Qui ne risque rien n'est rien… sur le chemin de Damas, alors que les opinions ont cédé face aux faits…
on ne le dit assez : un âge n'en chasse pas un autre, tous les âges qu'on a vécu coexistent à l’intérieur de soi, ils s'empilent, et l'un prend le dessus au hasard des circonstances.

dimanche 17 mars 2013

Jésus et la femme adultère… Père Michel-Marie Zanotti Sorkine : "Occupez-vous de vos fesses !"


Lucas Cranach l'Ancien (1472-1553): Le Christ et la femme adultère.


Jésus s'était rendu au mont des Oliviers ; de bon matin, il retourna au Temple. Comme tout le peuple venait à lui, il s'assit et se mit à enseigner. Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qu'on avait surprise en train de commettre l'adultère. Ils la font avancer, et disent à Jésus : « Maître, cette femme a été prise en flagrant délit d'adultère. Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, qu'en dis-tu ? » Ils parlaient ainsi pour le mettre à l'épreuve, afin de pouvoir l'accuser. Mais Jésus s'était baissé et, du doigt, il traçait des traits sur le sol. Comme on persistait à l'interroger, il se redressa et leur dit : « Celui d'entre vous qui est sans péché, qu'il soit le premier à lui jeter la pierre. » Et il se baissa de nouveau pour tracer des traits sur le sol. Quant à eux, sur cette réponse, ils s'en allaient l'un après l'autre, en commençant par les plus âgés. Jésus resta seul avec la femme en face de lui. Il se redressa et lui demanda : « Femme, où sont-il donc ? Alors, personne ne t'a condamnée ? » Elle répondit : « Personne, Seigneur. » Et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. »




Magistrale prédication du Père Michel-Marie Zanotti Sorkine, à écouter absolument :







Georges Brassens, 1964

La belle qui couchait avec le roi de Prusse,
Avec le roi de Prusse,
À qui l'on a tondu le crâne rasibus,
Le crâne rasibus,

Son penchant prononcé pour les "ich liebe dich",
Pour les "ich liebe dich",
Lui valut de porter quelques cheveux postiches,
Quelques cheveux postiches.

Les braves sans-culottes et les bonnets phrygiens,
Et les bonnets phrygiens,
Ont livre sa crinière à un tondeur de chiens,
À un tondeur de chiens.

J'aurais dû prendre un peu parti pour sa toison,
Parti pour sa toison,
J'aurais dû dire un mot pour sauver son chignon,
Pour sauver son chignon,

Mais je n'ai pas bougé du fond de ma torpeur,
Du fond de ma torpeur.
Les coupeurs de cheveux en quatre m'ont fait peur,
En quatre m'ont fait peur.

Quand, pire qu'une brosse, elle eut été tondue,
Elle eut été tondue,
J'ai dit: "C'est malheureux, ces accroche-cœur perdus,
Ces accroche-cœur perdus."

Et, ramassant l'un deux qui traînait dans l'ornière,
Qui traînait dans l'ornière,
Je l'ai, comme une fleur, mis à ma boutonnière,
Mis à ma boutonnière.

En me voyant partir arborant mon toupet,
Arborant mon toupet,
Tous ces coupeurs de nattes m'ont pris pour un suspect,
M'ont pris pour un suspect.

Comme de la patrie je ne mérite guère,
Je ne mérite guère,
J'ai pas la Croix d'honneur, j'ai pas la Croix de guerre,
J'ai pas la Croix de guerre,

Et je n'en souffre pas avec trop de rigueur,
Avec trop de rigueur.
J'ai ma rosette à moi : c'est un accroche-cœur,
C'est un accroche-cœur.





jeudi 14 mars 2013

Saint François d'Assise, jésuite et évêque de Rome… De l'amour en éclats ?


Habemus Papam, dominum cardinalem Bergoglio. Il est jésuite et nous vient de l'Argentine ! Il a pris le nom de François. Il s'agit du premier pape des Amériques et du premier Jésuite à devenir pape.
L'élection par les 115 cardinaux réunis en secret dans la Chapelle Sixtine avait été annoncée auparavant par l'émission rituelle d'une fumée blanche et par les cloches de la Basilique Saint Pierre qui avaient retenti à toute volée. "Les cardinaux sont allés me chercher au bout du monde", ont été les premières paroles du nouveau Pape, François, qui ajoutait : "Avant de vous bénir, je vous demande de prier pour moi". Et ce fut une Place Saint-Pierre en silence qui se recueillait. François priait aussi pour son prédecesseur Benoît XVI, pour que Dieu le préserve.
José Maria Bergoglio, archevêque de Buenos Aires, 76 ans, est né le 17 décembre 1936 dans la capitale argentine, d'un couple d'immigrés italiens. Sa formation est celle d'un ingénieur chimiste. Mais il est entré très tôt dans la Compagnie de Jésus. Prêtre depuis 1969, il a toujours lié sa carrière ecclésiastique à l'expérience de la réalité sociale de son pays. Dès 1992, il était évêque auxiliaire de Buenos Aires, promu archevêque en 1998.
José Maria Bergoglio est connu pour la vie simple qu'il a menée à Buenos Aires, voyageant en métro et en bus, passant ses week-ends dans les paroisses défavorisées, au contact des prêtres des bidonvilles. Il est cardinal depuis 2001. Et son nom avait déjà beaucoup été cité lors du précédent conclave.


Ordena e nós te seguiremos

De l'amour en éclats

Jacques Trémolet de Villers : Fioretti corses per Francesco :

C’est dans mon île maternelle où la neige et la grippe m’ont retenu au-delà du délai raisonnable que j’ai appris l’élection de notre nouveau pape.

Le mercredi 12 mars, à 17 heures précises, notre curé avait célébré la messe « pro eligendo Pontifice » et nous étions entrés en conclave, avec leurs Éminences. Le lendemain, après l’Angelus du soir, le bruit se répandit sur le cours que la fumée était blanche. Nous descendîmes donc au bistrot le plus voisin, c’est-à-dire celui qui est en face, dont la télévision était allumée. Le bruit fut confirmé par les deux journalistes de LCI, Vincent Roux et Aymeric Pourbaix, de très loin les plus compétents pour traiter l’événement.

Comme la fumée était décidément blanche, je commandais du champagne à notre hôte, précisant que la tournée était pour tout le monde. Le monde, il faut le dire, était réduit. Une table de joueurs de belote, trois ou quatre habitués de l’apéritif. Le patron me fit quand même remarquer : « Vous offrez le champagne et vous ne savez pas qui est élu. » La remarque me permit une facile mise au point. Je fête l’Habemus papam, sans savoir, effectivement, qui est élu, mais c’est le pape et cette succession apostolique incroyable d’aisance, de calme et de célérité qui donne à Pierre son 266e successeur que je célèbre. Alors que partout dans le monde, ce n’est que luttes, intrigues, complots, guerres civiles, campagnes éprouvantes et rumeurs pour être élu, voici que dans l’Église, à une place qui ne connaît pas d’équivalent dans le monde, en un peu plus de vingt-quatre heures, un jour calendaire, c’est fait. Dans le calme, la dignité, la prière, la confiance, le silence et le secret. N’est-ce pas merveilleux !

Et j’ajoutai : Ici, en Corse, terre vaticane depuis plus de mille ans, c’est un peu plus proche que pour les autres…

Nous en étions là de mon enthousiasme pour la succession apostolique quand le cardinal Tauran, très ému, apparut sur l’écran et nous annonça… la surprise.

La divine surprise !…

Il faudrait être Dante pour chanter cette élection du jésuite disciple de François d’Assise, amoureux de Dame Pauvreté, piémontais d’Argentine, l’Inattendu.

La poésie naît de la surprise… au bout du vers, au rejet du vers suivant, au moment où on ne l’attend pas, dans le son et dans l’idée, dans l’image, elle fait s’écrier au sublime. La majesté calme de la succession de saint Pierre est, déjà, en soi, une présomption forte de la divinité de l’Église, mais cette faculté de surprendre, aussi calmement, aussi pleinement… là, on tombe à genoux !

Dans la salle du café, les téléphones portables étaient réquisitionnés. C’était à qui interrogerait l’homme compétent, le journaliste « au parfum », le vaticaniste expérimenté… en vain… personne, absolument personne ne l’avait prévu. Et il était là, tout simple, les bras un peu ballants, demandant que nous priions pour son prédécesseur, puis pour lui, et, après avoir revêtu l’étole, nous donnant la bénédiction, Urbi et Orbi, avec indulgence plénière.

