Qui ne risque rien n'est rien… sur le chemin de Damas, alors que les opinions ont cédé face aux faits…
on ne le dit assez : un âge n'en chasse pas un autre, tous les âges qu'on a vécu coexistent à l’intérieur de soi, ils s'empilent, et l'un prend le dessus au hasard des circonstances.

lundi 4 avril 2016

Paul Veyne : Palmyre, l'irremplaçable trésor





En 2015, l’organisation État islamique (Daech) assassine Khaled al-Assaad, le directeur des antiquités de Palmyre et détruit les somptueux vestiges de l’ancienne cité romaine.

Paul Veyne, historien de l’Antiquité et professeur au Collège de France, décide alors d’écrire Palmyre, l’irremplaçable trésor. L’objectif est double : rendre hommage à son ami disparu et perpétuer le souvenir de cette ville où soufflait « un frisson de liberté, de non-conformisme, de multiculturalisme ».

D’emblée, Paul Veyne nous plonge au cœur des ruines et nous fait partager la surprise de tous ceux qui arrivent sur le site de Palmyre et découvrent le « grand sanctuaire », la « longue colonnade » et ces « rues, ces forêts de colonnes dans les plaines du désert, dont rêvait Hölderlin enfant ».

Cette colonnade, véritable « monument civil », et son plan orthogonal, comme celui des villes de fondation grecque ou romaine, consacraient Palmyre comme cité de l’Empire romain. Mais sa singularité transparaissait par de multiples autres aspects. Les Palmyréniens sont des Araméens. La langue araméenne reste la langue parlée par la majorité de la population syrienne jusqu’à la conquête musulmane, au VIIe siècle, le grec n’étant parlé et écrit que par une minorité de citadins.

Palmyre se distinguait aussi par l’apparence de ses habitants. Les hommes portaient des vêtements cousus comme nos vêtements modernes, et non drapés, comme c’était l’usage dans le reste de l’Empire, tandis que les femmes ne se voilaient pas, ce qui était pourtant le cas dans quelques régions hellénistiques.

« Rester soi-même tout en devenant soi-même »


Véritable « république marchande », Palmyre tenait sa richesse d’une économie elle aussi singulière. Ses magnats, immensément riches, avaient recours à des « techniciens du désert » pour lancer d’immenses caravanes parfaitement organisées. Ils allaient acheter les marchandises (encens, myrrhe, poivre, ivoire, perles, étoffes indiennes et soieries chinoises) jusqu’à l’embouchure de l’Indus avant de leur faire traverser les 1 300 kilomètres qui séparent le golfe Persique des villes et des ports de Syrie. Seules Alexandrie, Petra et Batnai (en Anatolie) assumaient une telle fonction.

Singulière aussi par son adoption de la culture grecque. En effet, alors que les Romains n’avaient aucune velléité de modifier les habitudes des sociétés dont ils s’étaient rendus maîtres, Palmyre s’est hellénisée… C’est, écrit Paul Veyne, parce que « (…) nous oublions que la modernisation par adoption de mœurs étrangères joue dans l’histoire un rôle encore plus grand que le nationalisme (…) ; la culture étrangère est adoptée (…) comme étant la vraie façon de faire, dont on ne saurait laisser le privilège à un étranger qui n’en est que le premier possesseur. (…) Les civilisations n’ont pas de patrie et ont toujours ignoré les frontières politiques, religieuses et culturelles. (…) S’helléniser, c’était rester soi-même tout en devenant soi-même ; c’était se moderniser ».

Pour autant, les Palmyréniens n’adopteront pas les concours athlétiques (Jeux olympiques) et ne goûteront que modérément au théâtre. L’enceinte retrouvée sur le site était l’une des plus petites du monde antique, note Paul Veyne. « La grande affaire des Palmyréniens [était] une coutume propre à l’Orient, les banquets sacrés auxquels un dieu prenait part, s’associant au festin de ses adorateurs », une coutume opposée à celle des Grecs qui se gardaient bien d’inviter leurs dieux à de telles agapes.

