Qui ne risque rien n'est rien… sur le chemin de Damas, alors que les opinions ont cédé face aux faits…
on ne le dit assez : un âge n'en chasse pas un autre, tous les âges qu'on a vécu coexistent à l’intérieur de soi, ils s'empilent, et l'un prend le dessus au hasard des circonstances.

vendredi 7 septembre 2018

Entretien avec Gabriel Galice sur la Syrie



Un bref entretien avec Gabriel Galice, président de l'Institut International de recherches pour la paix à Genève, allant en toute sérénité à l’essentiel sur l'agression en Syrie… et pas seulement sur la Syrie…





Fondation GIPRI - Institut International de recherches pour la paix à Genève



mardi 28 août 2018

Damas, promenade au souk al-Bzourieh…



Nacime Chame, en famille depuis Damas, nous fait partager l'animation du souk al-Bzourieh… Le souk des épices et des bonbons… Des couleurs éblouissantes… pour les odeurs et la satisfaction de nos papilles gustatives Damas nous attend !… Mais le plus important serait-ce ce régal des enfants, les moustaches de chat ?…






Le Khan Asa'ad Bacha et le souk al-Bzouriyeh

Carnet de voyage en Syrie, avril 2018




samedi 25 août 2018

25 août 1944… Libération de Paris…



25 août 1944 : Libération de Paris

Partout en France, la "Résistance" tient à créer un climat insurrectionnel afin de se débarrasser des "notables" et cadres traditionnels de l'État français. Le glorieux général libérateur... et Grand Épurateur nomme au gouvernement plusieurs ministres communistes. Notre France sombre alors dans une guerre civile larvée dont elle ne s’est toujours pas relevée...


Imbécile fierté de ces criminels gaullo-communistes à l’abri de l’unanimisme moutonnier de la populace…


Voici le témoignage de Geneviève de Galard, l'exceptionnelle infirmière du camp retranché de Dien-Bien-Phu :

« Le jour de la Libération, le 25 août 1944, dès que nous avons appris que Leclerc était dans Paris et que DeGaulle allait arriver sur les Champs-Élysées, nous sommes parties, ma sœur et moi, vers la place de l'Étoile. Nous nous abritions sous les porches lorsque les tireurs des toits entraient en action, avant de nous précipiter à nouveau vers notre destination. J'étais toute fière d'être enfin arrivée au pied de l'Arc de Triomphe mais ma joie fut soudainement gâchée. J'étais sidérée par l'attitude de Parisiens qui insultaient le conducteur d'un camion allemand, dont le camarade, mort, gisait appuyé sur son épaule… Plus loin, des passants insultaient des femmes aux cheveux rasés qui passaient sur un autre camion, et qui étaient accusées d'avoir reçu chez elles des combattants ennemis. De leurs visages émanaient une telle haine que cela me faisait mal. J'avais dix-neuf ans et je découvris soudain la haine et l'intolérance. »

(Une Femme à Dien Bien Phu, p. 34)

Et le témoignage du Père Bruckberger, aumônier des Forces Françaises Libres&nbsp

« Le déchaînement populaire est hideux. L'image que j'en garde est hideuse. À trente ans de distance, elle me soulève le cœur : des femmes tondues, la croix gammée peinte au goudron sur le crâne, exposées nues aux crachats et à la dérision de la populace ! Des gens sans défense arrêtés de la manière la plus arbitraire, sans mandat, par des garçons qui jouaient aux petits soldats avec de vraies armes et qui se sentaient forts de la terreur qu'ils inspiraient. […]

Le fait est que le sentiment de solitude et de petit nombre qui nous avait si souvent accablés pendant l'occupation avait fait place à un immense étonnement : jamais nous ne nous serions crus si nombreux dans la résistance. […] [Le parti communiste] siégeait et hurlait à la mort dans toutes les cours de justice. Il exerçait un affreux chantage et une surenchère dans laquelle les démocrates chrétiens se laissèrent entraîner. Au cours de cette époque sinistre, le ministère de la Justice fut constamment détenu par un démocrate-chrétien qui avait toujours peur de ne pas en faire assez. Les gens étaient condamnés avant d'être jugés, ou plutôt la sentence était portée d'avance, la comparution devant un tribunal n'était plus qu'une parodie de justice, une cérémonie vide et sacrilège. »

(Tu finiras sur l'échafaud, pp.387-388)


Les sanglots longs des violons : La terrible humiliation des femmes tondues

Noticias 24 : Lamentables imágenes de las humillaciones a las mujeres de los nazis después de la guerra






lundi 20 août 2018

La paix retrouvée, Damas se prépare à fêter l'Aïd el-Kébir…




L'ambiance à Damas à la veille de l'Aïd el-Kébir… Un reportage vidéo réalisé par Nacime Chame goûtant avec sa petite famille l'ambiance du marché d'al-Jazmatia, tout proche de son domicile… Pâtissiers et confiseurs s'activent pour répondre à la demande des nombreux Damascènes venus effectuer leurs derniers achats avant une joyeuse célébration de l'Aïd… Bonne fête à tous !…











jeudi 16 août 2018

16 août 1830, exil du dernier roi de France ayant régné, Charles X



16 août 1830... Exil du dernier roi de France, Charles X, âgé de 72 ans... Charles X quitte Cherbourg pour l’île de Wight en rade de Portsmouth, à bord du paquebot américain Great Britain. Il est accompagné de toute sa famille, dont son petit-fils le jeune duc Henri de Bordeaux en faveur de qui il a abdiqué après avoir obtenu la renonciation à la Couronne de France du dauphin légitime, Louis-Antoine, duc d'Angoulême qui n'aura été le roi Louis XIX, le 2 août 1830 que le temps de l'hésitation avant d'apposer une signature… L'épreuve de l'exil Charles X l'a déjà vécue bien des années auparavant, dès le 16 juillet 1789, alors que son frère aîné Louis XVI et la Couronne de France entraient dans la tourmente révolutionnaire…

Honoré de Balzac, dans un texte magnifique, s’exprime au sujet de ce départ alors que le cousin Louis-Philippe squattera désormais le pouvoir au nom du peuple souverain…




Départ de Charles X à Cherbourg
Illustration for Histoire de Cent Ans by Jules Lermina (c 1870)


Voyez-vous ce bâtiment de guerre près de la jetée ?… Le ciel est bleu ; la mer est brillante ; les rivages bordés de granit, les fortifications de granit, les forts de granit et le port de Cherbourg se découpent vivement dans la lumière.

Y a-t-il quelques signes de désolation autour de vous ?… Non. Eh bien, la plus antique des monarchies va passer. Allons nous mêler à la foule qui se presse sur le port, et voyons ce terrible convoi.

Voilà le roi !…



Embarquement de Charles X et de sa famille, 1830
Musée national du Château de Versailles (Versailles), Victor-Jean ADAM (1801-1866)

Ce fut une sourde clameur irrésistible, échappée à toutes les lèvres, au moment où parut Charles X. – Ils ne savaient pas si bien dire !… C’est, en effet, le dernier roi de France ; après lui, peut-être y aura-t-il un roi des Français ; celui-ci est le roi de Dieu, le roi légitime, le roi comme doit être un roi, propriétaire de son trône, comme vous êtes propriétaire de votre fortune, car il y a, entre ce roi et votre fortune, d’invisibles rapports, une liaison intime dont vous vous apercevrez un jour.