Alors, les langues se délièrent… mais c’est qui ? Et son âge ? Vous avez vu son âge ? Quelqu’un se souvint que le Père Michel-Marie Zanotti-Sorkine – ici, dans son village, on l’appelle Michel – à la Procure, avait parlé de l’archevêque de Buenos Aires, qui, comme lui, était partisan de donner le baptême à qui le demandait, sans imposer tout une préparation interminable. Si Michel le connaissait, déjà, c’était plus proche. Et puis, le Piémont, c’est à côté, et l’Argentine, pour les anciens du village – aujourd’hui, ils sont morts, mais les morts, ici, ne sont jamais vraiment morts – c’était la terre promise des oncles et des grands-pères. L’oncle d’Amérique, c’était l’oncle d’Argentine !

En le regardant plus attentivement, nous lui trouvions comme une ressemblance avec le plus respecté de nos oncles ! Cet air grave, ce regard pénétrant, cette autorité naturelle… et puis… François ! Dans une île que les Franciscains ont évangélisée, où la seule hérésie qui ait poussé était précisément celle des « Fraticelli », ces disciples exaltés qui avaient déformé le message du Poverello…

Le lendemain, Corse-matin nous apprenait que François, un corse de Lavatoggio, avait tenu un restaurant, Le Rabelais, à Buenos Aires où celui qui s’appelle dorénavant François avait ses habitudes. « Il venait manger le petit salé aux lentilles et le bœuf bourguignon, il ne voulait pas avoir de traitement de faveur parce qu’il était le cardinal de Buenos Aires. Au contraire, c’est un homme humble à l’écoute des autres et des plus pauvres. Quand je l’ai vu rentrer pour la première fois dans mon établissement, j’étais un peu gêné. Mais il m’a très vite mis à l’aise et s’est comporté très simplement. À Buenos Aires, il a refusé de vivre dans le somptueux palais de l’Archevêché pour résider dans un appartement où il payait un loyer… » ; et François ajoute « le Pape François a un charisme immense, quand vous le côtoyez, vous avez l’impression d’approcher le Seigneur ! »

Ainsi commencent, dans l’île dont le seul saint canonisé – saint Théophile de Corte – portait l’habit de saint François, les fioretti de notre nouveau pape. Les informations venues d’ailleurs nous en ont donné d’autres. L’homélie de la Chapelle Sixtine sortie de son propre cœur après qu’il a repoussé le texte qu’on lui avait préparé, le pèlerinage à Sainte-Marie-Majeure… nous ne sommes pas au bout de nos surprises… Unanimement, on rappelle : il recentre l’Église sur Jésus-Christ… mais ses prédécesseurs avaient-ils fait autre chose ? D’où vient que le message, toujours le même – Semper Idem – soit aussi toujours nouveau ? Et cette fois comme encore plus nouveau ? François parle comme Benoît qui parlait comme Jean-Paul, mais, en quelques phrases, Il les a presque fait oublier.

Après Jean-Paul II le Grand, après le délicat et lumineux Benoît XVI, pouvait-il sortir du conclave un élu qui nous étonne ? Toutes les hypothèses étaient envisagées, pesées, analysées… sauf François.

Jean-Paul II disait au Parc des Princes : « la société de consommation ne rend pas l’homme heureux », Benoît XVI voulait que l’on mît de la gratuité au cœur de l’économie… François a épousé Dame Pauvreté.

Ils n’ont pas fini, les grands de ce monde, de n’y rien comprendre et de n’en pas revenir. Deposuit potentes de sede, et exaltavit humiles. C’est en acte, sous nos yeux, en 2013, ce verset du Magnificat. La seule révolution qui tienne, la révolution chrétienne est en marche.

J’ai bien eu raison de commander du champagne !


mercredi 13 mars 2013

Flanby, excrément de dame Démocratie…



L’Église catholique apostolique romaine affiche une insolente vigueur… Une Église catholique unie qui en impose par sa spiritualité… Une Église catholique qui affirme sa pérennité et reste la plus ancienne institution de l’Humanité… L’Église catholique, la plus forte communauté d’hommes… Catholiques, nous sommes… avant toute autre illusoire appartenance. Combien dérisoires, combien insignifiants sont ces excréments d’une Démocratie matérialiste qui prétendraient nous imposer leur loi…

Flanby ou le grand méchant mou de l’Élysée


Flanby… Un surnom que le chef de l’État doit à son actuel ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius. Celui-ci n’avait d’ailleurs jamais été avare de sobriquets à l’égard du futur président de la République : Fraise des bois, Guimauve le conquérant… Mais, durant la dernière campagne présidentielle, le capitaine de pédalo lancé à la mer par le tonitruant Jean-Luc Mélenchon avait éclipsé tous les autres. Capitaine de pédalo pris aujourd’hui dans une tempête de force 12, où il tourbillonne comme une barquasse de Palavas-les-Flots aux milieux de vagues hawaïennes. Tous ces quolibets convergeaient vers une même cible : stigmatiser l’indécision et la mollesse dont, aux yeux de ses proches, faisait preuve François Hollande en tant que premier secrétaire du PS.

Martine Aubry, durant la primaire socialiste, lui avait reproché, outre de demeurer continuellement dans le « flou », sa mollesse chronique. Appréciation aussitôt confirmée par son ex-compagne, Ségolène Royal, qui s’empressait d’en rajouter une épaisse couche en soulignant la difficulté qu’éprouvait le père de ses enfants lorsqu’il s’agissait de prendre une décision, préférant se réfugier dans l’indéterminé et le nébuleux.

Une quasi-année de présidence a largement étayé ces jugements. Au point qu’un hebdomadaire a récemment baptisé Hollande de « louvoyeur ». C’est-à-dire celui qui navigue en zigzag, louvoyant au plus près les vents de son opinion publique, celui du « peuple de gauche » bien sûr. Un président qui biaise et tergiverse sans cesse. Par tempérament. Toujours selon Martine Aubry, ou plutôt sa grand-mère, « quand c’est flou il y a un loup ». Et plus sûrement encore un « louvoyeur ».

Plus Flanby que jamais

Mais aujourd’hui, de tous ces qualificatifs, celui qui revient de nouveau le plus régulièrement, c’est Flanby. En référence, pour qualifier surtout sa politique économique, au côté « flasque » du célèbre et insipide flan caramélisé. Une politique sans consistance et velléitaire, faite d’hésitations et de renoncements, dans une situation de grande urgence : « Délabrement des finances publiques (87,2 milliards d’euros de déficit en 2012 quand l’Allemagne est à l’équilibre) et la ruine de notre commerce extérieur (67 milliards d’euros de déficit en 2012 quand l’Allemagne dégage un excédent de 188 milliards et l’Italie (…) un surplus de 11 milliards. » Face à ces problèmes pressants, des réponses flasques pour des résultats évidemment avachis. Un ensemble de mesures gouvernementales ayant elles aussi la mollesse et la fadeur du flan. Rappelons que jadis, l’expression c’est du flan était synonyme d’une autre expression populaire, c’est de la blague. Hollande, de l’effondrement gélatineux de ses promesses à la blague gigantesque que constitue sa politique économique, c’est vraiment « du flan », dans toute l’acceptation de ce terme. En octobre 2011, Fabius toujours, qui ne pouvait pas croire à une victoire présidentielle de l’élu corrézien, ricanait avec un mépris non dissimulé : « Vous imaginez François Hollande président de la République ? » L’inimaginable, même pour un socialiste, est pourtant arrivé.

Récemment François Hollande se disait « déterminé » à redresser l’emploi « coûte que coûte ». Mais sans s’attaquer bien sûr à la dépense publique et au gaspillage étatique qui, sous de ronflantes annonces de rigueur, continuent à creuser leurs sillons. Et nos déficits. La rigueur, c’est-à-dire l’effort budgétaire à supporter, c’est pour les contribuables. Pas pour les administrations ni surtout pour les responsables de notre gabegie. « Redresser l’emploi coûte que coûte »… Mais pas au prix de se fâcher avec les fonctionnaires, base électorale du PS, ou avec les députés de sa majorité, dont la plupart en sont restés à l’État providence dépensier… Ce qui, pour des parlementaires, simplifie souvent le problème de leur réélection.

Mou et dur tout à la fois

Il y a pourtant, quelques domaines où Flanby sait se montrer dur et intransigeant. Où il devient le grand méchant mou élyséen.