« Des sculptures qui sentent l’Orient »


En art, les Palmyréniens se montrent tout aussi éclectiques. Ils adoptent le buste, inconnu en Orient, pour créer les « portraits » qui ornent les tombeaux des familles riches et leur donnent un caractère unique : les sculptures « sentent l’Orient » écrit Paul Veyne. Non seulement les sculpteurs « ont planté, dans des visages réalistes, des yeux qui ne sont pas ceux d’êtres humains ; ils sont trop grands et leur modelé n’a rien de réel », mais ils ont aussi créé une « frontalité » inédite où les protagonistes de la sculpture se tournent vers le spectateur au lieu de s’occuper d’eux-mêmes comme dans les bas-reliefs funéraires de l’art grec. Soulignant la postérité de ce procédé, qui se retrouvera jusque sur les mosaïques byzantines de Ravenne, Paul Veyne note qu’il passe « à tort ou à raison, pour un moment pivot dans l’histoire de l’art ».

L’organisation politique aussi était différente. Elle « ne reposait pas sur un corps civique mais sur un groupe de tribus et était dominée par quelques familles de princes marchands », dotés d’une « double culture : sans humilité ni ressentiment, ils étaient de plain-pied avec la culture hellénique, ils connaissaient le vaste monde, ils le mesuraient, mais ils conservaient le pouvoir de lever parmi leurs fidèles une armée privée pour défendre Rome ou au contraire l’attaquer ».

Une telle occasion se présentera au IIIe siècle. En 261, Odainath, maître de Palmyre, va en effet devenir l’homme le plus célèbre de son temps en battant les Perses sur le fleuve Oronte. Six ans plus tard, en 267, il est assassiné et c’est sa veuve Zénobie, qui, exerçant le pouvoir à travers son fils Wahballat, fait entrer Palmyre dans la grande histoire. Zénobie marche sur Rome

Son ambition, inédite, va se transformer en tragédie. Dans une première phase, Zénobie conquiert l’Égypte et exerce un chantage à la disette et à la cherté sur la ville de Rome. Son but : forcer Aurélien, empereur d’Occident, à accepter que Wahballat devienne empereur d’Orient. Le pari est « énorme » mais « il allait dans le sens de l’histoire » car l’Empire est trop immense pour un empereur qui doit être présent personnellement partout ! Par ailleurs, « (…) l’idée de séparer Orient et Occident était dans l’air. » Dioclétien y viendra d’ailleurs quinze ans après la chute de Zénobie.

En attendant, Aurélien ne répondant pas à cette proposition de partage, Zénobie joue le tout pour le tout et marche sur Rome ! Rien de bien original cependant puisque l’Orient est alors, depuis un demi-siècle, un pourvoyeur d’empereurs.

Notant que « Zénobie a la double personnalité d’une reine d’Orient (…) et d’une vraie Romaine », Paul Veyne rappelle que « l’Antiquité a largement ignoré le phénomène moderne de la nation » et que «vles formations politiques y étaient multi-ethniques sans difficulté » car ce monde vivait avec « l’évidence de l’Empire, la nécessité de la domination romaine pour les élites locales (…). L’Empire, c’était l’ordre social de cette époque. »

Il estime même qu’il est possible de « parler d’un patriotisme d’Empire, qui était étranger par définition à ces identités « ethniques » bien connues de nos jours, ainsi qu’au sentiment d’un passé national. (…) L’Empire récapitulait en lui tous les passés locaux, l’Empire, c’était « nous » face aux « autres ». »
Aurélien mettra fin au rêve de Zénobie en 272. Empereur soldat issue des régions du Danube, il refoule les Palmyréniens d’Ankara, puis se rend maître de Palmyre. Le sort de Zénobie reste incertain et plusieurs versions sont parvenues jusqu’à nous. L’une d’elles a les faveurs de Paul Veyne : la reine déchue se serait laissé dépérir sur le bateau qui l’emmenait à Rome… Après cela, la ville « ne sera plus qu’une cité-forteresse contre la Perse ». Palmyre aura cependant brillé assez longtemps pour ne plus quitter la mémoire des hommes.