En ce moment, ce vieillard à cheveux blancs, enveloppé dans son idée, victime de son idée, et dont ni vous ni moi ne pouvons dire s’il fut imprudent ou sage, mais que tout le monde juge dans le feu du présent, sans se mettre à dix pas dans la froideur de l’avenir ; ce vieillard vous semble pauvre : hélas ! il emporte avec lui la fortune de la France ; et, pour ce pas fatal, fait du rivage au vaisseau, vous payerez plus de larmes et d’argent, vous verrez plus de désolation qu’il n’y a eu de prospérités, de rires et d’or, depuis le commencement de son règne. – Voyez-vous ce banquier, vingt fois millionnaire, qui s’apprête à faire un roi par commission, qui portera son roi en compte, qui fera la facture d’un couronnement économique, qui écrira : Tant pour avoir jeté une révolution à Rambouillet, et qui, pour sainte ampoule, trempera son roi dans l’or ? Eh bien, ce banquier insolent qui frappe sur l’épaule du roi, qui lui dira : « Dînons ensemble, je vous ferai mon héritier ; » cet homme, le type des banquiers, jouira du spectacle de cent maisons de banque ruinées et tombées les unes sur les autres comme des cartes que renverse le souffle d’un enfant.

Tenez, pendant que le roi part, cette diligence part aussi. Les routes sont sillonnées de ses roues, elle ne roule qu’à prix d’or, il a fallu la paix et des millions pour l’établir… Dans quelques jours, le petit gouvernement pacifique de ces messagers n’existera plus… Le roi de France emporte le crédit, lui pauvre !… Mais que n’emporte-t-il pas !… Sur ce vaisseau l’accompagnent les arts en deuil.

Sont-ce les trônes au rabais, les rois à bon marché, qui pourront semer l’or pour faire éclore des chefs-d’œuvre ? – Sont-ce cinq cents bourgeois assis sur des banquettes, et qui pensent à planter des peupliers ; sont-ce des pharmaciens occupés à réaliser la civilisation des castors ; sont-ce des philanthropes enchantés de faire manger aux autres des soupes économiques ; sont-ce des marchands d’orviétan politique et des jurés priseurs de budget, qui décréteront l’argent nécessaire aux galeries, aux musées, aux essais longtemps infructueux, aux lentes conquêtes de la pensée ou aux subites illuminations du génie ! Il y aura cependant un art dans lequel se feront de grands progrès, l’art du suicide. Il sera prouvé qu’un homme, auquel il était impossible de lever le bras au-dessus de sa tête, a pu se pendre lui-même les pieds à terre ; seulement, il sera regrettable que la Faculté n’ait pas consacré la thèse inverse, à savoir qu’il est impossible de se pendre en l’air… Hélas ! ce loyal vieillard, il emporte ma tranquillité, ma douce liberté. La patrie, représentée par des voleurs ou des transfuges, par des régicides ou des niais, se métamorphosera en un billet de garde ; et, si je vais me promener, mon billet de garde me suivra ; si je vais dans mon pays natal, trois épiciers de mon quartier me prouveront que je devais être au corps de garde, et, tribunal improvisé, me condamneront à la prison dans la plus libre des patries. La liberté dans les lois, c’est la tyrannie dans les mœurs, comme le despotisme dans les lois garantit la liberté des mœurs… Voilà le paradoxe que le départ du roi légitime rendra vérité. Quand ce vieillard et cet enfant auront mis le pied sur ce vaisseau, le peuple sera souverain, – le peuple qui ne sait pas lire ; vingt millions d’êtres à qui la royauté divine donnait du pain, demain n’en auront plus, et alors, ils traduiront leur souveraineté par un terrible mot : « Plus d’impôts ! et de l’or !… » Tous ces pâtres voudront garder leurs moutons à cheval. La souveraineté du peuple sera traduite par la classe intermédiaire, encore plus fatalement ; Elle dira : « Plus de supériorité sociale ! plus de nobles ! plus de privilèges !… »

Et aussitôt, plus de luxe, plus de gloire, plus de travaux !… D’un mot, ils démoliront des monuments, sans pouvoir prononcer la royale parole qui les construit. Ce combat de la médiocrité contre la richesse, de la pauvreté contre la médiocrité, n‘aura pour chefs que des gens médiocres, et l’inhabilité débordera de haut en bas sur ce pays, si riche en ce moment ; et il nous faudra payer cher l’éducation de nos nouveaux souverains, de nos nouveaux législateurs ; car ils essayeront de tout, excepté de la force ; aussi pendant quelques mois, ces mères qui ont amené sur leurs bras des enfants pour être témoins de la chute d’un enfant, et savoir comment on porte le malheur à cet âge ; toutes ces mères trembleront de revoir la Convention ; le jour où, la pairie héréditaire renversée, il n’y aura plus qu’un seul pouvoir armé, celui de la représentation nationale, il n’y aura qu’une seule chose dont on ne doutera pas : la misère !

Tout cela sera le prix du passage de cette famille sur ce vaisseau. Trois fois tombée, la branche aînée aura trois fois ruiné la France. Qui a tort ? La France ou les Bourbons ? Je ne sais ; mais, quand ils revinrent, ils apportèrent les olives de la paix, la prospérité de la paix, et sauvèrent la France, la France déjà partagée. Ils payèrent les dettes de l’exil, ils payèrent les dettes de l’Empire et de la République. Ils versèrent si peu de sang, qu’aujourd’hui, ces tyrans pacifiques s’en vont sans avoir été défendus, parce que leurs amis ne les savaient pas attaqués. Dans quelques mois, vous saurez que, même en méprisant les rois, nous devons mourir sur le seuil de leurs palais, en les protégeant, parce qu’un roi, c’est nous-mêmes ; un roi, c’est la patrie incarnée ; un roi héréditaire est le sceau de la propriété, le contrat vivant qui lie entre eux tous ceux qui possèdent contre ceux qui ne possèdent pas. Un roi est la clef de voûte sociale ; un roi, vraiment roi, est la force, le principe, la pensée de l’État, et les rois sont des conditions essentielles à la vie de cette vieille Europe, qui ne peut maintenir sa suprématie sur le monde que par le luxe, les arts et la pensée. Tout cela ne vit, ne naît et ne prospère que sous un immense pouvoir.

Un moment viendra que, secrètement ou publiquement, la moitié des Français regrettera le départ de ce vieillard, de cet enfant, et dira : « Si la révolution de 1830 était à faire, elle ne se ferait pas. » Le singulier arrêt porté par les héros des trois journées sera toute une histoire, brève comme un mot de Tacite, et cette phrase portera ses fruits ; car les restaurations ou les révolutions ne sont jamais que l’accomplissement des pensées secrètes d’un peuple, et l’explosion des intérêts, qui tous tendent au même niveau, la paix et la sécurité. Nous pouvons reprendre pour le compte de la France le mot prononcé pendant le convoi de Paul Ier, et ceux qui savent lire notre histoire depuis quarante ans n’hésiteront pas à le répéter :

« Les gens qui mènent par les chemins le convoi de la monarchie légitime enterreront eux-mêmes l’adjudicataire au rabais de la couronne et du pouvoir. »

Napoléon a péri comme ces pharaons de l’Écriture, au milieu d’une mer de sang, de soldats, de chariots brisés, et dans le vaste linceul d’une plaine de fumée ; il a laissé la France plus petite que les Bourbons ne l’avaient faite ; ceux-ci sont tombés, ne versant guère que le sang des leurs, à peine tachés du sang de gens qui avaient les armes pour la défense d’un contrat, et qui, dans la victoire, l’ont méconnu.

