Qui ne risque rien n'est rien… sur le chemin de Damas, alors que les opinions ont cédé face aux faits…
on ne le dit assez : un âge n'en chasse pas un autre, tous les âges qu'on a vécu coexistent à l’intérieur de soi, ils s'empilent, et l'un prend le dessus au hasard des circonstances.

dimanche 14 août 2011

De la Thaïlande à Madrid… de jeunes Karens se rendent aux JMJ



Un groupe de jeunes Karens, venant de Thaïlande et en route pour Madrid, font étape sur les hauts lieux spirituels de France… Reçus par l'archevêché de Rouen…  Rencontre avec d'autres jeunes catholiques, Français. Malgré toutes les différences culturelles, communion parfaite entre ces jeunes… Témoignage de l'universalité de l'Église…

Pour aller plus loin…

Voici un excellent article signé Joël Prache, et publié sur l'excellent blog "O.N.G. Extrême Orient(é)" :

Un pionnier chez les Karens du nord de Maesot : le père Joseph Quintard
par Joël Prache

http://www.ongasie.com/tag/Tha%C3%AFlande/p20-0.html
Parmi les Français qui ont vécu en Thaïlande à notre époque et qui se sont illustrés par une œuvre exemplaire, le nom du Père Quintard (1934-2003) des Missions Étrangères de Paris (MEP) mérite d’être retenu. 

Joseph Quintard est un des premiers prêtres catholiques à s’être rendu dans les montagnes du nord-ouest de la Thaïlande pour venir en aide aux Karens de la région de Maesot (province de Tak), groupe ethnique de quelques milliers de personnes vivant alors dans le plus grand dénuement, replié sur lui-même avec sa propre langue non écrite et ses coutumes ancestrales. Né en 1934 a Saint-Félix-de Lunel, en Aveyron, il entre au séminaire des Missions Étrangères a Paris. Il accomplit son service militaire dans les Zouaves à Tataouine (Tunisie), il est ordonné prêtre en 1960 puis, en 1961, il est envoyé en Thaïlande par les MEP. Très doué pour les langues il apprend rapidement le thaï à Bangkok où il exerce en paroisse. Homme de caractère, doté d’un esprit vif, il est vite remarqué par ses supérieurs qui décident en 1963 de le nommer dans la nouvelle paroisse de Maesot pour aider le père Verdiere, déjà sur place. Il se met avec enthousiasme à l’étude de la langue Karen qu’il parlera bientôt couramment. 

Bien que les Karens soient très fortement implantés en Birmanie, ceux de Thaïlande sont venus directement des montagnes du Yunnan, il y a environ 300 ans, sans doute en délicatesse avec les Hans et se sont installés sur des terres disponibles en hauteur dans les régions de Chiangmai et de Maesot.
Les MEP en fondant la mission de Maesot ne souhaitaient pas faire de prosélytisme, mais tout simplement parler de l’enseignement des Évangiles à ceux des Karens qui voulaient bien écouter, d’aller vers des pauvres en leur apportant un soutien moral, car cette population de croyance animiste était devenue très pessimiste quant à son avenir.

Le père Quintard réside d’abord à Maesot, d’où il organise de véritables expéditions à pied vers les villages karens disséminés dans les montagnes environnantes, que jouxte la frontière birmane, partant parfois plusieurs semaines. Cela lui permet de connaitre les habitants, de gagner leur confiance et d’évaluer leurs besoins. Il se rend vite compte que ceux-ci sont immenses, car ils sont délaissés par le pouvoir central.

Les Karens vivaient alors d’une économie de subsistance, consistant en une maigre culture du riz et du maïs, culture sur brulis, ainsi que dans l’élevage de porcs et de volaille. Ils avaient aussi en commun avec plusieurs villages voisins un petit nombre d’éléphants pour le transport et les travaux forestiers. Il n’y avait pas de routes, ce qui ne facilitait pas les échanges, ni eau courante, ni électricité, ni école, ni dispensaire.