Pvaul Veyne nous livre ici une remarquable épitaphe contre le terrorisme de Daesh. En nous restituant l’âme de cette ville et son histoire, il préserve Palmyre du néant auquel la vouait ces barbares.

Source : Vanessa Moley - Palmyre, l'irremplaçable trésor - Hérodote

dimanche 3 avril 2016

Participez à la Fête nationale de la Syrie avec la Communauté Syrienne de France…







"Je calligraphie le nom de mon pays"

Venez calligraphier le nom de votre pays…
À l'occasion du 70ème anniversaire de l'Évacuation de la Syrie le 17 avril 1946, la Communauté Syrienne de France vous invite samedi le 16 avril à 16 heures à découvrir et participer à un atelier de calligraphie arabe.
Un atelier gratuit… et pour tous les âges !
Votre présence nous est chère.
Le thé vous est offert.
Contact : +33 605 605 679




Anniversaire de l'Évacuation : la Syrie fête son indépendance ce 17 avril

vendredi 1 avril 2016

Ce 1er avril c'est le Jour de l'An 6766 des Assyro-Chaldéens








1er avril : bonne année 6766 à tous les Assyro-Chaldéens du monde !
6766 années que les Assyro-Chaldéens existent !
Un peuple toujours debout depuis 6766 ans et qui a su garder toutes ses traditions
et sa magnifique langue l'araméen, la langue de Jésus-Christ !
Fiers d'être Assyro-Chaldéens !



Nouvel An Assyro-Chaldéen - Kha B'Nissan- AKITU (Zouyakha D'Nissani) رأس السنة الآشورية


Faia Younan [فايا يونان] adresse ses vœux pour la nouvelle année à la Syrie… ce 1er avril c'est le Jour de l'An 6766 en Syrie, plus ancienne et plus solide des civilisations contemporaines…



اليوم أكيتو أو يوم رأس السنة في الحضارات البابلية والآشورية والأكادية والكلدانية، وبتعتبر رأس السنة السورية ال 6765. بحب اهدي مقطع من اغنية 'خاصادي' للرائع إيوان اغاسي يللي كتار من السريان والآشوريين والكلدان بيعتبروها نشيد. انشالله السنوات القادمة تكون حاملة معها سلام لبلادنا وشعوبنا والعالم اجمعينالترجمة: أيها الحصادون قوموا وأحصدوا حصادنا فلقد حان الوقت لنكسر القيد هذا التراب المبارك وهذه الأشجار هذه القصور وهذه الكروم بيد من أصبحت بعد أن كانت لنا أين نصيبنا وأين حصتنا من الحنطة لا نأخذ سوى الرائحة سنزرع بأنفسنا وسنبذر أيضأ ✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨Today is Akito or the Babylonian Assyrian Chaldean and Akkadian new year. It is also considered as the Syrian new year since all these civilizations rooted in Syria. Today we are celebrating year 6765. I wanted to sing you a verse from this song "khasade" by the amazing artist Evin Aghassi and that many Syriacs/ Assyrians/Chaldeans see as a national anthem. Hope that the upcoming years will carry with them peace to our countries and our people and the entire worldTranslation:Oh harvesters, stand up and collect our cropsIt is time to break the chainsThis blessed soil and these trees These castles and these grape fieldsTo whom it went after it used to be oursWhere is our right where is our shareFrom the wheat we only get the smellWe will plant our selves we will also put seeds
Posté par ‎Faia Younan - فايا يونان‎ sur mercredi 1 avril 2015


Le gouverneur de la province de Homs accueilli par le peuple de Palmyre libérée



Le peuple de Palmyre libérée reçoit la visite du gouverneur de la province de Homs…
Cérémonie de bienvenue du peuple de Palmyre lors de la visite du gouverneur de Homs, ce jeudi 31 mars 2016.



