Eh bien, ces souverains laissent la France agrandie et florissante. Les preneurs à bail, qui vont essayer d’entreprendre le bonheur des peuples, apprendront à leurs dépens la signification du mot catholicisme, si souvent jeté comme un reproche à ce vieillard que nous déportons ; et, si par hasard ils gouvernent une nation qui raisonne, je leur pardonnerai l’exil et la misère de ces princes. La Providence sera pour eux.

Voyez ce fort, là-bas, il a porté le nom de l’homme qui monte sur le vaisseau : il a déjà été débaptisé, le drapeau tricolore remplace le drapeau blanc. Maintenant, si vous n’avez pas lu sans émotion dans Walter Scott les regrets de la vieille Mérillies chassée de son village, ne donnerez-vous pas une larme à celui qui a perdu la couronne de France, et qui, pour la troisième fois, part en exil, trahi par les siens ?

Voilà quelque chose de plus horrible à contempler que le roi, car il y a de plus un enfant repoussé !

Comprenez-vous maintenant tout ce qu’il y a de grand, de malheureux, de terrible, de grave, de poétique, de sublime, de désespérant, de sombre, de glorieux, de national, de généreux, de sinistre, de religieux, d’intéressant, de ruineux, dans le départ de ces royales personnes ?

Sommes-nous au-dessus de la montagne du Roule, pour ne pas voir plus loin que les gens attroupés sur les pavés du port !

Ces rois ont fait des fautes, sans doute ; car ils sont maintenant en pleine mer, et n’ont plus de patrie que dans le ciel.

– Maintenant, dis-je à l’ami qui m’avait accompagné, si vous me demandez raison de cette oraison funèbre prononcée à coup sûr, je répondrai que je ne pense pas d’aujourd’hui, avec Hobbes, Montesquieu, Mirabeau, Napoléon, Jean-Jacques Rousseau, Locke et Richelieu, que, si le bien des masses doit être la pensée intime de la politique, l’absolutisme ou la plus grande somme de pouvoir possible, de quelque nom qu’on l’appelle, est le meilleur moyen d’atteindre ce grand but de sociabilité. Là-bas, dis-je en montrant le vaisseau, est le droit et la logique, hors cet esquif sont les tempêtes.

– Nous avons l’avenir, me répondit-il, et la France ! Adieu !

Décembre 1831.




L’évolution politique de Balzac, qui semble trouver son dénouement après la révolution de 1830, fut longue et complexe. Si on peut considérer qu’à la fin de 1831, il a franchement adhéré au légitimisme, comme le montrent le texte ci-dessus, tout comme cette réflexion que l’on trouve dans les Contes bruns : « Le plus beau pouvoir connu… Tout arbitraire et tout justice ; le vrai roi !… » – il convient de remarquer que sa doctrine est loin d’être celle des grands théoriciens traditionalistes de l’époque comme Maistre, Bonald, Ballanche ou le premier Lamennais. Balzac n’invoque pas comme eux les justifications morales, juridiques ou métaphysiques du principe de légitimité. Il met d’ailleurs celui-ci au second plan, puisqu’il va jusqu’à identifier légitimisme et absolutisme. Et l’on voit d’ailleurs bien que son système est, à cette date, un système de défense de la société. 1830 rappelait brutalement 1789, et, qui sait, pouvait rapidement se transformer en 1793.





mercredi 11 juillet 2018

Tham Luang, 17 jours d'intense communion du peuple thaïlandais avec ses enfants…




Ils étaient 12 Sangliers [ หมูป่] d'une équipe de foot et leur entraîneur…
Entrés dans Tham Luang le samedi 23 juin ils ne seront rejoints par une équipe de plongeurs que le lundi 2 juillet,

ce n'est que le dimanche 8 juillet que les 4 premiers d'entre eux seront extraits, une opération qui ne sera achevée que ce mardi 10 juillet…


Les 12 Sangliers et leur entraîneur, Ekkapol Chantawong, sont sauvés… Les trois derniers plongeurs de la Thai Navy Seal et le médecin qui était resté auprès des garçons plusieurs jours sont rentrés… Le succès de l'opération ne doit pas faire oublier le sacrifice il y a quelques jours d'un des sauveteurs, le sergent Saman Kunan, qui a perdu la vie après avoir livré de l'oxygène aux enfants. Les hommages affluent : « De temps en temps, nous voyons un vrai héros »… Ci-après, la dernière photo prise du sergent Saman Kunan avant de perdre la vie jeudi dernier, 5 juillet, alors qu'il revenait de livrer de l'oxygène aux garçons pris au piège dans la grotte. Il avait pris sa retraite de la marine thaïlandaise mais s'est porté volontaire pour porter secours…


Thai Navy SEAL


La dernière photo du sergent Saman Kunan [จ่าเอกสมาน กุนัน] à l'entrée de Tham Luang [ถ้ำหลวง]


















Une vidéo qui montre toutes les difficultés du sauvetage… un parcours que les garçons ont déjà effectué, refoulés vers l’intérieur surpris par la brusque montée des eaux le samedi 23 juin… Ils savent donc par où ils devront repasser lors de leur extraction ! Une grotte qui leur était sans doute familière, peuplée d‘esprits protecteurs…


Funérailles royales pour le sergent Sanam Kunan



















Mardi soir, 10 juillet, les quatre Navy SEALs thaïlandais, qui ont accompagné les derniers Sangliers et leur entraîneur, ont levé le pouce après avoir quitté Tham Luang…  Le Dr Pak Loharnshoon était le dernier à sortir…






Large team behind rescue effort takes a bow



Tham Luang (parc de Khun Nam Nang, district de Mae Sai, province de Chiang Rai)



À l'hôpital de Chiang Raï, pour quelques contrôles de précaution




Bangkok Post : Coach Ek the unlikely stateless hero of cave drama

Bangkok Post : Filmmakers seek to cash in on cave drama


Les vélos des 12 Sangliers et de Ek garés à l'entrée de Tham Luang, avant qu'ils ne soient piégés par des pluies soudaines
photo Saiarun Pinaduang


samedi 7 juillet 2018

L’histoire de la publication du Docteur Jivago de Boris Pasternak…




L'année 1958 pour tout Français serait marquée par le coup d'État de DeGaulle ayant conduit à l'instauration de cette Ve République et, définitivement depuis, à un régime de pouvoir personnel, avec selon les présidents ses caprices dus à l'individualité de celui investi de ces fonctions au suffrage majoritaire à deux tours… 