Pendant plusieurs années à partir du centre de Maesot, le père Joseph parcourt sans relâche "sa région", longue de 200 km sur 50 de large, et avec ses faibles moyens il encourage les uns et les autres, des familles se convertissent, l’élan est donné…

Avec méthode, il commence sa véritable œuvre de missionnaire, il demande de l’aide à ses supérieurs tant en hommes qu’en moyens matériels. Il est rapidement convenu que le centre de Maesot sera confié à de jeunes prêtres Thaïs de sorte que les quelques missionnaires des MEP plus expérimentés pourront résider chacun dans un village karen.

Il va alors, lui-même, s’établir dans le village de Maewé (district de Tha Song Yang), premier village devenu chrétien, au nord de Maesot. Ce village est à 200 km de Maesot, dans une cuvette, à 13 km de la route nationale, par une piste construite par les Karens eux-mêmes. Ce centre sert de relai à la trentaine de villages situés sur les hauteurs, à plusieurs heures voire à plusieurs jours de marche.

Sa vie s’organise à Maewé, les rapports avec les Karens sont confiants, tout le monde le connaît et l’apprécie. Il va pouvoir donner le meilleur de lui-même. Sa devise est simple : "éduquer, former, construire".  Il continue de parcourir inlassablement les sentiers de montagne pour visiter les villages. Il sera toute sa vie un missionnaire itinérant.
L’éducation, comme facteur d’assimilation et de progrès social, a toujours été une des ses principales préoccupations. Il commença par trouver et former des instituteurs pour son école de Maewé. L’idée étant qu’une fois obtenu le certificat d’études primaires thaïlandais, les élèves Karens pourraient alors entrer dans une école thaïe de la vallée jusqu’à la fin de l’enseignement secondaire. L’économie des villages montagnards ne peut donner du travail à tout le monde et les jeunes iraient après en ville chercher un travail décent, certains pourraient même revenir dans les villages pour devenir instituteur.

Petit à petit, un réseau d’écoles primaires va s’établir dans les villages, organisé par d’anciens élèves Karens. Puis il ouvre un foyer au sous-district de Maetawo, dans la vallée le long de la rivière Moei, ou il rassemble les écoliers les plus doués des petites écoles de village, afin de leur permettre de pouvoir suivre des études secondaires à l’école publique de Maetawo même, puis après pour certains continuer vers l’enseignement supérieur .

Pour la santé de ses protégés, le père Quintard organise des équipes médicales volantes avec des médecins et des dentistes thaïs qui viennent bénévolement le week-end soigner ceux qui en ont besoin. Il n’hésite pas a aller avec eux le sac à dos rempli de médicaments. De même pour l’amélioration de l’hygiène quotidienne, le père Quintard installe l’eau courante dans son village de Maewé en la faisant descendre des sommets par gravité. Ce procédé simple a été repris dans d’autres villages.

Il se fit aussi constructeur de routes. En 1997 n’écrivait-il pas dans un bulletin des MEP : « Le percement de la piste-route de Poblaki est un peu ma dernier fierté. En 1996, une centaine de montagnards ont manié la pioche pendant trois mois pour percer une route carrossable (en 4×4) de 17 km. Cette route permet de désenclaver des dizaines de villages. » Par voie de conséquence, la construction de routes permit le raccordement d’un certain nombre de villages au réseau électrique et ce à la fin du vingtième siècle seulement !

Après 40 années de vie bien remplie chez les Karens, il décède en 2003 dans un accident de voiture prés de Maeramat, en route pour son apostolat. Dès l’annonce de la triste nouvelle, un millier de Karens descendent spontanément à Maewé pour rendre un vibrant hommage à leur bienfaiteur. Il est enterré en terre thaïlandaise au cimetière de Nakorn Sawan, siège de son diocèse.