mercredi 30 mars 2016

Aleksandre Prochorenko, officier russe héros martyr, a sacrifié sa vie au combat contre Daesh



Héros martyr l'officier russe Aleksandre Prochorenko, 25 ans, sans aucune issue, encerclé par les terroristes de l'État islamique lors de la libération de Palmyre‬, il a demandé à son commandement de bombarder sa position pour éliminer un maximum de terroristes. Ainsi la Russie, avec son héros et martyr Aleksandre Prochorenko, donne l’exemple de ce qu’est mener une guerre sérieuse contre le terrorisme. Les terroristes ont maintenant un ennemi, un véritable ennemi qui, lui aussi, compte dans ses rangs des soldats prêts à tuer et à mourir, voire à mourir s’ils peuvent tuer plus.









Un ami a posté la conversation  d'Aleksandre Prochorenko, l’officier des Forces Spéciales russes qui a attiré une frappe aérienne sur sa propre position pour détruire les attaquants de Daesh.

Transcription des derniers mots du commando des Forces Spéciales russes :

(traduit du russe)

Officier Aleksandre Prochorenko : Commandant je suis piégé, je répète je suis piégé.
Commandant : S’il vous plaît, répétez et confirmez.
Officier : Ils m’ont vu, il y a des tirs partout, je suis coincé. Je demande l’évacuation immédiate.
Commandant : Demande d’évacuation reconnue.
Officier : S’il vous plaît dépêchez-vous, il me reste peu de munitions, ils semblent partout, je ne peux pas tenir très longtemps, s’il vous plaît dépêchez-vous.
Commandant : Confirmé, retenez-les, continuez à riposter, allez dans une position sûre, l’appui aérien suit, donnez vos coordonnées.
Officier : Il donne les coordonnées qui sont floues dans la traduction.
Commandant : Le Commandant répète les coordonnées qui sont floues. Confirmez.
Officier : Confirmé, s’il vous plaît dépêchez-vous, j’ai peu de munitions, ils m’encerclent, les salauds.
Commandant : Douze minutes jusqu’à l’évacuation, retournez à une position sûre. Je répète : retournez à une position sûre.
Officier : Ils sont proches, je suis encerclé, c’est peut-être la fin, dites à ma famille que je les aime tendrement.
Commandant : Retournez à la ligne verte, continuez le feu, l’aide est en route, suivie d’un appui aérien.
Officier : Négatif, je suis encerclé, il y a tant de ces salauds.
Commandant : Dix minutes, retournez à la ligne verte.
Officier : Je ne peux pas. Ils m’ont encerclé et se rapprochent. S’il vous plaît dépêchez-vous.
Commandant : Allez à la ligne verte, je répète allez à la ligne verte.
Officier : ils sont là dehors, menez l’attaque aérienne maintenant s’il vous plaît. Dépêchez-vous, c’est la fin, dites à ma famille que je les aime et meurs en me battant pour ma patrie.
Commandant : Négatif, retournez à la ligne verte.
Officier : Je ne peux pas. Commandant, je suis encerclé. Ils sont là dehors. Je ne veux pas qu’ils me prennent et me paradent. Menez l’attaque aérienne. Ils vont faire une mascarade de moi et de cet uniforme. Je veux mourir avec dignité et que tous ces salauds meurent avec moi. S’il vous plait ma dernière volonté, menez l’attaque aérienne. De toute façon, ils vont me tuer.
Commandant : S’il vous plaît confirmez votre demande.
Officier : Ils sont là dehors, c’est la fin Commandant, je vous remercie. Dites à ma famille et à mon pays que je les aime. Dites-leur que j’ai été courageux et que je me suis battu jusqu’à ce que je n’en puisse plus. S’il vous plaît prenez soin de ma famille, vengez ma mort, au revoir commandant, dites à ma famille que je les aime.
Commandant : pas de réponse, ordonne la frappe aérienne.
Quelle triste retranscription des enregistrements.
Vive la Russie !