Or en cette année 1958 se produisit un autre évènement majeur : le 26 juin la publication par les Éditions Gallimard du Docteur Jivago de Boris Pasternak… Un évènement majeur par l'annonciation de la chute inexorable du communisme et de l'URSS… Un évènement majeur aussi dans le mûrissement intellectuel d'un garçon de 18 ans vivant à Oran, tout juste bachelier, mais encore troublé par un cours de philo qui ne lui avait inspiré que réticences… Aussi ce fut avec un immense bonheur que ce garçon de 18 ans dévora en cette fin d'année 1958 l'ouvrage de Boris Pasternak  Un bonheur qui n'aurait pas la prétention d'égaler celui de Boris Pasternak, à Pérédelkino, contemplant avec émotion deux exemplaires reçus clandestinement de l'édition française de son Docteur Jivago :  « La chambre semble être éclairée par ces deux livres blancs, une lueur inexprimable en émane ». Plus simplement, pour ce garçon,  bonheur du don d'un sentiment de sécurité et de cohérence intellectuelles face aux combat à venir…

Aussi c'est avec émotion que ravivant le souvenir de cette tragique journée du 5 juillet 1962 je retrouve au cœur de ces heures sanglantes le témoignage de Louis Martinez alors tout récemment rentré d'URSS et malgré son jeune âge co-traducteur de ce Docteur Jivago

L'URSS et la Russie m'auront toujours fasciné… Exilé d'Algérie, disponible pour de nouveaux combats, c'est tout naturellement que j'entrai en contact avec ces militants qui risquaient sinon leur vie tout au moins leur liberté pour passer vers l'Ouest des manuscrits de dissidents privés tant de leur droit de voyager que de publier, bâillonnés par le régime soviétique… L'un de mes amis proches venait de rentrer d'URSS après une telle mission… Il se chargea de présenter ma candidature… Je me mis avec ferveur à l'étude de rudiments de la langue russe… Malheureusement mon passé récent faisant que j'étais fiché par les Renseignements généraux français, une élémentaire prudence voulut que mon offre de service fut refusée… Il s'agissait de déjouer autant la vigilance des gardes-frontières soviétiques que français… Mon ressentiment à l'égard des services français s'en trouva exacerbé… Un "échec" qui aura sans doute déterminé le reste de mon existence… Je me tournai alors vers d'autres cieux…  



 *   *   *




« L’histoire de la publication du Docteur Jivago est probablement encore plus compliquée que nous ne l’imaginions jusqu’à présent ». C’est en ces termes que Claude Gallimard entame un courrier adressé en avril 1958 à son confrère Kurt Wolf, directeur des Éditions Pantheon Books. Et pourtant l’éditeur parisien ne dispose que de peu d’éléments pour étayer son assertion, car dans ce qui allait devenir « l’affaire Pasternak », à maints égards la réalité égale la fiction. Les intrigues autour de la publication de l’ouvrage en Occident relèvent toutefois d’une saine concurrence entre éditeurs, bien loin de la tragédie qui se joue de l’autre côté du Rideau de fer.






C’est la guerre froide. Après la disparition de Staline, la radicalité de l’appareil répressif soviétique semble marquer le pas, même si ce relâchement demeure très relatif. En ce début d’année 1956, le poète russe Boris Pasternak soumet son manuscrit à la revue Novy Mir (Monde Nouveau) pour se voir finalement objecter une fin de non-recevoir par le comité de rédaction. Ce n’est pas tant la qualité intrinsèque de l’œuvre qui est mise en cause : la publication de l’ouvrage achoppe sur des considérations d’ordre idéologique. Une lettre rédigée collégialement par les membres du comité est remise à l’auteur, qui n’est pas invité à revoir sa copie ; d’évidence, coupures ou remaniements ne sauraient aboutir à rien de viable. C’est l’esprit même du livre qui est condamnable, découlant de la vision du monde de Pasternak, incompatible avec le réalisme socialiste. C’est l’écrivain et l’homme qui doivent s’amender.

La cheville ouvrière de l’entreprise chargée de réduire au silence Boris Pasternak n’est autre que le responsable administratif du Département de la Culture, Dimitri Polikarpov, ancien tchékiste au service de la redoutable police politique en charge de la sécurité d’État. Aussi puissant et nuisible qu’il soit, Polikarpov prend directement ses ordres auprès du comité central du PCUS, la moindre de ses actions devant impérativement recevoir l’aval des dirigeants de l’Union Soviétique.
Durant deux années, jusqu’à ce qu’éclate l’affaire du Prix Nobel attribué à Pasternak, la fameuse lettre collective l’informant du refus de son manuscrit demeura secrète. Sa publication sera successivement refusée aux militants soviétiques, puis italiens, et enfin à Aragon lui-même qui souhaitait reproduire le brûlot dans Les Lettres françaises. Cette lettre rédigée par la fine fleur de l’intelligentsia soviétique avait vocation à légitimer de façon circonstanciée le refus signifié à Pasternak. Le texte relève les manquements au dogme, pointe du doigt la dérive réactionnaire de l'auteur et constitue un élément à charge de tout premier ordre.
Et pourtant, Pasternak n’entend pas renoncer. Prenant un risque considérable, il passe outre le refus de la toute puissante Union des écrivains soviétiques. Il communique clandestinement son manuscrit à l’étranger, faisant fi du monopole de l’État sur l’édition. Un acte de défi lourd de conséquences, mais pris en conscience et pleinement assumé. Pasternak garde en mémoire le funeste destin réservé trente ans auparavant à Eugène Zamiatine et Boris Pilniak. Eux aussi avaient emprunté cette voie, payant au prix fort cet acte séditieux… par l’exil et la mort.

L’homme auquel Pasternak accorde sa confiance est l’éditeur italien Giangiacomo Feltrinelli. Sympathisant communiste, il met sa fortune familiale au service de la cause du prolétariat. Ce militant fervent aura l’audace de s’opposer frontalement aux directives émanant de Moscou ; la fascination qu’exerce le texte prend le pas sur les convictions politiques, d’autant que Feltrinelli n’y perçoit pas l’ombre d’un réquisitoire contre le régime socialiste. Il estime que la confrontation des idées est le socle d’une pratique saine établissant le rapport de la littérature au monde.
Malmené, en proie à des persécutions multiples, Pasternak se voit contraint d’intervenir directement auprès de son éditeur afin de sommer celui-ci de faire machine arrière. Il demande la restitution de son manuscrit. L’Italien n’ignore rien des pressions auxquelles l’écrivain est soumis, mais refuse obstinément de se soumettre au diktat imposé par la direction du PC soviétique. Le 22 novembre 1957, Le Docteur Jivago paraît dans sa traduction italienne à Milan, aux Éditions Feltrinelli.
Tandis qu’il confiait au Milanais le soin de publier son roman, Pasternak avait repris contact avec Brice Parain, le russophile conseiller éditorial de Gaston Gallimard. Les deux hommes se connaissent depuis les années 1920, l’épouse du Français, d’origine russe, étant une intime de la première femme de Pasternak. Dans une lettre datée du 30 décembre 1956 ce dernier confie à Parain son désir de voir Le Docteur Jivago traduit en français et publié aux Éditions Gallimard. Par ce même courrier, Brice Parain apprend que « l’initiative de la première édition étrangère » appartenait à Feltrinelli avec qui il conviendrait de traiter.