Missionnaire-pionnier, administrateur- éclairé, le père Joseph était connu comme « le loup blanc » dans sa région. Comme lui a dit un jour un officiel de Maesot : « Vous êtes l’un des nôtres », signe de l’appréciation de son travail par les autorités locales. Il a vécu simplement pour « ses Karens », toujours en mouvement, sans recherche des honneurs, dans la foi et l’amour des autres.

Aujourd’hui, son œuvre est poursuivie par son successeur, le père Alain Bourdery (MEP), qui avec le même esprit et la même énergie fait resplendir la mission Karen du nord de Maesot. Cette mission catholique partie de peu est maintenant aidée par des associations caritatives et compte à l’heure actuelle en incluant les religieuses et les catéchistes une quarantaine de personnes dont plusieurs prêtres Karens.

Joël Prache

jeudi 11 août 2011

Elle est belle la rue… loin de Londres et des cités


Clément Bousquet chez lui à Privas, le 3 août 2011

Clément Bousquet, un petit ange ardéchois qui n'a pas fini de nous étonner… Il met en ligne, sur YouTube, 28  chansons françaises  interprétées en "concert" devant une centaine de privilégiés… Un coin de rue près chez lui à Privas, en ce début d'août 2011…  À écouter, toutes plus belles les unes que les autres…



mercredi 10 août 2011

Thịt chó : délice de la gastronomie vietnamienne…


La viande de chien (thịt chó) est très appréciée des Vietnamiens… Une viande qui atteint des prix relativement élevés. Cela ne peut que susciter un trafic qui s’étend aux pays voisins. Des prises sont régulièrement effectuées…

Ce jeudi 11 août, rapporte le quotidien  de Bangkok, The Nation, vers Nakhon Phanom à 600 km au nord-est de Bangkok, près de la frontière du Laos, la police thaïlandaise a intercepté des convois transportant 1 800 chiens et leurs cages réparties sur cinq camions… Ces chiens devaient être transférés sur des bateaux pour traverser le Mékong et être vendus au Vietnam où ils auraient été cuisinés…

C’est un groupe de protection des animaux qui aurait alerté la police. Responsables du gang, trois citoyens thaïlandais et un Vietnamien ont été arrêtés. Les cinq camions saisis. Un chien s'achèterait entre 500 et 1000 bahts sur le marché thaïlandais…

Bien que les chiens aient été délivrés du gang de trafiquants, personne ne peut garantir leur sécurité et leur survie… Certains d’entre eux ont été trouvés morts ou blessés. Les autres,  épuisés, ont été recueillis à la station de quarantaine animale de Nakhon Phanom. La station n'a toutefois pas le budget pour nourrir une telle foule de chiens. Aussi, le directeur de la station appelle à l’aide pour aider à nourrir ces chiens ou à les adopter



dimanche 7 août 2011

Bois-Fleuri : cité interdite

Élie et Dieudonné, galère de djeunes… Élie et Dieudonné, galère de flics… Une vie encore plus dure pour les "Portos"…


Pitreries à tous les étages d'une société… À chacun les siennes…

Un jeune voyou de 24 ans inculpé de violences mineures, Saïd Bahmed, lors de son transfert au tribunal de Besançon, s'est évadé  le 27 juin dernier, jour de son procès. Disparu avec ses menottes, son trophée ! "En bonne santé !" annonce-t-il. Dans une ambiance fumette, avec d'autres djeunes, il vient de mettre en ligne sur Internet une vidéo dans laquelle il provoque police et autorités. Un succès… Tellement con, tellement affligeant, tellement absurde… qu'on ne peut qu'en rigoler ! Un talent qui, soyons-en sûr, ne pourra bientôt que follement amuser ses futurs codétenus… Un document significatif  d'un contexte social… Pitreries à tous les étages d'une société… À chacun les siennes…





Saïd Bahmed a restitué les menottes chipées  et a bien retrouvé ses heureux codétenus, mercredi 10 août… Pour sans doute une fête à la prison de Besançon ! Si "la liberté n'a pas de prix", être une bête traquée c'est pas la joie…

Un sac de riz pour la Somalie… Encore ?