Comité Valmy (traduction et transcription) : Demande de l’officier russe des forces spéciales en Syrie d’une frappe aérienne sur sa propre position pour détruire les attaquants de Daesh

Source : The Saker- voir commentaire de "Uncle Bob 1"



Grande célébration de Pâques au monastère Saint Jacques le Mutilé de Qara [قارة]



Facebook : Monastère Saint Jacques le Mutilé à Qara [قارة]
Derrière le monastère on aperçoit les montagnes enneigées de l'Anti-Liban









Quelques jours avant Pâques, lors de son quatrième voyage de solidarité avec le peuple syrien une délégation de la Communauté Syrienne de France accompagnée par le père Roger à été affectueusement reçue le lundi 7 mars au monastère Saint Jean le Mutilé de Qara.

Ce monastère très ancien et "béni par le sang de plus de 120 moines martyrs" a été pratiquement laissé à ses ruines à partir du 18ème siècle. Lorsque mère Agnès Mariam découvrit ce monastère en 1994, s'attacha à étudier son histoire de l'Empire byzantin à la période ottomane… En 1930, le dernier prêtre du village, qui prenait soin du monastère, décéda. Alors le monastère resta en ruines jusqu'en 1994. C'est en août 1993 que mère Agnès Mariam visita les ruines pour la première fois. Les travaux de restauration commencèrent en juillet 1994, sous la direction de mère Agnès Mariam, assistée notamment de sœur Claire Marie et sœur Carmen, et avec la bénédiction et l’aide de l'évêque Ibrahim Nehme.

La première grande tragédie de Qara s’est produite en 1266 de notre ère, lorsque le sultan mamelouk égyptien Baybars tua une grande quantité de chrétiens à Qara, vendant leurs enfants comme esclaves en Égypte. À cette époque la population de Qara était en quasi totalité chrétienne, avec quelques juifs. Le village comptait 11 églises et on peut estimer sa population à 30 à 40 000 âmes. Après le raid de Baybars les chrétiens à Qara ne seront plus jamais majoritaires.

La chaîne de montagnes de l’Anti-Liban était autrefois couverte de forêts florissantes peuplées d’ours et de nombreux autres animaux sauvages. Quand les Turcs ont voulu construire un chemin de fer de la Turquie à la Mecque ils ont coupé tous les arbres, aussi ces montagnes sont aujourd'hui désertiques, parsemées d’occasionnels vergers de cerisiers.

En 1712, les Turcs sont entrés dans le monastère de Saint Jacques le Persan tuant 120 moines. Après la période ottomane, pendant l'occupation française, qui a duré jusqu'à l'indépendance de la Syrie en 1948, on peut dire que les chrétiens syriens ont beaucoup souffert car ils étaient associés à l'envahisseur français dont ils partageaient la religion. Cette présence française a été la cause de nombreux crimes haineux envers les chrétiens.

Depuis 2011, au moment le plus critique des combats dans le village - alors que la grande majorité des villageois avait fui - les bénévoles musulmans et chrétiens du monastère ont recueilli vaches et moutons abandonnés dans les fermes avoisinantes. Dans le même temps, les bénévoles ont distribué des colis alimentaires et de santé aux villageois qui revenaient petit à petit au village. Ces villageois en restent très reconnaissants envers le monastère. À présent la paix est revenue dans le village, et une page est tournée. Vivre dans un esprit d'amour et de pardon mutuel ouvre de grandes perspectives d'espoir vers l'avenir…

Père Daniel


Le père Daniel vient d'écrire une lettre au ministre belge des Affaires étrangères particulièrement remarquée :

À son Excellence Monsieur Didier Reynders,
Ministre Belge des Affaires Étrangères,

Excellence,

Permettez-moi, comme compatriote belge en Syrie, de me diriger vers vous pour vous informer sur ma situation et celle du peuple syrien, afin de vous demander la protection nécessaire dans la mesure que vous la pouvez donner.