Le premier c’est évidemment lorsqu’il s’agit de taxer les contribuables. 32 milliards d’euros de hausse de prélèvements. Là, Guimauve le Conquérant manie la massue plombée et cogne à coups redoublés, avec une énergie qui relève de la taxofolie. Quitte d’ailleurs à éroder toujours davantage le pouvoir d’achat des Français, donc à remettre en cause cette croissance qu’il prétend relancer tout en siphonnant son moteur d’une bonne partie du carburant.

Le président de la République ne mollit pas non plus quand il s’agit de coloniser l’administration avec des gens du PS. Une colonisation d’ailleurs à plusieurs cercles. Il y a d’abord le premier, les socialiste au sens large, avec leurs alliés de gauche.C’est en quelque sorte l’Etat PS. A l’intérieur duquel on trouve aux places décisives les hollandistes pur jus. Et puis, quintessence de la quintessence, le cercle étroit de la super élite formée par les condisciples de la fameuse promotion Voltaire. Dernier exemple en date : Ségolène Royal, nommée vice-présidente de la Banque publique d’investissement (BPI), est désormais, bien que sans expérience dans ce métier, banquière de choc grâce au bon plaisir de son ex-conjoint. La promotion Voltaire : un patronage dont Hollande aime d’ailleurs à rappeler – pour s’en réclamer ? – l’engagement férocement anti-religieux du père de Candide contre « l’infâme ».

Autres domaines où Flanby, le flan qui remplace parfois sa crème par du cheval, sait se montrer tout aussi déterminé et intransigeant : les questions idéologiques dites « sociétales ». Mariage gay, PMA, GPA, euthanasie et demain bien sûr le droit de vote aux étrangers auquel Martine Aubry, de sa mairie de Lille, exhorte le PS à ne jamais renoncer et dont elle espère toujours que la loi sera promulguée pour les prochaines municipales. Elle a peut-être besoin des voix musulmanes pour assurer sa réélection ? Rappelons que lors de la dernière élection présidentielle, 93 % d’électeurs musulmans ont voté en faveur de Françaois Hollande.

Il faut dire que ces « questions sociétale » sont les seules mesures sur lesquelles Hollande peut actuellement réunir sa majorité, de plus en plus profondément divisée par ses choix économiques. Politicien aussi cynique que louvoyeur, Flanby ne va donc pas se priver de revenir sur ce terrain « clivant » entre la gauche et la droite et où il possède une majorité assurée, aussi bien à l’Assemblée nationale qu’au Sénat. Peu lui importe s’il faut pour cela rompre avec l’ordre naturel (fidèle en cela à son patron Voltaire) et détricoter toujours davantage, à travers son maillage familiale, la société française, pourvu qu’il résolve, même momentanément, ses problèmes de politicaillerie partisane. Que lui importe aussi de faire grimper toujours plus haut le scepticisme et le mépris des Français à l’égard de leurs représentants politiques. « Le propre du flan, c’est qu’il se dégonfle vite », s’amusait une blogueuse blagueuse. Certes, mais même démoulé et effondré, nous risquons d’avoir Flanby dans nos assiettes à dessert pour quelques années encore. À moins, d’une façon ou d’une autre, de renverser la table.

Addendum : Hollande conspué à Dijon [/]

Faisant allusion à la cote de popularité du président de la République en chute, un quotidien de gauche avait malicieusement titré : « Hollande à Dijon, car sa cote dort ». Son passage dans la capitale de la Bourgogne, où il a été chahuté, aura plutôt eu l’effet inverse. Ce qui s’annonçait comme une visite pépère dans la ville de son vieil ami et complice François Rebsamen, avec militants socialistes mobilisés pour l’occasion, a pourtant connu un premier accroc qui risque de coûter au chef de l’État encore quelques points supplémentaires. « Monsieur Hollande, où sont vos promesses », l’ont interpellé, sur un ton peu amène, les habitants d’un quartier populaire auxquels se sont joints des syndicalistes, en colère eux aussi. L’évacuation immédiate (et musclée selon certains) des trouble-fête par les services de la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP) n’a fait, selon le journal très pro-Hollande Le Monde, « qu’ajouter à la triste impression de mise en scène ». Cette visite de deux jours en Côte-d’Or devait inaugurer une série de voyages en province, façon Chirac, au cours desquels Hollande avait pour objectif, outre de serrer des mains et d’embrasser les petits enfants, d’ expliquer sa politique aux Français. A Dijon, où la moutarde est montée au nez de certains manifestants, le chef de l’Etat a eu droit à une véritable explication de texte. D’autant plus que plusieurs centaines de manifestants contre le mariage gay ont également crevé le décor de cette visite Potemkine pour crier au chef de l’État leur désapprobation et leur colère. Le tour de France de ce dernier commence sous les hués. De quoi rendre sa cote de popularité encore plus comateuse.



*     *
*

*** Véronique Genest assure dans "C à vous" être un « étron libre »

Véronique Genest, qui n’est pas franchement une professionnelle de la politique, est au moins douée d’une certaine franchise et d’une grande honnêteté intellectuelle… Candidate, suppléante il est vrai, dans une législative partielle pour la huitième circonscription des Français établis hors de France (Chypre, la Grèce, Israël, l’Italie, Malte, Saint-Marin, le Vatican, la Turquie), Véronique Genest interrogée sur sa position politique dans l’émission "C à vous" du lundi 4 mars 2013,  a osé proclamer avec toute la force de ses convictions : « je suis un étron libre »
Comédienne, novice en politique, mais se voulant indépendante et parfaitement lucide quant aux vertus de la démocratie et de ses acteurs.
Merci, Véronique Genest, pour cette belle profession de foi… qui vous fera pardonner la naïveté d'une "islamophobie" tout au service d’Israël…


mardi 12 mars 2013

Résurrection d'une paroisse : Saint-Vincent de Paul avec le Père Michel-Marie Zanotti-Sorkine, sur la Canebière à Marseille…

[Lien pour suivre les émissions en direct depuis le Vatican : Radiovaticana.va]

Fasse que le Saint-Esprit nous donne un prochain Saint-Père qui sache ressusciter la sainte Église catholique apostolique et romaine avec autant de ferveur et vigueur qu'à son humble niveau le Père Michel-Marie Zanotti-Sorkine a rendu vie à sa paroisse marseillaise de Saint-Vincent de Paul…


« Combien de vents de la doctrine avons-nous connus au cours des dernières décennies, combien de courants idéologiques, combien de modes de la pensée… La petite barque de la pensée de nombreux chrétiens a été souvent ballottée par ces vagues – jetée d’un extrême à l’autre : du marxisme au libéralisme, jusqu’au libertinisme ; du collectivisme à l’individualisme radical ; de l’athéisme à un vague mysticisme religieux ; de l’agnosticisme au syncrétisme et ainsi de suite. Chaque jour naissent de nouvelles sectes et se réalise ce que dit saint Paul à propos de l’imposture des hommes, de l’astuce qui tend à les induire en erreur (cf. Ep 4, 14). Posséder une foi claire, selon le Credo de l’Église, est souvent défini comme du fondamentalisme. Tandis que le relativisme, c’est-à-dire se laisser entraîner “à tout vent de la doctrine”, apparaît comme l’unique attitude à la hauteur de l’époque actuelle. L’on est en train de mettre sur pied une dictature du relativisme qui ne reconnaît rien comme définitif et qui donne comme mesure ultime uniquement son propre ego et ses désirs. »

« Benoît XVI donne une indication dans son message pour le Carême de cette année (voir n. 3). Nous lisons dans ce message : Parfois, on tend en effet à circonscrire le terme de « charité » à la solidarité ou à la simple aide humanitaire. Il est important, en revanche, de rappeler que la plus grande œuvre de charité est justement l’évangélisation, c’est-à-dire le « service de la Parole ». Il n’y a pas d’action plus bénéfique, et donc charitable, envers le prochain que rompre le pain de la Parole de Dieu, le faire participer de la Bonne Nouvelle de l’Évangile, l’introduire dans la relation avec Dieu : l’évangélisation est la promotion la plus élevée et la plus complète de la personne humaine. Comme l’écrit le Serviteur de Dieu le Pape Paul VI dans l’Encyclique Populorum progressio, "le premier et principal facteur de développement est l’annonce du Christ (cf. n. 16)" »
« Suppliants et humbles, nous Vous implorons, Seigneur : que votre immense bonté donne à la sacro-sainte Eglise Romaine un Pontife tel qu’il Vous plaise toujours par son zèle surnaturel envers nous et qu’il mérite la vénération de votre peuple par son sage gouvernement à la gloire de votre Nom. »
Prière lors de la Messe pro eligendo Pontifice