Les guignols de l'info…
 Bernard Kouchner reste pour l'éternité associé aux images de sa campagne du « sac de riz pour la Somalie », dans laquelle il s'est ostensiblement impliqué, débarquant à Mogadiscio, un sac de riz sur l'épaule… alors qu'une armée de journalistes avait été conviée à immortaliser ce geste aussi spontané que généreux…

C'était en décembre 1992, objectif atteint, personne n'a oublié cette image choc. Belle pitrerie. Belle réussite… Seulement pour l'image de Bernard Kouchner

Pour la Somalie c'est une autre histoire… Une histoire sans fond, de luttes intestines sanglantes et de famine endémique… Une histoire ancienne, connue, sur laquelle nos bonnes consciences ont déjà été alertées à maintes reprises…

 Bernard Lugan, sur son blog d'actualité africaine fait le point sur cette longue tragédie :

… … à l’exception du Somaliland et dans une mesure moindre du Puntland, les islamistes contrôlent  la majeure partie du pays. Or, pour eux, la famine est une véritable aubaine car :
- elle va leur permettre d’être reconnus par la « communauté  internationale » qui devra traiter avec eux pour l’acheminement de l’aide alimentaire ;
- elle va leur permettre d’achever la prise de contrôle du pays ;
- elle va leur permettre de tirer de juteux profits des détournements de cette aide, comme cela avait été le cas lors de la grande famine d’Éthiopie dans les années 1984-1985. 

La conclusion de cette mise au point est donc claire : nous n’avons rien à faire dans cette galère. À moins, naturellement, de vouloir verser dans le « tonneau des Danaïdes » somalien une aide qui serait pourtant tellement utile à nos SDF et à toutes ces familles françaises qui ne mangent plus à leur faim.
Enfin, mes pensées vont à cet officier français - et à sa famille -, prisonnier des milices somaliennes depuis deux longues années et dont le sort n’émeut pas particulièrement l’opinion. Mais il est vrai qu’il n’a pas la chance d’appartenir à la corporation journalistique...

Lire le communiqué complet de Bernard Lugan : Somalie : merci, mais nous avons déjà amplement donné…

Une nouvelle implication des médias français dans une propagande qui ne peut que favoriser les islamistes… Que les shebabs se soient apparemment retirés dans la nuit du 6 août de la capitale Mogadiscio ne change pas grand chose. Ils contrôlent toujours 80% du territoire somalien. Les discussions pour l'acheminement et la distribution de l'aide humanitaire avec les agences pourvoyeuses leur ont offert une ouverture vers la reconnaissance internationale attendue… La toute récente attaque revendiquée de Kampala, qui a fait au moins 74 morts, marque une première action d'envergure du groupe hors des frontières de la Somalie. Une action à inscrire dans un processus visant à acquérir la franchise al-Qaïda pour l'Afrique orientale… La faction dure du mouvement shebab semble désormais dominer. Cette faction se réclame de l'idéologie du jihad mondial prôné par al-Qaïda, et qui prétend que l'Afrique appartient à l'islam.

jeudi 4 août 2011

Syrie : réunion tribale à Deir Ez-Zor, pour une "révolution You Tube"


Vidéo significative et très intéressante d'une réunion tribale nocturne à Deir Ez-Zor. Une vidéo qui donne une indication précieuse sur la manière dont fonctionne le mouvement. Il n'est pas nécessaire de vraiment comprendre l'arabe pour saisir ce qui se dit et se trame… Plusieurs intervenants, certains munis de porte-voix, prêchent le soulèvement (djihad) contre l'armée syrienne, clament que le régime ne connaît ni le sens de la paix ni celui du dialogue. Depuis Deir Ez-Zor, ils demandent une coordination avec d'autres villes, invitent à collecter de l'argent dans villes et campagnes, à entrer entrer en lutte contre le régime. La proximité du mouvements avec les islamistes est évidente… À l'opposé du régime laïc de la Syrie du président Bachar al-Assad…