En 2010 moi, Daniel Maes, père Prémontré de l’abbaye flamande Postel-Mol je suis arrivé en Syrie, au service de la communauté religieuse de Mar Yakub à Qâra, Qalamoun, Syrie. Malgré les préjugés et les méfiances, le contact avec le peuple et le pays m’a donné vraiment un choc culturel. C’est vrai, les libertés, personnelles politiques n’étaient pas si nombreuses ni désirées (ce qui a entretemps profondément changé, e.a. à travers l’acceptation de plusieurs partis politiques). De l’autre côté, c’était une société harmonieuse où les différentes religions et groupes ethniques vivaient entre eux en paix pendant des siècles. L’hospitalité orientale était une qualité bien vécue et on vivait une sécurité que nous n’avons jamais connue dans notre pays. Le phénomène de vol et de vandalisme était quasi inexistant. Le pays n’avait pas de dettes et il n’y était pas de sans-logis. Au contraire, des centaines de milliers des réfugiés d’autres pays étaient accueillis ici et entretenus comme les propres habitants. La vie journalière était bon marché. Les écoles, les universités, les hôpitaux étaient gratuits, même pour nous, les étrangers résidant dans une communauté syrienne.

Entretemps une terrible guerre a éclaté. Avec nos propres yeux nous avons vu comment cette révolte a commencé dans notre village et comment des étrangers (pas des Syriens) ont organisé des manifestations contre le gouvernement. Eux même faisaient des photos et vidéos, qui étaient diffusées par la TV station Al Jazeera au Qatar, avec le message mensonger que tout le peuple était en révolte contre une dictature. Ils invitaient les jeunes du village à les rejoindre. Des meurtres et des attentats se multipliaient, une fois dans un milieu sunnite, et après dans un milieu chrétien pour faire croire qu’il s’agissait d’une revanche pour but de provoquer une guerre civile interne. Malgré toute tentative de déstabilisation les Syriens sont restés unis. Comme une seule famille ils ont résisté à la provocation de la haine entre les différents groupes. Ensemble ils ont manifesté contre les terroristes de l’extérieur et contre les pays qui les soutenaient. Des centaines de milliers de victimes innocentes ont été tuées, dont principalement des soldats et des gens de la sécurité. Des écoles, des hôpitaux et l’infrastructure ont été détruits. Quelques millions de gens ont quitté le pays mais la plupart des réfugiés restait dans le pays même. Ils ont déménagé vers une zone protégée par l’armée. Le gouvernement avait notamment décidé de ne pas protéger les puits de pétrole dans le désert, mais bien le peuple, y compris toutes les minorités. En novembre 2013 nous étions nous aussi la cible. Les attaques et les tirs étaient si forts qu’il n’y avait plus d’espoir de leur survivre. Dieu merci, nous sommes tous restés en vie jusqu’ici, à une manière plus que miraculeuse, ainsi que le peuple de Qâra, grâce à l’armée. Puis l’intervention russe, à la demande du gouvernement syrien, a vraiment repoussé les groupes terroristes d’une manière efficace. Et le peuple syrien est très reconnaissant pour cette aide militaire. Les citoyens reprennent espoir, bien que le flux continue des djihadistes du monde entier, armés, entrainés et payés grassement, par des puissances extérieures.

Ainsi nous vivons la plus grande tragédie humanitaire d’après la Deuxième Guerre mondiale. Nous tâchons de faire le possible pour soulager les souffrances de chaque personne ou famille qui est en détresse. Avec notre communauté nous étions capables d’ériger trois centre d’aides humanitaires : à Damas, à Tartous et dans notre monastère à Qâra. En outre nous étions capables de distribuer récemment plus que 8.500 paquets d’aide humanitaire, une ambulance et le quatrième « hospitainer » (un très précieux hôpital mobile). C’est pourquoi, mère Agnès-Mariam, la fondatrice et supérieure de ce monastère, a reçu à Moscou dernièrement, au nom du monastère, le prix important Femida pour un engagement exceptionnel de paix et de justice. Bien sûr, cette aide n’est possible que grâce à nos innombrables bienfaiteurs, de quelques organisations internationales et de quelques pays comme les Pays-Bas, qui veulent nous aider.