*       *
*




« La tentation permet à notre liberté de se déterminer ! »…
Superbe !!! Écoutez :

« C'est la prière qui transfigure notre vie ! »


« Convertissons-nous un p'tit peu et ce sera déjà beaucoup ! »


« Dieu ne lâche pas ses enfants prodigues ! »


AU DIABLE LA TIÉDEUR
Suivi de Petit traité de l'essentiel

Père Michel-Marie ZANOTTI-SORKINE
Un curé pas comme les autres



À Marseille, en haut de la Canebière, l'église des Réformés devait être détruite. L'évêque tente une dernière chance et en confie la charge au père Zanotti-Sorkine. Sept ans plus tard, dans ce quartier ou les catholiques sont minoritaires, chaque dimanche matin, l'église est archipleine. Cent soixante-deux baptêmes d'adultes ont été célébrés à Pâques 2012. Un miracle ? Non, mais une exception en France qui tient à quelques raisons. L'église est ouverte douze heures par jour, la messe est dite quotidiennement dans la nef. Le culte est célébré dans la grande tradition : processions solennelles, enfants de chœur, encens, grandes orgues, chants, célèbres sermons du nouveau curé, chapelets dits en commun, confessionnal ouvert deux fois dans la journée.

Le prêtre reçoit sans rendez-vous tous les soirs à partir de vingt heures. Ce qu'il prêche : les grands préceptes de l'Église catholique, le don de soi, l'amour des autres, la confiance en Dieu, la pratique religieuse. Tous les paroissiens le disent : « Je viens ici parce que j'y découvre ce que je n'ai pas trouvé ailleurs ». Né en 1959, l'auteur a d'abord été chanteur-compositeur-interprète dans des cabarets. À 28 ans, il arrête et étudie la philosophie et la théologie puis entre chez les Franciscains. En les quittant, il vient à Marseille, où il est ordonné prêtre à 40 ans.

Le livre est divisé en deux parties :
- la première s'adresse aux prêtres : cinquante pages de pensées, conseils, sentences simples et fortes qui redéfinissent leur sacerdoce ;
- la seconde est destinée aux fidèles et aux autres pour leur rappeler les bases de la religion catholique ainsi que des comportements et des vertus qui aident à vivre.


http://www.delamoureneclats.fr


- EXCEPTIONNEL ! -

Le Père Michel-Marie Zanotti-Sorkine
prêchera en la Basilique nationale du Sacré-Cœur
de Koekelberg (Belgique - Bruxelles)

à Bruxelles, le samedi 9 mars 2013 à 15 heures,

dans le cadre du mouvement international œcuménique de prière pour
la guérison de l’humanité « Maranatha »


- Dimanche des Rameaux -
dimanche 24 mars, 17 heures
La Passion de l'Amour
Textes de P. Michel-Marie Zanotti-Sorkine
récités par Marie-Christine Barrault
Église Saint-Vincent-de-Paul « Les Réformés »

La rencontre d'une grande dame du Théâtre avec un texte brûlant de souffrance et d'amour
dans la bouleversante marche au supplice du condamné à mort le plus célèbre de l'Histoire.

Maurice Duruflé, dans son sublime Requiem, accompagnera cette Passion
grâce au talent de l'ensemble AD FONTES et de l'organiste Chantal De Zeeuw.

- Triduum Pascal -

À tous les jeunes de 20 à 35 ans,
le Ciel envoie cette invitation
avec les encouragements de la Sainte Vierge !

Venez vivre le Triduum Pascal
à la Paroisse Saint-Vincent-de-Paul « Les Réformés »
du jeudi 28 mars 12h au dimanche 31 mars 18h.

Demandez le programme !

Grand Messe de la Cène du Seigneur,
Adoration au Reposoir,
Chemin de Croix, Rosaire,
Veillée Pascale avec, en cette nuit unique,
plus de 30 baptêmes d'adultes !


Échanges, partages et enseignement du Père Michel-Marie Zanotti-Sorkine,
mais aussi
Détente, ballade dans les Calanques, pèlerinage à Notre-Dame de la garde, découverte de Marseille...


4 jours pour reprendre force et joie près de Jésus et de notre mère Marie !
Logés, nourris par la paroisse, il vous revient seulement de trouver un moyen pour arriver jusqu'à nous !

On vous attend !


Pour toute question, une adresse : inscriptiontriduum@gmail.com



*     *
*

Benoît XVI : quel coup de maître du Saint-Esprit !


Le pape n’est pas parti. Loin de là ! Par son geste inattendu et presque unique, le voici qui arrive enfin dans les esprits et passe à l’Histoire. Quel coup de maître de la part du Saint-Esprit qui le conduit ! Le Souffle divin ne pouvait pas faire mieux que ce coup d’éclat qui n’en a pas l’air pour maintenir ce « Joseph », charpentier de la théologie, comme un trésor dans les consciences. Certes, nous ne verrons plus son visage au sourire mesuré — mais tellement vrai ! Nous allons perdre de vue sa silhouette fragile, inquiète, inadaptée aux dimensions de l’univers dont il eut la charge, nous allons peut-être même (ce serait dommage !) égarer ses livres, oublier ses encycliques, laisser sous la poussière d’une étagère son Jésus de Nazareth, mais lui, cet homme, ce prêtre, ce pape, il va rester en nous, je l’assure, comme un être à part, ce que le chrétien doit être. On a salué, y compris ses ennemis bornés et souvent infamants, sa large intelligence et son érudition — il eût été difficile de penser le contraire — mais ses efforts de chaque jour pour tenir l’Église debout et fidèle à son Christ, sous le feu d’un contexte universel qui l’attendait, non en face mais au tournant, peu d’êtres les ont recueillis et salués. Tant pis pour nous qui avons toujours un pape de retard !

Si, par son dernier geste pontifical, qui n’est pas une bénédiction, mais un au revoir de la main, Joseph Ratzinger révèle la grandeur de son être uniquement harnaché à son Dieu, éloigné de toute gloire mondaine, il y a mieux : sans grand bruit de mots, ce qui est un comble pour celui que l’on maintenait dans le camp des intellectuels et même des professeurs qui, paraît-il, ne comprennent rien au réel, il offre à présent une dernière chance à l’humanité en lui montrant par le simple fait de sa démission qui n’est autre qu’un engagement, la nécessité pour l’homme contemporain, sûr de lui, bavard et faussement autonome, de calmer le jeu. Et, par un saut radical dans l’intériorité, de rejoindre sa Source. Demain, si les heures se couvraient d’ombres — on ne sait jamais ! — il est une chose certaine, c’est que nous ne pourrions pas accuser Benoit XVI de silence !

Cet homme nous a dit la vérité, la seule, la vraie qui, aujourd’hui, au grand jour, transpire de son front : à la fin, c’est l’humilité qui gagne !

En se retirant sur la montagne, avec l’Église non plus sur les épaules, mais dans le cœur, celle-ci n’a rien à craindre, puisque la prière des saints comme celle des humbles est infaillible. Bon travail, très Saint-Père… et mille fois merci !




*     *
*

Plantu : dégueulis à l’usage de bobos retardés

Ce 1er mars, Plantu a offert au journal Le Monde l’un de ses dessins les plus réussis, avec pour noble sujet, que dis-je, pour dégueulis à l’usage de bobos retardés, le pape Benoit XVI, aviné, devant sa télé, soutane retroussée, journal porno à ses pieds, pizza sur la table, télécommande en main, fin prêt pour une retraite bien salée. Rien de bien nouveau sous l’ombre du Monde ! Et comme Plantu ne croit sans doute pas en Dieu, ou du moins, en l’honnêteté de ceux qui le représentent, on peut penser, sans crainte de se tromper, qu’il est allé, pour dessiner son chef-d’œuvre, chercher son inspiration dans son propre monde intérieur, ce qu’on ne saurait lui reprocher, puisqu’il est de vérité que l’on ne décrit bien que ce que l’on vit soi-même. Et à en croire les as du crayon, c’est encore plus vrai pour le dessin.