Afin de ne pas permettre une décapitation de l'insurrection par une arrestation de ses chefs, la stratégie du mouvement reste de ne pas être centralisé et de n'avoir aucun leader affirmé. Pourtant une certaine coordination est manifeste. Partout en Syrie les bannières et les slogans sont remarquablement similaires, de la ville de Dera'a dans le sud, à Hama dans la plaine centrale, jusqu'à cette ville du désert qu'est Deir ez-Zor. Même dans la capitale Damas, les chants et slogans sont les mêmes : « Le temps est venu pour le président Bachar al-Assad de partir. »… Notons que ces vidéos sont nombreuses… et largement diffusées et accessibles dans toute la Syrie. Ainsi certains parlent de "révolution You Tube". Nouvelle dimension de la guerre révolutionnaire…

Rappelons que le président Bachar al-Assad, dans sa récente ouverture au multipartisme, a exclu les partis à caractère confessionnel… Précisément ceux-là que cette vidéo met en action…

- La lettre ouverte du père Élias Zahlaoui - prêtre arabe, de rite melchite, du diocèse de Damas - au mal informé Alain Juppé, ministre français d'Affaires auxquelles il demeure obstinément étranger,  reste malheureusement toujours d'une actualité brûlante… Lire la lettre : Lettre ouverte d’un prêtre arabe de Syrie à Alain Juppé, ministre français des Affaires Étrangères…

Bachar al-Assad fait sa perestroïka

Le parlement de Damas : bientôt de nouveaux visages, mais pas de barbus...
C’est incontestablement une journée historique pour la Syrie que ce 4 août qui voit Bachar al-Assad promulguer officiellement le décret autorisant la création de nouveaux partis politiques indépendant du Baas et de la coalition dite du « Front national Progressiste » avec qui il co-dirige le pays depuis des décennies. Bien sûr, les contempteurs du régime ne manqueront pas de brocarder les restrictions encadrant la nouvelle législation : en effet, les nouvelles formations ne devront pas se créer sur des bases tribales ou religieuses, et ne devront pas procéder d’une organisation non syrienne. Ces restrictions visent évidemment la Confrérie des Frères musulmans syriens, calquée sur le modèle égyptien et recrutant exclusivement dans la communauté sunnite. Et ce sont encore les « Frères » qui sont visés par le décret quand il interdit aux nouveaux partis de disposer de formation paramilitaire : la plupart des activistes armés qui ont provoqué l’armée et la police – mais aussi menacé et parfois tué les civils suspectés de tiédeur révolutionnaire ou de sympathies bacharistes – dans plusieurs villes du pays sont à l’évidence dans la mouvance islamiste, essentiellement représentée en Syrie par la Confrérie.
On pourra toujours dire que par ces dispositions, le gouvernement Bachar condamne au silence – et à la violence – tout une partie de l’opinion syrienne : les Frères musulmans ont une implantation incontestable à Hama. Mais ce sera faire preuve de mauvaise foi – ou de naïveté irresponsable – dans la mesure où les Frères prônent un État islamique radicalement opposée à la laïcité qui demeure malgré tout le modus vivendi de la société syrienne, et appellent par ailleurs au renversement violent de l’actuel régime : la Confrérie s’est positionnée assez clairement comme un parti de guerre civile et religieuse, et aucun gouvernement syrien responsable – baasiste ou pas – ne pourrait prendre le risque de la légaliser, compte tenu du fragile équilibre et de la société syrienne et de la région.