Boris Pasternak à Pérédelkino où il a passé les 20 dernières années de sa vie


Avant d’entreprendre cette démarche, Pasternak avait sollicité une universitaire de ses connaissances, Mme Hélène Peltier-Zamoyska, à qui il avait remis un tapuscrit destiné à l’éditeur parisien. En vain : Hélène Peltier-Zamoyska ne connaît personne chez Gallimard et préfère tenter sa chance auprès d’un éditeur anglais. C’est ainsi que le tapuscrit sorti clandestinement d’URSS ne parvient pas auprès de son destinataire initial. On aimerait connaître le détail de cette aventure rocambolesque : par quel biais le roman interdit a-t-il franchi les frontières ? Comment le dépositaire du recueil a-t-il déjoué la vigilance des gardes-frontières soviétiques ? Tout cela, l’histoire ne le dit pas.

Pasternak, qui s’inscrit dans cette lignée d’intellectuels russes traditionnellement francophiles, attache une importance toute particulière à la publication française de Jivago. C’est une langue qu’il maîtrise remarquablement, à tel point que les échanges épistolaires avec Feltrinelli s’effectuent en français. Il était entendu que toute lettre rédigée en russe serait potentiellement dictée sous la contrainte des autorités, cette convention ayant force de code.
Dans le même temps Boris Pasternak se lie d’amitié avec Jacqueline de Proyart. Cette jeune femme, qui gravite dans le cercle d’intimes de Peltier-Zamoyska, se voit remettre une copie du manuscrit à l’attention des Éditions Gallimard. Il lui incombe désormais de veiller sur les intérêts de Pasternak. Elle le représente pour toutes les questions littéraires, juridiques et pécuniaires. C’est en qualité d’intermédiaire dûment mandatée qu’elle rencontre Brice Parain le 20 février 1957, afin de lui transmettre le manuscrit en sa possession (voir Brice Parain, un homme de parole, « Les Cahiers de la NRF », 2005). Un accord est trouvé entre Gallimard et Feltrinelli ; reste à mettre en œuvre la traduction du roman à partir de la version russe. Cette tâche est confiée à un pool de quatre traducteurs (Michel Aucouturier, Louis Martinez, Jacqueline de Proyart et Hélène Peltier-Zamoyska) dont l’anonymat sera préservé afin de ne pas compromettre leurs relations avec l’URSS.

Au terme d’un travail mené tambour battant, Le Docteur Jivago est publié aux Éditions Gallimard le 26 juin 1958. Dans un courrier rédigé en français, à l’attention de Brice Parain, daté du 8 août 1958, Boris Pasternak s’émeut de pouvoir contempler l’édition française de son roman, il dit tout le bonheur éprouvé à cette vision : « La chambre semble être éclairée par ces deux livres blancs, une lueur inexprimable en émane. »
Les multiples tractations entourant la parution du Docteur Jivago sont devenues « un roman autour du roman » (ce sont les mots mêmes de Pasternak dans une lettre écrite en allemand, « der Roman in den Roman »), au point que dès févrierv1959, Kurt Wolf propose à Claude Gallimard de publier le récit de cette publication, en collaboration avec les principaux éditeurs européens et américains. Au passage, il envisage, en guise d’introduction à l’ouvrage, d’évoquer « l’abracadabrante affaire de l’édition russe imprimée par Mouton pour un client mystérieux et distribué dans le pavillon du Vatican à Bruxelles » (les Éditions Mouton, basées en Hollande, étaient réputées auprès des spécialistes pour leurs reproductions photomécaniques d’ouvrages visés par la censure en URSS, ou parfois simplement indisponibles).

Ce projet éditorial, aux perspectives par trop incertaines, tourne court. Mais, bien des années plus tard, à la faveur de la chute du mur de Berlin, l’ouverture des archives du Comité central du parti communiste soviétique permettra d’exhumer les documents reproduits dans Le Dossier de l'affaire Pasternak, paru dans la collection « Témoins » en 1994. C’est à cette occasion historique que le grand public se verra révéler les arcanes de cette histoire alambiquée. Quelques années plus tôt, en novembre 1985, la publication du Docteur Jivago en URSS était considérée comme l’un des premiers signes d’ouverture de Mikhaïl Gorbatchev.

Le 23 octobre 1958, le prix Nobel de littérature est décerné par l’académie suédoise à Boris Pasternak. Les autorités soviétiques dénoncent une nouvelle provocation de l’Occident  la réaction, brutale, ne se fait pas attendre. Radio Moscou qualifie l’attribution de la prestigieuse récompense d’acte politique dirigé contre l’État soviétique. La Russie krouchtchévienne n’a pas rompu avec les pratiques de l’ère stalinienne. Pasternak en fait l’amère expérience. Il se voit exclu de l’Union des écrivains  une campagne de presse d’une rare violence le conduit à refuser le prix. Seule sa notoriété lui permet d’échapper à l’exil. Spolié de ses droits d’auteur et privé de toutes ressources matérielles, ses conditions de vie se détériorent sensiblement. L’arbitraire des mesures répressives s’étend à ses proches qui endureront la vindicte du Parti bien après&nbspson&nbspdécès.
C’est un homme fatigué, littéralement usé par les épreuves, qui s’éteint en&nbsp1960 des suites d’un cancer. Boris Pasternak meurt en disgrâce. Pourtant la foule se presse à ses obsèques. Ils seront nombreux pour reprendre le flambeau de la résistance face à l’oppression, rendant ainsi hommage à l’exigence morale et au courage de l’écrivain. La figure du dissident était née.



Source : Éditions Gallimard - L’histoire de la publication du Docteur Jivago de Boris Pasternak

Musée Boris Pasternak à Pérédelkino
5 juillet 1962, Oran… chronique d'un massacre annoncé (par Louis Fernandez, co-traducteur du Docteur Jivago)










vendredi 6 juillet 2018

Roger Degueldre, le 6 juillet 1962, assassiné au sixième coup de grâce par DeGaulle





« Pour un fils qui n’a jamais connu son père »,
Roger Degueldre, par Paul Anastasiu



Roger Degueldre, lieutenant au 1er Régiment Étranger de Parachutistes, fondateur des commandos Delta en 1961, par DeGaulle assassiné le 6 juillet 1962… au sixième coup de grâce…





Né dans le nord de la France Roger Degueldre entre en résistance en 1942, à moins de 20 ans, auprès des partisans communistes FTP (Francs-Tireurs et Partisans)… Roger Degueldre s’engage dans la Légion étrangère, se bat en Indochine où il obtient la médaille militaire pour acte de courage, puis c’est l’Algérie…

Refusant de se renier devant le serment fait sur la tombe du colonel Jeanpierre : "Plutôt mourir, mon colonel, que de laisser l'Algérie aux mains du FLN. Je vous le jure !", il entre en clandestinité le 11 décembre 1960 et prend le commandement opérationnel des commandos « Delta ».