Toutefois, malgré l’offense qui est ici recherchée sous un humour de pissotière, sans grand effet, d’ailleurs, et j’en suis sûr, sous la fierté pour l’artiste de railler au nom de la liberté d’expression qui bon lui semble, il convient tout de même de remercier ce grand dessinateur qui, sans le savoir, vient de servir magnifiquement la cause de l’Église en honorant de son œuvre unique l’une des plus grandes vérités que l’Évangile ait révélée au monde, à savoir que l’outragé, le méprisé, le moqué, finit par gagner la partie. Le Christ en tête, avec sa couronne d’épines, son manteau d’opérette, son roseau de sceptre, et derrière lui, la foule des humiliés, aujourd’hui sur les autels, pour avoir tenté d’aimer jusqu’à la démesure l’humanité tout entière, y compris les Plantu, l’ont parfaitement démontré.

On ne saurait donc que trop conseiller à ce bon dessinateur et, puisque j’y suis, au Monde de continuer avec élan leur approche irrespectueuse et parfois ordurière de nos Pères, de manière à consolider la foi catholique dans les esprits insoumis qui, grâce à leur art d’écrire et de dessiner, sont de plus en plus nombreux ici-bas. Plantu, vous vous êtes planté !



Jacques Trémolet de Villers : "Un acte souverainement libre !"

lundi 11 mars 2013

1963-2013 : Présence de Jean Bastien-Thiry, cinquante ans après…



Un sourire empreint de gravité…
1948 : Jean-Marie Bastien-Thiry, brillant polytechnicien…

Pour le 50ème anniversaire de la mort du
Colonel Jean BASTIEN-THIRY

fusillé le 11 mars 1963 au Fort d’Ivry,

le Cercle Jean Bastien-Thiry, sa famille et ses amis vous invitent :

- Le samedi 23 février de 9h30 à 18h30 :
à la journée-colloque « Bastien-Thiry, 50 ans après »
au Forum de Grenelle,
5 rue de la Croix Nivert,
75015 Paris,
participation aux frais : 5€,
renseignements sur le site www.bastien-thiry.fr
Inscriptions par la poste ou courriel :
Cercle Jean BASTIEN-THIRY – B.P.70 – 78170 La Celle St Cloud
Courriel : basthiry@aol.com

- Le dimanche 10 mars à 15 heures :
à la cérémonie au cimetière de Bourg-la-Reine (92)
sur la tombe de Jean Bastien-Thiry

- Le lundi 11 mars à 18 heures :
à la messe célébrée en l’église Sainte Odile
(2 av. Stéphane Mallarmé, 75017 Paris)

Cercle Jean BASTIEN-THIRY – B.P.70 – 78170 La Celle St Cloud
Courriel : basthiry@aol.com




Cette journée dont le thème est « Bastien-Thiry, 50 ans après » offrira :

- une exposition d’affaires personnelles de Jean Bastien-Thiry en particulier des uniformes (dont celui qu’il portait au procès), des livres et des objets qu’il avait dans sa cellule à la prison de la Santé, des lettres manuscrites ;
- deux séries d’interventions de personnes l’ayant connu ou étant liées à cette période de la fin de la guerre d’Algérie, une série le matin et une autre l’après-midi ;
- la possibilité, entre ces deux séries, de visionner des extraits de différentes vidéos en lien avec le souvenir de Jean Bastien-Thiry (émissions TV et films sur l’attentat et sur le drame vécu par les Pieds-Noirs et les Harkis) ;
- la possibilité de participer à des ateliers-débats autour de différents thèmes en particulier celui de la légitime défense (elle a été évoquée au procès du Petit-Clamart), ou « la transmission du souvenir » concernant ces événements douloureux ;
- à 17 heures, par un groupe des jeunes-gens la représentation de la pièce "Bastien-Thiry, Vérité" écrite par son épouse Geneviève.

Pendant toute la journée, les participants pourront se procurer des ouvrages sur Jean Bastien-Thiry et se faire dédicacer des livres par les auteurs présents.

*     *     *



 Extrait de la Déclaration du Colonel Bastien-Thiry, le 2 février 1963 devant la Cour militaire de Justice de Vincennes :
« Le danger que court actuellement ce pays ne vient pas d'un risque de destruction physique ou matérielle : il est plus subtil et plus profond car il peut aboutir à la destruction de valeurs humaines, morales et spirituelles qui constituent le patrimoine français . Ce patrimoine provient d'un héritage qui est à la fois grec, latin, occidental et chrétien et repose sur une conception précise de la liberté et de la dignité de l'homme et des collectivités humaines et sur la mise en application de principes fondamentaux qui sont la recherche et le souci de la justice, le respect de la vérité et de la parole donnée et la solidarité fraternelle entre tous ceux qui appartiennent à la même collectivité nationale . Nous croyons qu'on ne viole pas impunément et cyniquement ces différents principes sans mettre en péril de mort, dans son esprit et dans son âme, la nation tout entière . »

*     *     *


À l’heure où j’écris ces lignes, il y a cinquante ans, nous étions dans l’angoisse de savoir, si, demain, à l’aube, Jean-Marie Bastien-Thiry serait ou non fusillé.

De tous côtés, les interventions auprès du « Château » se multipliaient… en vain. Celui qui devait devenir quelques années plus tard mon beau-père, tentait une ultime démarche au nom des anciens de Polytechnique. L’Élysée demeurait sourd.

En réalité, dès le premier de jour de son procès, dans sa déclaration qui reste un des plus nobles textes de la langue française, le jeune et brillant colonel de l’Armée de l’air avait signé lui-même son arrêt de mort. Les efforts admirables de ses avocats avaient la beauté triste des chants du désespoir.

« Que ce soit à Saint-Léon de Bayonne ou à Saint-Jacques de Lunéville, tous les matins, une messe est dite pour que la Divine Providence vous assiste, au moment de votre délibéré… Ne demeurez pas sourd, Messieurs, à l’invocation de l’Esprit qui, tous les matins, renaît à la prime aurore et retenez ces mots que je vous livre avec la plus intense de mon émotion : Et in terra pax hominibus bonæ voluntatis ».

Ainsi, après trois heures et demie d’une éloquence qui cherchait, en vain mais malgré tout, le cœur des hommes qui peuplaient une cour de justice qui, quelques semaines plus tard, sera déclarée illégale, Jean-Louis Tixier-Vignancour livrait-il un ultime combat. Celui qui avait constamment appelé DeGaulle « le Chef de l’état de fait » ne pouvait espérer aucune clémence. D’ailleurs la voulait-il ? Il était déjà ailleurs, devant le seul Juge qu’il reconnaissait, dans la vie qui ne connaît ni décrépitude, ni trahison, ni compromission.

C’est une grâce pour nous qui n’avions pas vingt ans d’avoir été les jeunes contemporains de Jean-Marie Bastien-Thiry. Antigone est une figure théâtrale, registre inépuisable pour les poètes et les dramaturges depuis vingt-cinq siècles… Mais cette figure n’a pas d’épaisseur historique. En aurait-elle que sa présence charnelle ne pourrait nous toucher. Elle vit dans les livres. Bastien-Thiry a vécu parmi nous. Certains de nos amis, de nos camarades de faculté – je pense particulièrement à mon ami Olivier Sers, devenu ensuite après la prison un brillant avocat, prince du Stage, et aujourd’hui le meilleur traducteur de Sénèque, de Lucrèce, de Pétrone, d’Ovide… – l’avaient fréquenté et, dans l’opération du Petit Clamart, l’avaient servi. Un jour viendra où un poète, un homme de théâtre, chantera ce drame, digne des plus grands moments de l’Antiquité, qui s’est déroulé, chez nous, il y a cinquante ans, à la fin de notre adolescence.

Le 11 mars 1963, pour beaucoup d’entre nous, sonnait le glas définitif de notre défaite. Un an avant, avec les accords d’Évian, c’était joué. Mais sous le feu éteint, une braise couvait encore. Avec l’énergie du désespoir et l’inconscience de la jeunesse, nous brûlions, dans tous les sens du terme, nos dernières cartouches. Maintenant c’était fini. Une immense dépression, un « à quoi bon ? » généralisé nous envahissait, accompagnant un irrépressible dégoût.