En tout cas, la loi est immédiatement applicable : on verra très bientôt ce qu’il en sort concrètement, et si la frange modérée – et intérieure – de l’opposition accepte la « main tendue » du pouvoir. Une chose est sûre : Bachar al-Assad a symboliquement déclenché, ce jeudi 4 août, une sorte de « perestroïka à la syrienne ». Le chef de l’État entame là une route difficile, entre résistances au changement et provocations extrémistes, le tout dans un contexte international un rien « chargé ». Les observateurs et commentateurs extérieurs devraient, s’ils ont une once d’honnêteté et de connaissance de la Syrie, lui faire crédit de sa bonne volonté. Mais la plupart des commentateurs ont-ils envie d’être honnêtes sur le sujet ?

De l’improbabibilité d’une révolution syrienne

À propos de la situation en Syrie, "Le Temps d'y Penser", sous la signature de Corbulon, présente une analyse pertinente, à l'opposé de ce que débitent tant nos médias bien-pensants que BHL et nos politiques, le malheureux Alain Juppé à leur tête :

De l’improbabibilité d’une révolution syrienne

C’est à la superficialité des écrits journalistiques sur des sujets complexes que l’on mesure la qualité d’analyse de notre presse. Beaucoup de choses sont écrites sur le régime syrien et ce pays. Il serait heureux que pour l’avenir des peuples arabes, les dictatures s’écroulent. La réalité est différente. Le régime syrien est solide, et, qui a eu la possibilité de vivre sur place sait pourquoi. Ce papier ne vise pas à exposer ce qui serait souhaitable, mais à souligner ce qui est.

Premièrement, la Syrie n’est pas réductible à un affrontement religieux entre sunnites, minorités religieuses et chiites. C’est probablement le seul pays arabe dans lequel les minorités savent pouvoir compter sur la relative solidité du régime de concorde civile imposé par les autorités. Il y a une unité nationale dans ce pays tout à fait différente des pactes artificiels existant ailleurs, ce dont sa stabilité atteste. Dit autrement, ni les chrétiens – melkites, grecs orthodoxes, latins, etc… – ni les sectes islamiques, ou les Druzes, n’ont intérêt à voir le régime tomber. Qu’ils puissent le souhaiter, c’est autre chose…

Ensuite, l’opposition n’existe pas  en Syrie ; il ne suffit pas d’avoir des agitateurs, fussent ils démocrates, pour renverser un régime. Il n’y a ni factions politiques organisées, ni expérience concluante depuis un siècle : lorsque la France a mis en place le protectorat dans les années vingt, elle constata, à la manière libyenne, comme Lawrence – qui s’y cassa les dents- l’efficacité des factions à s’entredéchirer. Il faut être occidental pour oublier la valse des coups d’État jusqu’à l’arrivée d’Assad, fin des années 60. Aucun syrien n’en veut.

Il n’y a pas, troisième réalité, de minorité au pouvoir, aussi énorme que cette affirmation paraisse : dire que les Alaouites sont au pouvoir contre la majorité sunnite est un truisme, une non réflexion sur le pouvoir. C’est à peu près aussi idiot que de dire que les Junkers commandaient l’Allemagne jusqu’à la fin du premier conflit mondial. Les Alaouites ont organisé la bureaucratie, l’appareil militaire et de renseignement, le contrôle des idées et de la presse. Mais ils ne l’ont pas fait seuls (les idiots utiles démocratolâtres devraient se souvenir que Michel Aflak, père du baasisme, était chrétien…) mais en s’alliant. Si l’oligarchie est aussi corrompue et cruelle qu’ailleurs, il faut avoir vu les politiques syriens pour comprendre que rien ne bougera. Rifaat et Khaddam sont deux personnages, tel Janus, illustrant la réalité du système syrien. On est très loin de Khadafi, Moubarak, ou Ben Ali… Le qualificatif employé ad nauseam de « minoritaire » pour 20 % de la population est caricatural. Le Premier ministre syrien est sunnite. Qui connait la vraie opposition syrienne, celle de Joumblatt et des autorités religieuses qui, avant et après les Printemps syriens (en 2000, puis régulièrement depuis) essaient, en vain, de structurer une opposition crédible et unie ?

