Qui ne risque rien n'est rien… sur le chemin de Damas, alors que les opinions ont cédé face aux faits…
on ne le dit assez : un âge n'en chasse pas un autre, tous les âges qu'on a vécu coexistent à l’intérieur de soi, ils s'empilent, et l'un prend le dessus au hasard des circonstances.

mardi 20 janvier 2015

Lettre ouverte du père Michel-Marie Zanotti-Sorkine à nos frères musulmans…


Merci, mon père… Il fait chaud au cœur d'entendre votre voix et de savoir ce réconfort qu'il existe encore dans ce pauvre pays des chrétiens lucides, sourds aux manifestations de haine de politiciens de tout bord… politiciens à l'irresponsabilité criminelle, aux affaires ou prétendant y accéder…  Merci, mon père…



Cette lettre sera brève. Le temps presse. Le sang gicle. Ce n’est plus le moment de disserter.

La semaine dernière, dans une lettre fictive adressée aux quatre principaux Charlie passés dans l’au-delà, je regrettais que le président de la République n’ait pas invité leurs suivants survivants à calmer le jeu des insultes prétendument humoristiques à l’égard de celui que vous considérez comme votre prophète. Il eût été simple de dire qu’après des abattages aussi atroces qu’inattendus, le bras de fer n’était pas de mise. Mais non ! La sacro-sainte liberté d’expression, libre de toute entrave, se devait de poursuivre comme une brute sa route. 

Et le discours s’en est allé par là : « Hommes, femmes, grands, jeunes musulmans qui tenez à protéger Mahomet de la moindre attaque, qu’importe vos pensées, vos manières d’agir ou de réagir, nous allons vous mâter, chevaux sauvages, jusqu’à ce que vous tourniez bien tranquillement en manège rangé dans le sens laïciste que nous allons vous indiquer. Aussi, nous commençons le dressage par la publication d’un bon Charlie Hebdo à 3 euros où les fidèles de l’islam et, en passant, ceux du Christ, en prendront plein la poire ! » Raté ! En un instant, le cheval s’est cabré ! Un enfant de sixième aurait pu le prévoir, mais… quand les idées l’emportent sur le réel, c’est bien connu, les fruits sont souvent mauvais. 

En vérité, en vérité, qui ne le sait ? À vouloir dresser et même redresser à coups de trique les rebelles (trique : dans le sens de fouet ou de sexe toujours omniprésent sur nos jolis dessins), on obtient le contraire. La preuve est aujourd’hui livrée sur un plateau de violence en Somalie, au Niger, au Pakistan, au Yémen, à Gaza, où la hargne humaine s’en donne à cœur joie.

Et je crains fort, tout en pleurant, qu’à l’heure présente elle ne prenne que son élan. Devant ce gaspillage de sang par trop innocent, je pleure aussi sur notre irresponsabilité, je pleure sur notre fixité idéologique, je pleure sur la France qui refuse au respect des croyances d’être artisan de paix. Ce respect n’est pourtant pas une faiblesse, qu’on se le dise ; il n’exclut ni la résistance ni le combat face au fanatisme, mais il vomit résolument toute forme de mépris à l’égard de l’ennemi. 

Chers musulmans qui souffrez de nos dessins bêtes et méchants, ne croyez pas – c’est un prêtre catholique qui vous parle – que le cœur chrétien les admet. Aussi, je vous en supplie, ne brûlez plus d’églises, ne lacérez plus le livre des Évangiles, ne tuez plus vos frères chrétiens, vous vous trompez de cible ! Nous ne sommes pas plus aimés que vous par notre pays qui condamne à mort, tous les jours davantage, l’avenir de la transcendance. 

Et puisque je suis chrétien jusqu’au bout du cœur, et votre ami comme le Christ me demande de l’être, permettez-moi d’ajouter à votre endroit un simple mot salutaire : ne cherchez plus à vous venger des insulteurs et des irrespectueux. Qui sort son épée périra par l’épée. Ne portez plus atteinte à une seule vie humaine, répondez à la haine par la pitié, et vous plairez à Dieu, et il vous bénira, lui qui n’aime que l’amour…





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