C’était le temps où Maurice Ronet incarnait, dans le Feu follet, le suicide logique de l’officier perdu. Louis Malle, Jeanne Moreau, Drieu La Rochelle parlaient à notre désenchantement d’une voix qui aurait pu être mortelle. Antoine Blondin nous traitait au vin de Bordeaux, aux calembours et à la poésie de la nuit de Paris. Nous lui en restons reconnaissants. Puis il y eut Jean Ousset, et, à peine dix huit mois après, le commencement de la campagne présidentielle de l’avocat de l’Algérie française. En France, rien n’est jamais acquis à l’homme, ni sa force, ni sa faiblesse… et encore moins son désespoir. Les facultés de rebondissement sont à la mesure de ses facultés héroïques. Car Jean-Marie Bastien-Thiry fut un héros, comme Harmodius – « auprès d’Harmodius, auprès de son ami… » – comme Charlotte Corday… un héros de notre antiquité, qu’auraient célébré Caton et Virgile, Cicéron et Plutarque. La poésie écrase le temps. L’héroïsme, qui est le sommet de la poésie, méprise le temps qui est l’insolvable créancier de la mort. Par lui, notre jeunesse rejoint l’aurore des civilisations. Le jeune Colonel, vêtu de probité candide et d’héroïsme désintéressé, affrontant un vieux général crispé sur un pouvoir si longtemps convoité et reçu par surprise, pour la survie de notre plus belle province d’Afrique, c’est un tableau intemporel pour enseigner le civisme aux jeunes générations de la République.

Il paraît que nous vivons une époque de décadence. Innombrables sont les signes qui fondent ce diagnostic. Mais, dans cette époque, brillent aussi des lumières qui attestent que le sang français, l’esprit du Royaume de France, la sève du renouveau est toujours là.

Dans moins de trois semaines, nous allons devoir manifester la permanence de cette présence. Nous allons dire, à la face du monde qui nous regarde, de la place de l’Étoile à la place de la Concorde, que les familles de France sont la France. Un après l’autre, les pays d’Europe acceptent une législation délirante, fruit de la déchristianisation de ce qui fut la Chrétienté. « L’état de fait » qui se dit présentement « Régent du Royaume de France » veut nous soumettre à la même ignominie. Répondons-lui avec l’énergie calme, droite et joyeuse qui sut aller jusqu’au don du sang pour « mettre en œuvre la grande loi de solidarité entre les hommes ». Il ne nous est pas demandé, le 24 mars prochain, de mourir sous les balles des fusilleurs… simplement de défiler, d’être là, de ne pas manquer le rendez-vous. Cet héroïsme modeste est à la mesure de nos forces déclinantes. Y renoncer tiendrait de la débilité. Je sais bien qu’ici ou là des paroles qui se veulent réalistes prétendent qu’on ne fait pas deux fois le même exploit, que le ressort serait sinon cassé, du moins détendu… que ceci… et que cela… il y a une infinité de raisons, plus sages les unes que les autres, pour ré-ouvrir ce discours de désespérance, paré de l’accent de la lucidité.

Mais ce qui fait l’histoire est toujours ce qui se dresse à contre-courant. Le Chevalier de la Barre, aujourd’hui, n’est plus l’homme qui garde son chapeau quand passe le Saint-Sacrement, c’est celui qui crie son dégoût devant les chars de la gay-pride. L’amour de ce qu’il y a de plus vrai et de plus beau dans l’ordre profond de l’univers se décline aujourd’hui sur le ton de la contestation radicale de l’ordre établi et du non-conformisme absolu à l’égard des mœurs dominantes. Suprême bénédiction céleste qui réunit le goût de la vérité et la passion de la liberté, la vénération de l’ordre et le penchant inné pour l’anarchie.

Ne manquons pas ce rendez-vous historique de nos passions nationales. Un nouveau printemps français nous attend.



*     *    *





Il y a 50 ans, la mort injuste d’un héros : Jean Bastien-Thiry
Jean Bastien-Thiry a illuminé de son visage jeune et souriant la dernière scène de cette France de toujours, en même temps que s’avançait sur la dépouille de notre pays une sorcière hideuse et grimaçante qui allait garder son nom et prendre sa place.
Tout d’abord, il n’est pas illégitime de considérer la mort de Jean Bastien-Thiry comme le dernier acte de la Guerre d’Algérie. Certes, il y a eu encore des résistances héroïques et désespérées, l’activité du Conseil National de la Résistance à Rome, les actions d’officiers « perdus », la tentative d’attentat du Mont Faron, etc. Mais, à ma connaissance au moins, le sang n’a pas coulé.

Le sacrifice de Jean Bastien-Thiry a été incommensurable car, tout d’abord, il y a donné délibérément sa vie – comme tant d’autres combattants certes. Ses déclarations et son attitude lors de son procès confirment qu’il ne tenait pas à devoir la grâce à celui qui avait accumulé tant d’abominations. Mais il y a plus. La geste entreprise, qu’elle réussisse ou qu’elle échoue, devait jeter l’opprobre et la honte de la nation sur son nom et par conséquent sur sa famille, sans mesure car sans fin dans le temps. Quarante-cinq ans plus tard, si l’on évoque son nom dans un lieu public, on baisse la voix. En ce sens, il ne peut y avoir de sacrifice plus grand. Observons d’ailleurs que tant d’autres combattants de l’O.A.S. n’ont pas subi la même flétrissure ou, au moins, au même degré. Car quelles que fussent les actions menées, elles n’atteignaient pas le « sacrilège » de s’attaquer à DeGaulle qui incarnait la France – toutes tendances politiques confondues. Il cristallisait les péchés de son peuple et il l’avait débarrassé de l’Algérie.

Le sacrifice de Jean Bastien-Thiry a été encore grandi, anobli, par le fait qu’il était gratuit, à la limite qu’il risquait d’être inutile. Certes, si les rafales des FM avaient mis fin à la vie et à la carrière de l’homme de l’Élysée, en Algérie le bras des tueurs du F.L.N. serait resté suspendu dans la crainte d’un réveil de la France. Mais il n’y aurait eu là pour les candidats au supplice qu’un répit éphémère. En France, l’esprit de la population était trop profondément contaminé pour que ce geste salutaire amène un renversement significatif, tant de la politique suivie que dans le rétablissement de la vérité au sujet de l’Algérie.

La fin d’une civilisation animée par l’esprit de sacrifice

La tentative de Jean Bastien-Thiry, et de ses hommes, a clos un trait essentiel de notre civilisation, peut-être même le trait essentiel. Celui-ci se trouvait dans l’héroïsme surhumain d’aller au sacrifice pour une cause juste même si elle était évidemment perdue, pour une cause morale, pour l’honneur, par fidélité à l’égard des fidèles et tout simplement à l’égard du passé.

Les balles qui ont mis à mort Jean Bastien-Thiry, au fort d’Ivry, un sinistre matin de mars 1963, ont été d’abord les ultimes coups de feu qui ont mis fin à ce que l’on appelle les guerres de décolonisation. Pendant près de vingt ans, de l’Indochine à l’Afrique du Nord, de Cao-bang à Soukaras, nos soldats et nos officiers ont constitué une véritable « chair à canons coloniale ». Les parlementaires et les partis politiques qui tenaient la France dans leurs serres et qui les avaient envoyés à ces terribles combats lointains, se servaient des événements d’Indochine et d’Algérie pour renverser le gouvernement en place et s’y substituer par des crocs-en-jambe abjects. Tout au long de la guerre d’Algérie, ces gouvernements qui leur donnaient la mission de mourir pour combattre les rebelles traitaient, en sous-main, avec les organisations politiques de la rébellion, annulant ainsi les résultats si chèrement acquis sur le terrain. Et pendant les quatre dernières années (1958-1962), notre armée avait été soumise – parfois subjuguée – par un DeGaulle qui laissait, dans une indifférence glacée, massacrer des centaines de milliers de personnes en Algérie et qui poussait la cruauté la plus inhumaine jusqu’à laisser un général Jouhaud plus de 200 jours et plus de 200 nuits surtout, attendre l’aube où se pratiquent les exécutions capitales. Sous l’autorité de ces créatures misérables qui tenaient l’Élysée, Matignon, le Palais Bourbon et celui du Luxembourg, ces officiers mouraient pour la France, mouraient pour les populations qu’on les avait chargés de protéger, au début en y croyant, puis, au fil du temps, quand les illusions s’écaillaient, prenant conscience qu’ils mouraient pour rien et qu’ils faisaient mourir pour rien ceux qui étaient sous leurs ordres et également ceux d’en face. Ils sont restés courageux dans cette inimaginable épreuve. Ils sont restés fidèles au serment d’obéissance, liés à leur condition d’officiers. La plupart sont restés soumis, peut-être trop soumis.