Roger Degueldre est arrêté le 7 avril 1962 et condamné à mort le 28 juin suivant, malgré la plaidoirie  de son avocat, Me Tixier-Vignancourt qui estime que le général Salan, supérieur du lieutenant Degueldre, ayant été épargné il est impensable que celui-ci soit exécuté.

Degueldre décroche ses nombreuses décorations et les remet à sa femme.

DeGaulle refuse de recevoir Me Tixier-Vignancourt. Il accepte cependant d’écouter distraitement l’autre avocat, Me Denise Macaigne, mais ne dit pas un mot ni ne pose aucune question. Pour lui Roger Degueldre est déjà mort…

Nous sommes au fort d’Ivry le 6 juillet 1962. C’est l’aurore. Il fait une belle journée d’été, presque aussi chaude que celles que Roger Degueldre a connues en Algérie. On le réveille. Il revêt sa tenue léopard, enroule autour de son cou le foulard de la Légion et pose sur sa tête le béret vert du 1er Régiment de Parachutistes, dont il porte l’insigne sur sa poitrine.

Roger Degueldre éprouve le besoin de s’exprimer une dernière fois : « Je suis fier de mourir pour tenir le serment qu’a fait tout officier ayant servi en Algérie. J'ai donné ma parole, je la tiens. Dîtes aux Algériens que, si je ne suis pas de leur race, n’étant pas né sur leur sol, je les ai beaucoup aimés et je les aime toujours ».

Se tournant ensuite vers l’avocat général Gerthoffer : « Je ne vous garde pas rancune, mais je vous plains ».

L’exécution de ce héros authentique fut une boucherie sans nom… Un assassinat d’État. Attaché au poteau, Degueldre refusa qu’on lui banda les yeux. La mort ne lui fait pas peur, il l’a tant côtoyée depuis ses vingt ans. 

Serrant le drapeau tricolore contre sa poitrine et posant sa main sur la poche de sa vareuse où se trouve la photo de son petit garçon, Philippe, qu’il n’a jamais vu - il avait conçu cet enfant dans la clandestinité ;  le bébé était venu au monde alors que le père se trouvait dans sa cellule de condamné à mort - il cria à son défenseur : « Dites bien que je suis mort pour la France. »

Regardant les soldats du peloton d’exécution, il leur cria… « Messieurs, vive la France », et il entonna La Marseillaise. Les jeunes soldats qui devaient l’exécuter, tétanisés par son courage, hésitèrent à tirer… puis le firent en tremblant… La première salve blessa seulement Roger Degueldre : une seule balle l’atteignit sur les douze qui furent tirées… au ventre dirent certains… au bras affirmèrent d’autres. Quoi qu’il en soit, le fait est certain… Roger Degueldre ne fut pas atteint de manière décisive.

L’adjudant chargé de donner le coup de grâce se précipita, l’arme à la main, pour accomplir sa sinistre besogne et se rendit compte que le condamné était toujours en vie. Sa tâche ne consistait désormais plus à achever un quasi-mort censé avoir reçu douze bouts de métal… mais bel et bien de tuer un vivant. Et ce sont-là deux choses bien différentes… Il en eut si terriblement conscience, que sa main pourtant préparée à cette macabre mission trembla, et qu’il déchargea son révolver dans le vide. Un autre pistolet fut amené et… s’enraya. Exaspéré par cette situation (unique dans nos annales judiciaires), le procureur ordonna qu’une nouvelle arme soit fournie. Mais personne parmi les militaires présents n’en possédait.
Il fallait courir en chercher une. Et pendant ce temps, Roger Degueldre était toujours vivant… et regardait l’assistance. Me Tixier-Vignancourt, pourtant si prompt à saisir la moindre occasion devant un prétoire, reste pétrifié, hypnotisé par la scène à laquelle il assiste, et il s’en souviendra jusqu’à sa mort. Il aurait pu se précipiter, se jeter sur le corps de Degueldre, exiger que l’on arrête ce massacre, mais il ne bouge pas.

On remit un autre pistolet à l’adjudant-chef, aussi pâle que le lieutenant, écœuré par cette boucherie, mais obéissant aux ordres sans avoir le courage de se révolter. Un nouveau coup de feu claqua. Stupeur ! Celui-ci fut tiré, non pas au-dessus de l’oreille comme l’exige le règlement, mais dans l’omoplate. Une douleur atroce irradia le corps de l’officier français… Puis une nouvelle détonation retentit… et ce fut la fin.

Le 06 juillet 1962 un officier français a été assassiné sur ordre de DeGaulle :  aujourd’hui, 53 ans plus tard, quiconque fait  référence au gaullisme, tous les "héritiers" de DeGaulle, ont le sang du lieutenant Roger Degueldre sur leurs mains.


Lieutenant Roger Degueldre, mort pour l’Algérie française




*    *    *

Roger Degueldre sur le site de l'ADIMAD-MRAF

mercredi 4 juillet 2018

Le gaullisme, maladie sénile de la droite



Le gaullisme, ces semelles compensées des nains en politique aux idées courtes…






Qu'est-ce, au juste, que le gaullisme ? Cette espèce de cancer, qui empoisonne depuis plus de sept décennies la vie politique française, semble être un ramassis d’ambiguïtés: né dans un esprit un esprit de rébellion et de guerre civile, il prêche pour l’unité nationale; ennemi de la politique des partis, il ne dédaigne pas de s’appuyer sur ces derniers quand il s’agit de prendre le pouvoir; anticommuniste, il laissa longtemps les communistes régner sur la société française et entretint avec l’Union soviétique des relations occultes. Le passionnant ouvrage de Gérard Bedel, qui vient de paraître sous le titre Le gaullisme, maladie sénile de la droite, est l’acte de courage, de justice et de vérité que l’on attendait depuis longtemps: il dénonce, preuves irréfutables à l’appui, le grandiose mais odieux montage sur lequel repose le mythe gaulliste…

Il était temps, en effet, de proclamer la vérité sur DeGaulle (1890-1970), ce général de guerre civile, qui, arborant une « certaine idée » de la France, c’est-à-dire de lui-même…, se donna sans peine toutes les apparences de la grandeur et s’évertua à accuser Vichy d’être un repaire de traîtres. Alors qu’une France malheureuse, épuisée par une guerre mal préparée et mal conduite, victime de plusieurs décennies de laisser-aller intellectuel et moral, en contact quotidien avec l’Occupant, se regroupait pour sauver ses terres, ses foyers et ses berceaux autour du vieux maréchal Philippe Pétain (1856-1951), lequel la préparait à recouvrer le sens de l’honneur !

GÉNÉRAL DE GUERRE CIVILE

Gérard Bedel n’a pas écrit une biographie de « l’homme du 18 juin », ni une histoire du gaullisme. « J’essaie, écrit-il, de comprendre ce qu’est le gaullisme à travers ceux qui s’en sont réclamés, à commencer par le héros éponyme ». Son livre a donc le mérite d’analyser le gaullisme sous l’éclairage de l’Histoire et de la science politique en évitant le dénigrement systématique et passionnel. Mais la simple réalité du personnage, dévoilée par ses écrits et ses discours, et par ceux qui l’ont connu et même servi, est déjà répugnante !