Avec une grande confiance nous nous dirigeons maintenant vers vous pour demander de ne plus soutenir la désinformation grave des médias mais de reconnaître en toute honnêteté ce qui ce passe réellement en Syrie. N’oublions jamais l’exemple des tragédies récentes. Avec de gros mensonges des peuples et des pays ont été massacrés et détruits. Apparemment certains pouvoirs mondiaux voulaient avoir le pétrole, l’or, les banques et la réserve des armes. Aussi notre pays a activement aidé à transformer certains pays dans le chaos complet, comme nous les trouvons maintenant. Pourquoi?

La Syrie est un pays souverain, le berceau des civilisations les plus anciennes et de la plus précieuse foi chrétienne. Il a un gouvernement soutenu par une grande majorité du peuple avec toutes ses différentes religions et groupes ethniques, ses minorités et ses majorités, sa diversité. Il n’y a aucune loi qui permet à un étranger de s’ingérer en lieu et place du peuple lui-même. Toute intervention en dehors des accords internationaux est illégale et inhumaine. Et il appartient aussi exclusivement au peuple syrien de décider sur son futur et son gouvernement. Nous attendons de vous que vous rejetiez fermement toutes les manipulations et mensonges que vous avez diffusés pour légitimer le massacre du peuple et la destruction du pays. Est-ce-que le flux misérable des réfugiés doit encore grandir ? Est-ce-que cela vous plaît que tout un peuple soit précipité dans la plus grande misère et souffre sous des sanctions, qui ne sont rien d’autre que du terrorisme économique, à cause d’une pipe-line, à cause du pétrole ou du gaz, ou à cause du lieu stratégiquement extrêmement important ? La paix et la sécurité pour ce peuple exigent la préservation de l’intégrité territoriale, de l’indépendance, de l’unité nationale et de l’identité culturelle. En outre, la cessation actuelle des hostilités, bien que fragile, doit-elle être détruite par des nouvelles actions militaires illégales?

Excellence, un vrai homme d’état prépare l’avenir, il respecte les lois internationales, il reconnaît la souveraineté d’autres peuples comme il veut que son identité soit respectée et dont il est le serviteur (ce qui est en latin la signification du mot « « ministre »). Soyez courageux, prenez contact avec le gouvernement syrien, enlevez immédiatement toutes les sanctions et offrez votre soutien nécessaire et possible, de la part du peuple belge. Celui qui sert, au contraire, les intérêts des pouvoirs étrangers pour aider à massacrer des peuples innocents est un leader des terroristes, indigne d’être nommé un politicien digne. Nous vous supplions de ne plus vous mettre à côté des meurtriers, mais à côté des victimes innocentes. Voilà, ce que nous, le peuple syrien et tant de gens de bonne volonté en Belgique et ailleurs attendent de vous. Nous tous, vous en serions très reconnaissants et l’histoire vous honorera comme quelqu’un qui mérite d’être nommé un vrai homme d’État.

Veuillez accepter nos sentiments de reconnaissance ensemble avec notre cri de cœur,

P. Daniel Maes (de Postel-Mol) – Deir Mar Yakub, Qâra, Syrië – 11 mars 2016
Source : Père Daniel, Lettre Ouverte à son Excellence Monsieur Didier Reynders Ministre Belge des Affaires Étrangères


La communauté religieuse de Mar Yakub, présente ce lundi 7 mars 2016 :
frère Jean, père Daniel, frère David
sœur Claire Marie, sœur Carmel






En la chapelle du monastère, pendant la prière pour la communauté de Mar Yakub et la Syrie dite par le père Roger




Le père Roger, de la délégation de la Communauté Syrienne de France, avec sœur Claire Marie et frère Jean