Un des leurs, le colonel Jean Bastien-Thiry, qui n’avait pas été impliqué dans les combats et dans les massacres, a décidé qu’il était toujours temps de se livrer en holocauste. Il l’a fait dans un sacrifice aux dimensions exceptionnelles. Sa mort peut être considérée comme la fin d’une certaine France, laissant à sa place une autre France, nouvelle, habitée par une religion nouvelle, désorientée, une France défigurée, maculée, souillée, mûre pour mai 1968, mûre pour le suicide collectif de l’avortement et de la contraception, mûre pour la mise à mort de l’école et de la famille, pour la promotion de l’immoralisme. Aucune rupture de civilisation dans notre histoire n’a eu la même importance, les mêmes ravages foudroyants, la même irréversibilité. Avant, chez nous, l’esprit de sacrifice était vivace. Pendant plus d’un millénaire des missionnaires, des croisés, des chevaliers, de prestigieux officiers ou nobles fantassins, des médecins et des défricheurs d’empire ont donné leur vie pour la France. Par cet esprit de sacrifice, ils « faisaient du sacré ». Après le début de ces années 1960, l’esprit de sacrifice avait disparu ou, en tout cas, s’était singulièrement recroquevillé. Les douze balles qui ont tué, à l’aube du 11 mars 1963, un patriote et un héros, marquent allégoriquement l’achèvement du martyre de son pays. Jean Bastien-Thiry a illuminé de son visage jeune et souriant la dernière scène de cette France de toujours, en même temps que s’avançait sur la dépouille de notre pays une sorcière hideuse et grimaçante qui allait garder son nom et prendre sa place.


*     *     *

Lettre de Georges Watin au commissaire Bouvier

Cette lettre est extraite du numéro spécial 61 bis, daté mai à décembre 1963, du Charivari consacré à Jean Bastien-Thiry :

Le procès de Vincennes
La mort de Bastien-Thiry
L’HONNEUR ET LE SANG


Le 24 octobre 1962, le commissaire Bouvier, qui avait mené à bien l'enquête sur l’attentat du Petit-Clamart et arrêté une partie des exécutants, recevait de Georges Watin, l'un des accusés en fuite, une lettre dont Le Charivari a présenté de larges extraits. Sans doute ne peut-on prendre comme argent comptant toutes les affirmations contenues dans ce texte. Du moins, à leur lumière certains contours demeurés mystérieux de l’affaire peuvent-ils être cernés. La vigueur pittoresque du style comme l'indéniable courage de son auteur confèrent en outre un intérêt à sa publication, pour la mémoire mais surtout pour les plus jeunes qui, avec bonheur, aujourd'hui découvriront ce texte magnifique.

Monsieur,

Je prends la liberté de vous écrire, bien que vous sachant toujours très occupé. Mais je ne puis accepter qu'un de mes camarades de combat risque sa tête par simple esprit de chevalerie, par le seul réflexe du véritable officier. En effet, Alain [de la Tocnaye] s'accuse, à tort, d'être le chef du commando de Villcoublay. Il serait injuste, voyez-vous, qu'Alain soit condamné à la peine capitale alors qu'il n'a fait que conduire la voiture P.C., qu'il n'a pas tiré un seul coup de feu, qu'il n'est venu en opération, les deux dernières fois, que parce que j'étais là. De toutes façons, il était bien décidé à obéir aux ordres reçus, c'est-à-dire se saisir de la personne du général pour jugement ultérieur (...).

Pour le commandant Niaux, j'affirme que cet officier intègre et droit n'a été absolument pour rien dans l'affaire. Il n'a jamais été à Clamart et il n'était même pas au courant de l'opération. Bien sûr, comme tous les patriotes, il attendait et espérait. C'est tout son crime. Et sa mort vous est comptabilisée, mon cher Bouvier (...). Pour Bastien-Thiry, c'est encore plus simple : il a pris le train en marche. Je dois dire qu'il est devenu un serre-frein plutôt qu'autre chose. Car vous qui savez tout, vous semblez ignorer que je suis sur cette opération depuis début avril. Oui, dix-sept fois exactement, nous nous sommes baladés à sept ou huit voitures, avec armes et bagages, sur les itinéraires de principe de l'objectif n° 1. Et je vous assure que ce n'était pas une opération d'enlèvement. C'était une embuscade de type fellouze. J'avais entre vingt-quatre et trente camarades triés parmi les durs et j'avais donné l'ordre de « griller » tout le monde (…). Il y avait entre 90 et 120 grenades défensives distribuées en plus des armes automatiques. Vous imaginez un peu le travail ! Lorsque j'ai contacté le colonel, il a été effrayé. Il ne comprenait pas cette haine profonde que nous avions, nous, pour vous tous (...).

Bastien était chargé de mission par le haut commandement rattaché au C.N.R. et cette mission, à mon sens trop humaine, était non pas de tout liquider mais de faire des prisonniers. Je dois dire que j'enrage encore en me remémorant notre petite sortie. Pensez donc, si au lieu de tenter de percer les pneus nos gars avaient flingué le pare-brise ! Pour des tireurs chevronnés, c'eût été un enfantillage. Quel gaspillage de compétence ! Bien entendu, Bastien ne voulait pas que nous tirions à tort et à travers (...). Sur ordre d'en haut, j’ai accepté d'essayer son truc deux ou trois fois. Hélas !... Comme vous le savez, les camarades de l'Estafette devaient arrêter la voiture du général et nous devions le transférer dans notre ID. Mais j'avais bien l'intention de désobéir car pour nous, Pieds-noirs, il y a fort longtemps qu'il est condamné et nous n'avons que faire de tout formalisme juridique. J'avais donc décidé, et sans le dire, de suivre ma petite idée. Le C.N.R. aurait toujours pu dire que j'étais un « groupe incontrôlé »… C’est d'ailleurs moi seul qui ai mitraillé le côté gauche de la voiture à la bonne hauteur. Et je dois à la vérité de dire que, malheureusement, j'ai eu un incident de tir — je n'ai pu tirer que huit balles de mon premier chargeur et j'ai dû le changer. Mais le convoi roulait à plus de cent kilomètres à l'heure (chapeau en passant pour le chauffeur. II n'a même pas oublié son clignotant pour s'engager vers l'aérodrome. Vous voudrez bien le féliciter et lui faire dire que je suis prêt à l'engager chez nous). Ce n'était vraiment pas de chance (...).

J'étais gaulliste, de 1940 jusqu'en 1958. Mais moi aussi j'ai fini par comprendre. J’aurais pu, bien sûr, écrire un gros bouquin sur mes espoirs déçus. Mais dans mon pays, un cocu ne plaide pas, il tue (ou, hélas ! il essaie)... J’ai donc revendiqué de prendre cette mission que j'avais étudiée déjà sous diverses formes depuis janvier 1961. Je n'avais pas de titres et pas plus de galons, mais un vrai chef n'en a pas besoin.

Il suffit qu'il soit là, présent, et qu'il fasse ce qu'il faut. J’étais le chef naturel, j'étais l’âme de ce groupe de braves. Je le dis simplement et sans forfanterie parce que je suis seul ou à peu près devant votre énorme appareil, Monsieur Bouvier. Peut-être un jour m'arrêterez-vous et, comme tout le monde, j'aurai très peur de mourir. Inch'Allah ! Je prierai et tâcherai d'être digne, au moins, de ce que je crois être.

D'ailleurs, et n'en déplaise à Témoignage Chrétien, je dois dire que déjà, dans les dernières minutes d'attente à Clamart, j'ai prié et prié avec ferveur, et vous me comprenez, vous, père Delarue. Mais Dieu n'a pas voulu (...).

Mais nous recommencerons, écrit Georges Watin :

Au nom des malheureux fauchés le 26 mars ;
Au nom des victimes de Katz ;
Au nom de nos harkis qu'ils ont cuits en d'ignobles bouillons ;
Au nom de nos filles et de nos femmes violées;
Au nom de nos soldats sodomisés ;
Au nom des torturés ;
Au nom des fusillés ;
Au nom du pays perdu ;
Des églises profanées ;
Des tombes abandonnées ;
De l'honneur oublié ;
Au nom de la vraie France… de la vraie…
Car la vôtre de France, c'est un pays malade. Mais, comme l’a dit Balzac : "Il est des maladies qui se soignent par le plomb."