Protégé du maréchal Pétain dans les années qui suivirent la Grande Guerre, le colonel De Gaulle rompit avec lui pour une affaire de vanité froissée d’écrivain et à cause d’une dette de reconnaissance trop lourde à porter pour une âme enivrée d’orgueil comme la sienne ; alors, commença de s’affirmer son caractère profondément volontariste (c’est-à-dire qu’il croyait que sa propre volonté l’emporterait toujours sur le réel…), non sans une certaine dose d’égoïsme, d’orgueil, de dureté, de ruse, de cynisme et du machiavélisme le plus brutal ! Il importe de signaler que cet homme de tradition dont la vie personnelle fut irréprochable, appartenait au personnalisme chrétien d’Emmanuel Mounier (1905-1950), et qu’il était démocrate-chrétien, de la part la plus à gauche des héritiers du Sillon de Marc Sangnier (1873-1950) qu’avait condamné saint Pie X (1835-1914). Douteuses fréquentations…

L’IMPOSTURE DE L’APPEL DU 18-JUIN

Sur la défaite de mai 1940, Gérard Bedel rappelle, citations à l’appui, la responsabilité évidente de la classe politique. Au soir du 15 mai, le maréchal Pétain, soldat victorieux de 1918, fut le seul homme à qui on pensa confier le sort de la patrie. Le général de brigade à titre temporaire DeGaulle venait d’être nommé sous-secrétaire d’État à la Guerre et assumait le rôle de conseiller militaire et de chargé des relations avec Winston Churchill (1874-1965) auprès du président du Conseil Paul Reynaud (1878-1966), lequel, s’effaçant devant le Maréchal, démissionna le 16 juin. DeGaulle, apprenant qu’il n’était plus membre du gouvernement, repartit pour l’Angleterre dans l’avion d’Edward Spears (1886-1974), représentant personnel en France de Winston Churchill, « sans mission alors que son devoir de militaire en temps de guerre était de se mettre à la disposition de ses supérieurs ; il déserte ainsi devant l’ennemi ».



Le général Spears et sa «recrue», DeGaulle
Les Anglais qui avaient besoin d'un képi à opposer au prestige et l'action du Maréchal,
envoyèrent le général Spears de l'Intelligence service, débaucher
le vaniteux De Gaulle ulcéré de ne pas avoir été pris dans le gouvernement Pétain.


Le 17 juin, le Maréchal annonçait qu’il allait falloir cesser le combat ; le 22, l’armistice fut signé avec l’Allemagne et le 24 avec l’Italie. Alors, désireux d’entrer dans l’Histoire, le sous-ministre lança, de Londres, le 18 juin, un appel que les Français furent très rares à entendre en ces temps d’exode et qui les invitait à continuer la guerre. Pratiquement personne, aucun chef militaire ni aucun homme politique, n’y répondit ; l’Appel était un échec ! Suprême humiliation pour l’orgueilleux Charles, qui s’affola : il se trouvait à Londres totalement isolé et le gouvernement français le sommait de rentrer sous peine d’être jugé comme déserteur !

Ce fut à ce moment-là qu’il jugea utile de réécrire son « Appel du 18 juin ». Il fallait un texte où Charles apparût comme l’homme qui avait tout compris avant tout le monde et qui n’hésitait pas à appeler à une rébellion contre le gouvernement français. Ainsi, le texte de l’appel que l’on dit du 18 juin, écrit après coup, est-il un faux… Tout le monde croit donc que DeGaulle a dit, dès ce jour-là, à la radio de Londres, cette phrase de rébellion : « Des gouvernements de rencontre ont pu capituler, cédant à la panique, oubliant l’honneur, livrant le pays à la servitude. Cependant rien n’est perdu. »

HOMME “PROVIDENTIEL”

Il n’est pas possible que le “général” eût écrit le 18 juin un texte où se trouvaient si allègrement confondus armistice et capitulation, alors que, le 20 juin encore, il écrivait très respectueusement au général Weygand : « Je n’ai aucune autre résolution que de servir en combattant… » La question était qu’il ne disposait d’aucun moyen de communication pour regagner la France et que Churchill aurait refusé de lui donner un avion. « La dissidence de la « France libre », écrit Gérard Bedel, est donc née sous la contrainte de l’Angleterre, vérité que s’efforce de masquer l’imposture de la version officielle actuelle […] Si De Gaulle avait pu rejoindre Bordeaux, comme il en avait manifesté l’intention le 20 juin, il n’y aurait probablement jamais eu ni de saga ni de fabulation gaulliste. » C’est de ce faux « Appel du 18 juin » que naquit la légende de l’homme “providentiel”, entretenue par tous les media et par tous les manuels scolaires…

CHEF RÉVOLUTIONNAIRE

Puis le « chef de la France libre » lança le 30 juillet un appel à la résistance, ou plutôt à la dissidence, à tous les gouverneurs et administrateurs de nos colonies. « Tout était en place pour une guerre dans la guerre, une guerre franco-française au sein du conflit mondial, dont le responsable était l’homme de Londres », explique l’auteur. Les quatre années suivantes allaient montrer que DeGaulle n’était pas un chef de guerre, mais un politicien ambitieux avide de pouvoir, diffamant sans cesse le Maréchal, visant au transfert de souveraineté de celui-ci à lui-même, s’emparant de notre Empire, territoire après territoire, menant des actions subversives sur le sol français : sabotages, attentats, maquis…, faisant assassiner l’amiral François Darlan (1881-1942), lequel préparait la rentrée dans la guerre de l’Empire lié au gouvernement du maréchal Pétain.

DeGaulle fut un parfait révolutionnaire : il vit avec plaisir les communistes entrer dans la Résistance après avoir été, au service de l’URSS, les alliés du nazisme et entraîner la « France libre » sur la voie de la guerre civile par laquelle ils espéraient pouvoir dominer la société française lorsque l'Allemagne serait vaincue. Après la Libération, c'est à dire la prise de pouvoir par DeGaulle, les communistes allaient s’opposer à lui, mais, premier mouvement de Résistance, ils étaient devenus le premier parti de France et ils marquèrent encore longtemps la politique de la Libération de leur idéologie sanguinaire.

PAS DE HALTE POUR LA GUERRE CIVILE

La faute la plus impardonnable de « l’homme du 18 juin 40 » fut d’avoir le 25 août 1944 éconduit l’amiral Paul Auphan (1894-1982) chargé par le maréchal Pétain de rechercher à Paris avec les représentants de la Résistance une solution pour que la transmission du pouvoir se passât sans guerre civile. Les bombardements s'intensifiaient, la résistance communiste se livrait à un terrorisme qui provoquait des représailles allemandes, des soulèvements prématurés étaient lancés par le maquis, tandis que les Américains avançaient, que les gaullistes rebaptisés « commissaires de la république », s’emparaient à la course de tous les rouages de l’État et que le Maréchal était emmené le 20 août par les Allemands en captivité à Sigmaringen. DeGaulle entra donc dans Paris “libéré” le 25 août, puis forma son nouveau gouvernement le 31 avec deux ministres communistes.

