il se trouve que pour préparer ma chronique, c’est le sien que j’eus envie de relire...
5. Club de l’Honnête Homme, de 1963 à 1966. Édition réalisée par Maurice Bardèche. Certains textes de Brasillach ont été volontairement exclus.
6. De nombreux articles critiques n’ont pas été retrouvés.




Manifestations organisées, soutenues ou encouragées par l'ADIMAD



MÉMOIRE DE LA RÉSISTANCE ALGÉRIE FRANÇAISE


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Robert Ménard, maire de Béziers, a décidé de débaptiser la rue du "19 mars 1962" : date rejetée et honnie par tous les Patriotes et tous les Anciens Combattants autres que les compagnons de route du Parti communiste, porteurs de valises, adorateurs des assassins FLN…
Il va la remplacer par une rue "Commandant Hélie DENOIX de SAINT MARC" un des principaux protagonistes de la révolte militaire contre le Plus Grand Traître de l’Histoire de France, l’associé soumis du FLN.
Naturellement l’ADIMAD-MRAF SOUTIENT ACTIVEMENT CETTE HEUREUSE INITIATIVE.

L’inauguration est prévue le 14 mars 2015 à 14 heures 30

Plusieurs Associations organisent des cars au départ des villes ci-dessous. Inscrivez-vous auprès des organisateurs :
Ø  Aix en Provence : Collectif Aixois des Réfugiés : 04 42 95 19 40
Ø  Marignane : M. Florentino (AOBR) : 04 42 45 21 93 et 06 84 84 30 06
Ø  Marseille : Mme Quessada (AOBR) : 04 91 68 34 26 et 06 84 29 40 27
Ø  Nice : Jean-Paul Sellès (RNFAA) : 06 61 40 21 83 et selles-jeanpaul@bbox.fr
Ø  Pau : M. Assié (Cercle algérianiste) : 05 59 30 70 58 et 06 78 93 52 68
Ø  Toulon : Hervé Cuesta (Collectif national "NON au 19 mars 1962) : 06 60 73 80 92 et herve.cuesta@bbox.fr
Ø Bordeaux : M. Georges Belmonte propose d’organiser un covoiturage partant de Bordeaux jusqu’à Toulouse pour rejoindre un bus qui vous conduira à Béziers. Pour se faire, merci à tous de bien vouloir faire savoir à Georges si vous êtes intéressés afin de lui permettre de l’organiser, coordonnées de Georges :   06 84 51 39 42 ou belmonte-georges@wanadoo.fr


Toulouse : Le pont de l'Infamie… 19 mars 1962, un "maire" ose célébrer une capitulation !!!