Père Roger et sœur Claire Marie


Frère David et Micha




Site de Mar Yakub (Saint Jacques le Mutilé)   [http://www.maryakub.net/fran%C3%A7ais/]

Site du monastère pour les opérations spéciales de don : http://www.maryakubcharity.org/

Voir aussi : Breizh-info.com : De Seydnaya à Maaloula, aux sources des chrétiens d’Orient

Vous pouvez rejoindre les volontaires qui viennent passer quelques mois au service du monastère. Vie fraternelle, vie de prière, vie liturgique et service au nom du Christ !
Contact :
deirmaryakub@gmail.com



mardi 29 mars 2016

Damas : se recueillir en la Grande Mosquée des Omeyyades





Jupiter, la divinité suprême des Romains, veille sur Damas. Aux alentours et plus spécialement à l’ouest de la Grande Mosquée des Omeyyades, s’éparpillent plusieurs colonnes corinthiennes, surmontées de quelques arcs, symbole de l’art architectural gréco-romain, vestiges d’un temple qui fut autrefois l’un des principaux sanctuaires de l’ère antique voués au culte de Jupiter.
Deux colonnes géantes donnent le ton à l’approche des ultimes pas de souk el-Hamidyieh. Commencé au 3ème siècle après J.-C. par l’empereur romain Septime Sévère, adepte des cultes orientaux et farouche opposant à la chrétienté, et terminé par son fils et successeur Caracalla (mort assassiné en Syrie), le sanctuaire de Jupiter Damascène tel qu’il était appelé, fut bâti sur l’emplacement de l’ancien temple de Hadad, dieu syro-araméen, « maître des de l’éclair et de la tempête », lui-même construit au 9ème siècle avant J.-C. Conçu selon les cultes syriens, sur une enceinte de 385 m de long et 305 m de large, percée de quatre portes monumentales dont ont peut encore admirer les ruines, et au centre de laquelle reposait une statue de Jupiter.
Seulement voilà, une fois l’empire romain converti au catholicisme par son empereur Théodose 1er, ce dernier fit remplacer en 379 après J.-C. le temple et la statue de Jupiter par une basilique consacrée à saint Jean-Baptiste, mort et enterré à Damas sur ce site. Saint Jean-Baptiste étant reconnu par les musulmans comme le prophète Yahya, sa tombe sera transformée en mausolée au sein même de l’immense salle de prière de la Grande Mosquée, qui n’a pas tardé à se substituer à la Basilique Saint-Jean-Baptiste. Le mausolée n'abrite plus aujourd'hui que les reliques de la tête de Saint Jean-Baptiste.
Jamais un sol n’a vu tant de bâtiments sacrés s’y succéder !











C'est toujours avec une intense émotion que le voyageur franchira le seuil de cette Grande Mosquée des Omeyyades… Que ce soit pour la première fois et sans doute encore plus intensément lorsque immanquablement, il y reviendra lors de tout séjour à Damas… Comment, quelle que soit la foi de chacun, ne pas être saisi par la paix et la sainteté du lieu ? Comment ici plus que partout ailleurs ne pas être pénétré par l'immense tolérance et cohabitation des religions en Syrie ? Le catholique fervent s'y sentira autant à l'aise que le musulman. À tout moment de la journée, aux heures de prière comme lors d'un prêche, le non musulman évoluera librement en ce lieu… Pour se recueillir auprès du reliquaire de Saint Jean Baptiste ou assis en méditation en toute autre place… Dans cette communion face au transcendant, seul s'imposera à lui le respect des autres fidèles… Un bonheur rare auquel celui qui y a goûté ne peut qu'inviter les futurs voyageurs… Le bonheur auquel en fait le voyageur goûtera partout ailleurs en Syrie, peut-être ici un peu plus intense…





Le reliquaire de Saint Jean-Baptiste


Le minbar de la mosquée




















*   *    *






Les cités Araméennes : Damas