LA HONTE DE L’ÉPURATION

Ce furent alors les heures honteuses de l’Épuration (1944-45) de sinistre mémoire pour bon nombre d’entre nous et au sujet de laquelle, il suffit, je crois, de rappeler ces paroles du terroriste Pierre-Henri Teitgen (1908- 1997), ministre de l’Intérieur, le 6 août 1946, qui déclarait sans vergogne : « Vous jugerez sans doute que, par rapport à Robespierre, Danton et d’autres, le garde des Sceaux qui est devant vous est un enfant. Eh bien, ce sont eux qui sont des enfants, si on en juge par les chiffres ». « La Révolution de 1944-45 fut la plus vaste et la plus profonde depuis 1789 », a écrit Pierre Gaxotte [Pierre Gaxotte : Histoire des Français. Flammarion, 1972]. On voulut éloigner des postes de commandement et d’influence les Français qui avaient préservé la France traditionnelle, les notables traditionnels, les anticommunistes, l’ensemble de la vraie droite. Et les conséquences pèsent encore…

DeGaulle n’allait garder le pouvoir que dix-huit mois durant lesquels, avec ses ministres communistes, dont le déserteur Maurice Thorez (1900-1964), il fit procéder à une foule de nationalisations et à l’élaboration du plan Langevin-Wallon qui, arrachant aux parents leurs responsabilités dans l’éducation de leurs enfants, reste encore, pour le malheur des familles, le texte de référence en matière éducative. Puis DeGaulle, se plaignant du régime des partis qu’il venait lui-même de remettre en place, abandonna l’État en pleine crise politique et économique, mais il ne cessa pas pour autant de se comporter en politicien hargneux et ambitieux jusqu’à ce qu’en mai 1958, la déconfiture de la IVe république lui offrît, à lui et à ses compagnons, une occasion de se réemparer du pouvoir.

Il osa alors se présenter comme le seul homme d’État capable de garder l’Algérie à la France ; on ne connaît que trop la suite : la politique criminelle d’abandon de nos départements d’Afrique du Nord, l’homme “providentiel” se couchant devant les terroristes fellaghas, les criminels accords d’Évian (19 mars 1962), encore des troubles et des violences en pagaille, nos fidèles harkis sacrifiés, les meilleurs de nos officiers fusillés…

Je vous laisse, chers lecteurs, le soin de lire l’analyse minutieuse que Gérard Bedel nous livre des faits de basse politique politicienne et électoraliste de la dernière scène de la tragédie gaullienne, des “affaires” qui la souillèrent, de la calamiteuse politique culturelle confiée à André Malraux, lequel abandonna la culture aux gauchistes marxisants, de la révolution de Mai-68 que DeGaulle n’avait pas vu venir, du rétablissement de l’ordre, une fois de plus par le “Sauveur”, sentiment qui ne dura pas au-delà d’un succès électoral dû à la peur du désordre. Un référendum raté suffit alors à abattre le chêne, qui abandonna le pouvoir le dimanche 27 avril 1969, à minuit, un an et demi avant sa mort le 9 novembre 1970.

CHARLES LE DÉRISOIRE

[Pour reprendre une expression très appropriée d’André Figueras, dans un livre de 1979]

Quand on achève la lecture du magistral ouvrage de Gérard Bedel, on comprend qu’il est plus facile d’exposer ce que n’est pas le gaullisme que ce qu’il est. Il ne reste aujourd’hui qu’un mythe né, semble-t-il, d’un contact quasi mystique entre le peuple français et le personnage providentiel. Montage qui s’effondre quand on considère que la France, en 1944, s’est trouvée dans le camp des vainqueurs, mais que la victoire ne fut pas sienne et ne fut pas celle du “peuple”. Il n’en reste pas moins que, fondé sur un lien exceptionnel, et mensonger, entre le chef historique et le peuple, le gaullisme n’est en rien monarchique, mais profondément démocratique et s’inscrit dans la ligne de la Révolution de 1789, ou plutôt de 1793 ; son chef a toujours été plus sangniériste que maurrassien. Gérard Bedel préfère désigner ce curieux régime comme un césarisme où se mêlent goût de l’ordre et idéologie démocratique, volonté de progrès social — il y eut un gaullisme de gauche ! — et complicité avec la Haute Finance, laquelle conserva le contrôle de la république, car toute démocratie est ploutocratie. Mais De Gaulle gouverna essentiellement par la manipulation des masses : « Doué d’un remarquable talent oratoire, acteur-né, DeGaulle a su dominer les foules par le prestige de la parole », dit très justement Gérard Bedel.

L’indépendance de la patrie est l’une des facettes du mythe gaulliste, mais il s’agit d’une indépendance beaucoup plus affirmée qu’accomplie : « La guerre mondiale et la liquidation de nos possessions d’outre-mer, dont il était pour beaucoup responsable, avaient amoindri notre pays, mais DeGaulle renouait avec la grandeur en claironnant notre indépendance face aux deux “grands”, en particulier face aux États-Unis qu’il défiait sans risque », ajoute notre auteur. Juste un vague “souverainisme”… Il ne saurait non plus être question de nationalisme, puisque DeGaulle n’eut jamais le souci de garder la France dans son identité intégrale et que la société qu’il envisageait n’était pas la société française traditionnelle. Sa patrie était mythique et seul lui-même prétendait la connaître et la comprendre.

Bedel se livre à une très instructive étude des variations de la famille gaulliste, où l’on voit que le monocrate DeGaulle, qui n’avait pas de doctrine et n’eut pas de successeur désigné ne voulut pas, contrairement aux Capétiens, inscrire son action dans la durée, si bien que, après lui, son œuvre s’effilocha au gré des contingences électorales, des cohabitations, des quinquennats et maintenant des primaires ! Le gaullisme n’est plus aujourd’hui qu’une référence historique, un gage d’honorabilité républicaine ; chacun y prend ce qu’il veut, et la Ve république est un bateau ivre.

Le gaullisme n’a fait qu’entretenir chez les Français l’illusion paresseuse d’une « bonne république » et a ainsi contaminé toute la droite dont la pensée ne cesse de tituber entre les contradictions de cette fausse mystique. Grâces soient rendues à l’ami Gérard Bedel pour ce livre de nature à réveiller les Français, à les guérir de cette « maladie sénile », pour enfin pouvoir penser clair et marcher droit, en se donnant, librement, un véritable cerveau.





Autres sources :


L'appel du 18 juin, le début d'un mythe qui perdure

Le Clan des Vénitiens - 18 juin : deux mythes à déconstruire, le bonapartiste et le gaulliste !

Le gaullisme, maladie sénile de la droite
R…appel pour un 18 juin !
Guillaume Zeller : "Oran 5 juillet 1962, un massacre oublié"… une nouvelle Saint-Barthélémy

Une gifle, 55 ans après, à la figure de tous les acteurs et complices de l’abandon de l’Algérie

Guy Pervillé : "Oran, 5 juillet 1962. Leçon d’histoire sur un massacre"

Oran, le 5 juillet 1962… le "Mur des Disparus", Perpignan

Dr Jean-Claude Perez : "DeGaulle, l'accélérateur majeur de la décadence occidentale"
Les disparus d'Algérie : Histoire d’un silence d’État

Marine Le Pen va rendre hommage à DeGaulle ce 18 juin 2020