Reste la permanente comparaison entre Assad père et fils et le propos de boutiquiers faisant du second le jouet des clans au pouvoir, de la vieille garde des Tlass et consorts, aux nouveaux  hommes influents… Le jeu du pouvoir syrien existe et rend la donne plus complexe que les poncifs éculés. Bachar peut être moins influençable qu’on ne le dit, ne serait ce que parce qu’évoluer et conserver le pouvoir comme il le fait réclame une certaine dose d’adresse.

L’islamisme aura peu de prises dans ce pays, pour la simple et bonne raison que, passé au fil de l’épée durant les massacres qui culminèrent à Hama en 1982, la Syrie n’est pas une terre d’extrémisme. Les Chiites y sont très puissants, et personne n’a estimé que les émules de l’Iran tiraient les fils…

La Syrie résiste à des grilles de lectures simplistes. Le Liban est une de ses provinces, et son alliance avec l’Iran ou ses bonnes relations avec la Turquie suffisent à faire comprendre que toucher la Syrie, c’est enclencher le jeu des alliances locales selon la logique… de 1914 en Europe centrale.

Alors, la Syrie est elle invincible ? Évidemment pas. Mais surement pas selon les schémas libyen, égyptien ou même jordanien, lorsque ce pays était menacé.

Il est commode de haïr les états, mais le découpage issus des accords Sykes Picot a plaqué sur un agglomérat de tribus jamais unies le schéma étatique avec ses vertus : armée, religion d’État, renseignements. État, laïcité et cohésion « nationale » ne sont pas des mots creux dans ce pays.

Dernier point, et non le moindre : personne ne sait réellement ce qui se déroule en Syrie. L’information n’est pas fiable et seules les officines de renseignements doivent avoir une idée de cette réalité. La puissance des Moukhabarat se compare à celle de la Stasi, ses méthodes aussi. Lorsqu’une personne sur trois travaille à surveiller les deux autres, ce qu’aucun occidental ne peut comprendre, personne ne bouge. Et un demi million de personnes dans les rues, c’est toujours seize autre qui eux, sont d’un silence assourdissant, et pas uniquement par peur du régime, mais aussi par peur du chaos.

La menace du chaos est bien plus paralysante et conservatrice que l’invocation de la liberté… il n’y a aucune information fiable et crédible sur ce qui se passe dans ce pays, et la France se montre particulièrement influençable et manipulée dans ce dossier, via des médias totalement incompétents.

Où donc se nicherait l’intérêt de la France dans la déstabilisation de ce pays ? Il est à peu près inexistant. Sauf à estimer qu’après avoir investi dans des pays aussi solides que la Grèce ou l’Italie (…), le système bancaire français adopterait une stratégie à la chinoise, en ciblant les pays dans lesquels existe du potentiel de développement ; c’est cependant faire fi des analyses de risques.

Les intérêts économiques ? La Syrie est pauvre en matière premières, hormis quelques petits gisements de pétrole et de gaz à Deir Ez Zor.

Il reste… la Grande politique. Cet éternel vœu de consolation de la disparition de nos ambitions moyen orientales – par des atermoiements permanents et nos erreurs de représentation régulière - vaudrait résurrection d’une action française, par le truchement libanais, et, qui sait, sur le flanc turc avec lequel nous partageons au moins la laïcité (à prendre au second degré) : cela n’est pas sérieux.

L’expérience américaine, l’écoute de nos militaires – qui eux, ne se trompent pas sur les risques présentés par les opérations extérieures – militent en faveur d’une cessation de cette action intempestive de déstabilisation rappelant les meilleures heures de l’Union soviétique…