Georges WATIN

*     *    *

Homélie prononcée par Monseigneur Jean-Yves Molinas
lors de la Messe célébrée en la cathédrale de Toulon, le lundi 11 mars 2013
pour la France et pour la paix de l'âme du colonel Jean Bastien-Thiry, assassiné le 11 mars 1963

Il y a cinquante ans, un homme tombait sous les balles du peloton d’exécution.
Nous savons, nous qui sommes réunis dans cette cathédrale, qui était cet homme et les raisons pour lesquelles il achevait prématurément sa vie dans les fossés du fort d’Ivry.
Depuis cinquante ans des générations d’hommes et de femmes se sont succédé. Peu nombreux ont connaissance de ce drame qui a cependant marqué l’histoire de notre pays. Cette mort est intimement liée à l’agonie et à la mort d’une province française, l’Algérie, mais plus encore au refus d’accepter de voir la France renoncer à sa mission de nation civilisatrice dans le monde et particulièrement sur toutes ces terres lointaines où son génie avait permis un bond de mille ans en avant. Nombreux historiens, géopoliticiens, philosophes expliqueront que ce dégagement était inévitable et que le vent de l’histoire nous y obligeait fut-­ce au prix d’un abandon dramatique des populations qui avaient cru, elles, en la France. Mais des hommes se sont élevés contre ce qu’il faut bien appeler une forfaiture, une trahison, et donnèrent leur vie pour ne pas faillir à la parole donnée.
Et, parmi eux, il y eut Jean Bastien-Thiry. Jeune lieutenant-­colonel, marié et père de trois petites filles, il n’hésita pas à sacrifier un avenir humain et professionnel prometteur, pour que la France ne se perde en succombant à « l’acharnement d’un très vieil homme ».
Comme l’écrivit son frère, Gabriel Bastien-­Thiry, Jean « s’était fait de la France une idée trop belle, et de la justice humaine un concept spirituel ». Cette idée et ce concept dont les racines plongeaient dans la foi chrétienne façonnèrent toute sa vie. Oui, Jean Bastien-­Thiry était un fervent chrétien, et cela depuis sa plus tendre enfance. L’amour du Christ l’avait tout naturellement ouvert à l’amour de sa patrie, la France. Ainsi, pétri par les pages de gloire de l’histoire de son pays et par le baptême qui marqua la France, il ne pouvait ignorer le drame qui se déroulait sous ses yeux, et dont il prévoyait clairement les conséquences désastreuses que non seulement la France mais aussi l’Europe auraient à endurer.
N’oublions pas le contexte géopolitique existant alors : d’une part, l’idéologie marxiste diffusant ses mensonges et pénétrant toutes les couches de la société ; des centaines de pays dans le monde asservis à cette dictature habilement présentée comme l’avènement de la liberté et de la démocratie pour les plus pauvres ; la menace militaire des pays du pacte de Varsovie prêts à envahir le monde libre ; à l’intérieur la subversion, aux frontières les chars et les missiles. Et d’autre part, en Algérie et dans nombre de pays musulmans le réveil d’un islam fait d’intolérance, de violences extrêmes et dont la volonté d’expansion dans le monde est clairement démontrée aujourd’hui.
En 1963, l’indépendance de l’Algérie est déjà survenue. Le nouvel état algérien n’a tenu aucun compte des accords d’Évian qui devaient permettre aux différentes communautés de continuer de vivre sur cette terre. Jour après jour, les nouveaux maîtres du pays, hier encore terroristes sanguinaires mais qui, bien qu’au pouvoir, n’ont pas renoncé à leurs méthodes, bafouent ces accords. Des milliers d’Européens sont enlevés, des centaines de milliers de Harkis sont massacrés dans des conditions horribles, l’armée française encore présente en Algérie, restant, sur ordre, l’arme aux pieds. Les églises sont profanées, les cimetières dévastés... Tout cela après la fusillade de la rue d’Isly à Alger, le 26 mars 1962, où l’armée française tira sur des hommes et des femmes qui revendiquaient seulement le droit de rester français sur une terre française, et le massacre horrible du 5 juillet à Oran.
La pureté de cœur et d’esprit de Jean Bastien-­Thiry ne pouvait accepter que la France continuât de sombrer dans l’ignominie, après que, comme le déclara le Président du Sénat Gaston Monnerville, « la Constitution eut été violée et le peuple abusé ». Nous ne tenterons pas ce soir de découvrir le cheminement qui amena Jean Bastien-Thiry jusqu’à l’attentat du Petit Clamart contre le président de la République, mais nous retiendrons comme certain que ce qui le conduisit jusqu’à cet acte, ce ne fut pas la haine de celui qui gouvernait alors la France, mais « la compassion pour les victimes » de cet homme, la volonté de « sauvegarder des vies humaines innocentes », et l’amour de la France dont il ne voulait pas que l’histoire fût irrémédiablement souillée.
La mort courageuse de Jean Bastien-­Thiry et de tant d’autres de ses compagnons qui ne se sont pas résignés à accepter le fatalisme d’une nation anesthésiée, nous amènent, cinquante ans après, à nous poser cette question : leur sacrifice a-­t­il été vain ? On pourrait le craindre en constatant combien notre pays et l’Occident chrétien en général semblent s’être détourné de leur destinée. Un chef d’état français n’a-­t-­il pas été parmi les plus déterminés opposants à la reconnaissance des racines chrétiennes de l’Europe? La France, notre patrie, est aujourd’hui défigurée, et bon nombre de nos compatriotes semblent avoir renoncé à la fierté d’être français. Ne leur demande­t-on pas, encore et encore, de se battre la coulpe et de se reconnaître coupables de toutes les abjections commises sur cette terre. Depuis des décennies, on leur a retiré peu à peu les repères historiques, religieux et philosophiques qui les constituaient en nation. On enseigne dans nos lycées que le FLN, qui fut l’ennemi de la France et dont on s’acharne à vouloir dissimuler le terrorisme, la cruauté et le mensonge, incarna la révolte saine et courageuse d’un peuple opprimé pour se libérer du colonialisme français. Cinquante après, nombre d’Algériens eux-­mêmes n’y croient plus ! Et du coup, on passe sous un silence honteux les 30 000 soldats français morts pour la France en Algérie. Pire encore, on crache sur leur tombe. Peu à peu, on a effacé de notre histoire les grandes figures qui faisaient que l’on pouvait être fier d’être français. Je dis avec assurance et certitude que Jean Bastien-­Thiry fait partie de ceux-là. Hélas, en compensation, on a fait du show-­biz un olympe et des saltimbanques et autres marchands de rêves, les maîtres à penser d’un peuple décadent.
Le bilan pourrait donc nous paraître bien triste. Et pourtant, la foi et l’espérance ne doivent pas déserter notre vie. Il n’est pas possible que les sacrifices de tels hommes ne finissent par porter du fruit. Autant de souffrances, (je pense à l’indicible souffrance que connurent les proches de celui dont nous faisons mémoire, son épouse, ses trois filles alors encore enfants, de tous ceux dont un des leurs tomba sous les balles du pouvoir) autant d’abnégation engendreront un jour de nouvelles générations qui se lèveront, et se reconnaitront en ce frère ainé qu’est Jean Bastien­-Thiry. Animées par la foi, ils édifieront ce Royaume de lumière, de paix, de fraternité et de vérité que le Christ est venu instaurer sur notre terre.
Et pour nous les Pieds-­Noirs, c’est un devoir de nous souvenir de la compassion de Jean Bastien-­Thiry pour notre calvaire. « Les Pieds Noirs ne pourront oublier que cet homme, pétri de traditions, enchaîné par ses principes, a tenté l’intentable à cause d’eux. » (« Plaidoyer pour un frère fusillé » de Gabriel Bastien-­Thiry)
Avant de rendre sa belle vie à Dieu, Jean Bastien-­Thiry, heureux d’apprendre que ses camarades avaient été graciés, servit à sa dernière messe célébrée par l’aumônier. S’adressant au prêtre, il lui dit : « Mon Père, offrons cette messe pour qu’un jour redevienne possible l’unité des Français. » « Oui, mon Père, il faut qu’un jour les Français puissent être unis ! » Devant le peloton d’exécution « l’Homme a souri, et son visage a reflété un immense apaisement, une sérénité définitive. » Que Dieu sauve la France ! Amen


*    *    *

Il y a 50 ans l' assassinat du Colonel Bastien-Thiry


*    *    *

Sur ce blog, la page dédiée à Jean Bastien-Thiry :









*   *   *